— Esplumoir ;
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Alyss ~ Un petit rêve de novembre

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Anonymous
Invité

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Alyss ~ Un petit rêve de novembre Vide
MessageSujet: Alyss ~ Un petit rêve de novembre Alyss ~ Un petit rêve de novembre Icon_minitimeJeu 30 Déc - 2:46

November


IDENTITE




Nom : Lucchina.

Prénom : Alyss.

Nom de code : November.

Âge : Dix-huit ans.

Nationalité : Italienne.

Orientation sexuelle : Pansexuelle.

Métier : Libraire.

Plume souhaitée : Plonger quelqu'un dans son rêve.

Spoiler:

Plume attribuée : Lire dans les pensées des gens.


Spoiler:

Quartier : Bloody Lanes

Alyss ~ Un petit rêve de novembre 6LsJ1



CORPS




Alyss a une vision de son corps particulièrement dénigreuse. Son corps n'a aucune valeur. Ce n'est qu'un ensemble d'os et d'organes fragiles recouverts d'une peau sans couleur ni douceur. Un organisme qui est fait pour vivre mais qui n'en est pas entièrement capable. Même s'il n'avait pas subi ses blessures, il resterait de toute façon un corps fragile qu'une bête enragé déchirerait en lambeaux sans la moindre difficulté. De plus, le corps humain est d'une laideur innommable. Sauf les jambes, quelquefois...
Mais pas les siennes. Non, Alyss n'a ni belles jambes, ni belles mains, ni belle stature, ni rien du tout de beau. D'abord, alors qu'elle pourrait ressembler en une magnifique jeune femme, elle manque cruellement de formes. Petits seins, hanches fugaces... Bon, vous allez me dire qu'elle n'a pas de grosses fesses ? En effet. Et de grosses cuisses ? Non plus. Ses jambes ressemblent plutôt à deux branches rugueuses dont on aurait retiré toute la partie supérieure de l'épiderme, comme un arbre et sa protection de bois, et dont la peau aurait essayé de se reconstruire tant bien que mal, sans jamais parvenir à prendre le soleil. Non mais vous avez vu comme elle pâle ? C'est ignoble l'été ! Entourée de jeunes filles souvent mattes, parfois pâles juste ce qu'il faut pour être pleines de lumière, elle est terne, elle est glauque, elle est laide ! Sans le moindre muscle, la peau de ses cuisses n'est franchement pas si tendue que ça, et donc ses cuisses ne sont pas belles. Ses genoux sont noueux. La pâleur de sa peau fait ressortir le moindre poil noir, alors elle doit s'épiler régulièrement. Ses talons sont abîmés, ses orteils maigres et longs... Un corps laid, si laid ! Quand on remonte au-dessus des hanches dures au toucher, on tombe sur un ventre certes plat, mais sans abdominaux, et flasque au toucher. Sans compter la rugueuse cicatrice qui tente tant bien que mal de se cacher par-là. Ses seins petits sont incapables de cacher les côtés saillantes et ses clavicules sautent au yeux. Et ses mains ? Des mains sans aucun intérêt, aux doigts fins mais courts car finalement proportionnés à ces mains de bien petite taille. Les gants qu'ils portent sont en général des gants pour enfant.

Pour enfant.

Alyss n'a décidément pas un corps avantageux car particulièrement fragile. Elle le trouve sans intérêt et n'en prend quasiment plus soin. Alyss n'est pas belle. Mais Alyss a du charme. Son charme. Celui d'une enfant.
A dix-huit ans, elle ne mesure qu'un mètre quarante-huit. Elle s'est mesurée il y a deux ans, elle faisait juste deux centimètres en moins. Pour elle, une chose est sûre, elle a fini de grandir. Mais elle n'a pas fini d'être petite. Et elle n'a pas fini d'être mignonne.
Ses couleurs fétiches sont le noir, le blanc, et toutes les couleurs sombres et ternes de la palette de couleurs. Ses vêtements fétiches sont les robes en coton blanc et les robes aux milles tissus, ornés de froufrous, de nœuds, et d'autres décorations de la sorte. Elle s'habille quelquefois comme une « enfant de l'air » selon ses mots, se débrouillant pour donner au short et au débardeur une toute autre apparence, en s'armant de dentelles et de rubans, en ajoutant des bas fantaisistes et des souliers à semelles épaisses, et en couvrant son épaule d'une cape, d'un chaperon, ou d'un autre vêtement de la sorte avec ou sans capuche, avec ou sans manches, afin de se donner l'air de sortir de tout droit d'un livre fantaisie. Et c'est bien réussi. Si elle ne prend pas soin de son corps, elle fait attention à son apparence et connait donc très bien le maquillage, alliant le complexe et le léger, un peu de noir et des paillettes blanches, ou au contraire une couleur vive sur les paupières qui parvient à faire ressortir ses yeux clairs.
Car oui, Alyss n'a pas du tout les yeux sombres des italiens. Bien au contraire, ces yeux sont infiniment plus clairs, d'un bleu cristallin, presque précieux. Froids ou bizarres pour certains, jolis ou magnifiques pour d'autres, elle possède deux iris qui, allant de paire avec sa peau pâle et sèche, laisse clairement voir qu'Alyss, malgré son nom de famille bien italien, n'est pas de là-bas. Et avec ces yeux, un regard bien à lui. Empli de malice et de curiosité, il vous cherche, il cherche vos yeux, oui, les votres. Il veut échanger quelque chose, n'importe quoi. Et quand il y a échange, c'est souvent un sourire. Et lorsque Alyss sourit, c'est son visage qui semble s'éclairer.
Avec ses yeux cristallins, un petit nez pointu qu'elle presse parfois du bout du doigt en souriant, une bouche assez discrète aux lèvres sèches, de petites dents assez bien alignées, et des joues assez rondes pour son âge. Des joues qui, avec un sourire, donnent envie d'être embrassées ou pincées selon le point de vue. Ce visage est expressif et laisse apparaître souvent un air pensif, curieux, paisible ou amusé – sourire en coin inclus. Les yeux luisants sont surmontés de deux petits sourcils noirs et d'une frange noire coupée, selon la période et l'humeur, droite, en échelles, en dégradé vers un côté, en mèches diffuses tombant devant ses yeux... Oui, la chevelure d'Alyss est longue et comme un sombre plumage de corbeau. Ou bien noire comme l'encre de chine. Chacun aura sa vision sur la longue chevelure raide et lisse qu'Alyss fait voler derrière elle en sautiller sur les trottoirs lorsqu'elle est d'humeur particulièrement volatile. Une longue chevelure lisse après un coup de peigne, mais qui devient rapidement rêche au fil de quelques dizaines de minutes, dure à démêler si on oublie le coup de peigne quotidien, et terriblement fragile. Quand Alyss se promène dans une maison, on est facilement capable de la suivre à la trace grâce aux cheveux qu'elle laisse derrière elle. Alors dans son appartement, c'est vraiment une catastrophe. Il est impossible de passer le balai tant les cheveux s'accrochent nombreux à la brosse avec la ferme intention de ne jamais s'en détacher. Non, Alyss a beau employer des shampoings pour cheveux fragiles, elle en perd toujours autant. L'idéal serait qu'elle les coupe court, mais jamais elle ne pourrait s'en résoudre.

Rappelez-vous donc cette jeune femme au corps fort désavantageux, aux jambes maigres, au ventre barré par une sorte de grosse cicatrice courte et épaisse, à la peau blême et rugueuse, aux cheveux noirs corbeaux, au corps informe et faible, incapable de surmonter une simple course à pied sans que les poumons deviennent brûlants, le cœur affolant et le ventre tordant, le tout agrémenté d'une nausée dont on pourrait bien se passer. Ce corps qui interdit cette jeune femme de courir dans la rue pour rattraper son bus qui s'en va, sous la peine de cracher tout le contenu de sa poitrine, ses poumons refusant de rester un duo solitaire dans la souffrance. Et voyez donc cette enfant au regard accrocheur qui marche sur des allumettes. Qui a-t-on envie d'étreindre ? L'enfant bien évidemment ! Elle est si adorable ! D'autant qu'elle semble délicate et fragile, ce qui donne d'autant plus envie de la protéger si on aime les enfants. Et c'est bien sûr l'enfant que vous rencontrerez dans la rue, l'enfant que vous laisserez passer dans le bus afin de ne pas l'écraser à cause du monde, l'enfant que vous regarderez en vous disant peut-être « Qu'elle est mignonne ! ». Et vous auriez bien du mal à le croire si elle vous avouait sur ses petits souliers noirs son véritable âge.





AME




Quand on rencontre Alyss, Alyss est une fillette. Même entourée de jeunes femmes matures sur talon, elle continue de marcher d'un pas léger voire sautiller dans ses jolis vêtements pleins de fantaisie sans se dire un seul instant que cela pourrait faire tâche. En fait, elle n'a pas besoin de le dire puisqu'elle sait déjà qu'elle fait tâche.
Et elle aime ça.
Alyss aime être différente, même si cela signifie être immature, même si cela signifie être un peu folle. Car pour elle, la différence est une sorte de folie, quelque chose qui n'est pas commun, pas normal, contradictoire, une vraie petite ironie dans ce monde carré empli de mœurs, de normes et de modes. Alyss a toujours été différente par sa façon d'aborder ses petits camarades lorsqu'elle était toute petite. Elle ne jouait pas aux Barbies malgré les apparences mais avec les insectes qu'elle trouve encore aujourd'hui fascinants. Elle chipait souvent les jeux de construction des garçons pour se construire mille et une choses et cherchait plus à rester seule dans son petit monde qu'avec les autres. Pas renfermée ou taciturne pour autant, elle s'amusait beaucoup à embêter et effrayer ses camarades pour les tenir à l'écart, principalement avec les insectes et autres de nos amis invertébrés. Elle faisait fuir les enfants de son âge ou les plus grands mais laissaient toujours les plus petits en paix. Quand aux adultes, elle les charmait de façon à être leur préférée. Polie, enthousiaste, intelligente, sérieuse... Autant de merveilleuses qualités qu'un adulte peut aimer d'une écolier ou bien de la fille d'un ami qu'on invite à boire un verre chez soi après le travail. Mais elle avait aussi une façon bien à elle de répliquer, démontrant d'une façon plutôt hautaine qu'elle n'était pas idiote, mais avec un merveilleux sourire et un compliment bien placé, elle savait charmer tout en étant peste. Elle savait être aimée tout en étant bizarre.

Et aujourd'hui, cela lui est bien resté. A la différence qu'elle a dix-huit ans, et qu'elle a donc beaucoup plus d'expérience. Elle a bien compris comment le « commun des mortels » raisonne et, en connaissant quelqu'un, devine bien facilement sa réaction par rapport à un événement. Alors elle sait pertinemment que si elle continue de parler comme elle le fait, de sa façon naturellement directe et sans pudeur, les gens peuvent être surpris voire gênés. Les sujets tabous pour la majorité ne le sont pas pour elle. Elle peut sans problème décrire la diarrhée qu'elle a eue hier alors qu'on vous sert dans votre assiette un délicieux fondant au chocolat – bon appétit bien sûr ! –, dire qu'elle a trouvé un trou dans sa culotte en l'étendant sur son fil à linge le week-end dernier, mais aussi énoncer tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Mais la réaction des gens l'amuse. Et si elle continue son petit monologue sans avoir l'air de remarquer l'étonnement ou la gêne qu'elle suscite, elle est en réalité en plein rire intérieur qui parfois la trahit par un malicieux petit sourire en coin. Moins friande d'invertébrés que pendant son enfance, elle reste toutefois sans la moindre crainte devant des bestioles peu engageantes, comme les grosses araignées que l'on trouve des fois dans sa cage d'escalier et dont la simple présence nous empêche complètement de passer l'escalier dans un sens ou dans l'autre. Si l'araignée est à portée de main, elle peut la prendre habilement entre deux doigts et la jeter ailleurs pour rendre service. Il en est de même pour les petits animaux grièvement blessés, qu'elle tuera sans la moindre hésitation avec ce qu'elle a sous la main – une simple pierre peut suffire – pour abréger ses souffrances. Elle est donc capable de dire mais aussi de faire des choses qu'on ne fait théoriquement pas. Alors, forcément, elle peut faire un peu froid dans le dos. Un peu.

Mais Alyss est joyeuse, Alyss est toute légère, toute bondissante. Derrière un air timide et rêveur, la voici qui vous aborde, son meilleur ami, avec un beau sourire afin que vous répondiez d'une façon ou d'une autre, et que la conversation ainsi se mette en marche. Alyss a bien du mal à maîtriser l'humour, puisque le sien est maladroit ou douteux selon le cas. Elle rit bien facilement du malheur de quelqu'un et vous taquine, quelquefois, pour s'amuser un peu et vous montrer qu'elle vous aime bien, son ami. Rieuse et frivole, vivant à cent à l'heure malgré ses problèmes de santé, sa bonne humeur peut bien être contagieuse. Elle insiste particulièrement auprès des personnes froides afin de les sortir un peu de leur cocon gelé. C'est une fille simple et légère qui n'a pas peur du ridicule, même si elle n'est pas du genre à faire rire l'assemblée avec des boutades, chose qu'elle maîtrise bien mal de toute façon.
Alyss est bondissante mais pas intenable pour autant. A vrai dire, elle garde la plupart du temps un calme tout de paix et envoie son regard voleter loin dans ses rêves. Dans ce cas, il faut lui secouer un peu l'épaule pour la faire redescendre sur terre. Son regard vague se teinte alors à nouveau de malice et la voici qui sourit à nouveau, légère.

Lorsqu'une parfaite inconnue vous aborde, qu'elle se jette dans vos bras alors que vous ne savez fichtrement pas qui est cette gamine qui vous déséquilibre et s'accroche à vous en liant ses mains derrière son dos, vous êtes sans doute surpris n'est-ce pas ? Et lorsqu'elle frotte sa tête contre vous avant de vous lâcher et de reculer afin de sourire, vous attendez sûrement une explication. Qui est-elle, et que vous veut-elle ? Mais elle s'en va sans un mot, juste avec un petit rire.
Certes, Alyss n'aborde pas souvent les gens de cette façon. En général, cela se limite au regard malicieux et au sourire au coin. Mais il lui arrive quelquefois de faire un câlin à quelqu'un lorsqu'elle « le sent bien ». C'est un immense désir d'affection qui se manifeste, et elle choisit alors quelqu'un dans les parages pour avoir son câlin gratuit. Cela peut être une camarade de classe comme un parfait inconnu qu'elle n'a encore jamais vu, elle peut choisir un jeune ou un vieux, une fille ou un garçon, sans distinction. Il lui est arrivé une fois de s'asseoir à côté d'un sdf et de son gobelet en plastique et de déposer sa tête sur son épaule, sans raison, alors que la femme restait interdite, ne sachant pas comment réagir. Alyss est ainsi, demandeuse d'affection. Si vous êtes son ami, soyez sûr que, tôt ou tard, elle se jettera dans vos bras pour enclencher un rituel qui ne sera plus prêt de s'arrêter. Alyss aime les câlins non pas pour donner de l'affection, mais en recevoir. Quand Alyss désire de l'affection, c'est toujours dans un seul sens. Alors, forcément, elle provoque le câlin. Mais elle n'est pleinement satisfaite que lorsqu'on le lui rend bien, avec pourquoi pas ? une main dans ses cheveux voire un petit passage douteux près de ses hanches. Cela ne dérange pas Alyss d'être effleurée grâce à son manque de pudeur. Cependant, si une main se montre un peu trop obsessionnelle, elle peut sans problème la repousser sans se départir de son sourire, l'air de dire que vous ne pourrez de toute façon jamais vraiment la toucher. Car elle est hors de portée. Une personne, homme ou femme, qui la désire ne saurait être satisfaite. Toujours subsistera une distance entre elles deux, imposée par Alyss d'une façon si subtile qu'il est bien difficile de la définir. Pourtant, si une personne un jour se met à désirer Alyss, elle ne connaîtra que la frustration face à ces mains qui repoussent furtivement, la frustration face à son regard qui reste malicieux sans chercher à rentrer dans l'intime. Car Alyss est hors de portée.

Et c'est bien ce qu'elle est. Hors de portée. Vous auriez beau l'aimer, en faire votre meilleure amie ou votre petite copine, elle ne ressentirait aucun sentiment de ce genre en retour pour vous. Elle ne souhaite que passer de bons instants avec vous, en racontant des bêtises, en partageant des passions, ou mieux en recevant votre affection. Et si un jour vous ne lui plaisez plus, elle vous délaissera comme une culotte trouée sans le moindre remord, vous saluant d'un bon sourire et vous tournant le dos définitivement. C'est ainsi, Alyss reste une plume libre et détachée, et jamais ne sera-t-elle toute à vous, jamais ne se liera-t-elle vraiment à vous. Alors que vous croyez qu'elle vous apprécie ou vous aime, alors que vous croyez que votre relation est scellée, la voilà qui s'en va à votre plus grande surprise. La voilà qui vous abandonne sans le moindre remord, vous laissant derrière, abasourdi voire bouleversé. Comment quelqu'un peut-il être capable de cela ? Alors bien souvent, vous haïssez Alyss. Ca y est, tout son charme est détruit pour vous, ce n'est qu'une affreuse gamine. Mais arriverez-vous à le faire croire à ceux qui l'aiment et qu'elle n'a pas encore abandonnés ? Arriverez-vous à le faire croire aux personnes plus mures qu'elle charme avec tant de facilité avec quelques sourires ? Arriverez-vous à faire croire aux gens qu'Alyss est cruelle, qu'Alyss est sans cœur, alors que vous-même n'y croyez pas avant de vous être fait lamentablement jeter au bord du trottoir ?

Alors il vaut mieux ne pas se lier à elle, n'est-ce pas ? Oui, il vaut mieux ne pas s'approcher d'elle et de ses sourires dévastateurs. Il vaut mieux ne pas croiser son regard merveilleusement accrocheur. Il vaut mieux ne pas se torturer à essayer de s'en approcher, elle qui vous filera toujours entre vos doigts un peu trop demandeurs d'intimité. Il vaut mieux la laisser seule. Car, de toute façon, en vous repoussant après avoir tout pris de vous, elle se retrouve seule. Elle est seule lorsqu'elle ne veut plus être votre « amie ». Elle est seule lorsqu'elle ne veut plus se blottir dans vos bras. Mais lorsqu'elle repousse quelqu'un, c'est toujours pour trouver quelqu'un d'autre rapidement. Elle n'est jamais seule bien longtemps à vrai dire. Du moins physiquement.
Car seule en permanence elle se sent. Depuis qu'elle est à Esplumoir, elle essaie de combler sa solitude de toutes les manières qui soient, mais cette solitude reste avec elle et refuse de la quitter. Elle refuse de faire cesser son poids dans sa poitrine. Alors elle la serre fort entre ses bras froids, elle la serre comme une amie fidèle qui l'abandonnera jamais. Oui, solitude, tu es très fidèle. Jamais tu ne délaisses Alyss, où qu'elle aille, quel que soit son entourage, tu es toujours là pour elle. Tu l'écoutes lorsqu'elle est triste et tu lui souris lorsqu'elle est joyeuse. Mais toujours tu es là, tu la suis, tu t'accroches à elle, tu l'emprisonnes. Et Alyss a mal, terriblement mal à cause de toi. Alyss ne veut plus de toi. Alyss ne veut plus que tu prennes cette place, là, la place de l'amour et de l'amitié, la place des liens. Va-t-en, laisse-la à d'autres. Va-t-en, solitude, va-t-en. Alyss a besoin d'aimer. Alors elle court, et elle tourne, et elle vole, et elle zigzague. Et à force, elle a la tête qui tourne et le cœur qui lâche, elle se sent défaillir, trop fatiguée de te fuir, trop fatiguée de te voir encore. Alors elle se blottit contre toi, froide amertume, elle se blottit contre ton corps toujours présent pour elle, et elle s'abandonne tout à toi, belle solitude, si fidèle.
Alyss a besoin d'aimer. Mais elle n'y parvient pas, elle n'y parvient plus. Son âme ne lui appartient pas, alors comment l'offrir à quiconque en vue de sceller un lien amical ou amoureux ? Son âme est restée derrière elle, en Italie. Alyss a perdu l'amour. Alors Alyss pleure, elle pleure intérieurement. Elle veut quelqu'un pour la consoler, elle a besoin de quelqu'un pour lui offrir cette affection qui lui manque tant. Alors elle vient vers vous, parfait inconnu, elle vous sourit de ce sourire infaillible, ses yeux brillent et vous accrochent, et la voici déjà contre vous, petite enfant que vous n'avez jamais vue, et elle profite de votre surprise pour vous voler un câlin. Et elle va voir ses amis, ces mêmes amis qu'elle abandonnera demain, et elle se blottit contre eux qui savent lui donner l'affection qu'elle demande, et elle leur prend tout ce qu'ils ont.

Alyss est une enfant détruite, une adulte jamais construite. Elle a vécu dans un univers parallèle, un monde idyllique. Et lorsqu'il s'est détruit, elle s'est perdue, tout simplement. Son corps et son âme en ont souffert dans une seule agonie, et Alyss est partie, Alyss est morte. Elle s'est alors reconstruite mais jamais elle n'est réellement devenue adulte, jamais elle ne le deviendra. Elle n'est qu'une enfant jetée parmi les grands. Et parmi les grands elle a essayé de se faire une place, la place de l'immature gamine bizarre, tordue, sans cœur. La place de l'adorable enfant charmeuse de grands, manipulatrice et toujours désireuse de s'amuser avec leurs sentiments, avec vos sentiments.

Mais maintenant qu'elle est à Esplumoir, qu'en est-il avec les enfants ?
Alyss est une enfant qui aiment les enfants. Toujours elle a su protéger les plus petits qu'elle, les serrant dans ses bras comme une grande sœur, passant ses doigts sur leurs larmes, et jetant des araignées au visage des grands qui s'en prenaient aux petites victimes. Aujourd'hui, lorsque son regard croise celui d'un enfant, son visage s'adoucit. La malice dans son regard laisse place à quelque chose de plus profond, et son sourire se fait plus discret, plus triste aussi. Elle envie ces enfants qui tiennent la main de leur maman, elle pourrait les jalouser si elle ne ressentait pas pour eux cette pointe d'affection. Mais elle se contente de les envier et de leur parler quelquefois lorsque leur mère ne semble pas contre. Elle les rattrape lorsqu'ils échappent à la surveillance de leurs parents dans le magasin et les ramasse lorsqu'ils chutent sur le goudron sans pitié pour leurs petits genoux. Alyss donne aux enfants sans rien attendre d'eux en retour, et ils sont bien les seuls à avoir ce privilège. Ils l'ont même s'il s'avèrent que ce sont de vilains enfants, qui se moquent de leurs petits camarades et commencent déjà à glisser des coups bas pour la plaisir de faire mal. Oui, car pour beaucoup, être la source de la souffrance d'un être faible procure un sentiment de satisfaction, et certains en redemandent. Mais Alyss ne déteste pas les enfants de cette trempe, elle leur fait seulement gentiment la leçon d'une voix calme et d'un regard, en mettant dans toute son attitude une certaine fermeté, une autorité, comme une mère pour son enfant. C'est une grande fille à qui on a envie de dire « Je ne recommencerai plus, promis ! » juste pour voir son sourire encore une fois, même si ce ne sont que des mensonges. Mais Alyss sourit quand même.

Alyss sourit aux bons comme aux mauvais. Parmi les gens dans la rue qu'elle a serré gratuitement et sans raison, il y a eu sans doute des racistes, des gens obtus, imbues de leur personne et d'un égoïsme suintant. Il y a eu sans doute un ou deux pervers précoces qui n'ont su résister à passer furtivement leur main un peu plus bas sur ses hanches. Il y a eu toute sorte de gens, bons comme mauvais. Elle n'en fait, à dire vrai, pas la différence. Seulement, elle ira plus naturellement briser la solitude de certains sombres gens que déranger une personne entourée. C'est ainsi, même si elle ne fait consciemment pas la différence, elle est inconsciemment attirée par ceux qui ont quelque chose de noir à cacher. Elle les « sent » plus facilement. A moins que ce ne soit qu'un fruit du hasard ?

Profondément rêveuse, Alyss semble souvent complètement ailleurs, vivant dans un monde parallèle. Cela ne vous rappelle rien ? Alyss n'a jamais bien supporté de vivre parmi les grands, elle se sent trop différente et trop seule ici bas. Elle veut retourner dans son monde idyllique, elle veut aller au ciel. Et elle y parvient quelquefois, elle y parvient... Mais elle revient avec des cauchemars. C'est ainsi, quand on refuse de regarder la réalité en face. C'est ainsi, quand on refuse d'être un humain parmi les humains.

N'est-ce pas, joyeuse princesse ?

Alyss veut être une enfant, elle veut rester enfant, et cela semble marcher, surtout ici. Peter Pan féminin, il ne lui manque plus qu'à remplir son univers de quelques personnes, univers qu'elle a jusque là gardé secret, au cœur de son petit coffre imaginaire, fermé avec une clef en forme d'insecte. Mais qu'y a-t-il dans cet univers qui lui vaut des cauchemars ?




DERRIERE L'ECRAN



Âge : Dix-huit ans.

Comment avez vous découvert ce forum ? Par un partenariat.

Première impression ? "Oooooh ! C'est trop mignooooon !" Gros coup de cœur qui ne s'est pas tari.

Vous pensez être très présent/assez présent/pas trop présent ? : Pas trop présente hélas. Etudiante en puissance.

Autre chose ? Cette ip va rapidement servir pour deux personnages, car pour deux personnes. Ma sœur en effet prévoit de s'inscrire sur ce si joli forum. Mais vous verrez mon ip différer de la sienne quand les vacances seront terminées.
Et personne n'a vu que je me suis trompée d'endroit. ._.
[Allaaaaaaan est passé. :D]



Dernière édition par Alyss Lucchina le Ven 31 Déc - 0:50, édité 3 fois
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Alyss ~ Un petit rêve de novembre Vide
MessageSujet: Re: Alyss ~ Un petit rêve de novembre Alyss ~ Un petit rêve de novembre Icon_minitimeJeu 30 Déc - 2:46

HISTOIRE









Chapitre I


– Bonjour. Comment t'appelles-tu ?
Ce furent les premiers mots que l'homme adressa à la petite fille qui leva les yeux de son dessin vers lui. Alors que la couleur bleu translucide de ses iris le transperça, elle lui répondit d'une petite voix enfantine.
– Alyss. Laissez-moi vous l'écrire.
Alors elle déchira la feuille et son dessin du calepin et la jeta négligemment à terre afin de découvrir une nouvelle feuille blanche. D'un feutre noir, elle traça les lettres de son prénom, révélant alors qu'elle n'était pas Alice des merveilles, mais une autre.
– Voilà un très joli nom. Je m'appelle Aimone. Et ma femme, qui se tient derrière moi, Julia. Dis-moi Alyss, tu n'es pas d'Italie ?
Il avait perçu son accent qui n'avait rien d'italien, voire rien de méditerranéen.
– Non. Je viens du nord.
– Où exactement ?
Elle mit du temps à répondre, non pas parce qu'elle hésitait ou se méfiait de lui et sa curiosité, mais parce que ses yeux de perles s'étaient déposés sur les iris sombres de Julia. Julia qui lui sourit vaguement, le regard vide. Cet échange ne dura qu'une fraction de seconde.
– Je ne sais pas. Là où beaucoup de neige tombe pendant l'hiver.
Et ils continuèrent ainsi plusieurs minutes. L'homme posait les questions, la fillette y répondait, et la femme derrière promenait quelquefois son regard sur les dessins accrochés sur les murs et l'arrêtait sur les fenêtres qui laissaient entrevoir dehors des arbres secoués par le vent. D'autre fois, elle le fixait sur la fillette et la regardait sans la regarder, comme traversant son corps avec ses yeux, puis traversant les murs et les portes, traversant la terre pour se poser en enfer.
– Monsieur...
– Appelle-moi Aimone.
– Aimone... Pourquoi votre femme ne me regarde-t-elle pas ?
– Oh, Julia ? fit-il en se retournant vers elle.
Il lui prit la main, ce qui sembla la ramener sur terre, et lui sourit. Elle lui sourit en retour, de ce sourire vague et sans expression, tandis qu'il lui caressait doucement sa main tout en la tenant.
– Julia est triste. Elle a perdu son bébé avant qu'il naisse, et elle ne peut plus en faire d'autre. Alors Julia est très triste et pense beaucoup à son enfant.
– La pauvre...
L'homme sourit.
– Dis-moi, Alyss, voudrais-tu redonner un peu de chaleur à Julia en devenant notre fille ?
La fillette eut d'abord des yeux ronds face à cette soudaine demandant d'adoption. Son visage ensuite se vida de toute expression et seuls ses yeux, ses deux magnifiques diamants que l'homme ne pouvait s'empêcher d'admirer, se posèrent sur les yeux vides de la femme. Elle allait répondre lorsque la femme retira brusquement sa main pour pointer la feuille froissée par terre.
– Aimone ! Pourquoi un si beau dessin ?

¤¤¤


Du piano... Cela faisait si longtemps qu'Alyss n'avait pas entendu du piano... A quand la dernière fois ? Elle ne se souvenait plus. Mais à cet instant, quelqu'un jouait du piano, au piano qui attendait au premier étage que des mains agiles viennent incliner ses touches. Curieuse, l'enfant monta l'escalier et poussa la porte de la pièce au piano. Elle y vit alors la silhouette maigre de la femme aux yeux vides. Ses longs doigts seuls semblaient encore dotés d'énergie et l'employaient en douceur sur les touches nacrées pour y jouer une mélodie douce et pleine de tristesse.
– Julia ?
Une note violente lui déchira les oreilles. La mélodie perdit soudain toute sa douceur et accéléra. Elle devint effrénée, angoissée, les doigts frappant les touches sans retenue, tandis que le regard curieux d'Alyss s'assombrissait, son visage se durcissait, ses petites mains se serraient en deux poings crispés.
– MAMMA ! cria-t-elle, tentant de couvrir la mélodie.
Mais la mélodie continua sa course folle, les cheveux blonds de la jeune femme à la nuque courbée en avant cachait ses yeux, mais il n'était pas dur de les imaginer écarquillés par la démence. Alyss serra les dents.
– MAMMA !

¤¤¤


– Ma princesse, viens donc sur mes genoux.
C'était la phrase magique, la jolie phrase magique pour que la fillette vienne s'installer sur les genoux de son Papà, lissant sa petite jupe gonflée par la dentelle afin que sa culotte reste invisible, car c'était ainsi que les gens se comportaient. Il fallait cacher sa culotte afin de ne pas choquer les yeux des femmes.
– Alyss, pourquoi lisses-tu donc encore ta jupe ?
– Parce qu'il faut la lisser pour que les femmes ne voient pas ma culotte.
– Y a-t-il des femmes ici ?
La fillette fronça les sourcils. Non il n'y avait pas de femme. Il n'y avait en réalité personne, excepté elle et son Papà.
– Alors tu n'as pas besoin de lisser ta jupe, ma princesse. Tes jambes blanches sont magnifiques et pures. Il serait dommage de les salir avec le tissu de ta jupe, n'est-ce pas ?
– Oui Papà.
– Tu es comme la neige, ma princesse. Tu es blanche et immaculée. Le moindre vêtement, la moindre chaussure, et tu peux être maculée de boue. Et je ne veux pas, ma princesse. Je refuse que tu sois salie. Alors ne donne pas tant d'importance à ta jupe lorsqu'aucune femme n'est présente. C'est toi qui est importante, ma princesse.
Il lui caressa alors la joue, de cette façon douce qu'elle adorait. Ce qu'elle préférait de Papà, c'étaient ses mains. Elles étaient si douces quand elle lui caressaient la joue, si agréables lorsqu'elles se glissaient sous ses mèches de jais, si savoureuses lorsqu'elles lui chatouillaient le ventre. Ce qu'elle préférait de Papà, avant même sa voix doucereuse et ses yeux affectueux, c'étaient ses mains magiques, capables de lui procurer un plaisir que jamais elle n'avait connu.
Il cessa de lui caresser la joue. Elle se blottit alors contre lui, déposant son oreille contre son épaule, pressant une main contre son torse, et d'un ton innocent et plein d'affection :
– Je t'aime Papà.
Il l'enlaça d'un bras, la protégeant tout contre lui, et passa une main chaude sur son petit visage, tandis qu'il répondait d'un murmure :
– Je t'aime aussi, mon ange.

¤¤¤


Les apparences toujours rendaient les choses très simples vues de l'extérieur. Le père de famille était un peintre absorbé par son œuvre et la mère de famille subissait une grave maladie l'obligeant à rester au lit. Seule la petite fille faisait des apparitions dans une école privée de Venise, elle seule pouvait donc être pleinement considérée comme bizarre. Son regard choquait les aristocrates et son sourire faisait peur à ses camarades tandis qu'elle leur brandissait d'énormes araignées avec fierté : « Regardez ce que j'ai trouvé ! ». On ne la renvoyait pas car elle était mignonne dans ses petites robes pleines de dentelles, adorable avec sa politesse hors de toute épreuve, attentive en cours et même plutôt intelligente à côté d'enfants qui peinaient à apprendre des règles d'italien qu'elle trouvait évidentes. Et les quelquefois où son père venait en personne la chercher, sa façon de se blottir tout contre lui fendillait même les cœurs de pierre. Certes, Alyss était étrange mais tellement, tellement adorable !

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Alors que les stations de ski ouvraient toutes, les unes après les autres, la petite famille décida d'aller passer une semaine dans la montagne sur un chalet loin des pistes. Derrière les apparences, cela ressemblait à de simples vacances. Mais ces simples vacances avaient suscité la rage de Julia qui avait hurlé dans la maison qu'elle refusait de quitter cette maison et ce piano pour de minables vacances de neige. Ces simples vacances avaient transformé une coque humaine presque vide en une furie quasiment incontrôlable qu'Aimone avait peiné à calmer. Il avait répété mille fois que c'était son cadeau de Noël pour Alyss.
– La neige lui manque terriblement, cela se voit dans ses yeux. Ne veux-tu vraiment pas faire plaisir à ta fille ?
– Ma... Ma fille ?
Julia avait été frappée de plein fouet par la révélation.
– Oui, ta fille, ton enfant, ton cœur, qui partage les mêmes couloirs que toi depuis trois ans et qui souffre de ne pas être vue par sa mère. Ta fille, Julia, ta fille !
La colère de Julia s'était évaporée en un seul coup, tandis que ses yeux s'étaient davantage écarquillés.
Et la famille était à présent dans une belle voiture conduite par Aimone tandis que Julia ne pouvait s'empêcher de regarder à travers le rétroviseur la fillette de la banquette arrière qui attendait les yeux brillants les premières empreintes de neige.
Cependant, avant même que l'ombre des premiers toits blancs apparussent, la fillette se plaignit de nausées et de douleurs au ventre. L'instant d'après, elle vomissait déjà sur elle le contenu de son estomac, et elle continua même lorsque la voiture fut arrêtée et qu'Aimone l'ait sortie à l'air frais. Elle vida son estomac dans l'herbe du bord de la route, mais continua encore à tirer au cœur, crachant du sang mélangé aux larmes de ses yeux. Aimone appela les secours, affolé, et Alyss se sentit défaillir. Les bras d'Aimone la retinrent mais ceux de Julia étaient encore dans la voiture, et le regard de Julia était fixé droit devant la voiture.
– Alyss, reste avec moi, reste avec moi ma princesse. Regarde-moi. Regarde-moi et ne cesse pas.
Mais le visage de son Papà devenait de plus en plus diffus, et les paupières de la fillette de plus en plus lourdes, comme son corps tout entier. Mais son Papà était là, il la protégeait de ses bras, il l'aimait. Il l'aimait elle, sa petite fille adoptée. Alors elle pouvait fermer les yeux et s'endormir. Elle n'avait pas peur. Pas un seul instant elle pensa que peut-être elle était brusquement en train de mourir. Non. Pour elle, elle était simplement malade, très malade, et Papà était là, il la protégeait. Alors que du sang continuait de couler hors de ses lèvres, elle sentit quelque chose de froid se déposer sur son nez tandis que la voix de Papà se faisait de plus en plus lointaine.
– Regarde, ma princesse, il neige ! Tu la vois ? Ma princesse ? Alyss, ne t'en va pas !

– Sais-tu qui elle appelait lorsqu'elle était réveillée ? Sais-tu qui elle appelait lorsqu'elle souffrait ? Sais-tu qui elle appelait ? Regarde-moi ! Ne fuis pas et regarde-moi ! Car c'est sa Mamma qu'elle appelait, Julia. Elle voulait du soutien de sa Mamma ! Ton soutien ! Ton amour ! Cela fait trois ans qu'elle t'attend, cela fait trois ans que tu lui manques, et elle ne t'a jamais appelée aussi fort que maintenant. Elle n'a jamais voulu ton cœur aussi fort que maintenant. Te rends-tu compte de la mère que tu es ? Ce n'est pas parce qu'elle ne sort pas directement de ton ventre que tu dois l'ignorer ! Non, regarde-moi je te dis ! C'est ta fille ! TA FILLE ! Et tu l'as empoisonnée ! Elle a failli mourir par ta faute ! Et son système digestif est définitivement affaibli par ta faute ! Tu l'as blessée à vie ! Alors Julia, si tu ne veux pas être rejetée à ton tour, rattrape-toi et va la voir sur-le-champ ! Tu comprends ? Tu vas monter dans cette voiture dont le moteur tourne encore et tu vas venir avec moi à l'hôpital pour aller la voir ! Et tu as intérêt à ce qu'elle retrouve enfin sa Mamma !

L'enfant regardait par la fenêtre les petits flocons tomber, ces flocons qui ne pouvaient tenir sur le sol, mais qui volaient tout de même dans l'air frais hivernal. Ces merveilleux flocons. Elle en avait déjà vus de semblables, mais elle aurait voulu les voir tenir sur le sol, et le recouvrir d'un manteau blanc qui serait devenu si épais qu'elle se serait enfoncé les jambes jusqu'aux cuisses, et même jusqu'à l'aine. Tout ce que ses yeux pouvaient contempler, c'étaient ces fragiles flocons qui fondraient dès qu'ils toucheraient le sol à un niveau plus bas. Mais à cet instant, cela lui suffisait. Cela lui suffisait pour qu'ils soient beaux. Cela lui suffisait pour qu'ils l'aident à ne pas pleurer de douleur. Non, elle n'avait presque plus mal au ventre grâce à la morphine, mais elle avait mal ailleurs, quelque part contre son cœur. Une souffrance qui ne s'était jamais éteinte depuis ce qu'elle avait vu dans la voiture.
Quelqu'un frappa des coups hésitants sur la porte. Ce n'était assurément ni Papà, ni une infirmière. La porte s'ouvrit alors et apparut une maigre silhouette, dotée d'une tête osseuse dans les orbites de laquelle s'enfonçaient deux sombres yeux cernés bien trop familiers. Sauf qu'à cet instant, ils se posèrent instantanément sur elle tandis que Julia lui demandait :
– Je... Je ne te dérange pas ?
– … Non.
Alors Julia referma la porte derrière et s'engagea dans la chambre d'un pas hésitant, timide. Son regard n'osa plus croiser celui pleins de reproches de la fillette. Elle repéra le fauteuil mais se sentait trop anxieuse pour s'asseoir.
– Que fais-tu là ?
Une voix dure. Cassante. Qui ne ressemblait en rien à la mélodieuse voix d'enfant que Julia était habituée à entendre lorsqu'elle écoutait derrière la porte ses conversations avec Aimone.
– Je... Je... Je je je suis désolée, osa-t-elle enfin en se tortillant les mains, le regard évitant. Je ne... Je ne veux... pas te faire de mal... Je ne veux pas... détruire... ta pureté...
– Alors m'as-tu ignorée pendant que je vomissais mes tripes ? Pourquoi as-tu ignoré ce... ce sang... qui m'a maculée ? Et pourquoi... Pourquoi n'es-tu pas venue me protéger ?
– … Ton père te protège.
– Et toi ?
Encore cassante. Toujours plus cassante. Julia se sentait submergée par tant de reproches. L'enfant la méprisait-elle ?
– M-Moi ?
– Oui, toi.
Elle ne savait que répondre. Parce qu'elle savait qu'elle n'avait jamais protégé l'enfant. Et que... qu'elle ne pouvait la protéger. On lui demandait si elle avait enfin l'intention de le faire. On lui demandait si elle allait enfin le faire. Elle osa enfin croiser son regard. Et elle y lut dans ce flot de reproches un peu d'espoir. Alors elle se sentit terriblement coupable, et pas seulement parce qu'elle ne pourrait répondre aux attentes de la fillette. Coupable car elle ressentait un profond dégoût chaque fois qu'elle voyait ces deux iris clairs. Ces iris n'étaient pas ceux de sa fille. Sa fille avait des yeux beaucoup plus colorés. Des yeux bleus comme le ciel, aussi colorés et beaux que le ciel. Ils n'étaient en aucun cas translucides comme ceux-là qui la regardaient avec espoir. Non, cette fille n'était pas sa fille. Cette fille la dégoûtait. Et cela lui fit honte, car elle réalisa enfin que ce dégoût n'avait pas lieu d'être, ce dégoût était mal placé. Cela lui fit honte et provoqua en elle une forte culpabilité. Elle se sentit misérable et ne put tenir le regard de l'enfant plus longtemps. Et l'enfant, sans attendre sa réponse qui ne venait pas :
– MAMMA ! MAMMA-MAMMA-MAMMA-MAMMA-MAMMA-MAMMA !
– Tais-toi...
– MAMMA-MAMMA-MAMMA-MAMMA-MAMMA-MAMMA-MAMMA !
– Tais-toi... Tais-toi...
Julia tremblait, tandis que cette fillette continuait de hurler ce mot si fort qu'ils en étaient agressifs. Venimeux.
– MAMMAMAMMAMAMMAMAMMAMAMMAMAMMAMAMMAMAMMAMAMMA !
Julia se plaqua les mains sur les oreilles, les yeux exorbités, répétant d'une voix angoissée.
– Tais-toi... Tais-toi... Tais-toi...
Mais l'enfant criait encore comme une démente, tandis que Julia fermait les yeux et gardait ses mains plaquées sur les oreilles aussi fort que possible.
– MAMMAMAMMAMAMMAMAMMAMAMMAMAMMAMAMMAMAMMAMAMMA !
– TAIS-TOI !
Et elles hurlaient, l'une appelant une mère qui ne viendrait jamais, l'autre lui sommant de se taire, elles hurlaient comme des démentes, et leurs voix attirèrent un infirmier qui traversait le couloir. Sur quel spectacle tomba-t-il ! Il se jeta sur la femme maigre qui serrait ses mains autour de la fillette qui suffoquait, et lui hurlait toujours de se taire alors que l'enfant ne pouvait plus parler. Il se jeta sur cette folle mais ne parvint pas à desserrer ses doigts. D'autres blouses blanches accoururent, et Aimone apparut à l'angle du couloir, un café presque vide à la main, sans comprendre ce qu'il se passait. Il but alors d'un trait le fond noir du gobelet et courut jusqu'à la chambre ouverte de sa fille. Deux hommes en blouse en sortirent, soulevant de leurs bras une Julia assommée sans doute par une injection précipitée.

Chapitre II


Quand les apparences de cette petite famille sans histoires furent détruites, Aimone préféra quitter Venise. Il quitta Venise avec sa fille mais sans sa femme. Il préféra la laisser aux mains d'une équipe sociale qui la fit emménager dans une maison dans la campagne environnante, avec trois autres malades mentaux, afin qu'elle puisse vivre en paix sans être un danger pour Alyss. C'était à ses yeux la meilleure solution pour elles deux, et il regretta longtemps de ne pas l'avoir prise plus tôt, alors qu'il avait parfaitement compris à tel point Alyss était un monstre aux yeux de Julia.
Alyss quitta donc la chorale de Venise pour en intégrer une nouvelle où elle fit sensation. Elle devint pour la première fois soliste, à son plus grand bonheur, alors qu'elle terminait sa dernière année de l'enseignement primaire. Lorsqu'elle chanta pendant le spectacle de fin d'année, Aimone était au premier rang de ce vaste public qui s'était réuni pour écouter les choristes, et pour l'écouter elle. Et Aimone fut le premier à applaudir lorsque la dernière chanson fut terminée, mais il eut beaucoup de mal à être le dernier tant cette foule qui s'était levée était comblée par cette chorale d'enfants et ses quatre solistes. Elle avait toujours connu cela à Venise, à la différence près qu'elle ne faisait pas partie des élus. Et c'était une très grande différence. Elle se sentait incapable de définir exactement cette différence qui faisait que son cœur ce soir-là était beaucoup plus gonflé que tous les concerts de Venise réunis.
Le noël suivant, Aimone lui offrit des cours de chant à domicile et reçut en remerciement une pré-adolescente toute excitée qui lui sauta littéralement au cou, manquant de la faire tomber. Alyss grandissait à vue d'œil mais restait encore une enfant à ces yeux, une princesse, un ange. Tout en pureté. Elle n'avait par ailleurs pas encore ses premières formes alors que quelques unes de ses camarades commençaient sans doute déjà à porter des soutien-gorge. Et Alyss appréciait toujours autant les mains magiques de Papà. Elle avait beau grandir, elle gardait cette étrangeté teintée d'innocence qui faisait tant peur à ces petits camarades de primaire, mais qui intriguait ceux de son présent. On racontait beaucoup d'histoires dans son dos et on tentait de la persécuter, mais elle restait distante à tout cela. Cependant, elle ramena un matin un bocal de bestioles peu attrayantes et s'en servit afin d'être assurée qu'on lui ficherait la paix. Même les plus âgés et menaçants des élèves avaient leur petit point faible dans le monde animal.

Aimone et Monsieur De Castello commençaient à bien s'entendre, au plus grand bonheur d'Alyss. Il arrivait quelquefois que son professeur particulier de chant arrivât plus tôt qu'elle à la maison le vendredi soir, s'installant alors autour d'un café avec Aimone en attendant le retour de l'adolescente par le bus. Alors Alyss souriait, serrait la main de Monsieur De Castello et s'asseyait sur les genoux de Papà, un jus de cerise entre les mains, et ils partageaient une petite dizaine de minutes avant que Papà ne retournât dans son atelier et que le cours de chant commençât. C'était ainsi un petit rituel hebdomadaire auquel Aimone tenait particulièrement. C'était une façon de sauver les apparences, apparences qui avaient à ses yeux une importance presque compulsive. C'était une obsession pour lui d'être bien vu, mais pas pour sauver simplement son image, superficiellement. C'était surtout pour lui une façon de protéger son enfant de mauvais ragots, et ce même s'il savait qu'elle se plaisait à effrayer ses camarades au collège afin de les tenir à distance.

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– Dis-moi, Alyss. Aimes-tu ton père ?
– Oui, bien sûre ! Pourquoi ne l'aimerais-je pas ?
– Je ne sais pas. A ton âge, beaucoup d'adolescents commencent à être agacés par leurs parents. Ils se disputent beaucoup avec eux. Ils se querellent. Ils se haïssent parfois.
– Oui, j'ai des copines au collège qui ont des problèmes avec leurs parents.
– Et... est-ce trop curieux de ma part de te demander ta situation ?
– Moi je n'ai pas de Mamma, alors je ne peux pas avoir de problèmes avec elle. Et je n'ai pas de problèmes avec Papà non plus. Je ne me dispute pas avec lui.
– De quoi parlez-vous alors ? Si ce n'est pas indiscret...
– Nous parlons de... d'amour. « Je t'aime Papà. – Moi aussi ma princesse. Tu es mon ange. » Mais pourquoi me posez-vous toutes ces questions Monsieur ?
– Excuse-moi, Alyss. Je sais d'expérience que les relations sans défauts n'existent pas, à plus forte raison entre un parent et son enfant. Alors que la tienne avec ton père...
– Semble parfaite.
– … C'est cela. Parfaite.
– Mais la perfection n'existe pas, Monsieur. Est-ce ce que vous voulez dire ? La perfection n'est qu'un rêve jamais réalisé, une utopie. Est-ce ainsi que vous pensez ?
– Oui c'est ainsi que je pense. C'est pourquoi, tu l'as compris, je soupçonne quelque chose entre ton père et toi. Quelque chose d'anormal, qui pourrait te faire du mal. Mais tu souris, Alyss, pourquoi donc ?
– C'est vous qui me faites sourire, Monsieur. Ne voyez pas le mal partout. J'aime Papà et Papà m'aime. C'est tout.
– Alors sur ces mots imparables, commençons.

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– Papà ! Papà, regarde ce que j'ai trouvé sur la route !
De Castello et Aimone se retournèrent d'un seul mouvement pour poser leur yeux sur une fourrure fauve maculée de sang. De Castello se leva soudain, portant une main sur son nez à cause de l'odeur, tandis qu'Aimone s'avança vers sa petite fille.
– Il est encore vivant, Papà ! Peut-il survivre si on l'emmène chez un vétérinaire ?
Arrivé à la hauteur de sa fille, il passa deux doigts sur la poitrine de la fouine et les retira plein de sang.
– Non. Il perd trop de sang. Le temps d'arriver là-bas, il sera mort.
– En es-tu sûr ? Tu n'es pas vétérinaire alors je veux m'en assurer, Papà.
– Oui, regarde, tes vêtements sont tout tâchés de sang.
– C'est pour sauver le parquet.
Aimone pouffa légèrement.
– Mais tes vêtements, eux, sont bons pour être jetés.
– Ce n'est pas grave, Papà, j'en ai d'autres. Je dois vraiment le mettre dehors ? Il souffre ! Je crois qu'il vaut mieux que je le tue, Papà. Que je le tue pour faire cesser ses souffrances.
– Ma princesse, je ne suis pas sûr que...
– Laisse-moi faire, Papà. Je vais prendre un couteau à la cuisine, ce ne sera pas long.
Et lorsqu'elle disparut à la cuisine en plaquant le corps chaud de l'animal contre son cœur, De Castello s'approcha lentement à hauteur d'Aimone.
– Elle... Elle va vraiment le faire ?
– Que voulez-vous ? C'est tout naturel pour elle de faire cesser les souffrances d'une pauvre créature, même s'il faut se tâcher de sang pour cela. C'est un ange après tout. Elle est pure.
Et il sourit au professeur, s'étonnant intérieurement de le voir si interloqué.

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– Alyss. Il faut que je te montre quelque chose. Je suis tombée dessus par hasard, mais il faut que tu le vois. Il faut que tu saches que ta relation avec ton père n'est pas parfaite. Que tu réalises que tu es son obsession.
– De quoi me parlez-vous ?
– Viens Alyss. Tu comprendras.

– Mais... je ne comprends pas... Oui, d'accord, je suis son modèle, et alors ?
– Réellement ?
– Oui.
– Depuis quand ?
– Depuis que j'ai huit ans.
– Te force-t-il ?
– Non ! Jamais ! Il me le demande, et je dis oui sans une once d'hésitation.
– Sais-tu à quel point c'est malsain ?
– Malsain ? Laissez-moi rire ! Il ne fait que m'immortaliser !

Elle ne comprenait pas. Elle ne comprenait pas à tel point sa relation avec son père était allée si loin. Elle était incapable de comprendre car c'était toute sa vie qu'on ébranlait, c'était tout un monde idyllique qu'on détruisait. Elle ne comprenait pas que cet amour n'en était pas un véritable bon amour, mais plutôt une obsession malsaine, teintée de démence. Elle ne comprenait pas à tel point le monde dans lequel elle avait grandi était anormal et fou. Elle ne comprenait pas, car c'était tout ce qu'il l'avait construite. Alors pour le lui faire comprendre, il faudrait la détruire, la détruire pour la laisser se refaçonner elle-même, sans cette ombre sur ses épaules, sans ce regard pour la sonder, sans ces bras pour l'emprisonner, sans ces mains pour lui mentir, sans cette voix pour la manipuler. Il faudrait qu'elle grandisse normalement, dans le monde réel où elle vivait, et non pas dans un rêve utopique qui était de toute façon voué à la destruction tôt ou tard. Car tôt ou tard, elle aurait compris. Mais mieux valait que ce soit tôt, afin de lui laisser du temps pour se reconstruire, alors qu'elle n'était pas encore mûre, que ses hormones bien en retard n'avaient même pas commencé à lui chambouler ses pensées enfantines. Il fallait lui faire comprendre.

– Non.
– Alyss, ne sois pas butée.
– Non. Vous pouvez toujours essayer, je ne vous laisserai pas sortir ces tableaux de l'ombre. Et je ne vous laisserai pas rameuter du monde. Si vous sortez votre téléphone, je me jetterai sur vous et vous l'arracherai des mains. Si vous sortez appeler du monde, je me jetterai sur vous et vous crèverai les yeux avant même que vous ayez touché la poignée de la porte. Vous pouvez toujours essayer, vous n'y arriverez pas.
– Là n'est pas le plus important, Alyss.
– Alors si dire à tout le monde que ma relation avec Papà n'est pas normale, le mettre derrière les barreaux pour tout ce que vous voudrez et me jeter dans un orphelinat n'est pas votre priorité, quelle est-elle ? Car, pour l'instant, je ne vois rien d'autre.
– Ma priorité est de te faire comprendre que ta relation avec ton père est incestueuse.

– Mon ange ?
– Oui, Papà ?
– Je t'aime.
– Je t'aime aussi, Papà. Je ne veux pas que nous soyons séparés à cause de lui.
– Mon ange ?
– Oui, Papà ?
– Tue-le.

Alors que le plafond est sous ses pieds et le sol au-dessus de sa tête, elle tient entre ses mains un lourd revolver, lourd mais léger comme tout, chargé, enclenché. Il suffit de presser la gâchette et l'homme qui veut tout détruire en perdra tout pouvoir. Elle ne peut rater sa cible. Elle ne peut, car elle a eu tout le loisir d'apprendre à tirer avec Papà. Elle a eu six ans pour apprendre à tuer avec Papà. Six ans pour apprendre à éliminer tout ce qui pourrait la souiller. Six ans pour apprendre à tuer pour ne pas être tuée.
Tuer, mourir, il peut y avoir plusieurs sens à ces mots, plusieurs forces. Elle, elle doit tuer en faisant cesser un cœur de battre. Ainsi, le corps devient cadavre et l'intelligence un simple liquide flasque et dégoûtant qui s'écoule dès qu'on écrase le crâne. Lui, il veut la tuer sans cesser de faire cesser son cœur de battre. Non, il veut la tuer d'une façon bien plus ignoble. Il veut lui détruire la vie de l'intérieur, en lui détruisant son passé, lui détruisant son cocon protecteur, lui détruisant sa raison de vivre, et lui détruisant par la même occasion son avenir. Et cela, elle le refuse. Elle refuse de devenir une folle comme Julia. Non, jamais elle ne sera comme cette femme démente. Jamais.
Alors elle doit tuer. Elle doit voler une vie. Risque-t-elle d'aller en prison par la suite ? Non, la maison est trop isolée pour qu'on entende quoi que ce soit, et on cachera le corps. Au pire, c'est Papà qui partira en prison et elle restera libre. Libre mais sans Papà. Et cela, elle ne veut pas. Elle ne veut pas...
Et puis, il y a autre chose...

– Papà, je ne peux pas.
– Pourquoi, mon ange ? Il va te maculer d'impuretés.
– Je... Je sais... Mais si je le tue, tu vas en prison.
– Non, ma princesse. On jettera le corps loin de chez nous et on détruira les preuves. Je sais comment faire, ne t'inquiète pas.
– Alyss... S'il te plaît...
– L'as-tu déjà fait ?
– Oui, ma jolie princesse. Je l'ai déjà fait. J'avais deux cadavres sous le bras.
– Alyss, écoute-moi.
– D'accord, Papà. Alors c'est bon.
– Alyss... Ne fais pas ça, Alyss...
– Si. Car sinon c'est vous qui allez me tuer.
– Je ne vais pas te tuer, Alyss. Je vais au contraire te permettre de vivre.
– Je vis déjà, Monsieur. Merci de vous en assurer.
– Non je n'en suis pas sûr. Sinon tu ne me tuerais pas.
– Je vais vous tuer.
– Alors tu n'es pas en vie.
– Si.
– Tu es morte.
– Taisez-vous...
– Tu es morte et tu renonces à la vie en me volant la mienne.
– Ma princesse, ne le laisse pas te faire de mal. Tire.
– TU ES MORTE DEPUIS TON ADOPTION, ALYSS !
– TIRE, MON ANGE ! TUE-LE ! MAINTENANT !
– TAISEZ-VOUS TOUS !

Un coup de feu. Ils se taisent tous les deux. Interloqués. Le plafond est en bas, le sol est en haut. Et le sol s'écroule dans un éboulis, tandis qu'un corps s'affale à terre, et que du sang coule abondamment sur le parquet. Elle l'a fait. Elle a tiré.
Contre sa poitrine.
Alors l'odeur de son propre sang la prend aux narines, et elle sent un dégoût lui monter à la tête, tandis qu'elle ne peut s'empêcher de vomir un mélange de sang et de nourriture semi-digérée, cette odeur affreuse lui donne le tournis, mais tant mieux, tant mieux, elle sent qu'elle s'en va. Tant mieux, tant mieux. Elle n'a pas tué, et elle n'est pas tuée. Son Papà n'ira pas en prison, il saura se défendre seul contre la justice, et il n'aura pas de cadavre à jeter. Sa fille s'est juste suicidée à cause de son professeur particulier de chant, Papà saura en convaincre tout le monde, Papà a toujours été très convainquant alors que De Castillo est trop logique. Papà gagnera dans la justice et De Castillo partira en prison. Ainsi rien ne sera brisé. Et grâce à Papà, elle n'est pas morte, elle ne peut pas mourir, elle est immortelle. Alors cette odeur insupportable qui l'empêche de voir est bonne à prendre. Et elle peut s'en aller en paix, sans se soucier si oui ou non elle va se noyer dans son propre sang.

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Il lui caresse la joue avec douceur, fixant ses deux yeux de fillette.
– Alyss, j'ai un service très important à te demander. Tu voudrais me faire plaisir ?
– Oui, Papà. Je veux te faire plaisir. Parce que je t'aime.
Et elle lui sourit, de ce sourire si rare qu'on ne lui voit jamais, ce sourire si rare qu'elle n'offre qu'à son père et son père seul. Ce sourire si beau auquel il tient tant, ce sourire qui illumine ses iris de perles, ce sourire qui colore son visage pâle. Il passe sa main derrière son épaule pour la pencher vers lui et approcher son oreille d'enfant vers ses lèvres. D'un murmure :
– Tu es le plus bel ange que cette Terre ne connaîtra jamais. La soie même est inutile pour mettre en évidence cette pureté que rien ne pourra souiller. Tu es unique, mon ange. Je souhaite t'immortaliser dans les règles.
Il lui caresse les cheveux, tout en douceur, puis passe sa main sur la nuque de sa fillette qui ne fait nul mouvement.
– Je voudrais que tu sois mon modèle pour mon prochain tableau, ma fleur.
Le baiser qu'il dépose dans son cou la fait frémir.

Chapitre III



On commence d'abord par la case hôpital, où la victime se bat contre la mort. Mais se bat-elle vraiment ? Quand on a treize ans et que sa raison de vivre menace de s'écrouler, la mort semble si attirante, si rassurante. Mais non, il ne faut pas mourir. Papà sera triste si tu meurs. Tous les adultes que tu as su charmer et qui t'aiment seront tristes si tu meurs. Tu te fiches d'eux dis-tu ? Mais tu ne te fiches pas de Papà, n'est-ce pas ? Tu l'aimes fort, plus fort encore que ton cœur sans âme en est capable. Tu n'as jamais su te façonner la moindre amitié durable avec tes camarades, mais tu aimes Papà plus que tout au monde, et tu l'aimerais même s'il tuait toute vie dans cette ville sans histoire d'Italie. Tu l'aimerais même s'il te montrait que c'est un monstre. Tu l'aimerais toujours autant, toujours trop pour ton petit cœur si distant, et jamais tu ne voudrais lui faire de mal. Alors bats-toi, bats-toi contre la mort, bats-toi contre ce sang qui te dégoûte et qui cherche à s'échapper par cet orifice créé par tes soins. On a réussi à retirer la balle, alors bats-toi, tu peux survivre à condition que tu te battes pour t'accrocher à la vie. Bats-toi, Alyss. Bats-toi !
Et Alyss s'en sort. Lorsque l'hôpital la laisse enfin sortir au bout de longues semaines, elle respire l'air de la libération en tenant Papà par la main. Elle ne pourra plus jamais courir en défiant le vent. Une cicatrice sera toujours là pour lui rappeler qu'elle a frôlé la mort. Mais elle est contente d'être en vie. Elle est contente d'être debout, d'être libre, avec Papà.

Une fois l'hôpital définitivement quitté, on passe par le tribunal. Papà a porté plainte contre monsieur De Castillo pour tentative de meurtre involontaire. L'engrenage s'est déjà enclenché lorsque Alyss était entre les murs blancs. Mais maintenant qu'elle est sortie, tout s'accélère. Papà a quelques relations, il parvient à accélérer le processus. Papà obtient si facilement ce qu'il veut ! Voilà à quoi ça sert d'être un peintre de renommée nationale, voilà à quoi ça sert de paraître sociable et de façonner quelques relations avec les personnes hauts placées. Et Alyss témoigne pour Papà. De Castillo n'a aucune preuve que tout cela n'est que mensonge, c'est sa parole contre celle de Papà et celle d'Alyss. Alyss, qu'il appréciait tant. Alyss, qui l'appréciait tant. Mais la voici à présent retournée contre lui, sans le moindre remord. Elle est bien consciente du mal qu'elle fait avec Papà. Mais elle continue de sourire à De Castillo, répétant devant tout le monde « Moi je vous pardonne, monsieur, mais Papà lui ne peut pas. Et je le comprends. »
Et De Castillo est jugé coupable. Plus tard, il sera condamné à une vilaine peine de prison. On n'entendra pas parler de lui avant quelques bonnes années...

Survient encore un déménagement. Cette fois-ci, Papà décide d'emménager dans les montagnes avec Alyss. Dans les montagnes ! Finie la chaleur suintante de l'été méditerranéen, bonjour l'air frais de la montagne. D'autant que la vue est magnifique ! Mais le mieux, c'est l'hiver. Tous les hivers à présent, Alyss peut profiter de la neige. Tous les hivers à présent, Alyss est heureuse, vraiment heureuse. Chaque fois qu'elle voit les flocons se déverser sur le paysage, ses yeux s'ouvrent et pétillent comme des yeux d'enfant. Combien de fois par hiver a-t-elle répété à Papà « Merci, Papà, merci d'avoir choisi cet endroit, merci beaucoup ! ». Il fait certes un peu froid, mais Papà chauffe bien la maison afin qu'Alyss ne tombe pas malade lorsqu'elle pose pour ses peintures. Une personne lui a dit que ce rituel était anormal, incestueux. Quand elle écoute ses camarades au collège puis au lycée, elle comprend que personne ne connait telle relation avec ses parents. Elle comprend que personne n'a telle intimité avec ses parents. Son intimité avec Papà sort du commun. Et, en lisant, elle réalise qu'une telle intimité peut être sévèrement punie tellement elle est mauvaise pour l'enfant. Alors Alyss est rassurée d'avoir aidé Papà à jeter le fauteur de troubles derrière les barreaux. Elle peut ainsi rester avec Papà. Et la vie continue.

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D'abord empoisonnée, ensuite étranglée, enfin victime d'un coup de feu, et pourtant aujourd'hui assise avec Papà pour fêter sa majorité. Elle est heureuse. Papà arrive alors avec une magnifique forêt noire surmontée d'un grand 18 en chiffres romains. Il dépose le gâteau sur la table, devant elle, et sort un briquet.
– Prépare ton vœu mon ange.
Il allume d'abord le V, puis deux I. Il marque alors une pause. Sept. Elle avait sept ans lorsqu'il l'a adoptée. Elle sourit, lui dépose une main sur l'épaule.
– Ca fait onze ans, fait-elle.
– Oui... Onze ans déjà...
Et il allume le X et le dernier I. Onze ans. Il s'en est passé, des choses, en onze ans... Son corps en a pâti, elle a gagné en faiblesse. Depuis son empoisonnement, elle a cessé de courir partout dans la maison. Depuis son coup de feu, elle n'a plus le droit de faire du sport. Elle ne vivra assurément pas jusqu'à cent ans, mais de cela elle s'en fiche. En onze ans, il s'en est passé, des choses... Mais elle n'a jamais cessé d'aimer Papà. Et elle ne cessera jamais. D'un air pensif, elle caresse un os de son poignet.
– Fais ton vœu, ma princesse.
Elle sourit.
– C'est le même depuis bien des années.
Et elle souffle ses bougies et arrive. Elle doit s'y prendre à deux fois pour les éteindre les cinq, mais elles le sont à présent. Papà les retire et les dépose sur la petite soucoupe. Il saisit alors un couteau et commence à couper les parts. Et, en tendant une assiette à son ange :
– Joyeux anniversaire.

¤¤¤


Un petit garçon roule sur son vélo, il roule sur ses roues abîmées, il serre avec force son guidon dépiauté. Il rate un virage, son vélo dérape, et le voici par terre, le métal rouillé de son bolide allongé sur ses jambes, une roue tournant encore par l'absence du contact avec le sol. Le petit garçon pleure. Il essaie de se redresser mais le vélo le gêne et il a mal. Alors il pleure. Il regarde ses mains éraflées et les tend pour repousser le vélo, mais d'autres mains le saisissent déjà et le tirent loin du petit garçon et de ses jambes douloureuses. Ces mains blanches appartiennent à une grande fille aux yeux très clairs qui lui sourient. Elle revient vers lui et s'accroupit à sa hauteur.
– Mon petit, ne pleure pas. Ne pleure pas... Regarde.
Et elle sort une petite bouteille d'eau et un paquet de mouchoir de son sac.
– Regarde, je vais laver tes mains. Donne-les-moi.
Le petit garçon hésite. Mais elle ouvre la bouteille, imbibe le mouchoir. Et elle attend. Alors il lui tend ses mains. Elle les lui saisit tout en douceur et renverse lentement l'eau sur ses paumes rouges. Ca pique un peu, mais le petit garçon est fort alors il ne pleure plus.
– Tu es qui ? demande-t-il.
– Je m'appelle Alyss. Et toi ?
– Zaccaria, renifle-t-il encore.
– Bien Zaccaria. On va maintenant voir tes genoux. J'espère que le vent n'est pas trop froid sur ton bobo.
En effet, si son genoux gauche est un peu éraflé, le droit est beaucoup plus rouge. La grande fille plisse un peu les yeux et son premier geste de tamponnement est un peu précipité. Mais le petit garçon ne le voit pas, il a juste à nouveau mal à son bobo qui lui pique. Il voudrait que sa maman souffle dessus, mais cela fait longtemps qu'elle n'est plus là pour le faire.
– Voilà, j'ai fini. Ca va mieux ?
– Un peu...
– C'est mieux alors. Viens, je vais t'aider à te relever.
Elle a de jolis yeux la grande fille. Des yeux très doux et très souriants. Elle range sa bouteille et roule en boule le mouchoir humide avant de l'insérer au fond de la grande poche de son poncho marron. Puis elle tend ses mains blanches que le petit garçon saisit sans hésiter. Ses paumes lui font encore un peu mal mais ça va beaucoup mieux. Et la grande fille le relève.
– C'est bon ?
– Oui.
– C'est bien ! Maintenant, il faut que tu reprennes ton vélo et que tu sortes de cette rue sombre.
– … C'est vrai... Mamma n'aimait pas que j'aille ici...
– Et aujourd'hui elle me dit qu'elle t'aime très fort et qu'elle ne veut pas qu'il t'arrive quelque chose de mal.
Le petit garçon ouvre rond les yeux.
– Elle te parle du ciel ?
La grande fille se penche pour lui murmurer à l'oreille :
– Elle se cache tout au fond de moi pour toi.
Le visage du petit garçon s'éclaire. Sa maman est là !
– Mamma Mamma ! Je t'aime très très fort ! Pardon d'avoir été ici alors que je sais que j'ai pas le droit. Je le referai plus jamais !
– Promis ?
– Promis !
La grande fille l'entoure alors de ses bras et le serre contre elle. Il aime tellement sa maman, il l'aime tellement !
– C'est bien mon enfant. Ta maman est contente. Elle t'embrasse très très fort.
– Bisous Mamma ! Au revoir !
Et la grande fille le lâche. Il recule de quelques pas pour la regarder une dernière fois et tenter de voir sa maman à travers ses yeux, mais la grande fille lui a déjà tourné le dos et s'en va.

¤¤¤


Aimone s'inquiète. Cela fait plusieurs heures que sa princesse s'est isolée dans sa chambre mais aucun bruit ne s'en échappe. Aimone frappe, mais personne ne répond. Alors il ouvre la porte et découvre avec surprise que sa fille est affalé par terre, comme si elle était tombée. La batterie et la coque de son téléphone sont éparpillés un peu plus loin, signe aussi d'une chute de l'objet moderne. Au milieu de tout cela, une lettre. Aimone s'approche d'un pas rapide et prend le pouls de sa fille. Il bat bien. Sa respiration est calme et profonde, comme si elle... dormait ? Oui, elle a l'air de dormir... Elle a l'air d'avoir brutalement sombré dans le sommeil... Il lui tapote les joues, lui secoue les épaules, appelle son nom, mais elle ne se réveille pas. Il commence à s'inquiéter. Bon Dieu, pourquoi ne se réveille-t-elle pas ? Il crie son nom, la secoue plus brutalement, mais ses yeux restent clos, son corps ne répond pas. Alors il se précipite sur son téléphone et appelle les secours. Une fois le téléphone raccroché, il retrouve sa fille, essaie de la réveiller de nouveau. En vain. Que s'est-il passé, bon Dieu ? Que. S'est-il. Passé ?! Il surveille toujours sa respiration, elle est toujours aussi profonde et régulière. Les secours arrivent. Ils ne comprennent pas. Bon, on va quand même la prendre, on lui passera des examens à l'hôpital. Mais les examens ne donnent rien ! Elle dort, c'est tout. Mais elle reste dans ce même état de sommeil profond, hors du cycle normal du sommeil avec son alternance de sommeils léger, profond et paradoxal. On ne sait pas pourquoi elle n'en sort pas. Alors on attend. Et Aimone est assis à côté de son lit, il ne sait pas quoi faire, mais il ne la quitte pas des yeux.
Mais une envie pressante ne se fait pas attendre, et le voilà obligé d'aller se soulager aux toilettes. Et lorsqu'il revient, le lit est vide.
Vide.
Il sonne alors sur le petit bouton accordé aux patients. Sans attendre l'arrivée des infirmières, il sort de la chambre et se met à crier que sa fille a disparu, disparu ! Comment ça disparue, lui demande-t-on ? Alors il explique. Et on commence à chercher la jeune fille, on tourne et retourne l'hôpital, mais elle n'est nulle part. A-t-elle fugué ? Aimone n'y croit pas un seul instant. Sa princesse ne serait jamais partie soudainement, sans lui laisser la moindre trace. Elle l'aime, il le sait, elle l'aime ! Alors jamais elle n'aurait fait cela, jamais... Peut-être l'a-t-on enlevée ? Oui, on l'a enlevée ! Des mains sales ont touché son petit ange, et peut-être quelqu'un est-il en train de la souiller... Oh non, non, pas ça, s'il-vous-plaît, pas ça...
Et au milieu des morceaux du téléphone portable, il n'y a plus trace de la lettre que personne n'a remarquée.

¤¤¤


Il fait doux... Le vent est frais... Un vent marin... Le bruit de vagues... Et qu'est-ce donc sous sa main ? Du sable ?!
Elle ouvre soudain les yeux, surprise de se retrouver face à un ciel d'un bleu un peu foncé. Elle tourne la tête et aperçoit la mer... Non, l'océan. Avec de telles vagues, c'est l'océan. Mais où est-elle alors ? Sourcils froncés, elle se dresse, s'assoit. Le sable est fin... D'un côté, les vagues. De l'autre, des arbres... Une forêt ? Elle regarde à nouveau les vagues, puis lance son regard vers l'horizon orangé. Elle a visiblement manqué de peu un joli coucher de soleil... Alors Alyss se lève. Et... quoi ? Que va-t-elle faire à présent ? Elle semble perdue au milieu de nulle part. Comment a-t-elle atterri ici d'abord ? Ah oui, la lettre... Le numéro... On lui a demandé son nom et... Le noir total. Elle se sent bien bête de l'avoir donné d'ailleurs, son nom. Mais sur le coup, elle ne s'est pas méfiée... Papà lui a toujours dit de faire attention à qui elle s'adressait à l'autre bout du fil ou dans la rue, mais la petite voix de sa conscience était comme paralysée. Pas la moindre méfiance, juste la conviction que oui, il fallait appeler ce numéro. Elle ne se souvient même plus de ce que disait la lettre d'ailleurs. Elle ne se souvient plus... C'est plutôt déstabilisant. Et elle regarde l'horizon, sans comprendre, complètement perdue. De longues minutes auraient pu ainsi s'écouler, mais une petite forme dans le ciel vient très vite attirer l'attention de la jeune fille. Qu'est-ce donc ? Ca volette tout doucement vers elle... Elle tend une main sur laquelle se dépose une plume. Une très belle plume blanche qui semble respirer la pureté.
La pureté...
Son corps encore un peu engourdi est soudain traversé par une chaleur vivifiante. Elle se rappelle de la neige... Non, pas celle des montagnes d'Italie. Une autre neige, beaucoup plus lointaine, plus belle encore... Mais... Le souvenir lui échappe aussi vite qu'il est venu. Et la plume perd tout intérêt.

Sur la petite montre mécanique accrochée à son coup par une jolie chaîne couleur vieil or, Alyss regarde les aiguilles tourner. Le temps défile. Elle visite un peu la plage, s'approche des arbres. Il y a des fruits mais ils sont hauts et elle ne peut pas grimper. Peut-être trouvera-t-elle des buissons fruitiers plus loin dans la forêt ? Voilà, alors que la jeune fille est perdue au milieu de nulle part, avant de s'inquiéter elle préfère s'assurer qu'elle pourra y survivre au moins quelques jours, le temps de trouver un moyen de repartir de là... Des bateaux passent-ils quelquefois dans les parages ? Des avions survolent-ils quelquefois ces arbres ? Y a-t-il une ville quelque part derrière la forêt ? Elle espère, car sinon elle est prisonnière sur cet endroit sauvage. Elle espère, car sinon... elle ne reverra plus jamais Aimone.

¤¤¤


Qui l'a amenée à cette mairie déjà ? Et pourquoi un nom de code déjà ? Alors qu'elle espérait que cette ville la ramène en Italie, elle lui apprend au contraire qu'elle devra rester ici. Sur cette île perdue au milieu de nulle part. Et c'est un jeune homme qui n'a même pas la vingtaine qui lui a dit tout cela. Car sur cette île, nul adulte. Juste des pré-adolescents, des adolescents et quelques rares jeunes adultes, si on considère qu'un garçon de dix-neuf ans est adulte, ce qui n'est pas le cas d'Alyss. Mais même sans adultes, la vie ici ressemble sérieusement à la vie dans le monde des adultes. Du commerce, une monnaie, des habitations, des cancans... Tout y ressemble. Sauf qu'ici, tout est géré par des adolescents. Sauf qu'ici, il n'y a pas d'avenir. Sauf qu'ici, Papà est absent.
Et juste pour cette dernière raison, Alyss n'aime pas cet endroit. Elle se sent déchirée. Son âme est restée en Italie, avec Papà. Et son corps est ici, à Esplumoir. De rage elle se replie sur nos merveilleux animaux invertébrés, réalisant qu'ils sont bien différents de ceux qu'elle a connus jusque là. Elle a choisi une maison à l'ancienne un peu comme celle de Venise lorsqu'elle était toute petite, mais en plus sombre, en plus lugubre, là où personne ne rentre. Elle a choisi de tapisser le mur de sa chambre d'un élément de chaque nouvelle espèce d'invertébrés qu'elle rencontre. Elle a choisi de s'enfermer tous les soirs pour écrire une lettre à Papà. Mais, loin d'être idiote, elle sait bien que si elle les envoie, il ne les recevra pas. Alors elle les garde pour elle et les protège dans un petit coffre exclusivement réservé à ses lettres. Elle tient une petite librairie dans le sombre quartier où elle réside et se sert de sa Plume pour mieux connaître les gens qui y entrent. Elle trouve bien facile grâce à elle de trouver quel genre de livre les intéresserait. De plus, elle connaît la Plume de pas mal de gens grâce à la sienne. Ils y pensent tellement !
Tous ces enfants orphelins à câliner !
Tous ces camarades auxquels demander des câlins !
Toutes ces âmes sombres si attirantes auxquelles arracher un peu d'affection !
Alyss espère que cela l'aidera avec le temps à mieux supporter l'absence de Papà. Elle espère, mais il lui semble que cet espoir est vain. Dans les jolies couleurs de Novembre, le mercure chute et les feuilles tombent avec la pluie, rappelant la prochaine visite de l'hiver.

Mouahaha !


Lecteur, cher lecteur, sache qu'Alyss, capable d'épingler des insectes aux murs, incapable de comprendre correctement la souffrance d'autrui, poussant parfois des cris d'enfant folle ; sache que cette gamine atypique de dix-huit ans est dégoûtée par le sang humain. Sa vision peut l'affoler et ses effluves lui retourner l'estomac voire radicalement la faire sombrer dans l'inconscience la plus totale. Dur, donc, de garder sa bonne image d'insensible enfant lorsqu'elle part dans une véritable crise d'hystérie après s'être légèrement coupée le doigt. Mais on ne l'a encore jamais vue dans cette situation... Et elle y tient bien !



Dernière édition par Alyss Lucchina le Ven 31 Déc - 0:45, édité 5 fois
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MessageSujet: Re: Alyss ~ Un petit rêve de novembre Alyss ~ Un petit rêve de novembre Icon_minitimeJeu 30 Déc - 2:56

Coucou et bienvenue sur le forum ! ♥
Bon j'ai rien lu de la fiche, je valide jamais moi 8D /admin indigne
Je passe juste pour dire que j'aime ton avatar, oui oui. Et que j'adore ta Plume. Qu'il faudra obligatoirement que je demande un lien avec toi une fois la fiche validée. Bref voilà, en espérant que tu te plaises parmi nous. ^_^v
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Becky Bloom
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MessageSujet: Re: Alyss ~ Un petit rêve de novembre Alyss ~ Un petit rêve de novembre Icon_minitimeJeu 30 Déc - 5:06

Bienvenue à toi [OMG il est super tard !]

Bref, j'ai lu tes descriptions mentale et physique, et j'avoue que je suis conquise ! Tu as une très belle écriture. Je trépigne d'impatience rien qu'à lire l'histoire. Mais bon, je veux pas te mettre la pression non plus xD [A peine...]

J'avais peur à cause de la longueur, mais c'est vraiment super ! [Tu sais pas ce que tu manques Faith.]

Donc, vu ce que tu me décris, je te conseillerais plus de partir vers Bloody Lane. En plus, ton nom de code correspond avec ce quartier.

[Becky la sadique qui fait des compliments, on aura tout vu.]

En espérant que tu t'amuses avec nous et bonne chance pour la fin de ta fiche ~

Kyyyyuuuuuuuuuuuuh ♪
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MessageSujet: Re: Alyss ~ Un petit rêve de novembre Alyss ~ Un petit rêve de novembre Icon_minitimeJeu 30 Déc - 15:32

Je me suis levée il y a une demi-heure, je suis une marmotte.
Merci pour vos messages \o/.

Becky, je suis ton conseil et je pars vers Bloody Lanes. C'était celui qui m'attirait le plus (et Alyss pourra faire davantage la petite fille bizarre) mais j'avais franchement peur pour le nom de code. Et pour l'histoire... Non, tu ne me presses absolument pas. Je me presse déjà moi-même à la terminer tellement j'ai hâte d'être validée et de commencer à rp (même si je répondrai comme une tortue... oui, je suis marmotte, tortue, et vous n'avez pas encore tout vu), et je suis contente de voir quelqu'un exprimer qu'il est impatient de lire la longue, très longue histoire que je concocte (mauvaise habitude que d'écrire comme histoires des pavés dont on ne compte ni les mots ni les lignes mais surtout les pages).
Merci Faith pour la Plume. Ce n'était pas mon premier choix à la base mais comme il était déjà pris, j'ai dû en choisir un autre... Et finalement, je ne regrette pas. Merci aussi pour l'avatar o/. On se fera un lien quand je serai validée, oui !

J'ai une question s'il vous plaît. Comme tout ce qu'on veut sera volé au monde extérieur et livré le lendemain de l'envoi de la commande, comment vraiment diriger un commerce ? Par exemple, je suis libraire. Mais si on veut des livres, plutôt que de les acheter, c'est mieux de les commander gratuitement à la mairie. Idem pour pas mal de matériel. Alors comment marche le commerce finalement face à pareille concurrence ?
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MessageSujet: Re: Alyss ~ Un petit rêve de novembre Alyss ~ Un petit rêve de novembre Icon_minitimeJeu 30 Déc - 16:03

En fait,

[Attention Becky part dans une trèèèès longue narration.]

Sur l'île, on utilise une monnaie nommée alouette.

[Mais on s'en fout de ça !].

On part du principe que les magasins qui ne sont pas aptes à produire eux-même leurs marchandises [Comme les livres !] payent la mairie pour qu'elle importe ces produits. Ces magasins vendent après leurs produits aux habitants. Et la boucle est bouclée.
Par contre, il faut savoir que l'alouette n'a pas de valeur à proprement parlée. Vous pouvez la dépenser dans la limite du raisonnable quoi.

[En gros, Becky essaye de te faire comprendre que si tu es libraire, tu peux commander des livres, mais pas des milliards à chaque fois...]

Voilà~ Donc si tu as d'autres questions, n'hésite pas.

[De plus, une admin peut passer et t'expliquer mieux que Becky la sadique.]

Kyyyyuuuuuuuh ~♪
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MessageSujet: Re: Alyss ~ Un petit rêve de novembre Alyss ~ Un petit rêve de novembre Icon_minitimeJeu 30 Déc - 17:27

Hello. Bon, j'ai pas encore tout lu, et visiblement, ça a l'air chouette 8D. Je le fais après x3

Pour ton nom de code, j'avais un doute, puis finalement, je me dis que c'est sympa, alors tu peux le garder :0 (on va pas chipoter pour un mois 8D).

Pour la librairie... De base, il n'y a pas vraiment de jeu de concurrence. Le but étant d'être préparé pour après, et de vivre, on ne fait pas couler les commerces d'en face, donc ça... ~
Sinon, on commande à la mairie. Celle-ci se débrouille pour les trouver et te les file.
Comme dit par Becky, il n'y a pas de valeur, tout simplement parce que ce serait trop compliqué de déterminer des prix etc... Donc, tout est vague, en rp, vous faites "cela vous fera ~~ alouettes." Et tout le monde est content 8D /fuit
Ne pas oublier qu'il y a des impôts - peu élevé - mais qui permettent aussi d'égaliser un peu. Globalement sur l'île, il n'y a pas de riches, pas de pauvres. Ouaaais, on vit dans l'utopie. But zat'z cool. /o/
Bref 8D

(et c'est noté pour l'ip <3)
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MessageSujet: Re: Alyss ~ Un petit rêve de novembre Alyss ~ Un petit rêve de novembre Icon_minitimeVen 31 Déc - 0:47

Comme promis, l'histoire est loooooooooongue !

Fiche terminée~
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MessageSujet: Re: Alyss ~ Un petit rêve de novembre Alyss ~ Un petit rêve de novembre Icon_minitimeVen 31 Déc - 1:58

[Ne pleure pas Becky]

Allez, c'est parti. *va lire l'histoire*

Wow" c'est... vraiment magnifique *essuie ses larmes* Dans le genre émotive, t'es sans doute tombée sur la pire XD
Je suis juste complétement boulversée. Je cherche mes mots alors qu'il en a tellement à dire.
"Fascinant. Bouleversant. Dramatique."
Et puis, il faut que tu me donnes le nom de cette musique qui ne fait sublimer d'avantage ton oeuvre.

Donc, voilà, je me sens idiote xD *essuie encore ses larmes*
Je n'ai plus qu'à te valider.
J'espère que tu t'amuseras beaucoup avec nous !
N'oublie pas réserver ton avatar et de créer ta fiche de lien.
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MessageSujet: Re: Alyss ~ Un petit rêve de novembre Alyss ~ Un petit rêve de novembre Icon_minitimeVen 31 Déc - 3:34

J'ai toujours pas tout lu |D
Non, en fait, j'ai lu que l'histoire. Qui est certainement l'une des plus belles histoires qui je pus lire. Très réaliste. Vraiment. Et touchante. J'ai failli y laisser une larmichette à certains passages (Je n'ai jamais pleuré pour un texte, c'est pour dire).
Bref. Re-bienvenue.
Je n'ai rien à ajouter ;)
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MessageSujet: Re: Alyss ~ Un petit rêve de novembre Alyss ~ Un petit rêve de novembre Icon_minitime

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