Freddie naquit un beau matin de printemps. Le 1er mai plus exactement. Ses trois frères, respectivement âgés de 12, 9 et 5 ans avaient piqué une crise avant de partir pour la maternité, étant absolument contre cette nouvelle arrivée impromptue d'une petite fille dans la famille. Ses parents au contraire étaient aux anges [logique] surtout sa mère, surexcitée d’avoir, enfin, une fille.
Elle n’a pas eu une enfance vraiment difficile, même si ses frères lui menaient la vie dure. Depuis son plus jeune âge, Freddie suivait son père dans tous ses déplacements professionnels. Elle aurait pu, bien sûr, rester en Sicile avec sa mère et ses frères mais Freddie avait toujours préféré partir avec son père adoré. Car la petite fille vouait un véritable culte à son géniteur, et ne supportait pas être séparée de lui plus de quelques minutes.
Elle adorait tout autant le plus jeune de ses frères, Luca. Avec qui elle passait le plus clair de son temps, n’étant pas très appréciée par ses camarades de classe. Mais à vrai dire cela importait peu la petite Freddie qui aimait rester avec son frère.
Palerme, 5 septembre 2005
Quand elle pénétra la première fois dans le hall immense de son collège, Freddie n’eut qu’une seule envie : arrêter ses études. Sa mère l’avait inscrite dans une école privée, stricte et rigoureuse à souhait. Mais surtout catholique. Alors que la demoiselle avait toujours été athée. Ce qui la fit soupirer, encore une preuve que sa mère ne la connaissait pas le moins du monde.
Elle leva le regard vers le plafond recouvert de moulures et autres ornements, poussa un énième soupir avant de partir à la recherche de la salle des 1°2… Oui car la demoiselle avait trouvé le moyen d’arriver en retard le jour de sa rentrée en première année de collège. « Je dois battre des records » pensa-t-elle tout haut.
Ne pouvant pas arrêter ses études à 11ans, Freddie choisit l’option « école buissonnière », mais malgré tout elle s’en tirait avec de bons résultats. De toute façon, il lui était très difficile de suivre une leçon car elle partait régulièrement à Milan, Edimbourg, Paris, Rio de Janeiro ou encore Hongkong.
Edimbourg, 19 mai 2008.
Freddie rentra dans le minuscule appartement de son père à Edimbourg après avoir passé deux jours chez son petit ami. Et elle retournait à l’appartement pour prendre quelques vêtements, une brosse à dents et son ordinateur. Elle devait passer une semaine seule avec son père et Danilo, son frère. Et rien que l’idée de devoir respirer le même air que son aîné lui donnait de l’urticaire.
- C’est moi ! lança-t-elle.
- Tu étais où ? articula lentement son père.
La bouche de Freddie se tordit. Jamais elle n’avait vu son père si énervé. Il fallait qu’elle trouve un moyen de discuter calmement, comme elle le faisait toujours.
- Ecoute papa, c’est juste parce que-
- T’étais chez ton copain c’est ça ?
- A vrai dire…
Pourquoi n’arrivait-elle pas à ramener la conversation sur un terrain moins miné ? En tout cas c’est le moment que choisit Danilo pour intervenir.
- Mademoiselle Freddie s’envoie en l’air avec son petit ami, qui a 17 ans, rappelons-le.
- Mais ferme-la ! Et puis j’ai pas couché avec John.
- Non bien sûr, vous jouiez tranquillement à la Scopa !
Fabrizio Vivaldi, regarda longuement ses enfants s’attaquer oralement et s’insulter. Puis, toujours calme, il demanda à Danilo de sortir. Ce dernier leva les yeux au ciel avant de lancer un dernier «
Pulla » à sa sœur. Avant que celle-ci n’ai le temps de répondre par une autre injure, son père lui intima le silence. Il semblait habité d’une colère froide, et le ton dur il lui signifia :
- Freddie, file dans ta chambre. Immédiatement.
La demoiselle obéit sans rechigner, regrettant de plus en plus son attitude. Ce n’était pas vraiment dans ses habitudes de se repentir, mais l’amour de son père était plus important que tout pour elle. Et le savoir déçu d’elle lui faisait le même effet que des dizaines de poignards plantés dans le cœur. Après avoir claqué la porte, elle s’affala sur son lit et ouvrit son portable. 4mails… Freddie soupira et tapa rapidement une réponse à son frère. Tans pis pour les autres. Elle entendit soudain quelqu’un ouvrir la porte, sans se retourner elle lança en italien :
-Dégage.
Pas de réponse. Cette fois elle se tourna et tomba nez à nez avec John, qui ne parlait pas italien. Elle éclata en sanglots et l’embrassa passionnément.
Palerme, 19 septembre 2010.
Freddie se leva ce matin là avec un violent mal de crâne. Elle tituba jusqu’à la cuisine où toute sa famille était réunie. « Comme c’est mignon» pensa-t-elle. Car ils avaient beau vivre dans la même ville et se réunir tous les dimanches les Vivaldi ressemblaient à tout, sauf à une famille. La jeune fille se pencha pour déposer un baiser sur la joue de son père ignorant royalement sa mère qui lui tendait une tasse de café.
- Une lettre,
petite sœur, siffla Danilo entre ses dents.
- Merci,
grand frère.
Elle regarda longuement l’enveloppe avant de l’ouvrir et tomba nez à nez (enfin plutôt nez à papier) avec une lettre anonyme. Sans savoir pourquoi elle se leva et alla décrocher le téléphone, donna son nom et repartit se coucher.
- Elle est complètement cinglée, commenta Roberto.
Toujours est-il que Freddie dormit 24h d’affilée, pourtant après une nuit de sommeil, et quand elle se réveilla elle était allongée sur une plage.
Une plage de sable fin, blanc, à l’orée d’une forêt. Une plage magnifique. Une plage qu’elle n’avait jamais vu de sa vie. Et pourtant, elle habitait sur une île, elle suivait son père dans tous ses déplacements autour du monde. Mais cette plage là elle ne l’avait jamais vu.
Elle se leva regarda autour d’elle, désorientée, cherchant en vain dans sa mémoire si elle n’avait pas déjà vu un endroit similaire. Mais quand Freddie vit une plume blanche scintillante flotter à côté de son épaule elle commença à se poser quelques questions.
Et puis on l’avait accueillit, expliqué où elle se trouvait, présenté son quartier, quelques uns de ses habitants.
Et à présent Freddie vit à Esplumoir, avec l’idée fixe de partir de cette île.