Lukas passait une mauvaise nuit.
Gigotant dans son lit à Feather Road, le garçon n'arrivait pas à se rendormir. Il avait chaud, puis il avait froid, son pyjama collait à sa peau, sa couverture grattait, et il ne trouvait aucune position à peu près confortable. Le silence le dérangeait aussi. Il s'était réveillé au beau milieu de la nuit en sueur, à cause de stupides gamins dans la rue qui braillaient. Trop de gosses sur cette île. Oui, il se doutait bien que c'était le principe. Mais quand même.

Décidant que ça ne servait à rien de rester à se tortiller, il se leva de son lit (en fait, on peut plutôt parler de dégouliner de son lit) et s'étira pendant une petite éternité. Par un étirement comme dans les films, genre sensuel et lent, mais plutôt un étirement bizarre, comme si il essayait de s'étirer les bras le plus possible. Il se gratta le crâne, puis il passa une main sous son tee-shirt pour le décoller de sa peau moite, tout en baillant à s'en décrocher la mâchoire. Vraiment un petit rituel de réveil. Et évidement, après tout ça, il fila sous la douche.
Lukas adorait être sous la douche. Être sous la douche lui permettait de tout oublier, de se détendre, et accessoirement, d'être propre. Ce qui n'était pas un mauvais point. Et c'est justement sous cette douche, en train de se noyer sous le shampoing, qu'il eut une très bonne idée. Une idée lumineuse même.

Il poppa littéralement hors de sa douche, super content de lui, se sécha à la va-vite, enfila n'importe quelles fringues qui passaient sous sa main, et se saisit d'un oreiller et de son pyjama roulé en boule. Puis il sortit de chez lui en pleine nuit, les cheveux encore mouillés et ses affaires sous son bras. Direction Bloody Lane. Et oui, Lukas est un petit être complètement inconscient, qui sort en pleine nuit se balader à Bloody Lane. En plein conflit inter-quartiers. On vous a dit qu'il était débile ...
Lukas n'avait jamais trouvé que ce quartier craignait. Il devait tout simplement penser que c'était plein de décos d'Halloween .... toute l'année. Il ne faisait pas attention aux recoins sombres, aux immeubles délabrés, il se contentait d'avancer vers un point bien précis, l'endroit qu'il visait : chez Fehla

Lukas et Fehla avaient une relation très particulière : amis/ennemis. Toujours à se chercher des poux sans raison, mais aucun ne pouvait se passer de l'autre. Amour vache quoi. Et Lukas trouvait que débarquer chez elle en pleine nuit pour camper était l'idée la plus géniale qu'il ait eue. En plus, à défaut de pouvoir dormir, il allait pouvoir empêcher Fehla de le faire.
L'endroit où vivait Fehla pouvait filer les jetons à n'importe qui. Sauf Lukas bien sûr. Lukas n'en a rien à faire que les murs aient l'air d'avoir mille ans. Il se fiche complétement des fenêtres cassées sur le côté. Et de la grille rouillée. Tout ça ne l'inquiète pas du tout. Il traversa d'un pas joyeux l'herbe verte qui poussait autour du manoir, et regarda à ses pieds si il pouvait trouver un projectile susceptible d'atteindre la fenêtre de la chambre de la jeune fille. Une poignée de cailloux lui convint, et il les lança d'un bon geste dans la bonne direction. Ils heurtèrent presque tous le murs avec un bruit sourd, sauf quelques uns qui atteignirent leur but : la fenêtre. Si quelqu'un était à l'intérieur, il ne pouvait que se réveiller.

-Eh tête de cloche ! appela Lukas dans un chuchotement parfaitement audible.

Et oui, c'est bien Fehla qu'il appelait. Avec l'intention de camper dans sa chambre toute la nuit. C'est beau l'amitié.

Lukas patientait en bas du manoir en sifflotant. Tout le monde dormait encore dans le quartier, ça ne faisait aucun doute, mais il était absolument sûr que Fehla l'avait entendu. Et qu'elle allait venir d'un instant à l'autre. Il ne savait d'où lui venait cette certitude, mais il ne lui venait pas à l'esprit qu'il pouvait lancer d'autres cailloux. Frissonnant à cause de ses cheveux mouillés, il regardait fixement la fenêtre qu'il avait visé. D'ailleurs, pourquoi cette fenêtre, il n'en savait rien. Il avait simplement l'impression que la jeune fille dormait ici. Bizarre. Il faut croire que c'était l'intuition. Si jamais un des voisins de Fehla décidait de regarder dans le jardin de celle ci et voyait le garçon planté sous sa fenêtre, il y aurait de quoi alimenter les rumeurs pendant des semaines. Voir plus. Déjà que tout le monde connaissait le lien étrange qui les unissait, si en plus quelqu'un voyait le garçon camper chez elle ... Lukas n'avait rien à faire des rumeurs, mais Fehla le tuerait surement.
Au moment où il pensait ça avec enthousiasme (oui, ça lui plairait beaucoup de voir son amie dans l'embarras) la fenêtre s'ouvrit et une silhouette se détacha dans la nuit. Fehla.
Qui lui cria quelque chose comme quoi il devrait dormir. Super.

-Tu dormais pas ? demanda Lukas d'un air déçu.

Oui parce qu'il aurait adoré la reveiller. C'aurait été une belle vengeance. En plissant les yeux à ce moment là, il s'aperçut que la jeune fille était nue et encore dégoulinante de savon. Il leva les yeux au ciel, nullement gêné, mais exaspéré par Fehla qui allait surement choper la mort à rester dehors. Et il ne s'attarda pas pour mater, ce n'était pas son genre. Même si franchement, il aurait été dans son droit, c'est elle qui se baladait nue après tout.
Vue comment Fehla criait, tous les voisins devaient être réveillés. Autant pour la discrétion. Elle lui cria de monter, et Lukas ne se le fit pas dire deux fois. Il fonça vers l'entrée et poussa la lourde porte de fer qui s'ouvrit dans un grincement insupportable, baignant le hall dans une pale lumière de clair de lune. Lukas n'était jamais entré chez elle, et ne put que constater à quel point c'était grand, et glauque. Pas de lumière (il dut chercher un interrupteur pendant cinq minutes avant de se dire qu'il n'y en avait pas), il avança prudemment dans le hall sombre et envahi de toiles d'araignée. Beurk. Sans en avoir peur, Lukas n'aimait pas les araignées. D'ailleurs il était un peu maniaque sur les bords, et hésita longtemps à marcher pieds nus dans ce bordel. Mais finalement, écoutant (pour une fois) la demande de Fehla, il laissa ses chaussures dans un coin et partit en chaussettes explorer les étages.

Tout le reste de la maison ressemblait beaucoup au hall. Le parquet était grinçant et Lukas avait peur qu'il s'effondre d'un instant à l'autre, en le précipitant à sa suite. Les pièces étaient sombre et pleines de vieux meubles, et semblaient ne jamais avoir servi. Certains meubles étaient recouverts de bâches poussiéreuses. Il y avait aussi des tas d'étagères pleine de livres ennuyeux qui avaient au moins mille ans chacun, et que Lukas n'aurait pas pu ouvrir sans risquer de mourir d'ennui (si la poussière ne l'avait pas asphyxié avant). Au premier étage, il y avait un vieux piano désaccordé, qui, quand Lukas appuya sur une touche, laissa échapper un bruit horrible qui résonna dans le couloir. Et toujours autant de toiles d'araignées.
Il appela, ses mains en porte-voix.

-T'es où, la guenon ? Bouge tes grosses fesses pour venir m'accueillir, je vais pas te chercher des heures dans ton trou puant.

Entendant des bruits à sa gauche, il fonça vers cette pièce et passa la tête par la porte. Fehla était là, en nuisette, l'attendant visiblement avec les yeux brillants. Malgré tout ce qu'ils pouvaient se dire, ils s'adoraient, mais pour rien au monde Lukas aurait avoué que Fehla était jolie. La jeune fille était plutôt bien foutue, avait des yeux bleus à se noyer dedans, et ses cheveux bleus trempés lui donnaient un certain charme. Même si Lukas préférait la traiter de grosse ou d'alien. Dire le contraire de ce qu'il pense quoi.

« J’t’offre à boire, face de rat où tu préfères mourir de soif en me regardant vider un lac ?! »

Quelle politesse. Lukas répondit par un sourire charmant :

-Oui, je veux bien, à condition que tu ne m'empoisonne pas, sorcière.

Toujours aussi gentil lui aussi. Quel gentleman quoi. Sans prévenir, il bondit sur ses pieds et enlaça Fehla comme si ils ne s'étaient pas vus pendant trois ans. Tout ça dans but de mettre une araignée dans son décolleté.

-Qu'est ce que je t'aime ma copine, s'exclama-t-il avec une bonne humeur exagérée en lâchant la bestiole gigotante dans le col de Fehla.


[ne me remercies pas]

Lukas riait aux éclats devant la réaction de Fehla. Déjà, au début, elle avait été surprise de l'étreinte de Lukas, qui était toute sauf normale. Et ensuite, elle lui avait rendu son câlin ! Ce que le garçon trouvait tout à fait adorable, et ne manquerait pas de lui faire remarquer dès la prochaine bagarre. Style "t'en as bien profité en fait". Oui, il était vraiment ravi. Mais l'élan d'affection de Fehla se transforma vite en hystérie quand elle sentit la petite bête velue et pleine de pattes s'agiter contre sa peau. Lukas en avait choisi une particulièrement grosse et poilue. Peu de chances qu'elle en aie peur, vu l'endroit où elle vivait, mais bon. Rien que le geste remplissait Lukas de bonheur. Même si elle allait se venger.
Les deux n'en venaient jamais aux mains. C'était des insultes, ou des blagues de mauvais gout, voir du poil à gratter dans le tee-shirt, mais jamais encore ils ne s'étaient vraiment battus. De toutes façons Lukas aurait été incapable de frapper Fehla. Question de principes. Même quand la tension entre eux d'eux était grande et que Fehla était de mauvaise humeur, les choses finissaient toujours par s'arranger. En revanche ils n'étaient pas friands des démonstrations d'amitiés. Le geste de Lukas était tout à fait exceptionnel, même si le but n'était pas spécialement de montrer son amour à la jeune fille.
Il commençait à se demander ce qu'il ferait sans ses amis quand il aurait grandi. Les enfants ne restaient pas indéfiniment sur l'île, et en plus Fehla était plus vieille qu'elle. Il allait surement se sentir très seul sans elle. Et elle lui manquerait, même si il ne l'avouerait pour rien au monde. Et contrairement à l'île, le monde était grand. Allait-il pouvoir retrouver les personnes qu'il avait rencontré sur l'île. Pire, se rappellerait-il d'eux ? Il préférait ne pas penser à tout ça.

Il la regardait en ricanant, pendant qu'elle hurlait de rire en se tortillant. L'araignée devait être bien étouffée par ... bref, on a compris. Lukas ne put retenir un fou rire accordé à celui de Fehla en la voyant essayer vainement de retirer l'arachnide de là où elle se trouvait. Pas gagné. Lukas se régalait de se spectacle.
Au bout de quelques tortillements, elle réussit à extirper la pauvre bête et la laissa filer dans un coin sombre de la pièce. Lukas ne put s'empêcher de penser qu'il ne pourrait pas vivre dans un endroit aussi plein d'araignées. Imaginez qu'il en surgisse pendant qu'il prend sa douche ... Brr. Fehla s'approcha de lui, les yeux flamboyants, en mode fais-bien-gaffe-à-tes-fesses.

« Court, mollusque puant, avant que je ne t’étrangle pour avoir terrifié cette pauvre petite créature… »

Terrifié ? C'est plutôt elle qui est terrifiante ! Lukas leva les yeux au ciel mais ne se le fit pas dire deux fois devant l'air menaçant de la jeune fille qui avançait vers lui, avec un sourire maléfique. Il traça de toute la force de ses jambes hors de la pièce, toujours pouffant de rire. Elle avait l'avantage du terrain ici, mais Lukas pouvait toujours essayer de se cacher. Dans les couloirs sombres, difficile qu'elle le retrouve. Il trouva une porte au bout du couloir et se rua dans la pièce, hors d'haleine. Il bloqua ensuite la poignée avec un chandelier, comme il avait vu faire dans des films, et s'avança pour chercher une cachette décente. Mauvaise pioche. La pièce était très grande, mais pratiquement vide, en dehors de quelques étagères et d'un gigantesque aquarium, éclairé faiblement, mais entièrement vide. Lukas s'approcha pour examiner l'intérieur. Il y avait des branches d'arbres, de l'eau et ... un lapin mort pendu à un crochet. Se demandant ce que Fehla pouvait élever dans cet endroit, il regarda furtivement de chaque côté pour voir où étaient justement les bestioles. Car des animaux qui mangent des lapins, ça ne va pas refuser de croquer un garçon en bonne santé, si ? Il déglutit difficilement, avec une étrange boule dans le ventre, lui qui n'avait pas flippé une seule fois depuis son entrée dans la maison.

Il attendit quelques instants dans le silence, et un petit sifflement se fit entendre à ses pieds. Il sursauta violemment et heurta une étagère dans son élan, qui tomba sur le sol avec un grand fracas. Lukas jura. Autant pour le silence. Il essaya de remettre en place tout ce bordel quand il entendit un bruit derrière lui. Puis il sentit quelque chose de chaud et lisse tomber dans son pantalon. Quelque chose de chaud et de vivant.

-OMG, couina-t-il pendant que le serpent se tortillait furieusement contre lui. T'es cinglée t'es cinglée t'es cinglée t'es cinglée t'es cinglée enlevmoiçaaaaaaaaaa !

Il glissa sa main sous ses vêtements pour récupérer la bestiole qui fit une connaissance prématurée avec le mur de la pièce. Repose en paix, petit reptile. Il regarda d'un air furieux la jeune fille morte de rire à coté de lui et lui sauta dessus en criant :

-VENGEANCE !

Ils basculèrent tous les deux sur le sol et Lukas, attrapant ses poignets pour l'empêcher de bouger, entreprit de rouler les longs cheveux mouillés de Fehla dans la poussière. Parfait, elle allait mettre des heures à les re-laver, vu leur longueur. Avec un sourire vengeur, il ajouta diverses toiles d'araignées et autres trucs dégoutants à la longue chevelure de Fehla.

[Mouahaha, je suis total in love ♥]

{ Open your eyes... I see you, you're eyes are open

C’était un moment jouissif. Sans doute l’un des plus jouissifs de sa courte vie. Voir le jeune garçon blanchir d’un seul coup en sentant le reptile froid – enfin sans doute un peu réchauffé d’avoir été lové contre son cœur pulsant régulièrement un sang chaud – se tortiller contre son popotin entre le slip et le jeans. Elle, elle trouvait qu’elle avait été gentille pour le coup ; il avait mis l’araignée contre sa poitrine après tout, elle aurait pu jeter le serpent DANS ses sous-vêtements. Mais bon, elle ne voulait pas le perdre si jeune d’un arrêt cardiaque. Ce serait vraiment triste la vie sans lui après.
Son rire carillonnant tintait la pièce d’un étrange son clair qui dépaysait totalement ; elle était diabolique. Bon, elle savait qu’elle aurait encore un retour après ce qu’elle venait de faire et elle ne s’arrêta de rire que lorsqu’elle vit le serpent voler dans la pièce et s’écraser contre le mur puis tomber au sol ; pauvre petite bête, heureusement qu’elle était invertébré et elle le vit, un peu sonné par le choc, zigzaguer dans la salle pour rejoindre un coin sombre à l’opposé des deux fous qui semblaient se livrer une guerre sans fin.

Elle riait encore quand soudain elle sentit un poids la faire basculer sur le sol et l’y maintenir alors que le cri de guerre lancé par son homologue résonnait encore dans la pièce aux murs branlant ; elle l’observa quelques secondes, curieuse de savoir ce qu’il comptait faire, assis sur elle, maintenant ses poignets solidement ancrés sur le sol d’une main pour l’empêcher de bouger. Enfin elle ne semblait pas chercher à se libérer non plus puisqu’elle ne bougeait pas, l’observant juste de manière curieuse.
Jusqu’à ce qu’il s’en prenne à sa magnifique chevelure couleur océan ; elle écarquilla les yeux de surprise et commença à tenter de se libérer de son emprise. Mais c’était difficile puisqu’elle ne voulait pas lui faire mal ou juste risquer de le blesser par inadvertance.

« Arrête, arrête, arrête !! Sinon je te fais frotter le sol du manoir avec ta langue ! »

Mais bon, bien sur, elle n’était pas en position de force et ses paroles ne firent ni chaud ni froid au garçon. Elle s’y attendait ; mais il y avait autre chose qu’elle pouvait tester, qu’elle n’avait jamais testé et qu’elle rêvait de tester. Elle arrêta subitement de s’agiter dans tous les sens, de se tortiller comme ses serpents entre ses jambes et par un tour de force et de malice, elle libéra ses mains et se dressa sur ces coudes, rapprochant dangereusement du sien en soufflant, une lueur amusée au fond des yeux

« Allez, avoue que t’es en train de bien en profiter… »

Elle était près. Très près. Trop près. Si près que leurs souffles se mêlaient l'un à l'autre... L’effet de surprise était garanti et l’embarras allait forcément faire rougir les joues du jeune garçon. Elle en profita, maintenant que ses mains étaient libres, elle renversa la situation, le repoussant sur le sol et s’asseyant sur son ventre avec un sourire triomphale, le dominant de toute sa petite taille de fille de dix-sept ans. Ses yeux pétillaient de joie, d’intelligence et de sadisme.
Dehors le vent s’était mis à souffler plus fort et ébranlait la bâtisse qui gémissait sous ses assauts ; minuit, des bruits de craquements secs et sonores, les mugissements du vent qui s’engouffraient dans les trous du grenier et les murs qui hurlaient leur douleur de se voir ainsi malmenés ; et enfin la sorcière aux cheveux sombres, sales et emmêlés qui le regardait comme le fauve dévore sa proie du regard. Tout semblait dire au jeune homme « ressent l’angoisse, la crainte et la bêtise de ton geste. Te jeter ainsi dans la gueule du loup, quelle mauvaise idée as-tu eu ! » Et au bout d’interminables secondes ou Fehla le jaugeait du regard elle finit par sourire, toute contente

« J’ai soif, allons boire un coup maintenant ! Mais je te préviens, tu me dois un mois de servitude pour me faire mes shampooings, Face de pet ! »

Elle se releva en s’étirant à côté de lui, puis elle se dirigea vers le coin où le serpent avait disparu, attrapant délicatement la petite couleuvre amorphe, la laissant glisser dans son domaine de verre, elle se tourna ensuite vers son hôte avant d’observer au clair de lune les dégâts occasionnés sur ses magnifiques cheveux ; elle était bonne pour retourner dans son bain !
M’enfin après avoir bu un coup ; et comme le garçon ne se dirigeait pas assez vite jusqu’à la cuisine, au rez-de-chaussée, elle choppa sa manche au passage et l’entraina à sa suite dans la maison lugubre en lui expliquant qu’il y avait une dizaine de reptiles qui glissaient un peu partout dans la maison dont un boa immense et silencieux qui aimaient particulièrement tomber des lustres ; ca ce n’était pas vrai, c’était juste pour lui foutre un peu la frousse ! Comme ça il réfléchirait à deux fois avant de s’en prendre de nouveau à sa belle chevelure de princesse !

Une fois arrivés dans la cuisine, il le lâcha en allumant la lumière – effort démesuré pour lui offrir un gîte décent – et il put admirer une tonne de pots en verre contenant… Non valait mieux pas savoir ce qu’ils contenaient en faite, parfaitement alignés sur une étagère au-dessus d’un évier blanc comme neige. Cette pièce seule semblait en ordre et propre !
Mais Dieu seul savait pour quelle raison et quelle utilité…
Elle ouvrit le frigo, se penchant légèrement en demandant :

« Je t’offre quoi aujourd’hui ? Jus de limace ou bave d’escargot ?! A moins que tu ne préfères des yeux de croco pressés !! »

Elle désignait l’un des bocaux où de magnifiques globes flottaient dans ce qui ressemblaient à du formol. Et comme précédemment elle se payait sa tête pour le faire frissonner d’angoisse. Elle adorait ça, tyranniser les pauvres petits garçons venant se perdre dans sa maison !

Héhéhé. Si Fehla riait encore quand Lukas la plaqua au sol avec son cri de guerre, elle fut nettement moins amusée quand ses magnifiques cheveux azur servirent de serpillère au parquet. Voilà qui devrait l'encourager à passer plus souvent l'aspirateur ! Lukas détestait cet endroit et sa saleté, toute cette poussière le traumatisait. Et le faisait éternuer, ce qui n'est pas très glamour. Et Fehla qui prenait un grand soin de ses cheveux allait être obligée de changer ses habitudes ! Sinon il reviendrait tous les jours laver le sol avec ses cheveux pour lui faire comprendre ! Non mais.
Indifférent aux cris de protestation et aux mouvements de la jeune fille qui tentait de se dégager, Lukas raffermit sa prise et continua de trainer les mèches soyeuses dans la poussière, comme on roulerait un filet de poisson dans de la panure. Il avait beau ne pas être très lourd, il l'était déjà plus que la jeune fille et arrivait à la bloquer sous son poids sans trop de difficultés. Jusqu'à ce que, profitant d'un léger relâchement, elle se dégagea les mains et se redressa, le visage à quelques centimètres de celui de Lukas, qui n'avait rien vu venir.

Pétrifié, il se retrouva en face du visage de Fehla. En face de ses yeux yeux bleus aux longs cils ténébreux, et de son éternel petit sourire. Elle se rapprocha encore de son visage, au point qu'il sentit son souffle sur sa peau. Une plaisanterie sur son haleine resta coincée dans sa gorge quand elle lança :

« Allez, avoue que t’es en train de bien en profiter… »

Quoi, qui en profite ici ? Lukas s'apprêta à répliquer quelque chose comme ça quand elle renversa la situation en le poussant à son tour sur le dos et en s'asseyant dessus. Ah, non, cette fois c'était les cheveux du garçon qui trainaient dans la saleté. Horrifié, il songea au shampoing qu'il venait de se faire qui était ruiné à tout jamais. Lukas se mit à son tour à gigoter furieusement.

-Je proteste, je proteste ! C'était déloyal ça ! Aïe, bouge de là grosse vache t'es lourde !

Sentant Fehla s'appuyer de plus belle sur son ventre, il se dépêcha de lancer :

-Non non je rigole, t'es hyper légère, et super mince, un vrai mannequin, maintenant lâche moi. PITIÉ !

Elle sembla satisfaite et se leva, l'entrainant jusqu'à la cuisine du rez de chaussée, après avoir minutieusement ramassé le pauvre reptile et l'avoir amoureusement remis dans sa prison de verre. Curieux de voir comme elle s'occupait bien de ces sales bestioles... En l'entrainant vers la pièce, elle lui raconta la vie passionnante des reptiles et de leurs habitudes, et Lukas se surpris à regarder furtivement le plafond de peur qu'un énorme serpent ne s'y trouve .... Arrivés à la cuisine, elle laissa Fehla lui indiquer d'un air théâtral les nombreux bocaux remplis de trucs visqueux et non-identifiés. La cuisine était le seul endroit de la maison à peu près propre et décent, et les flacons étaient bien rangés. Il se demanda un instant ce que Fehla en faisait. Elle ne les mangeait pas quand même ?

« Je t’offre quoi aujourd’hui ? Jus de limace ou bave d’escargot ?! A moins que tu ne préfères des yeux de croco pressés !! »

-Très marrant. On a dit, pas d'empoisonnement 'spèce de catin. T'as pas du coca plutôt ? Ou n'importe quel truc buvable en fait ?

Peu probable, se dit Lukas. Pendant qu'il regardait Fehla s'amuser dans sa cuisine bizarre, il sentit encore un truc gluant contre sa jambe ... Encore un serpent. Il se pencha pour l'attraper, ayant vu Fehla faire la même chose, et fut étonné de constater que c'était pas désagréable. Il l'enroula autour de son cou et écarta les bras.

-Eh, si je fais ça je meurs ?

No comment.

[ Joke, un suicidaire ♥]

{ Il est le même, que l’on soit d’ici où d’ailleurs…

Roh, sur ce coup là il n’était vraiment pas drôle ! Et puis être traitée de mannequin ne lui avait pas plus du tout en réalité ; elle préférait mille fois se transformer en grosse vache qu’en sac d’os ! Au moins une vache, elle prenait de la place, elle faisait chier tout le monde, elle pouvait te faire peur quand elle tanguait d’un pied, de l’autre, prête à t’effondrer sur toi. Un squelette sur talons hauts, tu lui donne une pichenette il se brise en mille morceaux. Non mais, il avait le chic pour trouver des insultes là où les autres filles auraient pris ça pour des compliments ; il était décidément trop fort ! Fait-pour-elle ♥ !
Bon de tout ce qu’elle lui avait proposé, elle n’avait rien en réalité ; son frigo était rempli des mêmes victuailles que n’importe quel frigo de n’importe quelle personne de l’île ; banal quoi et elle en sortie une canette de coca et une bouteille de Schweps. Bah oui, elle n’allait pas le servir et s’oublier non ! Puis elle se retourna au moment même où il posait le serpent sur ses épaules en lui demandant avec son air débile s’il allait mourir en faisant se geste. La pic partit d’elle-même, sans passer par la case cerveau – et sans toucher vingt milles francs -, acide et sans équivoque.

« C’est une jeune couleuvre à échelon inoffensive, crétin, et elle est encore trop jeune pour t’étouffer si jamais elle commence à s’enrouler autour de ton cou. On t’as rien appris à l’école ?! T’as jamais lu de livre dans ta vie ?! »

Elle semblait exaspérée mais elle reprit bientôt son sourire énigmatique et diabolique.

« Mais tu devrais te méfier quand même. Ce serpent là attaque quand il se sent menacé… »

Elle ouvrit tranquillement la canette de coca et la posa sur la table avant d’aller chercher des verres dans un placard tout proche et de se servir tout en posant ses fesses rebondies sur une chaise qui trainait à proximité, observant l’adolescent, assez amusée de son imbécilité. Elle se disait qu’il avait vraiment beaucoup de chose à apprendre ! Elle pourrait en faire son apprenti… Non, trop insupportable. Et puis il voudrait sans doute qu’elle fasse le ménage tous les jours ; le problème d’avoir une grande maison et d’être bordélique en plus d’être fainéante c’est que le ménage passait trop souvent à la trappe… Pour ne pas dire qu’il n’était jamais fait. Oui, elle n’était même pas persuadée de posséder un balai, une pelle et une balayette, une serpillère et son seau…
Mais aucune importance, elle faisait ce qu’elle voulait ici, elle était chez elle et rare était les personnes qui y mettaient les pieds puisqu’elle exerçait son activité professionnel dans un petit local en quartier neutre. Vu que ses clients étaient originaires de tous les quartiers possibles, elle avait dû s’arranger avec la mairie. Ce serait quand même bête d’en perdre un parce qu’il aurait été surpris à la sortie d’une consultation en pleins Bloody Lane, non ?! Donc bon, elle avait réglé le problème autrement.

Repensant à la poussière elle regarda ses cheveux maculés d’une espèce de pâte grisâtre et de morceaux de toiles d’araignée collant ; elle allait sacrément en ch**r pour les rendre de nouveau propre. Il ne lui restait plus qu’à faire couler un nouveau bain, sans rien ajouter dedans ; elle sentait que l’eau allait finir noire en cinq minute chrono. Avec ses cheveux courts et son statut de garçon, Lukas ne devait pas se rendre compte du travail que ces sombres mèches pouvaient représenter dans leur entretien. Quoi que lui aussi avait bien ramassé quand elle l’avait renversé par terre ; ok, message reçu, elle consentirait peut-être à prévoir un jour de ménage par mois… ou par trimestre… Ou par saison… Ou par an. Ouai, enfin voilà quoi.

Elle sirotait son verre silencieusement, l’observant toujours avec des yeux qui vous donnaient l’impression de vous étudier de A à Z ; carrément trop glauque ! Puis elle se redressa, s’enfonçant contre le dossier avant de demander sans détour.

« Bon et à part ça tête d’œuf, pourquoi t’es venu me voir à cette heure de la nuit ? C’est tellement trop chiant d’être chez toi ? Ou alors tu ne peux plus te passer de moi, même la nuit ?! Allez, crache-le morceau, face de poulpe, y a quelqu’un qui te poursuit et tu ne savais pas où trouver refuge ?! »

Oui, elle avait l’imagination tout à fait débordante cette petite ; très rafraichissante ! Mais en même temps sur Esplumoir tout pouvait arriver avec la guerre des quartiers. Et puis il ne fallait pas oublier ce mystérieux groupe Adieu dont elle n’arrivait à trouver aucune info ! Peut-être que certains de ses patients en était membre mais elle en doutait fortement… Enfin non, ici tout était vraiment possible. Suffisait de voir les plumes que certains s’étaient vu attribuer du genre transformer de l’eau potable en eau savonneuse et inutilisable ! A part si t’es un maniaque de la douche et de la propreté, elle n’en voyait pas trop l’intérêt la brave psychologue. Carrément aucun intérêt en fait.
Et pour le moment, Adieu ne l’intéressait pas, elle attendait juste que l’adolescent lui réponde, le dévorant d’un regard ardent. Non elle n’allait pas lui sauter dessus et lui montrer le loup, elle voulait tout savoir de sa visite de cette nuit. Espérant seulement que ce serait des informations croustillantes…

Bon, apparemment, ce serpent ne pouvait rien lui faire, alors il le laissa batifoler tranquillement sur ses épaules pendant qu'il examinait le contenu du frigo derrière Fehla. Malgré tout ce qu'elle pouvait dire pour renforcer son image de vilaine-sorcière-maléfique, son frigo contenait toutes sortes de trucs normaux, comme du jambon, des yaourts et des fruits. On pouvait même dire qu'elle s'alimentait plutôt bien, par rapport à certains enfants qui mangeaient n'importe quoi en l'absence de parents. On ne manquait de rien sur l'île, mais les gamins ne faisaient pas forcément attention de respecter le "cinq fruits et légumes par jour".
Elle sortit un coca et un schweppes frais du frigo avant de le refermer et de se tourner vers Lukas, une lueur maléfique dans les yeux. Visiblement, elle était exaspérée par son geste débile. Après lui avoir sorti tout ce qu'elle savait sur le serpent d'un trait (Lukas ne put être qu'impressionné par sa culture en matière de bêtes grouillantes et dangereuses), elle souligna une fois de plus son imbécilité, ce qui ne dérangea pas le garçon le moins du monde. Non seulement il avait l'habitude, mais en plus il ne prenait pas ça mal du tout. Pas mal de gens sur l'île connaissaient son apparente débilité légendaire, et ça l'amusait beaucoup de passer pour un crétin. Vraiment, c'est un type bizarre. Il adore qu'on se foute de lui, faut croire.

Fehla alla chercher des verres un peu plus loin, ses cheveux poussiéreux se balançant au rythme de ses pas. Ils avaient pris une couleur grisâtre au contact de la poussière et Lukas songea avec joie que quelques heures de shampoing ne serraient pas de trop pour réparer les dégâts. Quoi que ses cheveux non plus n'étaient pas en grande forme. Il passa les doigts entre ses mèches encore un peu humides d'un air absent et les retira pleins de poudre grise. Oui, lui aussi allait devoir passer par la case douche en rentrant.
Il décapsula son coca sans attendre son verre et s'étrangla à moitié en buvant trop vite. C'était comme ça à chaque fois qu'il buvait une boisson gazeuse : à la première gorgée, il oubliait que ça piquait et en avalait trop d'un coup. Et même parfois, il pouvait oublier plusieurs fois pour une même boisson. Aussi, en présence de Lukas et d'une canette de Coca, on le voyait souvent tousser en recrachant la moitié de sa boisson. Élégant, oui. En plus Fehla l'observait d'un air amusé et pensif en sirotant sa boisson. Dieu savait à quoi pensait cette fille étrange en regardant Lukas de cette façon.
C'est à ce moment qu'elle entra dans le vif du sujet. Pourquoi Lukas avait-il débarqué à l'improviste au beau milieu de la nuit ? Il s'apprêtait à lui dire la vérité, à savoir qu'il s'ennuyait à mourir, mais visiblement Fehla se faisait un tas de films, et il n'avait pas envie de la décevoir. Prenant son ton le plus sérieux et convaincant, il entreprit de lui donner une explication.

-Alors en fait, c'est assez compliqué. Je dormais tranquillement, et j'ai entendu un grand bruit dehors, c'était deux bandes qui se battaient. Ça commençait à devenir sanglant, alors j'y suis allé, et j'ai tiré dans le tas, tu vois, comme toute personne l'aurait fait. Et quand ils étaient tous morts, je suis rentré, mais quelqu'un me poursuivait pour se venger, et j'ai été obligé de me réfugier dans ton quartier craignos. Je l'ai finalement semé mais dans tes rues pourries là, je me suis fait poursuivre par une bestiole inconnue qui faisait plein de bruits de clic clic et qui sautillait, alors j'ai couru et j'ai décidé de venir dormir chez toi.

Tellement pas crédible, mais Lukas avait pris pour l'occasion son air sérieux et concentré de celui qui savait ce qu'il disait. Bien sûr, toutes ses explications n'allaient pas bien avec le fait qu'il sortait d'une douche en arrivant, qu'il n'avait pas l'air du tout d'être poursuivi, et qu'il tenait son oreiller sous son bras en arrivant (d'ailleurs celui-ci devait reposer en paix dans la salle de bain au milieu des araignées ...). Ah, et Lukas n'a jamais tué personne de sa vie, et il en serait sans doute incapable. Donc, pas crédible du tout.
Il réfléchit quelques secondes, et, sans bien savoir pourquoi, il dit :

-Bon, en fait c'est juste que j'arrivais pas à dormir. T'es contente ?

Non, sérieusement, elle s'attendait à quoi ? Lukas, se faire poursuivre ? Lukas, impliqué dans quelque histoire sanglante ou dans un complot énigmatique ? Ben voyons ! Il se leva d'un bond avec la grâce du teckel enragé et déclara sans demander aucune permission :

-Je suis fatigué je vais dormir. No problem, je vais trouver ta chambre tout seul en suivant ta mauvaise odeur.

Il fila hors de la pièce à la recherche de son oreiller, qui se trouvait encore dans la salle de bain, puis chercha la chambre de Fehla, en jugeant l'endroit de la fenêtre qu'il avait visé en arrivant. Il trouva la pièce sans trop de difficultés et poussa la porte de bois avant de glisser sa tête à l'intérieur. Il ne voyait pas quoi la chambre avait l'air dans l'obscurité, et n'essaya même pas de chercher de la lumière, sachant pertinemment que c'était inutile. Oui, si j'avais Fehla nettoyait sa maison, elle pourrait faire des aménagements supplémentaires, comme de la lumière, des meubles récents, et de la moquette toute douce. Après ces douces pensées, il entra et décida de se planquer derrière la porte pour faire peur à Fehla quand elle y entrera. Oui, toujours cet esprit là qui remontait à la surface ... Que c'est puéril ...

PAN !

Lukas ne s'attendait pas, en se cachant derrière la porte, à se la prendre en pleine face quand Fehla entrerait. En fait, il ne s'attendait pas à grand chose, il s'était mis là sans raison particulière. Faire peur à la jeune fille peut-être. En fait, la plupart des actions qu'il faisait étaient complétement aléatoires, et non-réfléchies. Dans le cas présent, il avait juste pensé que ça ferait une bonne blague, sans se soucier des conséquences, comme d'habitude. Et quand Fehla ouvrit l'énorme porte, en lui envoyant au visage, il entendit très vaguement sa phrase :

« Et puis quoi encore ?! T’as pas l’âge de dormir avec une fille !! Comme si j’allais accepter un nabot dans mon lit, tiens !! »

Et c'est elle qui disait ça ! Comme si elle n'en rêvait pas ! Il aurait tout le temps d'y réfléchir plus tard, car une horrible vague brulante lui arriva au visage, et il ne put pas retenir un espèce de petit couinement de douleur. Il avait la tête qui sonnait, tout tanguait autour de lui, les formes étaient floues, les couleurs aveuglantes, bref, il était sur le point de tomber dans les pommes. Il plaqua les mains sur son visage, trébuchant en arrière, avec l'impression que son nez allait exploser. Wah ... Ce coup-ci il se l'était bien prise ! Fehla lui cria quelque chose, il la voyait bouger les lèvres, mais tout ce qu'il entendait était un vague bourdonnement de fond. What the fuck ?
Il resta un instant comme ça dans un état à demi comateux, assis par terre, les mains plaquées sur sa tête, pendant que Fehla l'engueulait. Pour le coup il était bien content de ne rien comprendre de ce qu'elle gueulait. D'ailleurs elle n'avait aucune raison de lui crier dessus, c'était pas sa faute quand même ! En fit c'est plutôt lui qui devait énerver, mais pour l'instant si il se levait il allait retomber dans les pommes direct. Il attendit que son mal de tête soit calmé et que Fehla soit à cours de voix pour retirer les mains de sa tête.

-Ça va. Je vais bien.

C'est à ce moment que son nez décida de saigner à flot comme si on avait ouvert un robinet. Lukas Bridges, décédé pendant la nuit, vidé de son sang par le pif. Ca le fait pas trop, faut le dire. Il se trouvait maintenant assis par terre dans la chambre de Fehla, les bras écartés comme un idiot, avec son nez qui coulait et du sang qui dégoulinait le long de son tee-shirt pour finir en tache par terre. Et faut croire que son cerveau était gravement atteint car il continua à sourire pendant quelques secondes encore avant de s'apercevoir qu'il allait bientôt mourir. Il se leva et s'accrocha à sa meilleure ennemie en hurlant.

-AIDE MOI AIDE MOI FEHLAAAAAAA I'M DYIIIIIIIIIIIIING !

S'accrocher à Fehla en la secouant et en aspergeant ses vêtements de gouttes de sang n'était vraiment pas la chose à faire, mais depuis quand Lukas sait ce qu'il faut faire ? Dès qu'il toucha Fehla il se sentit submergé par une espèce de force écrasante qui émanait d'elle. Inutile de trop en demander au mollusque, il avait déjà oublié la plume de la jeune fille. Donc il ne savait absolument pas d'où cette manifestation de pouvoir pouvait venir.
Il fit un bond en arrière et regarda autour de lui, comme à la rechercher d'une présence extraterrestre. Amen.

[MEGA MEGA RETARD, désolée ;________; J'ai pas d'excuse, tu peux me frapper xD En plus mon post est très nul, et court, mais bon, je voulais le faire avant de partir en vacances pour toujours xD]