Il entra dans le magasin où il y avait matière a faire de nouvelles découvertes. Une rumeur avait commencé à circuler quelque part, stipulant que si on mélangeait des porings ensembles, on pouvait arriver à les faire fusionner. Ayant très envie de voir un poring géant multicolore, et même de nager dedans s’il y arrivait, il allait au magasin pour s’en procurer. Gallif n’avait jamais été doué avec le système monétaire, pourquoi des gens voudraient des petites pièces, ou des bouts de papier? Ayant trouvé l’objet de sa convoitise, il remplaça deux petites créatures par des gâteaux qu’il avait ''échangé'' le matin même contre une jolie fleur, et les plaça dans ses poches.

L’endroit était plutôt bruyant et une forte odeur (pas pour autant désagréable) d’animaux flottait dans l’air. Il flâna un peu, regardant les animaux disponibles, passant son doigt dans la grille quand c’était possible pour toucher la fourrure ou la peau des créatures. Entre les rangés de cages et de produit divers pour animaux, tout près de l’entrée, il aperçut une personne qui lui rappelait quelqu’un, mais elle était de dos alors il ne savait pas trop… sa mère? Non, elle n’était jamais venue ici, dans son monde à elle. Puis quelqu’un passa et il la perdit de vue. Il tenta de tendre le coup pour l’apercevoir mais c’était peine perdue quand on était aussi petit que lui. Il couru entre les rangés, passa sous les tables et fini par la retrouver, mais seulement lorsqu’elle tournait un coin. Il se remit donc à sa poursuite et s’arrêta en urgence en sortant de sous une table pour pas lui rentrer directement dedans. Elle était occupée à regarder un petit animal dans une cage sinon elle l’aurait assurément vu. Il retourna lentement sous la table, sans faire de bruit. C’était Mamaneko!

C’est le lieu parfait. Jamais parmi toutes les fois où j’ai manqué mon coup j’ai eu une aussi belle occasion. L’endroit est assez fréquenté, il y a du bruit, elle n’aura jamais l’occasion de savoir que c’était moi. Enfin je vais pouvoir la piéger.

Gallif ne voulais pas la piéger parce qu’il ne l’aimait pas, bien au contraire. En fait, au grand dam du garçon, c’était rendu leur petit rituel pour se dire qu’ils s’aimaient bien. Gallif arrivait et tentait de lui faire un mauvais coup. Alors Aneko le découvrait avant qu’il y arrive. Chaque fois il avait fait plus attention que la précédente, mais chaque fois elle le découvrait avec plus de facilité.

Il alla dans un coin, histoire d’être discret, et lorsqu’il fut certain que personne ne regardait, il devint invisible. Il était tout excité, il allait enfin pouvoir accomplir le méfait tant convoité. Il grimpa sur les étagères, plaça une poche de nourriture tout en haut de l’étagère, près de la sortie, l’ouvrit et attendit que sa cible passe en dessous. Puis, il eu une idée géniale. Il descendit, fit deux ou trois tours autour d’elle, histoire de la narguer et s’en retourna à son poste en gabmadant, tout content de son coup. Juste avant de grimper, il se retourna, histoire de voir ou elle était rendue.

" - Bonjour jeune farceur. Je peux savoir ce que tu mijotes dans un magasin de ce genre?"

Lorsqu’il la vit si près, il recula d’un pas, totalement pris au dépourvu, la bouche béante.

Mais, de, où, ave…Quoi? Pas encore! Elle m’a encore découvert mais comment elle fait, mon plan était parfait!

Il redevint visible, histoire de… ''défendre son point''.

'' - Mais comment tu fais! À chaque fois c’est pareil!''

Il jeta un regard à la poche de nourriture sèche perchée en haut, espérant ne pas s’être vendu avant même qu’elle ne fasse une offre. Dans une mimique des mains qu’il fit en parlant, il se rendit compte que ces dernières n’étaient pas où elle devraient l’être, en fait elles n’étaient pas là du tout. Il redevint donc visible.

Mais merde! Qu’est-ce qui s’est passé?

Dans son excitation, il avait oublié de devenir invisible tout à l’heure, dans le coin, le pauvre. On dit souvent qu'un malheur n’arrive jamais seul, mais bien souvent, on ne sais pas à quel point c'est vrai. Le narrateur est un salaud. Jamais il ne laisse ses personnages être heureux bien longtemps et quand ils tombent, c'est la dégringolade. Mais nous nous écartons ici un peu du sujet. Les porings dans ses poches se mirent à vouloir bouger. Il glissa en vitesse ses mains dans ses poches, pour tenter de les calmer, et de camoufler les mouvement dans ses poches.

Elle se passa les mains dans les cheveux, semblant ne pas trop savoir que faire de lui. Gallif l’adorait dans ces occasions, ce calme avant la tempête. Il l’aimera tout autant, même plus encore, quand ce calme ce brisera éventuellement, bientôt. Ça lui pouvais qu’elle tenait a lui et c’est tout ce qu’il cherchait.

" - Gallif, qu'est ce que tu as dans les poches dis moi?"

Ah zut! Elle a remarquée. Pourtant je l’ai bien caché… comment elle fait pour savoir à chaque fois ce que j’ai fait?

" -Euh… je… rien voyons. "

Il sortit ses mains de ses poches et présenta ses paumes pour donner un semblant de contenance à son argument. Le lunatic grogna, elle s’avança vers lui. Il n’avait pas le choix, il devait reculer ou alors elle pourrait l’agripper et là adieu la fuite et la poursuite en rigolant. Comme si elle avait toujours su, son regard alla directement au piège que le garçon avait placé. Elle le regarda, avec ce regard qui voulait dire " tu est dans la mouise mon cher". Elle ne tardera sûrement pas à le faire tout avouer, il était aux anges, affichant un sourire béant.

" - Pourquoi tu t'entêtes à vouloir me faire une farce, sachant très bien que si jamais elle fonctionnait, tu aurais droit au savon de ton existence?"

Que pouvait il répondre à ça? Qu’il le faisait parce qu’il l’aimait? Parce qu’il cherchait son amour? Pour qu’elle s’occupe de lui? Parce qu’il trouvait ça amusant? Parce qu’il prenait comme un défi de réussir? Toutes ses réponses auraient été vraies mais il ne pouvait lui dire aucune. Il n’avait pas encore eu le temps de décider de la réponse à donner que déjà elle avançait de nouveau. Il voulu reculer, mais il heurta l’étagère et ne pu le faire. Rapidement elle l’agrippa et se mit à cueillir ce qu’il y avait dans ses poches. Il se débattit, pas violement, plus en jeu, et cria :

" - À l’aide! À l’aide! On m’agresse! Elle fouille dans mes pantalons! "

Il se mit ensuite à rire plutôt bruyamment, tellement qu’il n’entendit presque pas la phrase de sa "tortionnaire". La plupart des gens dans le magasin s'étaient retournés pour regarder la scène.

"- J'espère que… explication… Gallif."

Elle avait sortit un poring de ses poches et l’autre resta, pour l’instant, non découvert dans ses poches. Elle faisait le regard-noir-qui-fait-peur, son rire se coupa net. C’était le meilleur moyen de pression qu’elle avait sur lui, même la torture par chatouilles n’avait pas autant de succès. Il fit ce que tous les enfants grondés font dans ce cas. Il dit d’un ton plaintif :

"- Non pas les yeux méchant, pas les yeux méchants."

Il s’approcha d’Aneko, lui faisant un câlin. Ce regard lui inspirait au fond presque autant d’amusement que de crainte. Non, ce n’était pas vraiment de l’amusement, ni de la crainte d’ailleurs. En fait il le désirait et le redoutait, de la même façon qu’on désire et redoute croiser le regard d’une jolie fille. Bon, maintenant que c’est plus clair, je vais retourner à l’histoire qui nous intéresse à l’instant. Donc le garçon ne voyait pas de raison de mentir, après tout il n’avait fait absolument rien de mal concernant les porings.

"- J’essai de fusionner des porings. Ce serait chouette d’avoir un poring géant non?"

Il voulait assembler les porings, mais n’avais aucune idée comment s’y prendre. Il s’était dit que ce serait un peu comme avec des bulles de savon, ne nécessitant qu’une collision et avec de la chance on a seulement une bulle plus grosse.

" - Gallif... là n'est pas le problème. Mais ce que je voudrais savoir avant, c'est si tu as payé avec de l'argent, pas avec des gâteaux ou autres, ces porings. Sinon tu va devoir les rendre."

Comment pouvait elle savoir toujours ce qu’il faisait et comment il le faisait? En fait, le garçon était ébahi de la facilité avec laquelle Aneko devinait tout ces mauvais coups, alors qu’il ne sa faisait que très rarement prendre par les autres. En fait c’était seulement un peu d’expérience. Le gamin avait des miettes sur les mains mais pas autour de la bouche. Il avait donc tenu des gâteaux dans ses mains, mais sans les manger (à moins qu’il ait subitement appris à bien manger). Sachant comment il faisait ses transactions, il avait été facile d’additionner deux et deux pour obtenir quatre.

Elle le fit se reculer un peu et descendit ses yeux à son niveau. Elle était si jolie lorsqu’elle souriait. Il aurait voulu qu’elle sourie toujours ainsi, puisque ce sourire signifiait «je vais m’occuper de toi».

" - Il faut que tu apprennes à payer avec ces pièces, ou ces billets. Sinon, tu vas avoir des problèmes. Et ce n'est pas souhaitable, tu comprends? Si jamais il t'arrivait des problèmes, tu ne pourras pas t'en sortir aussi facilement que de devenir invisible. Et surtout..."

Et surtout quoi? Et surtout j’aurai de la peine? Et surtout je ne serai pas contente? Et surtout je m’inquièterais? Je tiens à toi, je t’aime. Ces mots étaient si faciles à penser, mais tellement plus difficile à prononcer et qui font tant de bien à entendre. Le gamin ne souhaitait que l’entendre. Le seul problème c’est qu’il ne pouvais pas demander de ce le faire dire car sinon ça perdrait toute sa valeur. Ne pouvant donc en parler, il oublia la phrase interrompue, encore une fois.

" - J'espère que tu as retenu ce que je viens de te dire, même si ce n'est pas la première fois. Enfin... Tu veux vraiment garder ces porings?"

Il attendit un peu, être certain que c’était son tour de parler, qu’elle avait fini de le gronder.

'' – Mais les pièces, j’en veux pas moi, pourquoi les autres en voudraient? Les petits gâteaux c’est bien mieux. Ou des jolies choses, pas ces billets qui sont moches et qui sentent mauvais. "

Voulait-il garder les porings? Il voulait les fusionner c’est certain, mais il ne voulait pas le faire pour avoir un poring en tant que tel, simplement pour voir si on pouvait le faire. Il regarda le poring tout mignon posé sur l’épaule d’Aneko et pensa à l’expérience avec les bulles de savon. La plupart du temps, les deux bulles ne faisaient qu’éclater, et il ne voulait pas ça pour la petite bouboule rose, ni pour l’autre d’ailleurs.

" – Non, pas vraiment, je voulais seulement faire un poring géant, mais j’en ai plus trop envie maintenant."

Bon, maintenant qu’elle l’avait découragé de faire ses expériences, il n’avait plus rien à faire de la journée. Démoralisé, il regarda ses pieds, se demandant que faire.

" - Bon, il faut les rendre maintenant."

Ouais, c’était plutôt logique. S’il ne voulait pas les garder et que les faire disparaître n’était pas envisageable. Elle le prit par la main, sa main était confortable dans la sienne. Parfois lorsqu’on prend la main de quelqu’un, celle-ci était moite et un peu visqueuse, et pour que ce soit agréable, il faut l’essuyer souvent. Parfois aussi la main est trop sèche et inconfortable, d’une façon similaire au contact du papier. Mais non, sa main ici était fraîche et douce. Elle était fine aussi, alors le garçon ne sentait pas la sienne comme dans un étau. Il la suivit en regardant ses pieds. Un mouvement lui rappela de sortir un certaine petite créature de sa poche et de la tendre à celle qui le tirait, pour qu’elle puisse le remettre aussi. Alors qu’Aneko parlait à la dame, il se dandinait d’un pied à l’autre, regardant partout sauf la caissière. Il s’intéressa exagérément à une boite de biscuit pour animaux, pour éviter d’avoir à la regarder.

Puis, la dame partit avec les porings, pour aller les porter, elle allait découvrir une belle surprise dans la cage. Aneko se repencha pour lui parler. Elle le traitait comme s’il avait encore une couche, mais ça ne lui dérangeait pas. Ainsi il avait l’impression d’exister, de valoir la peine qu’on se penche pour lui parler à sa hauteur, comme s’il avait autant d’importance que celle qui lui parlait, pour elle.

" - Bon maintenant... que dirais-tu d'aller manger une bonne glace?"

Une glace? Un sourire se dessina sur son visage, d’une oreille à l’autre.

'' –OOOUUUIIIIIIIIIIIIII''

Une lumière s'illumina dans ces yeux et il commença à sautiller partout autour d'elle. Il était ainsi, changeant d’humeur trois fois par minute.

Spoiler:

Mais qu’est-ce qu’elle fait? Je veux ma glace moi! Allllller, Alllllllller! Enfin elle arrive. Je lui tend la main pour qu’elle m’y apporte, elle accepte de la prendre. Joie.

Quel parfum prendre? Vanille, chocolat, ou les deux mélangées? La vanille est trop molle sous la dent, c’est fait pour les léchouilleurs. La chocolat, trop lourde pour le ventre. Mélangé alors sera parfait.

Ici il était bien entendu question de crème glacée molle, la meilleure selon le garçon. Les observations avaient été faites à maintes reprises et était prises comme des fait exacts par le garçon.
Crème glacée, crème glacée, glace glace glace. Cette ligne, il la marmonnait sans cesse en bougeant la tête de droite à gauche alors qu’il marchait en faisant des petits bonds.

Une fois qu’il eut sa glace, il la mangea à pleines dents. La glace c’est comme la vie, il faut mordre dedans pour la savourer vraiment tant qu’on l’a et pas seulement la titiller du bout de la langue en ne goûtant que le peu qui fond petit à petit. Oui elle dure plus longtemps, mais elle est insipide. Passer cinquante ans seul à souffrir dans une prison merdique vaut mieux que la moitié, ou même le tiers, entouré d’êtres chers? Non, Absolument pas.

Il fini sa glace après un court moment, mais quel délicieux moment! Une fois terminé, il porta son attention sur Aneko, installée juste en face de lui. Il ne pouvait expliquer son regard, mais pour une raison, il lui faisait du bien. Elle se penchait vers lui, pour lui parler. Il n’arrivait toujours pas à savoir quelle émotion elle avait, mais savait qui lui faudrait bien l’écouter. Après tout, qui ne ferait pas ce qu’une personne qui lui donne des glaces demande?

" - Tu fois faire attention à l'avenir, d'accord?"

C’était seulement ça? Qu’est-ce que ça voulait dire? Qu’il devait faire plus attention pour mieux la piéger la prochaine fois? Non, elle avait l’air de s’en faire réellement pour lui. Bien attacher ses souliers pour ne pas trébucher alors? Peu importe ce qu’elle voulait dire, il s’efforcerait de faire ce qu’elle demandait… tant que ça ne l’empêchait pas trop de rigoler.

'' - D'accord!''

Il hocha la tête vigoureusement en répondant. La glace terminée et la formulation de la phrase était comme un «au revoir», il s'approcha donc pour un dernier câlin et partit en trottinant et e sifflant.