— Esplumoir ;
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Love is War... [Louella] [Terminé]

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Luca Brunner
Luca Brunner

Feathers Road

Feathers Road

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Love is War... [Louella] [Terminé] Vide
MessageSujet: Love is War... [Louella] [Terminé] Love is War... [Louella] [Terminé] Icon_minitimeMar 31 Mai - 1:21

A storm is threatening
My very life today
If I dont get some shelter
I'm gonna fade away.

War, children, it's just a shot away.




Aux alentours de 23h...


Ciel d’encre parsemé de petites lucioles dorées. La nuit est belle, douce, presque accueillante. Mais Luca n’a pas la tête à admirer la voûte céleste. Il longe les murs des petites ruelles propres et bien entretenues d’Avenue of the Roses, l’oreille tendue, à l’affût du moindre bruit qui trahirait une présence humaine. Le silence est quasi-total, ce qui ne le rassure pas pour autant. Car privé de ses bruits, le quartier semble désagréablement mort, comme si tous ces habitants l’avaient déserté. Autrefois, l’île se caractérisait par une douce agitation constante, et mêmes pendant la nuit, on pouvait voir des lumières aux fenêtres, entendre des voix s’interpeller, des rires fuser. Il y avait eu un temps où Esplumoir était une île frôlant l’utopie, une île où les enfants étaient heureux et vivaient en harmonie. Courte période d’illusion, elle est désormais révolue. La guerre a réduit au silence les rues d’Esplumoir, a fait taire les rires, a forcé une partie enfants à se cloîtrer chez eux, a poussé le reste de la population à prendre les armes pour s’entretuer. Et tout ça pour quoi ? Même Luca, le garçon le mieux informé de l’île, ne le sait pas vraiment. Elle a commencé comme toutes les guerres, pour des raisons futiles et risibles, pour des broutilles, qui se sont accumulées jusqu’à former un immense bûcher prêt à s’enflammer à la moindre étincelle.
Au fond, peu importent les raisons, le fait est là. La guerre est là. Et elle n’a pas l’air décidée à déguerpir.

Tout à coup, un cri retentit au loin, brisant le paisible silence. Suivi d’un bruit de cavalcade. Sûrement un autre intrus découvert. Luca hésite un instant, avant de tourner délibérément le dos au bruit. Il ne peut pas se permettre d’aller aider le poursuivi. Il sait que ce n’est pas quelqu’un de Feathers Road, car il a expressément ordonné que personne ne sorte la nuit, et aucun n’a fait mine de rechigner. La guerre, c’est aussi synonyme de chacun pour soi. Luca se sent un peu mal à l’aise d’abandonner ainsi quelqu’un. Son propre égoïsme le rebute. Mais il ne change pas d’avis. Il continue son chemin, silencieusement, tout en songeant que la guerre a le don de réveiller les pires sentiments chez les êtres humains. Et qu’il n’échappe pas à la règle.

Et puis brusquement, des bruits de pas retentissent à quelques rues de là, nombreux. Luca se raidit. Il ne peut pas non plus se permettre de se faire voir. Pas maintenant qu’il a réussi à faire le tour des quartiers pour réunir des informations vitales sur le conflit. AotR est le dernier quartier à traverser avant de pouvoir souffler, bien à l’abri derrière les délimitations de Feathers Road. Ce serait vraiment trop bête de se faire avoir maintenant.
Il bifurque dans un cul-de-sac étroit, se plaque au mur, attend. Les pas et les voix se rapprochent. Luca retient sa respiration et se mord la lèvre. Instinctivement, il lève les yeux vers le ciel. Et c’est alors qu’il la voit. La gamine, perchée sur le toit, sa jupe colorée contrastant avec le ciel sombre, le visage caché sous une étrange capuche au bout pointu orné d’un pompon. Pas de doute, elle l’a vu. Elle le regarde calmement, silencieusement, sans bouger, comme si elle hésitait sur la conduite à suivre.
Les voix et les pas sont tout proches, maintenant. L’une d’entre elle se démarque :

- Avril ! On cherche des éventuels intrus. Tu en vois de là haut ?

La gamine ne bouge toujours pas. Le ventre noué, Luca décide de tenter le tout pour le tout. Il regarde la fillette droit dans les yeux et pose un doigt sur sa bouche pour lui intimer de se taire. C’est plus une supplique qu’un ordre. Elle le sent, sûrement.
Alors elle tourne sur elle-même, comme pour embrasser du regard l’horizon de tous les côtés, avant de répondre d’un ton assuré :

- Il n’y a aucun ennemi.

Luca entend quelque grognements dépités, puis les voix et les pas s’éloigne, pour laisser de nouveau place au silence. Quand il relève yeux vers les toits, la gamine a disparu.
Alors il reprend sa route, toujours aussi discrètement, un sourire flottant sur les lèvres.
La guerre n’a pas encore corrompu tout le monde. Certains enfants restent des enfants, naïfs et innocents. Et c’est tant mieux.

Il pénètre enfin dans l’Eden. Certaine choses sont d’une beauté inaltérable, que la guerre ne peut pas atteindre, et le jardin en fait partie. Immense, Luca n’a plus qu’à le traverser entièrement pour retrouver son cher quartier. Soucieux de ne pas de faire remarquer, il quitte rapidement les chemins pour s’enfoncer dans la végétation luxuriante. Les vertus apaisantes du parc font rapidement leur effet, et Luca se sent presque bien, bercé par le murmure de la rivière toute proche. Il relâche son attention. Après tout, qui oserait utiliser la violence dans un endroit aussi magnifique ? L’Eden est un sanctuaire naturel, et ceux qui oseraient le violer feraient preuve d’une barbarie dont il espère qu’elle n’a pas encore contaminé les habitants d’AotR. Il marche plus calmement, désormais, et ses pensées dérivent.
Il pense à la guerre, forcément, la guerre encore et toujours, la guerre qui obnubile la quasi-totalité des habitants de l’île. Mais lui la perçoit sous un jour encore différent par son rôle de chef de quartier. Il ne l’a jamais demandé, cette responsabilité. Elle lui est tombée dessus sans crier gare, avec tous ses inconvénients, ses devoirs, ses choix. On vient le déranger à toute heure, pour tout et n’importe quoi. Cela va du « Luca, y’a un problème, on a plus de réserves de fraises tagada. » au « Luca, y’a un problème, Noah a voulu faire le malin et il s’est fait capturer par les Winters. ». On lui demande son avis sur tout. On lui demande surtout de résoudre tous les problèmes. Et de faire en sorte que le quartier gagne la guerre. Luca se tue à répéter que ce sera déjà pas mal si tout le monde s’en sort vivant. Mais bizarrement, les enfants ne l’écoutent que lorsqu’il leur parle de bataille ou de nourriture. Le plus dur, sûrement, en plus de tous les choix auxquels il est confronté chaque jour, c’est de savoir qu’il porte toute la confiance et l’espoir de ces enfants. La peur de décevoir tout son quartier, ou de le mener à la perte par erreur de tactique l’empêche de dormir.

Luca est coupé net dans ses réflexions. Il vient d’apercevoir une silhouette humaine à quelques mètres devant lui. Juste une ombre immobile, assise sur un banc, lui tournant le dos.
Le garçon s’immobilise et plisse les yeux pour tenter de mieux distinguer la personne. L’obscurité profonde l’en empêche. Il pourrait faire un détour pour éviter la silhouette probablement ennemie, mais la curiosité le pousse à s’approcher un peu plus. Que peut bien faire une âme seule, perdue au fin fond de l’Eden, affalée sur un vieux banc ?
Il se rapproche encore, à pas de loup.
Jusqu’à apercevoir la lourde chevelure au reflets roux. Jusqu’à reconnaître ces mèches si singulières, cette silhouette fine, et même ce pull trop large qu’elle porte.
Louella.
Mais qu’est-ce qu’elle fout là ?

Quelques pas de plus lui permettent de voir la seringue vide à quelques centimètres de la main de la jeune fille. Ce simple objet usagé le dégoûte, tellement il semble porteur de désespoir, avec ses quelques gouttes perlant encore au bout de l’aiguille. Et en même temps, son cœur se serre. N’a-t-elle pas déjà suffisamment d’ennuis comme ça pour en plus se laisser entraîner dans la danse vicieuse de la drogue ? Est-elle déjà accro au point de s’aventurer dans un quartier ennemi pour se procurer ses substances ?
Luca se mord la lèvre. La liste des manière dont Louella se met en danger quotidiennement vient de s’allonger un petit peu plus. Que peut-il faire contre tant d’acharnement à s’autodétruire ? Est-ce qu’elle se rend compte, au moins, que ce genre de comportement équivaut à un suicide lent et douloureux ? En fait, il est probable qu’elle n’en aie rien à faire. Contrairement à lui. Louella et son anorexie viennent en deuxième position sur sa liste des choses qui lui font faire des cauchemars.

Il écarte provisoirement toutes ces pensées sombres. Il aura bien le temps de ressasser ça plus tard. Dans l’immédiat, il faudrait qu’il rejoigne son quartier, et que Louella fasse de même. Le truc, c’est qu’il se voit mal la traîner jusqu’à Bloody Lane. Elle serait bien foutue de brailler tout du long, discrétion assurée. Non, il va falloir employer la persuasion. Convaincre Lou à faire quelque chose contre son gré est à peu près aussi facile que de faire rentrer un éléphant dans un frigo, Luca le sait par expérience. Mais qui ne tente rien n’a rien.

Il contourne le banc jusqu’à se retrouver devant elle, sans essayer de masquer sa présence.
Son cœur rate un battement, comme toujours lorsqu’il la voit. Il n’en laisse rien paraître. Il a appris depuis longtemps à camoufler ses émotions en présence de Lou. Déjà qu’elle le rembarre à chaque fois qu’ils se croisent, si en plus elle savait que… Non, ce serait la catastrophe. Elle n’accepterait même plus sa présence dans un périmètre de 500 mètres, et privée du type casse-pied qui la force à manger un minimum, elle dépérirait à vue d’œil.
D’ailleurs, il a l’impression qu’elle est un peu plus maigre que la dernière fois qu’il l’a vue. Et il s’en veut pour ça. Avec la guerre, il n’a plus le temps de passer la voir pour l’obliger par tous les moyens possibles et imaginables à avaler quelque chose. Décidément, ce conflit est la source de tous ses maux. Luca donnerait n’importe quoi pour remonter le temps et étouffer les premières flammèches de la guerre.

N’y pense plus, Luca. Sourit. Rappelle-toi que tu n’es qu’un imbécile heureux, collant et casse-pied. Et amoureux. Non, en fait, ça, oublie.

Il sourit, de son éternel sourire joyeux, rayonnant, presque enfantin. Il évite de trop la regarder pour rester concentré sur son objectif, à savoir faire bouger Louella de ce banc. Par réflexe, son regard s’attarde sur la seringue. Dieu qu’il déteste cet objet. Presque instinctivement, il l’attrape d’un geste rapide, et sans prendre la peine de l’observer de plus près, le balance dans les buissons les plus proches. Une bonne chose de faite.
Puis, il ose enfin poser son regard le visage de Lou. Sans rougir, il s’est suffisamment entraîné pour ça. Le sourire toujours collé à ses lèvres, il rompt enfin le silence :

« Lou… Belle soirée, n’est-ce pas ? Mais tu ne crois pas que tu serais mieux chez toi plutôt qu’en plein milieu d’un quartier ennemi, assise sur ton canapé au lieu d’être affalée sur ce vieux banc, avec une bonne tasse de chocolat chaud à la place d’une seringue dans la main ? »

Il s’est légèrement laissé emporter par ses sentiments. Il n’avait pas l’intention de prendre ce ton à la fois ironique, plaintif et plein de reproche.

Ce n’est pas en l’engueulant que tu va réussit à quelque chose, Luca.

Alors il reprend, plus doucement :

« Il est tard, et les rues ne sont pas sûres. Allez, viens, je te ramène jusque chez toi… »

Et là, il hésite. Lui tendre la main, comme il le ferait naturellement avec n’importe quel ami, ou étouffer son geste naturel de peur d’essuyer un refus acerbe ?
La peur l’emporte. Il reste les bras ballants. Le cœur battant. Le sourire faux aux lèvres. Et les yeux dépourvu de leur lueur malicieuse habituelle, mornes, presque tristes.
Cherchez l’erreur.




War, children, it's just a shot away
I tell you love, it's just a kiss away.



Dernière édition par Luca Brunner le Dim 13 Nov - 21:19, édité 2 fois
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Louella R. Edelweiss
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Bloody Lane

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Love is War... [Louella] [Terminé] Vide
MessageSujet: Re: Love is War... [Louella] [Terminé] Love is War... [Louella] [Terminé] Icon_minitimeMer 1 Juin - 15:16

I'm shootin' out of this room
Because I sure don't like the company
Stop your preaching right there
'Cause I really don't care and I'll do it again

So get me out of my head
'Cause it's getting kinda cramped, you know
Coming ready or not, when the motor gets hot
We can do it again.

Milles effluves suaves flottaient autour de l’adolescente alors qu’elle se promenait dans ce parc gigantesque. Ces effluves lui inspiraient un semblant de bien-être, de quiétude. Mais c’était un sentiment fragile, qui ne pouvait chasser ses pensées. A quoi pensait-elle ? A bien des choses. Mais si elle était ici, c’était justement pour se vider la tête. Et c’était un endroit et une heure parfaite. Il n’y avait personne, juste les cris occasionnels d’oiseaux endormis. Il faisait sombre et elle était seule. Exactement ce qu’elle souhaitait. Sans savoir si la solitude était la bonne option, c’est ainsi qu’elle se sentait le mieux. Le plus en sécurité et le plus libre. Mais ne rien faire, l’ennui, était l’élan qui menait à la mélancolie. Et pourtant elle se promenait sans but précis. Incapable de dormir. Anxieuse d’être cloîtrée chez elle. Désireuse de se plonger dans une illusion éphémère dans laquelle elle oublierait qu’elle ne pouvait manger normalement, qu’elle ne pouvait vivre normalement, qu’elle ne pouvait parfois même ne plus respirer aisément. C’est pourquoi, tout en sachant qu’une dose d’héroïne n’allait pas réellement la sortir d’affaire, elle ne s’en voulait pas de se sentir mieux, l’espace d’une soirée.

Elle continua a marcher dans ce qui était plus un jardin qu’un parc, observant diverses fleurs dans la pénombre de la nuit. Elle trouva enfin un banc, et décida de s’y installer. C’était un endroit parfait pour faire ce qu’elle s’apprêtait à faire. Puisqu’elle cherchait l’illusion, autant s’y abandonner dans un endroit aussi beau. Assise, protégée du vent nocturne par un pull plutôt large, elle laissa tomber sa tête en arrière et observa le ciel. Ici, les lumières de la ville ne gênaient pas la clarté blafarde des astres de les faire scintiller. Plongeant une main sous son pull, où elle avait protégé du mieux qu’elle le pouvait le tube fragile qui contenait la substance, elle tourna la seringue plusieurs fois entre ses doigts fins. Les injections, c’était très occasionnel pour elle. Elle n’en prenait que rarement. Elle n’avait probablement pas un corps qui puisse subir des injections quotidiennes et ne souhaitait de toute façon pas détruire ses veines. Elle en prenait quand les choses étaient plutôt bas. Quand elle broyait du noir, détestait les autres, ou se détestait elle-même… Mais ces jours ne se prévoyaient pas. Elle ne savait jamais à quoi s'attendre, si ce n'est qu'elle n'irait jamais vraiment bien. Elle soupira. Avec un mouchoir désinfectant qu’elle avait prévu, et qu’elle sortit de son paquet, elle nettoya le tout et pressa l’aiguille contre sa peau. Pendant un moment elle hésita. Mais comme à chaque fois, ses souvenirs, son présent, sa détresse : tout suffit à lui faire enfoncer l’aiguille dans sa peau, et à appuyer lentement sur le piston.

Doucement, elle écarta les bras et s’enfonça un peu plus sur le banc. Elle ferma un instant les yeux, laissant rouler la seringue sur sa paume. Si elle n’aurait pas été certaine d’être seule, elle en aurait disposé rapidement, préférant être la seule au courant de ce qu’il lui arrivait de faire, si ce n’était pour la visite encore une fois occasionnelle de Léthal qui venait partager ces choses avec elle. Son cœur lui semblait déjà battre avec moins de peine. Elle ne frissonnait plus en pensant au mal qu’elle avait fait subir à son corps, en cessant de manger par indifférence, culpabilité et peine. Au début, elle avait tenu les rênes de cette dégradation. Mais avant même qu’elle ne se rende compte de ce qui lui arrivait, les commandes avaient changées de main. Et c’était son anorexie qui décidait. Sous l’effet apaisant, Lou cessait de se voir, dans sa tête comme dans un miroir, pour quelqu’un qu’elle n’était pas - ce qui était autrement souvent le cas. Ou alors elle acceptait, simplement, de s’être fait voler son libre arbitre et son identité par un monstre invisible.

Elle ouvrit enfin les yeux et ses prunelles auburn examinèrent ce qui l’entourait avec plus de curiosité. Mais elle resta immobile. Et malgré le calme, elle n’entendit pas que quelqu’un s’approchait. Venir à l’Avenue of the Roses ne la dérangeait jamais. D’autant plus que ce quartier n’était pas, dans l’immédiat, un des quartiers qui opposait le sien. Cela ne justifiait pas sa présence, mais ça lui suffisait. Néanmoins, dans l’état où elle se trouvait, elle souhaitait sans aucun doute être seule. Elle avait prévu de partir, dans trois heures peut-être, et de filer sans que personne ne la voit. Sans vraiment se soucier de ce qui pouvait bien se passer si quelque chose lui arrivait.

Un mouvement au coin des yeux.
Elle cilla, la bouche légèrement entrouverte, alors qu’un être irréel passait prêt d’elle. Mais cet être fit le tour du banc pour se poster devant elle et elle reconnut sans aucune difficulté les traits familiers d’un être bien réel qu’elle voyait régulièrement, bien qu’un peu moins récemment. Elle ne sut quoi dire. A vrai dire, sa gorge était entièrement bloquée. L’imaginait-elle ? Impossible, même si cela aurait été bien plus gérable. Elle se contenta de fixer son regard fuyant, et son cœur flancha lorsque ce dernier lui sourit. Pourtant, alors qu’il se saisissait de la seringue pour la jeter dans les buissons les plus proches, il ne pouvait que la détester, être dégoûté par elle. Voir voler en flambeau le soupçon de respect que Lou avait maladroitement sut imposer. Et elle fut triste de savoir qu’il pouvait la détester, mais plus que ça encore, au lieu de le voir agir comme il le ferait pour un animal blessé pour lequel il ressentirait de la pitié, elle voulait qu’il parte et la laisse seule. Elle ne voulait pas voir dans ses yeux le même regard dégoûté que son père avait sut lui lancer, sans même encore qu’elle n’ait appris l’existence de la drogue. Enfin elle croisa son regard, et elle écouta silencieusement ses paroles. Un demi sourire amusé illumina vaguement son visage. Ses yeux étaient brillants. Une sensation chaleureuse d’engourdissement et d’étourdissement s’emparait de son être.

Avec une mine presque enfantine, mais surtout défiante, elle copia son ton ironique.

    - Ce ne serait pas aussi excitant, n’est-ce pas, Luca ?

Elle sembla amusée par sa propre remarque. Mais si les effets de la drogue pouvaient la rendre sarcastique, elle savait également qu’ils pouvaient la rendre encore plus insolente.

Rentrer chez elle ? Elle le fixa un moment. Elle ne souriait plus. Mais lui non plus. Et elle voyait bien, malgré la pénombre, que les yeux de son compagnon semblaient plutôt ternes. Alors il la détestait vraiment ? Dans ce cas, ce n’était pas la peine de rester là pour l’aider. Elle pouvait très bien se débrouiller seule ! Et elle ne manqua pas de le lui dire.

    - Pas besoin de faire la baby-sitter.

D’un geste vif, elle quitta le banc, se redressant. Son geste fut si rapide, et son état si peu réactif, qu’elle du attendre que le vertige passe et que les points noirs s’effacent de devant ses yeux. C’est-à-dire quelques secondes. Puis elle se tourna vers Luca.

    - Je me débrouille très bien seule.

Sa voix était assez rêche, mais pas méchante non plus. Bien qu’elle avait apprit a apprécier la présence de l’adolescent, elle ne supportait pas l’idée qu’elle puisse le dégoûter. Sentiments complexes d’une jeune fille un peu trop imaginative. Néanmoins, en butant sur une autre phrase qui ne vint pas, elle se hâta de tourner le dos et de s’enfoncer dans des fleurs qu’elle ne prit même pas le temps de reconnaître. Un parc ne pouvait être aussi dangereux que des rues. Ainsi Luca se trompait sûrement. Sauf qu’elle ne connaissait pas les lieux plus que ça, et c’est vers la ville qu’elle se dirigeait inconsciemment. Un vague sourire se dessinait sur ses lèvres rosées. Elle se sentait perchée, enfermée dans une bulle où personne ne pouvait la toucher. Alors elle marchait elle ne savait où, là ou cette grosse impression de vide ne la mangerait plus, là ou elle pourrait dormir la nuit sans se faire réveiller par de sensations semblables à des cauchemars éveillés. Là où elle ne se lèverait plus le matin, épuisée déjà par sa nuit, et simplement désireuse de se remettre sous sa couette pour y rester allongée. Sans dormir. Sans rien. Juste une respiration. Des battements de cœur. Et si possible le silence. Sauf qu’elle devait travailler. Et les jours où elle se sentait bien, elle partait faire du piano pendant son temps libre, ce qui était un bon moyen pour lui occuper l’esprit et les mains. Et les jours où elle allait encore plus mal… vous pouvez vous en douter. Aujourd’hui était un jour tel que ceux là.

Elle pouvait se débrouiller seule ? Cela devait être une chose comique à entendre de la bouche d’une gamine qui venait de s’enfoncer une aiguille dans la veine, et dont la corpulence était si fragile qu’elle semblait prête à se briser. Simplement, Lou avait un caractère, des yeux et une langue déliée, qui défiaient bien la réalité, et qui contredisaient efficacement ceux qui pourraient avoir de telles pensées. Elle ne se sentait pas en danger. Qu’elle soit entrain de nourrir une illusion envers elle-même, ou qu’elle soit réellement assez forte pour se défendre psychologiquement et physiquement, elle ne le savait pas. Elle avait sa plume pour se défendre. Elle avait ses mots pour répliquer. Son moral, elle n’en été pas si assurée. Mais elle n’en avait pas besoin ; sa fierté suffisait.

Ses pupilles, bien qu’il fasse nuit, s’étaient rétrécies.
Luca était à la fois omniprésent et absent. Elle quittait la réalité, mais l’image de son compagnon hantait encore son esprit. Elle hésita entre faire demi tour, ou accélérer le pas. Devrait-elle l’inviter à se promener avec elle ? Devait-elle fuir ? Le sauver lui, d’une amitié qui lui serait sans aucun doute inutile ? Ou peut-être même, le libérer d’un piètre embarra ?

A vrai dire, elle ne savait pas. Elle ne savait rien. Et si elle mourrait d’envie de savoir s’il la suivait, elle voulait aussi tenter d’oublier. Oublier ce monde. Ces visages. Ces mots et ces regards. Pas parce qu’elle était faible. Parce qu’elle était épuisée.
Tellement épuisée.


Until we find our way
In the dark and out of harm
You can run away with me
Anytime you want

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Luca Brunner
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Love is War... [Louella] [Terminé] Vide
MessageSujet: Re: Love is War... [Louella] [Terminé] Love is War... [Louella] [Terminé] Icon_minitimeVen 10 Juin - 23:26


Dirty fingers on her hands.
Doing stuff that she can't stand.
Opening doors don't want to see.
And closing one she wanna be.
Broken wings by the real world.
Princess diving on her own.




- Pas besoin de faire la baby-sitter.

La réplique fuse, sèche, cinglante. Luca n'en attendait pas moins. Ce n'est jamais très agréable de se faire repousser ainsi, et pourtant il en est presque rassuré. Cela prouve que Louella est toujours elle-même, que la drogue ne l'a pas transformé en pseudo-zombie apathique. Qu'elle est encore assez lucide pour lui répondre de façon fort cohérente, et même assez énergique pour se lever... Ou pas.
Elle vacille. Luca tend le bras, prêt à la rattraper au cas où elle s'écroule. Au cas où ses jambes trop maigres se dérobent sous elle. Au cas où son corps malmené lui fasse finalement défaut.
Une seconde passe. Deux. Trois. Quatre.
Quatre secondes durant lesquelles il hésite à la prendre par le bras pour la soutenir. Mais là encore, il se dérobe. Il baisse la main une seconde à peine avant que la jeune fille ne se retourne vers lui, une lueur de défiance dans le regard.

Sa phrase donne envie à Luca d'éclater nerveusement de rire. Elle se débrouille très bien seule.
En un sens, oui.
Elle se débrouille étonnamment bien au vu de ses multiples problèmes. Elle subsiste malgré sa maladie qui pompe peu à peu ses forces, malgré les substances qu'elle s'injecte peut-être régulièrement. A sa place, beaucoup seraient dans un état bien pire. Alors oui, elle se débrouille bien. Pour l'instant.
Mais Luca pense qu'elle ne fait que retarder l'échéance. Peu importe à quel point elle soit têtue, peu importe à quel point elle tente de faire bonne figure, tant que la maladie sera là, elle dépérira, jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus faire semblant d'aller bien. Et à ce moment, il sera sûrement trop tard. Inutile de préciser que la drogue ne fera sûrement qu'accélérer le processus. Parfois, il se demande si c'est lui qui est en train de tourner pessimiste. Ou si les sombres scénarios qui s'imposent à lui sont bien réels. Et pour une fois, il voudrait tellement se tromper.

Il se rend compte qu'il ne sait pas grand chose sur la drogue et toutes ces substances illicites qui pullulent dans l'île depuis quelque mois. Tout fouineur qu'il est, il n'a pas eu le courage de mettre son nez dans ces histoires. Par peur de tomber sur des choses trop horrible, des choses qui anéantiraient définitivement ses idéaux d'île en paix, d'île refuge et non prison.
Alors qu'il s'engage à la suite de Louella, il se traite mentalement de peureux, de trouillard, de lâche et de tous les autres synonymes qu'il peut trouver.
Si il avait eu un peu plus de courage, il se serait opposé à Adieu au lieu de jouer le parti neutre et de coopérer autant avec un côté qu'avec l'autre. Et il se serait plongé dans les sales histoires de l'île au lieu de faire la chasse aux petits secrets inutiles. Ça n'aurait sûrement pas fait grand chose. En fait, ça n'aurait rien fait du tout. Luca est encore assez lucide pour savoir que l'action d'un seul individu comme lui n'aurait pas pu changer le cours de l'Histoire d'Esplumoir. Ça lui aurait juste épargné tous ces regrets, aurait diminué ses angoisses et cette vague culpabilité qui lui pesait quotidiennement.

Perdu dans ses pensées, il réalise qu'il s'est éloigné de Louella. Elle continue à avancer dans le noir, le pas apparemment assuré, sans se soucier visiblement de savoir si le garçon l'avait suivie ou pas.
Au moins, elle a bougé du banc. Ne reste plus qu'à la suivre jusqu'à Bloody Lane sans paraître trop envahissant. Jouer l'ombre protectrice. Dit comme ça, ça peut paraître classe, mais concrètement, Luca ne sait pas ce qu'il pourrait faire si elle était surprise dans un quartier adverse. Contre une bande d'adolescent désireux d'en découdre, pas grand chose, assurément.
Et dans son état, il doute qu'elle parvienne à faire preuve d'assez de discrétion pour traverser AotR sans que cela ne finisse en course poursuite.
Pourtant, au vu de la direction qu'elle prend, c'est ce qu'elle a l'intention de faire. Elle marche droit vers le quartier. Dans le noir, il a mal apprécié les distances, et tous les deux sont maintenant proches des premières habitations. Mauvais.

Il la rattrape rapidement, arrive à sa hauteur. Si elle a notifié sa présence, elle le cache remarquablement bien. Dans le doute, il se place devant elle, lui coupant la route.
Il la fixe pendant quelques secondes, pensif, avec une expression proche de la nostalgie sur son visage. Il essaye d'imaginer ce que serait une Louella sans cette maigreur chronique. Sans ces yeux dans le vague, sans cet air vaguement renfrogné. Une Louella à la corpulence normale, au visage plus rond, au lèvres moins exsangue déformées en un sourire sincèrement joyeux. Une Louella vraiment, totalement heureuse. L'image se forme dans son esprit, quelques dixièmes de secondes à peine, avant de s'évanouir dans les méandres de son cerveau. La Louella réelle n'est pas moins belle que la virtuelle. Luca se souvient que au début, c'était ce corps fragile associé à cette personnalité volcanique qui l'avait fasciné. Désormais, il ne serait même plus capable de dire ce qui retient son cœur. Tout. Rien. Louella, tout simplement.

Momentanément troublé, il tente de se reprendre. Que voulait-il lui dire, déjà?
Ah, oui...

- Tu te diriges droit vers Avenue of the Roses, Lou. Je viens de traverser la quartier, et je peux t'assurer que c'est infesté de patrouilles qui n'attendent que des intrus. Il serait plus prudent de faire un détour par Hope District.

Luca est pratiquement sûr qu'elle ne connaît pas bien les environs. Accepter sa proposition revient à accepter son aide. Là est tout le problème. Il prie pour qu'elle mette de coté sa fierté, pour une fois.
Passer par le quartier administratif -et donc neutre- n'est pas non plus sans danger. Certains gamins parmi les plus hargneux y rôdent et tentent d'effrayer les passants et de les pousser à dépasser les limites de leur quartier, afin de pouvoir se défouler en toute "légalité". D'autres ne s’embarrassent même pas de ces maigres principes, et attaquent sans arrière-pensées. Mais globalement, le pourcentage de faire des mauvaises rencontres est réduit.
Plus il y réfléchit, plus il se convainc qu'il ne peut pas laisser Lou rentrer seule. Si il lui arrivait quelque chose, il ne se le pardonnerait pas.
Bien sûr, il garde ses réflexions pour lui, de peur que ça ne repousse encore plus la jeune fille.
Une partie de lui meurt d'envie de lui demander de but en blanc : "Pourquoi refuses-tu toute aide? Pourquoi ne me fais-tu pas confiance, moi qui me tue à vouloir te protéger?". Souvent, il a un sourire amer et ironique en pensant à cet amour fou mais non partagé. C'est tellement cliché, tellement proche de ces histoires improbables et torturées des mauvais feuilletons, ces histoires dont il avait ri. Ridicules. C'est ainsi qu'il les avait longtemps qualifié. Ridicule. Le mot convient vraiment bien. Il se sent tout simplement ridicule dans son rôle d'amoureux transi.
Mais il retient ce sourire amer qui lui brûle les lèvres et répète calmement ses arguments.

- Ce ne sera pas beaucoup plus long, mais beaucoup plus sûr, Lou. Tu n'as qu'à me suivre, c'est par là.

Il indique du doigt la direction opposée à celle vers laquelle la jeune fille se dirigeait.
Priant pour qu'elle ne fasse pas d'histoire.
Accepte, Lou, s'il te plaît. Accepte.
Lui aussi est fatigué, d'une certaine manière. Fatigué de devoir toujours lutter avec elle alors qu'il rêve d'une amitié simple mais sereine. Sans espérer quoi que ce soit de plus.
Mais il n'a as l'intention d'abandonner. Fais preuve d'un peu de courage pour une fois. Ne lâche pas juste pour éviter le conflit.
Pas quand l'enjeu est si important.




Say goodbye to angel dust.
The only angel that you trust...





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Louella R. Edelweiss
Louella R. Edelweiss

Bloody Lane

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Love is War... [Louella] [Terminé] Vide
MessageSujet: Re: Love is War... [Louella] [Terminé] Love is War... [Louella] [Terminé] Icon_minitimeDim 19 Juin - 1:25

I know you've suffered but I don't want you to hide
It's cold and loveless, I won't let you be denied



Il se planta devant elle. Et elle se laissa être gamine, pendant un moment périlleux, s’imaginant qu’il la prendrait dans ses bras et s’envolerait loin d’ici. Et elle déplierait ses ailes déplumées, sachant pertinemment qu’il ne la lâcherait pas. Peut-être même effleureraient-ils les étoiles dans ce ciel si haut. Dans ce firmament inaccessible dont elle avait rêvé appartenir étant enfant, mais que de sombres nuages avaient un jour masqué. Pour qu’elle chute. Qu’elle heurte les éclairs que ses parents avaient crachés, et qu’elle s’écrase sur le bitume glacé.

Mais un sourire amer s’accidenta sur ses lèvres. Elle se laissa plonger dans les yeux de son compagnon, et s’imagina y trouver des trésors. Rêvant de passer à travers ce voile mélancolique comme si elle traversait un film maigre d’eau, saupoudré de poussière d’astres étincelants, et que dans ce sanctuaire, elle puisse se permettre d’agripper les émotions les plus vives. La passion, l’être torturé, l’affection, l’être malmené. D’y trouver ce qu’elle n’avait jamais trouvé auparavant. Mais elle n’était pas naïve. Elle ne parvenait pas à traverser ce voile, à voir à travers ces pupilles aux éclats apaisés par la nuit. Elle ne parvenait pas à faire confiance. A comprendre que, quelqu’un, n’importe qui dans ce monde, était capable d’être honnête avec elle. De l’aimer pour ce qu’elle était. De l’accepter. Sans forcément donner. Mais être là, et la rassurer. Or les paroles sont des preuves bien creuses. Et les actes sont souvent douteux. Il est difficile de faire confiance. Le monde est un vaste champ, et les loups y rôdent. Et les chiens se font fidèles jusqu’à ce qu’il rejoignent la meute. Rien n’y est stable ; le vent y souffle et y tempête, et les éclairs enflamment parfois la prairie, et alors tout y panique. Et Lou y marche, son cœur un musicien malade, faisant résonner les tambours, et son esprit un dictateur maladroit.

Elle écoute. Luca parle. Sa voix est belle, mais les mots semblent sans importance. Sa tête est vague. Elle pense encore aux astres flamboyants, aux envolés dans le ciel éternel. Elle pense encore à ces choses qui se meurent dans la réalité. Qui se flétrissent comme des roses fanées. Elle pense petit à petit à ce dégoût qui a tout remplacé. A ce sentiment de haine enflammé ; ces flammes qui crépitent en elle, brûlantes, glacées.
Elle pense à ce visage.
Et elle tend la main presque tendrement.
Ses doigts frôlent les traits gracieux, un peu fatigués, du visage familier qui lui fait face. Qu’elle est douce cette familiarité. L’esprit et le corps léger, elle se penche vers lui, et pose sa tête contre son torse. Sa taille le lui permet. Elle ferme les yeux. La mélodie de son cœur continue, et l’héroïne en sauve le rythme, qui reste calme. Elle est funambule. Elle se tient les pieds nus sur un fil. Elle tend les bras et chavire comme un navire qui devient épave. Mais elle est encore là, elle se tient en balance. Elle ne sombre pas dans le vide.

I simply got to march
My heart’s a drummer


- Pourquoi tant de haine ? Souffla-t-elle. Elle faisait allusion aux patrouilles. Aux ennemis. Mais aussi à ses démons qui la pourchassaient. Elle n’avait pas relevé la tête, mais la gardait toujours posée sur le torse de Luca, où elle pouvait sentir parfaitement son odeur. Elle aurait put rester là longtemps. Les pensées floues, la tête légère, des illusions fantomatiques devant les yeux. Mais un frisson parcourut son dos, traçant d’un doigt glacé la ligne de sa colonne vertébrale. Elle leva la tête, et fit un pas en arrière. Ses mains, hésitantes, vinrent se placer sur ses propres bras, et ainsi elle se replia sur elle-même. Ses yeux virevoltèrent de fleur en fleur, tels des papillons fugaces, des souvenirs de rêves sous leurs ailes dont ils étaient peureux.
Se cacher. Même loin de son ancien monde, sur cette île, elle se devait de se dissimuler pour vivre avec un soupçon de bonheur. Etait-ce cela qu’il lui disait ? Elle ferma les yeux et laissa la brise nocturne caresser son visage. Inspirant profondément. Etait-ce cela qu’elle devait faire ? Elle ne le voulait pas. Depuis longtemps déjà cachait-elle bien des choses. Depuis longtemps déjà portait-elle des pulls sur sa taille trop fine, et s’injectait-elle des substances pour feigner son bonheur. Et qu’il était dur de faire semblant d’aller bien… Dur de comprendre qu’on était malheureux et qu’on ne pouvait rien y faire. Sourire. Vivre. Et trouver une raison d’être. C’est pour cette raison que Lou aimait constamment s’occuper. Chanter, danser, jouer du piano, dessiner parfois ; tout était une bonne excuse. Elle ne pouvait changer de pièce dans son appartement sans faire un pas digne d’un amateur de danse, et ne pouvait prendre une douche sans murmurer une chanson. Sauf que la plupart du temps, elle ne se retenait pas.

Mais se cacher ?
D’une mine boudeuse, elle releva enfin les yeux vers son compagnon, et déplia un bras pour venir lui prendre la main.

- Pourquoi fuir ? Personne ne nous verra.

Elle contourna Luca, ne lâchant pas sa main dans un espoir de le faire tourbillonner. Puis elle s’élança, l’entrainant avec elle, mais un peu de résistance fit que sa main glissa de la sienne.

- Dépêche-toi !

Un sourire timide illumina son visage en cet instant. Elle se sentait capable de tout, vraiment. Le monde s’ouvrait enfin à elle, et elle pouvait tenir ses dangers dans le creux de ses mains, sentir les chatouilles et les frissons que cela lui procurait. Un peu d’adrénaline dans ce moment étrange de confiance fragile. Elle ne croyait pas plus en elle, mais se laissait s’évader un peu plus dans l’irrationnel. Alors elle continua, faisant un signe de main à son compagnon avant de s’enfoncer une fois de plus dans la flore abondante. Elle ne fit qu’une brève pause en se retrouvant aux limites du jardin et des habitations. Comment osait-on lui interdire le passage, lui faisant faire un tour monstrueux pour regagner sa maison ?! Non ! Elle s’envola, ses longs cheveux virevoltant derrière elle alors qu’elle se glissait dans la première ruelle. Des lampadaires graciaient encore le quartier de leur claire lumière, près desquels de nombreux insectes venaient se réchauffer. Elle observa la rue sur laquelle devait sa ruelle. Deux silhouettes se dessinaient, assez loin sur le trottoir adverse. Se collant contre le mur qui l’abritait, elle jeta un regard en arrière, plaçant un doigt contre ses lèvres avant même de savoir si Luca était bel et bien là. Elle aurait presque cru que le sang avait accéléré dans ses veines. Elle était vive et molle en même temps, une sensation trompeuse, et pourtant délicieuse. Elle voulait voler. La drogue le lui permettait. Ah, Luca, de qui étais-tu tombé amoureux ? D’une adolescente encore un peu trop jeune qui ne pouvait rêver seule. Dont l’imagination débordante nécessitait une machinerie digne d’un handicapé qui ne pouvait plus marcher. Ou alors d’un élan de magie, qui permettrait au plus triste des oiseaux de voler. Et de ne pas vivre une nuit éternelle, nocturne comme un œuf, fourbe comme un cœur, fatal comme les astres. En effet, c’était une enfant dont les rêves devaient être opérés. Et dont le bonheur devait être prescrit.

Elle est la funambule maladroite. Elle se tient les pieds nus sur un fil. Elle est l’épave qui brave la tempête, et de sa masse énorme défit les vagues attaquantes. Elle est l’oiseau déplumé qui casse la coquille. Elle avance. Son cœur toujours le même tambour.
Et elle file. Evitant de justesse la lumière des lampadaires.
Ne me laisse pas tomber.
Mais si je bascule, cap de sauter avec moi ?


When you’re gone, how can I even hope to go on ?

Can I believe
When I don't trust
All your theories turn to dust
I choose to hide
From the All Seeing Eye

Destroy this city of delusion
Break these walls down
I will avenge
And justify my reasons


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Luca Brunner
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Love is War... [Louella] [Terminé] Vide
MessageSujet: Re: Love is War... [Louella] [Terminé] Love is War... [Louella] [Terminé] Icon_minitimeLun 4 Juil - 17:50



Take another walk out of your fake world
Please put all the drugs out of your hand
You'll see that you can breath without not back up
Some much stuff you got to understand...



Il ne l'a pas venu venir. Mais alors pas du tout. Il attendait, anxieux, tendu, il attendait une réponse qu'il pressentait déjà négative, mais il espérait malgré tout. "Oui". Rien d'autre que ce petit mot, trois pauvres lettres, était-ce trop demander?
Et puis il y avait eu cette main fine qui avait effleuré sa joue, légère, à peine plus palpable qu'un courant d'air. Presque irréelle, telle un rêve.

Et maintenant, il ose à peine respirer. Un rêve. Oui, le mot convient tout à fait. C'est tellement improbable, que cela peut-il être d'autre?
Et pourtant le poids de son front contre son torse est bien réel. Tout comme les battements erratiques de son cœur, tellement désordonnés qu'il a l'impression d'avoir un oiseau emprisonné dans la poitrine, tellement forts qu'on doit les entendre à des kilomètres à la ronde, songe-t-il.
Elle ne se rend pas compte. Évidemment. Elle ne réalise pas ce que ce simple geste spontané et amical lui retourne le cœur, lui noue l'estomac, et fait trembler ses mains. Car même si il est terriblement lucide, même si il sait pertinemment qu'elle n'éprouve rien d'autre pour lui qu'une affection distante, il ne peut empêcher cette petite flamme d'espoir de s'allumer dans sa poitrine. Flamme qui atteint son visage désormais brûlant sous l'effet de de la gêne. Il se réjouit que Lou ait la tête baissée, qu'elle ne voie pas le trouble qu'il n'a pas réussi, cette fois, à réprimer. Elle se serait moqué ou aurait pris peur. Et dans les deux cas, leur relation hasardeuse se serait écroulée comme un château de carte. Ce château qu'il avait mis tant de temps à construire... Non, il ne le permettrait pas.

- Pourquoi tant de haine ?

Et pourquoi tant d'amour?
Ses convictions vacillent, sa volonté s'effrite. Elle a l'air tellement vulnérable, tellement perdue. Rien qu'une gamine blessée et paumée. Il a envie de refermer ses bras autour de ses épaules chétives, de la serrer contre lui, pour protéger sa fragile silhouette de son corps. Il a envie d'être protecteur et ridiculement romantique, de lui caresser les cheveux en murmurant à son oreille qu'il sera toujours là pour elle, qu'elle pourra toujours poser sa tête contre sa poitrine et écouter ce cœur qui ne bat plus que grâce à elle.
Mais il y a toujours cette peur d'être repoussé. Elle est tellement imprévisible, Lou. Il tente de suivre ses pas à l'aveuglette, vacille parfois, trébuche souvent, et craint plus que tout de tomber, de s'écraser sur le sol sans pouvoir se relever, et la regarder s'enfoncer dans l'obscurité, impuissant.
Il hésite, lève une main incertaine vers son visage, s'arrête à quelques centimètres, repart en arrière, finit par oser effleurer ses mèches rebelles, quelques instants à peine. Il se sent ridicule. Il l'est sûrement. Autant d'amour non partagé ne peut que rendre fou, stupide dans le meilleur des cas. Autant d'amour peut faire peur. Et si elle s'en rendait compte et était effrayée par ce sentiment qui le consume?

Comme si elle avait perçu la pensée, elle se recule, se replie sur elle-même, ferme les yeux. Elle paraît de nouveau lointaine, inaccessible, et Luca se prend à vouloir encore sentir sa joue contre son torse. S'en veut de ne pas avoir saisi l'occasion pour... pour faire quoi, il ne le sait pas exactement. Et les hypothèses s’échafaudent dans son esprit fiévreux. Si elle lui donnait une autre chance, la saisirait-il? Oserait-il la prendre dans ses bras, lui offrir un refuge, une protection, et lui ouvrir son cœur? Lui qui a toujours été lâche, qui a toujours évité les confrontations et s'est toujours arrangé pour être aveugle à une vérité qui le dérangerait, il n'ose pas répondre à la question. Ou peut-être y répond-il involontairement en s'esquivant ainsi. Peut-être cela révèle-t-il tout simplement que Luca Brunner prendra toujours la fuite face à un choix, même un de cette importance?

Elle relève la tête, le tire du débat intérieur hasardeux dans lequel il était en train de s'empêtrer. Sa main fine vient s'enrouler cette fois autour de celle de Luca, et il a bien du mal à rester impassible. Le fait qu'elle se permette tous ces gestes amicaux mais qu'un observateur extérieur pourrait interpréter de façon ambigüe montre à quel point l'idée qu'il puisse avoir entre eux plus qu'une amitié ne l'a même pas effleuré. Ces simples gestes, innocents, spontanés, il les aime et les déteste. Ils sont aussi doux que cruels, de même que le pauvre espoir qu'ils avivent. Il se trouve pathétique de ne pas étouffer totalement cet espoir avant qu'il ne prenne trop d'ampleur, avant qu'il ne se transforme en jalousie ou frustration et ne le blesse. Mais l'espoir fait vivre, et jamais un proverbe n'a été si vrai. Sans ce fragile espoir qui survit malgré l'écrasante lucidité dont il fait preuve en parallèle, il aurait sûrement baissé les bras, abandonné Lou, arrêté de côtoyer celle qu'il aime pour ne pas mettre du sel sur ses plaies.

- Pourquoi fuir ? Personne ne nous verra.

C'est là que tu te trompes, Lou. Comment deux adolescents confus et hagards pourraient-ils échapper à toute cette haine déployée contre eux, à toute cette violence qui n'attend qu'une victime pour se déchaîner? Oh, bien sûr qu'il aimerait se faufiler habilement dans les rues, tromper l'ennemi, se jouer de lui et en rire après. Bien sûr qu'il aimerait faire ça avec toi, Lou, en tant que complice, et savourer ensuite le lien unique que cette aventure aurait créé. Bien sûr qu'il aimerait, si ce n'était qu'un jeu où la défaite serait sans conséquence. Mais leurs armes sont bien réelles, leur rancœur aussi, et le jeu est bien trop dangereux pour eux. Retiens-là, Luca.

Mais déjà sa main glisse de la sienne par accident, et à peine a-t-il le temps d'entendre "Dépêche-toi !" qu'elle s'est déjà éloigné, un sourire aux lèvres. Elle court, elle vole, déjà loin, et il voit à peine ses signes de main, trop en colère contre lui-même, trop énervé par cette constatation : il a laissé Lou lui échapper, une fois de plus. Il a l'impression de gâcher toutes les chances qui s'offrent à lui. Quand vas-tu la retenir, quand vas-tu la sauver, vraiment?

Une hésitation, avant qu'il ne se lance à sa poursuite. Quelques secondes de doute. Luca ne ferait jamais rien d'aussi imprudent que de se jeter à nouveau la tête la première dans un piège auquel il vient tout juste de réchapper. L'ancien Luca, celui que tout le monde apprécie de loin sans vraiment le connaître, celui qui se lie d'une amitié superficielle avec tout ceux qu'ils croise, ce Luca n'aurait pas pris ce risque, même pour un de ses nombreux "amis". Est-ce l'ancien Luca qui est lâche ou le nouveau inconscient?
Un peu des deux, sûrement, songe-t-il en se glissant à son tour dans la ruelle.
Lou est là, le regard brillant, un doigt délicat posé sur ses lèvres. C'est à peine si il note la présence des deux silhouettes ennemies un peu plus loin. Il fonce droit sur la jeune fille, attrape avec douceur et fermeté son poignet fin, l'attire vers lui pour l'éloigner de la lumière trop crue, agressive des lampadaires blafards. C'est ta dernière chance, Luca. Retiens-la, cette fois.

Ils sont de nouveaux dans l'ombre d'une façade, mais les silhouettes semblent plus proches, plus menaçante. Illusion d'optique, ou se sont-elle rapprochées? Quelle importance, au fond. Si il ne la convainc pas, que les ennemis soient à dix ou cinq mètres ne changera pas grand chose au résultat.
Le ventre noué, le cœur au bord de l'implosion sous l'effet de tant de sentiments entremêlés, il se penche vers elle pour lui murmurer à l'oreille :

- Pas ce soir, Lou. Un jour, on ne sera plus obligé de se cacher. Quand la guerre sera finie, on aura plus à fuir, on ira où tu voudras, quand tu voudras, Lou. On traversera le quartier en cachette autant de fois que tu voudras et on leur rira au nez, à ceux qui nous menacent aujourd’hui! Mais pas ce soir. Ce n'est pas en jouant avec le feu que tu arriveras à trouver ce qui te manque. Et tu n'accordes peut-être aucune importance à ce qui pourrais t'arriver, mais moi si.


For every street of any scene, Any place you've never been, I'll be your guide...


Les mots coulent tout seul, comme trop longtemps retenu, mais brusquement, la source se tarit. Et sa voix s'étrangle, ce dernier aveux lui a coûté. Et seulement il se rend compte qu'il très fort la main de Lou, trop fort, comme s'il voulait inconsciemment imprimer sa marque dans sa peau. Et seulement il se rend compte qu'il a posé son autre main son épaule maigre et qu'ils sont presque enlacés, comme ça, contre le mur. Et tout à coup, il a peur, peur qu'elle ait senti dans sa voix ces sentiments qu'il s'emploie si bien à cacher depuis des semaines, peur qu'elle réalise à quel point ce "on" est agréable à prononcer. Il se recule brusquement, comme s'il s'était brûlé. Et il aimerait pouvoir plonger dans les yeux de Lou, pouvoir soutenir son regard, mais il craint trop qu'elle n'en profite pour lire en lui.
Et il glisse un regard vers les ombres adverses. Elles ne semblent pas encore appartenir au même monde que celui dans lequel ils évolue. La nuit est toujours calme, silencieuse, enivrante.
Il sourit de nouveau, sans amertume mais le regard fuyant.
Lou peut briser la fine barrière qui sépare leur monde de quiétude pour pénétrer dans celui de violence institué par ces enfants-guerriers, à tout moment. Et il la suivra, quoi qu'il arrive. Si il ne peut l'empêcher de se détruire, alors il chutera avec elle.

Tu seras ma perte, Lou. Et si nous devons basculer ensemble, alors ce sera la plus belle chute dont j'aurais pu rêver. Et qui sait si pendant que nous tomberons, nous n'arriverons pas enfin à déployer nos ailes pour nous envoler loin de cette réalité trop dure?


You know there's still a place for people like us
The same blood runs in every hand
You see its not the wings that makes the angel
Just have to move the bats out of your head.


Spoiler:
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Louella R. Edelweiss
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Bloody Lane

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Love is War... [Louella] [Terminé] Vide
MessageSujet: Re: Love is War... [Louella] [Terminé] Love is War... [Louella] [Terminé] Icon_minitimeDim 10 Juil - 1:12

M u s i c

« You can't kick me down I'm already on the ground,
No you can't, but you couldn't catch me anyhow,
Blue skies, but the sun isn't coming out, no,
Today is like I'm under a heavy cloud.

I just wanna scream and lose control,
Throw my hands up and let it go,
Forget about everything and run away,
I just wanna fall and lose myself,
Laughing so hard it hurts like hell,
Forget about everything and run away. »



Il fait chaud. Et il fait froid. Elle a l’impression d’étouffer, et pourtant ses doigts sont presque gelés. Ce qui ne devrait pas être le cas, en une si jolie nuit d’été. Elle contemple ses mains, et elle est tellement prise par cette température, par ses pensées étrangement floues, qu’elle ressemble à une fillette rêveuse, peut-être planifiant un futur pour ces paumes. Quelles grandes œuvres d’arts, quels morceaux de piano pourraient-elles faire ? Quelles conneries … ? Un frisson s’empare d’elle, mais face à l’effet de la drogue, il n’est semblable qu’à l’effleurement délicat d’une plume. Ephémère, imperceptible. Une fois encore, elle range ses mains près de son corps. Mais avant qu’elle ne termine son geste, des doigts se referment autour de son poignet. Luca, à qui elle venait de faire signe, l’avait rejoint, et l’attirait vers la pénombre que leur offrait l’étroitesse de la ruelle. Elle se sentit propulsée vers lui, prise dans son emprise. Elle retint sa respiration un instant, osant à peine bouger de sa nouvelle position. Ce fut le souffle de son camarade qui lui rappela qu’il fallait inspirer, et qui guida le flot d’air jusqu’à ses poumons. Il avait donc décidé de la suivre. Lou en était heureuse. Elle avait quelqu’un avec qui partager l’instant. La grande escapade, la traversée de ce labyrinthe intrigant, l’intrépide aventure. Elle avait quelqu’un pour l’accompagner dans ce qui semblait être un monde nouveau. Plus flou, plus étrange, plus irréel. Plus amusant. Plus rassurant. Et pourtant pas suffisamment pour qu’elle s’y plonge sans une main dans la sienne. Mais la façon donc Luca la retenait l’inquiétait. Elle s’était bien permis de lui prendre la main, de coller sa joue contre son torse. Elle se permettait bien des choses. Mais là, elle ne contrôlait rien. Et elle comprenait encore moins. Pourquoi la retenait-il ainsi ? Voulait-il toujours faire marche arrière ? Allait-il la forcer ? Non ! S’il était venu jusqu’ici, pourquoi n’allait-il pas jusqu’au bout de l’aventure ? Elle ne voulait pas faire marche arrière. Avancer. Toujours avancer, la tête haute. Elle se l’était promis, de bien nombreuses fois. Continuer, toujours aller plus loin. Vivre, de manière convaincante. Et découvrir ce que cette vie pouvait bien valoir.

Chuchotements. Elle qui commençait à s’agiter se figea. Les mots coulèrent tous, les uns après les autres. Nombreux. Déterminés. Troublants. Et elle sentit les doigts se refermer un peu plus fermement sur son poignet. Venir s’y marquer sur sa peau. Ses yeux vastes et inquisiteurs cherchèrent ostensiblement les yeux de son interlocuteur. Sa voix semblait coincée au fond de sa gorge ; elle ne savait quoi dire. Si dans son état, elle avait réussit à ne pas comprendre le sens exacte de chaque phrase, elle en avait pourtant ressentit l’urgence. Et les doigts qui s’appuyaient contre sa peau semblaient laisser une marque brûlante, l’alarmant comme un incendie.

- L…

Il s’écarte, comme si le feu l’avait atteint avec violence. Il se replie à son tour, et là où il l’avait frôlé, l’air se fit froid, très froid. Et pourtant tout semble encore flou, enveloppant ce moment étrange dans un voile. Si seulement Lou’ avait deviné que le voile se trouvait sur ses yeux. Sur son cœur, ce cœur qui s’y étouffait. Elle leva une main mais son geste resta suspendu en l’air. Elle ne parvenait pas à le regarder dans les yeux, il ne voulait pas la regarder. Elle n’insista pas. Elle ne parvenait pas à rassembler ses mots. Mais peut-être cela était-ce mieux, que si, comme à son habitude, elle se mettait à fixer son interlocuteur. Le fixer sans ciller. Pupilles imperméables. Regard indétrônable. Flammes intarissables. Oui, cela était sûrement mieux. Elle laissa son dos choir contre le mur, et, s’écartant elle aussi, elle enroula ses bras autour de ses jambes, posa son menton sur ses genoux, et lança un regard vers la rue adjacente, où seul l’halo de lumière qu’elle apercevait laissait deviner que des lampadaires s’y trouvaient, prêts à les démasquer aux yeux de tous. Rester dans la ruelle sombre, devenue étrange ? Ou sortir dans la lumière, déployer ses ailes, et courir à en perdre halène ? Mais alors, jusqu’où pourrait-elle courir ? Que lui arriverait-il lorsque la route sera bloquée ? Parviendrait-elle à surmonter le barrage ? Et si la tempête grondait, parviendrait-elle à maintenir le cap ?

- Pourquoi… ?

Il semblait qu’elle n’avait pas parlé depuis des années. Sa voix était frêle, tel un murmure un peu rauque, à peine audible. Elle avait tourné les yeux vers son compagnon, mais déjà regardait-elle à nouveau la lumière blafarde des lampadaires. Elle laissa le mot mourir dans le silence. Elle resta immobile un instant, attendant la réponse de son compagnon. Et pourtant, elle n’était pas sûre de vouloir qu’il parle. Sa voix aurait été rassurante, mais ses paroles ? L’idée que le quartier lui fusse interdit lui donnait envie d’y pénétrer. Voir que Luca voulait l’en empêcher ? Elle ne savait pas. Elle voulait y aller, défier les interdits. Prendre dans cette vie quelque chose d’intérêt. Prendre ce qu’elle n’avait pas le droit de prendre, pour voir si c’était ce qu’il lui fallait pour être libre. Oui, être libre, être la seule à commander ses faits et gestes. Elle ne voulait pas se sentir oppresser, même si pour cela elle défiait ouvertement tout les consignes de sécurité. Mais peut-être pouvait-elle obtenir autre chose à présent… La confiance ? Elle se mordit la lèvre. Cela était bien trop dangereux. Elle avait déjà suffisamment vécu pour comprendre que la confiance était une chose trop fragile pour être prêtée. Ainsi décrite, Louella pouvait sembler narcissique. Egoïste. Elle l’était probablement un peu. Ainsi sont les gens qui en attendent plus de la vie. Et pourtant l’adolescente pouvait être très généreuse… mais la confiance était une entrave à tout.
Elle se redressa, comme prise d’un frisson.

- Je… Bien. Faisons demi-tour alors. Elle inspira profondément, et posa ses yeux flamboyants sur Luca. Elle emplit encore ses poumons d’air frais, essayant de clarifier son esprit un peu flou. Le fait qu’elle ne mangeait pas beaucoup ne l’aidait pas à résister aux drogues. Or, si le brouillard était toujours en elle, et si la drogue la consumait encore, la voix de Luca avait fait l’effet d’un incendie bien plus intense. Elle replia ses doigts en un point, et sa voix se fit déterminée. Mais il y a intérêt pour toi que ce jour arrive bientôt ! Un frêle sourire s’afficha sur son petit visage.

- Quel jour ?

Sueur froide. Une forme se matérialisa derrière Louella ; un corps invisible qui reprit lentement ses couleurs. Une main encore invisible se saisit de son poignet, à nouveau. Mais elle était beaucoup moins rassurante que celle de Luca. Lou’ tourna sur elle-même pour faire face au nouveau venu. Ce dernier avait un sourire inquiétant, malicieux, inscrit sur les lèvres. Des mèches sombres tombaient sur ses yeux. Il s’approcha d’un pas, et observa Lou et Luca de haut en bas. Lâche-moi. Une lueur de défis dansait dans les yeux de Louella. Alors ils étaient découverts ? Pas avant de savoir qui vous êtes, et ce que vous faites là. Alors dépêche-toi de répondre, miss.

Et le tonnerre claqua dans le cœur de Louella. Subitement, elle se rendit compte qu’elle ne voulait pas que Luca soit là. Elle était vaguement consciente du fait qu’en tant que chef, cela ne devrait pas être. Mais cela était peu face au fait qu’il puisse être blessé. Et c’était elle qui l’avait entraîné là. Ici. Là où le danger errait. Elle se mordit la lèvre, mais son regard se fit plus dur encore. Rien n’était finit. Si cet inconnu croyait qu’elle allait se laisser faire, il se trompait grandement. Il pouvait disparaître comme il le voulait, petit caméléon qu’il était. Cela n’empêcherait pas à Lou de pouvoir rouspéter, et agir tant qu’il avait une main sur elle. Car c’était par ce contact qu’elle pouvait l’avoir. Doucement, elle laissa le courant anonyme et étrange se faire entre elle et son adversaire. Fermant les yeux pour plus de précision, elle lui ôta la vue. Déconcerté, l’adolescent fit un pas en arrière et leva un bras devant lui. Sans attendre, les paupières de Lou s’ouvrirent pour dévoiler des pupilles brillantes. Sa main libre s’attaqua à celle de l’agresseur qui l’emprisonnait. Elle y planta ses ongles, lui faisant lâcher prise, et d’un coup sec se dégagea. Elle tenta d’attraper le bras de l’inconnu pour lui interdire la parole, mais elle n’était pas sûr d’en être capable. L’agitement de l’adolescent le lui en empêcha, et au bout d’une poignée de secondes, il était déjà trop tard. Des intrus ! Lou virevolta sur elle-même, et ce fut une erreur. Le monde chancela autour d’elle, et pourtant se furent ses genoux qui heurtèrent le sol. Elle pressa une main contre son front. Mais son ventre rouspétait aussi. Sa respiration était rapide. Et le monde continuait de chanceler face à l’excès d’adrénaline que cette attaque lui avait procuré.

- Aha. C’est embêtant.

Il était déjà trop tard.
Vas-t-en, sauve toi. Ne reste pas près de moi.






Listen to the silence,
Of sleepless nights,
The world is yours,
Starting from now.

Can you feel the heartbeat,
From the whole town,
Beautiful dreams,
Sweat in your mind.

Seeking an answer,
Somewhere, somehow,
Freedom is lost,
Stuck on the ground.

Listen to the demons,
Hiding inside,
Just lost control,
That's how you'll shine.

Fever is the thinkers,
Everyday weight,
Lift it with pride,
It means you're alive.

I'm on my way to understanding,
How can I heal my promess land,

But it is,
Too dark to see the lighthouse,
Fogbound in my mind,
Too dark I can't read the lines,
Lost in my hands palms.

Force yourself to dream wild.
Be your own judge,
Don't fear the crowd,
Putting you down.

Dont forget the free eye,
That lives inside,
We are all dust,
Of distant stars,
Of distant stars.

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Luca Brunner
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Date de naissance : 19/07/1993
Nom de Code : Lucky Woodpecker
Quartier : Feathers Road <3
Plume : Chance + Création de Talismans

Love is War... [Louella] [Terminé] Vide
MessageSujet: Re: Love is War... [Louella] [Terminé] Love is War... [Louella] [Terminé] Icon_minitimeSam 10 Sep - 20:49

La vérité est amour, tout le reste est illusion.

Pierre Bottero


Est-ce l’angoisse ou l’amour qui fait battre son cœur ainsi? Il ne sait pas vraiment, il a l’impression que toute sa vie ne tient qu’à un mot de sa part. C’est ridicule, il le sait, ce n’est pas comme s’il venait de la demander en mariage, et pourtant il sent que sa décision fera tout basculer, dans un sens ou dans l’autre. Une chute ou un envol.
Il serre le poing, le desserre, se mord la lèvre, repousse une mèche de cheveux, une fois, deux fois. Un coup d’œil nerveux en direction des ombres : elles semblent s’être éloignées, un bon présage, peut-être.
Il surveille néanmoins avec une maniaquerie inquiète le moindre des frémissements de Lou, sursaute lorsqu’elle se laisse glisser jusqu’au sol. La partie de son esprit encore vaguement lucide lui souffle que s’asseoir n’est pas une position idéale pour déguerpir en quatrième vitesse si un indésirable se ramène au mauvais moment, il garde la remarque pourtant fort logique pour lui. Avec Lou, c’est comme avec un oiseau sauvage particulièrement méfiant, trop de brusquerie l’effraye, elle tente de s’envoler, et ses ailes amochées ne font que la conduite dans le piège du chasseur. Pourtant, il aimerait pouvoir la secouer –doucement- et lui expliquer que ce calme, ce silence, cette immobilité, tout est trop parfait pour ne pas être louche. Le calme annonciateur de catastrophe. Il en mettrait ses deux mains aux feu.
Mais il muselle ses inquiétudes, fait comme s’il n’avait pas un sac de nœuds particulièrement serrés à la place de l’estomac et reste suspendu à ses lèvres qui ne daignent pas s’agiter. Oh, il ne demande pourtant pas grand-chose. Trois petites lettres, une dérisoire syllabe, rien d’autre qu’un joli « oui ».

Alors quand ce « pourquoi » consterné lui tombe dessus, il ne sait vraiment pas quoi répondre, et toute la désolation du monde doit se lire dans ses yeux.
Pourquoi quoi, d’abord ?
Pourquoi doivent-ils fuir ? Parce qu’ils n’ont strictement aucune chance. Un quartier contre deux individus, dont l’un ayant une dose non négligeable de substances illicites dans les veines et un estomac vide depuis trop longtemps, il n’y a que Lou et ses rêveries, Lou et sa logique bancale lorsqu’elle est dans cet état pour s’engager sans arrière-pensée dans un jeu aussi déséquilibré. Parce que tous les désirs de liberté du monde réunis ne sont pas de taille face à la force brute. Mais c’est un réponse bien trop moche pour être dite à voix haute.
Après, si c’est un « pourquoi ta voix était ridiculement sentimentale et s’est même fait la malle sur la fin ? », une réponse n’est même pas envisageable. Pas maintenant, pas encore, peut-être jamais, et surtout pas avec des mots. Il y a des choses que des mots ne peuvent pas contenir, c’est bête, mais c’est comme ça.
Il prie pour qu’elle n’attende pas de réponse, parce qu’il détesterait lui avouer qu’il n’en a pas. Peut-être a-t-il pensé si fort qu’elle l’a entendu ?
Elle se relève. Luca serre le poing si fort qu’il sent ses ongles s’enfoncer dans sa peau. Ça a au moins le mérite de le distraire des battements assourdissants de son cœur.
Dis oui, dis oui, dis oui, dis…

Et pendant un instant, il n’y croit pas. Seule une légère douleur à l’endroit où ses ongles ont laissé une marque peu esthétique le convint qu’il n’est pas en train de faire un très joli songe. Ça et la dernière phrase un peu bougonne et faussement menaçante de Lou. C’est tellement elle !
Le sourire de Luca doit faire 15 fois le tour de sa tête. C’est un vrai sourire, pas amer, pas ironique, pas teinté de la moindre pointe de tristesse ou de nostalgie. Un sourire purement Lucaesque, cette même expression qui exaspère invariablement, trop niaise, trop rayonnante et trop souvent associée à une remarque affreusement optimiste frôlant la bêtise.
Mais là, ouvrir la bouche ne lui viendrait même pas à l’esprit, c’est tellement inattendu qu’il en reste sans voix –un comble lorsqu’on s’appelle Luca Brunner et que parler est devenu un sport d’endurance tellement on fait fonctionner ses cordes vocales.
Il en aurait ri, dansé, hurlé, embrassé le poteau si ils ne s’étaient pas trouvé au beau milieu d’un quartier adverse : Lou, tellement têtue qu’elle pourrait faire plier un chêne par sa simple volonté, vient d’accepter sans discuter sa proposition pourtant affreusement raisonnable et ennuyeuse. Et peut-être, oh, ce n’est qu’une pauvre supposition qui sera sûrement très vite mise à mal, mais peut-être cela signifie-t-il qu’elle lui accorde ne serait-ce qu’un soupçon, un atome de sa confiance. Et rien que cette idée lui procure suffisamment de bonne humeur pour les trois semaines à venir. Parce que la confiance de Lou, c’est encore mieux que de l’eau au milieu du désert ou qu’une fleur dans un univers de béton: mille fois plus rare, mille fois plus précieux. Désormais, aucun doute qu’il se donnera corps et âme pour rétablir la paix dans l’île, tout plutôt que d’avoir un jour à affronter la déception et la colère dans le regard brûlant de Lou.
En attendant que sa gorge daigne redevenir fonctionnelle, il réfléchit à quelle joyeuse imbécilité il va pouvoir sortir pour se glisser de nouveau dans le rôle du crétin heureux qu’il affectionne tant, et faire oublier à Lou les mots trop doux et trop sincères qui ont failli le trahir. Mais la voix le surprend sur place avant qu’il n’ait pu imaginer sa très spirituelle réplique.

Un froid affreux. Il a l’impression que tout son corps vient de se transformer instantanément en glace, gelant son cœur, bloquant sa respiration.
Lorsque l’ennemi apparaît, il est déjà derrière Lou, un main sur ce poignet que Luca a tenu. C’était il y a quelques minutes, à peine, mais il a l’impression que c’était dans une autre vie tellement c’était doux comparé à cette terreur glaciale qui continue à s’insinuer en lui, écrasant tout sur son passage, même son inoxydable optimisme. Le monde devient sombre, sans couleurs. Et le contraste est affreux, presque douloureux. Pourquoi ne l’a-t-il pas vu venir ? Comment a-t-il pu le laisser s’approcher autant de Lou ?
Il ne peut rien faire, il en est parfaitement conscient, et il maudit sa Plume de toute ses forces. Pourquoi faut-il que la Chance l’abandonne toujours au pire moment ? Et tout simplement, pourquoi a-t-il un don aussi inutile dans ce genre de situation ? Il donnerait sa main droite pour l’échanger avec un pouvoir bien offensif, de quoi assommer ce type et lui faire regretter d’avoir choisi de jouer les méchants. Luca le pacifiste a de brusques envies de meurtres à l’égard de ce garçon sorti de nulle part et qui se permet de transformer ce qui ressemblait à un songe éveillé en un cauchemar à ne plus jamais vouloir se rendormir.
Oh, elle lui tient tête, et bien. Tellement belle dans sa fierté qu’il en sourirait si il ne s’était pas transformé en statue humaine sous le coup de la peur. Avec un regard tellement assassin qu’il est presque surpris que le type ne tombe pas raide mort sur les pavés. Il détesterait avoir à subir un tel regard, mais l’autre ne se démonte pas. Il le déteste d’autant plus. L’inconnu récolte donc d’une double-dose de regard tueur, mais c’est tout ce que Luca peut faire, et cette impuissance lui donne envie de hurler. Il enfonce ses ongles dans sa paume, une fois de plus, sait-on jamais : jamais il n’aurait été aussi heureux de se réveiller d’un mauvais rêve. Et il hait même cet éclair de douleur éphémère qui ne lui rappelle que trop qu’il s’agit d’une atroce réalité. Dire que toutes les histoires qu’il a pu lire se terminaient invariablement par un happy-end. Pourquoi faut-il que la sienne, la leur, soit l’exception et ait une fin aussi désespérante ?

Elle ferme les yeux. Dans un premier temps, il croit voir une manière de se protéger qui ne ressemble pas du tout à Lou. Et puis, dans un éclair de lucidité, il se souvient de son don, et jamais une Plume n’a été autant porteuse d’espoir.
Elle agit vite, avec précision. Le garçon titube, elle ne lui laisse pas le temps de se reprendre et se dégage vivement. La glace qui emprisonnait sa poitrine fond, et Luca parvient à avaler une grande goulée d’air, avant de faire un pas dans sa direction alors qu’elle tente d’attraper le bras de son assaillant. Comme dans les mauvais films d’action, tout se joue à une seconde, à un centimètre. Et comme dans les très mauvais films d’action, c’est le méchant qui l’emporte. Luca étouffe un juron lorsque le cri d’alerte est lancé. Il va falloir courir vite. Tout de suite.
Alors quand Lou bascule, le monde paraît tomber avec elle. Il se précipite, l’esprit embrumé par la panique, avec une seule idée en tête. Fuir. Fuir avant qu’il ne soit trop tard. Mais sans elle, c’est impensable.
Il s’agenouille nerveusement à ses côtés, prend ses deux mains fines dans les siennes. Mais un coup d’œil à son visage bien trop pâle lui fait comprendre qu’essayer de la relever ne servira à rien, si ce n’est entraîner une nouvelle chute. Et il croit déjà entendre les voix rêches de leurs ennemis au loin…
Il ne reste plus beaucoup de solutions. Il évalue d’un regard fébrile la silhouette de la jeune fille, et se dit que parfois, le monde n’est pas si mal fait. Sa maigreur excessive la cloue au sol, mais c’est cette même maigreur qui lui permet de la hisser délicatement sur son dos. Envahi par l’adrénaline, Lou lui paraît plus légère qu’une plume. Peut-être est-ce parce que sentir son poids sur ses épaules lui a retiré celui de l’angoisse qui l’écrasait depuis trop longtemps.

« Embêtant ? Je ne vois pas en quoi. Et si ça peut te rassurer, j’ai déjà fait ça avec des tas de gamins. »

On peut être mort de trouille et sourire malicieusement. C’est toujours bon à savoir.
Sur cette constatation rassurante, il s’élance en direction de Hope District.

Il ne sait pas si il court vraiment vite ou si c’est l’excitation et l’angoisse mêlées qui brouillent ses sensations, mais le monde autour paraît flouté. Il entend vaguement des cris, mais ils semblent lointains, étouffés. Peut-être est-ce parce qu’il ne réfléchit plus vraiment, trop occupé à implorer Dame Fortune de lui donner un coup de main et d’écarter tout potentiel danger de sa part. il faut croire qu’elle cesse de faire la sourde oreille quand la situation est vraiment critique…

Il lui faut quelques secondes avant de réaliser qu’ils ont quitté le quartier-piège pour rejoindre celui de l’Espoir. Hope Dsitrict. Le nom prend tout son sens dans cette situation.
Il s’arrête brusquement au milieu d’une rue vide, et la netteté brutale du monde lui saute aux yeux. Il prend finalement conscience de sa respiration sifflante et saccadée, de ses bras douloureux. Si jusque là, sa course éperdue avait eu un semblent de dignité, celle-ci vient de s’effondrer : le pseudo-Prince Charmant au bord de la crise d’asthme, ça fait tout de suite moins classe. Lou a beau être bien trop légère, elle ne l’est pas encore assez pour qu’un gringalet dans son genre puisse la porter longtemps sans conséquences. De toute façon, il s’en fout. La fatigue n’est rien comparé au soulagement intense qui l’envahit, réduisant ses muscles déjà peu développés à l’état de guimauve fondue. Doucement, avec toutes les précautions possible, il laisse la jeune fille glisser au sol, avant de prendre appui contre le mur. Il a du mal à y croire. Vraiment. Ils sont vivants, en un seul morceau, en sécurité. Invraisemblable mais merveilleux.
C’est d’abord un tressaillement de ses lèvres, puis un sourire rayonnant. Ensuite vient le petit gloussement nerveux qui lui secoue silencieusement la poitrine et s’échappe par intermittence d’entre ses dents. Enfin, arrive le rire, et pas n’importe lequel. Un rire tonitruant, libérateur, qui s’élève dans la nuit et va se perdre dans les étoiles. Un rire naturel et spontané, irrépressible. Il ne sait même pas pourquoi, mais il rit, il rit, il rit sans pouvoir s’en empêcher, bien que vaguement conscient que ce doit être légèrement effrayant à regarder. Il arrive finalement à articuler, entre deux soubresauts :

« Excuse-moi, Lou, (insérer ici des éclats de rire débiles), ça doit être les nerfs qui lâchent ! »

Et le voilà reparti dans son hilarité incontrôlable, jusqu’à ce qu’il s’écroule sur le sol, encore plus essoufflé qu’avant. Mais on dirait qu’il a capturé le soleil pour le mettre dans sons sourire. Et qui dit bonne humeur dit flot de parole inendiguable…

« Tu ne peux pas savoir à quel point je suis content d’être là, Lou ! Si on a réussi à s’en tirer, je ne vois franchement plus ce qui pourrait nous arrêter. Pas une pauvre petite guerre, en tous cas. Il ne devrait pas trop tarder à arriver, ce jour. Et si ce n’est pas le cas, je te jure que je ferai en sorte d’accélérer les choses… Tout plutôt que de subir ta colère et de finir comme l’autre inconscient, là. Avec ce que tu lui as mis, il ne va plus jamais oser approcher une rouquine… »

Parle, Luca, parle. Noie les quelques restes de peur dans les mots et profite enfin de la douceur de la nuit et de celle de sa présence à tes côtés. Il sera toujours temps de réfléchir à tes sentiments plus tard…
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