I want you to be crazy 'coz you're borin' baby when you're straight
I want you to be crazy 'coz you're stupid baby when you're sane.
…
Le silence. Partout. Pas une feuille ne bougeait dans le ciel, pas un oiseau ne volait, pas une infime brise ne venait caresser la peau de porcelaine de la jeune fille, pas un signe de vie ne se laissait entre apercevoir. Il y avait dans cette journée quelque chose de sacré. Même la terre ne voulait pas briser ce silence religieux. Il emplissait les poumons des personnes qui se risquaient à respirer, et pesait bien plus lourd que toute charge sur les épaules si frêles de ces enfants. Habituellement cette île respirait la vie, les rires fusaient, les couleurs chatoyaient, la nature chantait à travers ses fleurs et ses animaux. Mais à cet instant précis tout était mort. Tout laissait paraître le trouble de cette journée.
Le chocolat de ses fines boucles anarchiques venait caresser le caramel de sa peau salée. Le pistache de ses yeux pétillait alors que le cerise de ses lèvres juteuses se laissait goûter par sa douce langue. Les filles sont toutes de petits bonbons, de petits plaisirs pour ravir les papilles, de petites choses au plaisir éphémère. Regarder une fille c'est toute une poésie lorsqu'on les admire d'un œil amoureux, coquin, gourmand. Des yeux d'un homme.
C'est ainsi que le garçon regardait June, l'alléchante June, June la petite fraise sauvage, June le joli sucre d'orge, June le mignon petit macaron, June la gourmandise. Chaque pore de sa peau laissait échapper une fragrance attractive aux milles saveurs, la cannelle épiçait ses cheveux, la vanille sucrait sa peau et le coco sublimait son cou. Elle voyait qu'il était prêt à la dévorer petit à petit, miette par miette pour ne rien laisser, pour ne rien risquer de perdre comme un enfant affamé se jetant sur un biscuit. Elle avait une emprise immense sur lui à cet instant, elle était l'objet de ses désirs et dieu sait de quoi est capable un homme pour les assouvir. Il était à ses pieds, à sa merci, et elle adorait ça. Se sentir toute puissante sur ces petits êtres naïfs qui se laissent porter par des illusions... Mais il n'était rien, absolument rien pour elle. Pourtant il était joli garçon, il devait plaire aux filles avec son visage d'ange nimbé de fins cheveux d'or, et aux yeux aussi bleus que le ciel. Mais elle ça ne lui faisait rien, ce n'était qu'un homme de plus, ils sont tous pareils. Quand elle le regardait elle n'éprouvait que de la pitié, même cette nuit n'avait laissé aucune trace dans son esprit. Si au moins ça avait pu lui apporter une once de plaisir... mais non !
Elle le vit, ferma les yeux, les rouvrit et il ne fut plus.
Elle le laissa ainsi, assoupi dans le lit, un sourire de jouissance sur son visage comme s'il avait goûté à la plus juteuse des gourmandises. Sans un regard elle quitta la pièce, habillée à la va vite avec un mini-short en jean faussement usé Levi's et un tee-shirt Sonia Ryckiel à rayures roses, rouges et oranges et à la coupe large mais courte qui lui tombait au dessus du nombril, laissant deviner son ventre plat. Chaque détail est important dans l'apparence, il faut savoir prendre soin de son déguisement, de sa carapace, sinon les brèches se font plus nombreuses, les failles plus importantes. Elle se glissa dans la salle de bain, fixa son reflet quelques secondes sans ciller, se nettoya la peau, les dents, qui à présent laissaient échapper un piquant parfum de menthe, se coiffa à la «wild», histoire que ça soit rapide et que ça ai du style, et se maquilla, déposant du fard à paupière couleur pêche et cannelle sur ses paupières, poudrant ses pommettes de rose pastèque, dessinant une courbe parfaite de noir à la racine de ses cils , et recouvrant ceux ci d'une coup légère de mascara noir. Elle se fixa à nouveau, esquissant un sourire de plaisir en voyant son reflet. Elle était belle; comme d'habitude. Et elle le savait bien.
June s'accrocha ses boucles d'oreilles plumes turquoise et attrapa sa plume de travail, son appareil photo qu'elle emportait partout pour ses articles et ses épingles à couture pour reprendre toute tenue. Elle n'avait pas prévu d'arme pour l'événement. Pourtant elle en aurait été redoutable.
Un défi de plus peut-être ? Remarque pas tellement, son corps à corps est aussi
dangereux, et pas seulement en chambre.
Elle sortit de la salle de bain, arriva dans le salon. Des restes de bouffe gisaient au sol, une bouteille de vodka éclatée avait rependu de petits bouts de verre, des objets avaient été jeté ou peut-être étaient ils tombés, des couvertures, des vêtements sans forme et aux couleurs criardes jonchaient chaque centimètre carré du parquet, quelque chose qui ressemblait à du jus d'orange était étalé par terre. La télé étaient allumée et une blondasse qui n'était autre que Matt' montrait une recette de cookie avec de grands sourires et de grands cris. Insupportable. Et qui était l'auteur de ces immondices ? Pavel pardi ! L'espèce de déchet sur le canapé qui dormait en ronflant comme un porc et qui avait fait une grosse tache de bave sur celui-ci, la bouche grande ouverte poussant des râles peut féminins. Ses cheveux étaient plains de nœuds, des miettes de pains les parsemaient, sur son visage de longues traces noir du maquillage qui avait coulé lui donnait un air de panda pas frais. A sa main pendait une bouteille de bière qui gouttait sur le tapis que Junie avait trouvé en édition illimité, elle portait une espèce de robe de chambre qui venait de Russie, si dans ce pays ils étaient tous comme ça alors plutôt mourir que d'y poser un escarpin. Comme la jeune fille avait-elle pu tomber assez bas pour aménager avec une fille comme ça.
Pathétique.
June jeta un coussin dur sur la tête de Pavy qui sursauta en poussant un juron. La parisienne sortit en courant de la maison, hurlant de rire à perdre haleine. Elle s'arrêta un peu plus loin dans la rue, souffla et se calma. Elle avait rit, sans faire semblant. Un jour à marquer d'une pierre blanche. Elle avait perturber la tranquillité ambiante. Ou en fait plutôt le malaise qui régnait. Elle se remit de ses émotions et partit pour le stade, où tous avaient rendez vous.
La tête renversé en arrière elle admira le ciel, les nuages qui s'entremêlaient, dessinant des formes incongrues et qui n'avait de signification que pour les personnes qui s'y attardait et qui en plus de ça prenait le temps d'y réfléchir. Futilité de cette existence ! Pourtant elle aussi ne cilla pas le regard. Elle les suivit eux, ses pas la guidaient tous seuls. Blancs et cotonneux, de petits moutons flottaient dans une étendue d'azur, il venait de temps à autre qu'un soit noir, et ce petit mouton était fuit des autres. Il annonçait le malheur. Parfois elle avait l'impression d'être ce petit mouton, toute noire, toute salie. Seule, irrécupérable et incompréhensible pour les autres. Juste différente.
Le vent soufflait et emportait ces boules de laines plus loin, loin du champ de vision de la brune. Ils disparaissait aussi vite de sa vie qu'ils y étaient entrés. Comme chacune des petites vies qui l'entouraient. Hier elles étaient là, demain elle n'y seront plus.
C'est con.
Le silence de mort pesait sur le stade tout entier. Toute la population de la petite île était réunie dans l'espace circulaire. Il ne se regardaient pas, leurs yeux étaient tous tournés vers Ekzael Ahnkïr. Personne n'osait bouger d'un iota, comme si à cet instant c'était interdit. L'atmosphère était pesante, lourde... Presque insoutenable. Tous écoutèrent le garçon faire son discours, expliquant ce qui allait se dérouler à présent. Ils étaient avides de ses paroles comme s'il était le messie qu'ils attendaient. Mais la guerre qu'il proposait était elle réellement la bonne solution ? Peut importait June. C'était une bonne occasion de s'amuser, non ? Elle se battait au corps à corps avec une aisance inouïe pour une fille, et qui plus est qui n'a pas de prédisposition au combat. Et puis elle était assez intelligente pour combler son manque de force avec de la tactique et de la réflexion. Avouons le, sa plume l'aidait pas mal. Elle ne craignait rien ! Chaque blessure, chaque égratignures étaient guéries en quelques secondes, même les plus grosses avec un peu de temps disparaissaient ! Vous y voyez un avantage. Elle y voit un inconvénient. Rien ne l'atteint, même si elle voulait mettre fin à ses jours elle ne pouvait pas. Ce que les autres pouvait être représenté par du suicide à cet instant, n'était en fait pour elle qu'une formalité. Car oui ce tournois c'était un espèce de suicide collectif. «Tapons nous tous les uns sur les autres ! Et tuons nous ! C'est rigolo et ça occupe.» De toute façon l'être humain et ainsi depuis l'aube des temps. Tant que personne ne règne en maître c'est l'anarchie totale. Tout le monde se crache dessus, marche sur l'autre pour arriver au sommet, pour surpasser les autres et to be the king. C'est pathétique, mais on y peut rien, c'est plus fort que nous. Il nous faut un chef de meute comme des bêtes. Nous sommes des animaux après tout ! Miaou.
Entre tuons nous gaiement !
Et bien oui, c'est ce qui allait se passer. Un tableau des combats était apparu devant la foule. Les grands yeux verts émeraudes de June le parcoururent un instant avant de tomber sur son nom :
Stade II.
Mélusine A. Lévis.
vs.
June A. Preston.
vs.
Léthal N. Nemesis
Des inconnus. Parfait. Il n'y aura donc aucun remords, ça allait être un véritable combat. Un combat à mort ! La jeune fille repoussa sa crinière brune en arrière, écarta la mèche qui lui effleurait les cils avec ses longs et fins doigts manucurés pour pouvoir examiner chaque visage qui l'entourait. Matt et Aria étaient un peu plus loin. June passa à côté d'eux, déposa un léger baiser sur la joue des deux « amoureux », malgré qu'ils ne l'assument pas et susurra un : « Merde blondasse. » à l'oreille du garçon. Sans attendre une réaction de leur part, elle partit plus loin dans la foule et tomba sur Judikael. Le garçon la regarda s'approcher et avec un sourire au coin des lèvres elle l'embrassa et lui dit :
« Porte moi chance luv. »
Elle s’éclipsa aussi vite qu'elle n'était apparue, et s'accorda tout de même un détour jusqu'à Nathaniel qui paraissait dans tous ses états. Il la regardait avec de grands yeux à la fois inquiets et impressionnés, du haut de ses 16 ans il n'en paraissait que 12 tant à cet instant il semblait en admiration devant sa déesse vivante. Elle lui adressa un sourire, et sortit un cookie de soutien gorge qu'elle lui donna pour le calmer un peu. Adorable cet enfant, adorable. Elle se dirigea vers son « arène » qu'était à présent le stade n°2.
Ils étaient 3. 3 suicidaires. 3 naïfs. Ou peut-être juste 3 joueurs. Une petite fille, un jeune homme et Juny. La petite fille était brune aux yeux bleus électriques, elle était de Feathers Road. Sa peur se lisait dans ses yeux, dans chacun de ses faits et gestes. Pourtant elle voulait montrer le contraire. Fragile petite chose. Pourquoi était-elle venu se tuer ici ? Certes pour tous il était question de suicide, mais il y'a une limite à tout ça. L'inconscience.
A côté il y'avait un grand garçon d'environ 19 ans, aux cheveux rouges et aux yeux bleus. Il était professeur d'art lui semblait-il et de Bloody Lane. Il paraissait être la plus grosse menace des deux. Enfin en apparence, n'oublions pas qu'ici il ne fallait pas s'y fier. La petite pourrait se révéler être un monstre destructeur et le garçon un peureux incapable de se battre.
Dans tous les cas elle ne les connaissait pas, elle n'aurait aucun remord à les attaquer, m'enfin il aurait été préférable qu'elle les connaisse, pour leurs points faibles. Ca aurait facilité la tâche et lui aurait permis d'abréger ce combat. Bref, elle devait faire avec le cas présent, et elle arriverait à s'en sortir, c'était évident.
La petite brune de Feathers Road avait la main glissé à l'intérieur de sa veste, elle devait avoir une arme planquée la dessous. La maline, elle s'était équipée avant de venir ! June ne l'avait pas fait, c'est pas si grave que ça, elle a d'autres armes. Elle regarda tout de même ce qu'elle avait à sa disposition : son appareil photo qui semblait inutile ; ses stylos tout autant superflus, et son hérisson d'épingle de couturière qui hormis pour piquer inutilement son adversaire ne servait pas à grand chose. Son corps restait donc sa seule arme. Et c'était déjà assez. Le garçon de Bloody lane était lui dans un coin du stade, immobile, aucun sentiment n'émanait de lui à cet instant. June le fixa un instant, mais ne s'y attarda pas. Elle préféra se mettre dans la situation. Celle d'un combat à mort, d'un jeu puérile consistant à s'entre tuer pour être le plus fort et tout commander. Elle n'était qu'un pion de cette grande partie d'échec, elle en avait conscience mais elle y était indifférente, pour une fois elle voulait se laisser manipuler, comme si sa vie n'avait aucune importance. Ce qui quelque part était le cas.
En route pour le suicide collectif ♪ .