Maudite île. Maudite lettre. Maudits pieds qui la faisaient souffrir. Maudite brûlure qui l'empêchait de marcher plus vite.

Shay ne savait vraiment pas où elle était. Pour le moment, elle n'avait croisé que deux ou trois personnes, mais elle était trop fatiguée et désemparée pour leur parler. Trop de pensées ce bousculaient dans sa tête. La première concernait ses soeurs. Etaient-elles mortes ou vivantes ? Mais ce qui l'a torturait le plus c'était qu'elle était à deux doigts de le savoir. De rage, elle donna un coup de pied dans un lampadaire. La jeune fille poussa un juron des plus disgracieux. C'est vrai, elle n'avait pas de chaussures. D'ailleurs c'était pour ça qu'elle maudissait la forêt et ses brindilles tout à l'heure. Et puis d'abord, comment pouvait-elle s'être cognée contre un poteau si elle était dans la forêt ? La réponse était simple. Shay était tout simplement en ville.

Tout à coup, le flux de personne c'était intensifié. Il devait être huit heures du matin et les gens allaient travailler. Normal. Non, pas normal. C'était des gosses tout de même. Enfin il avait son âge quoi ! Pas des vieux qui avaient fini leurs études et tout le tralala. Des gosses. Mais pas d'adultes. Flippant et excitant à la fois. Mais surtout étrange en fait. En proie à un nouveau mystère, elle marcha droit devant elle sans trop réfléchir. De toute manière elle en avait assez. Assez de marcher. Assez de réfléchir. Assez de penser à ses soeurs. Assez de souffrir.

Shay s'allongea par terre, sous un saule pleureur. Elle sentit la douceur de l'herbe sous son corps. Elle était bien, ici, au milieu des fleurs, ivre de leurs parfums. C'était la première fois depuis longtemps qu'elle se laissait aller ainsi. La jeune albinos se sentait tellement en paix avec elle-même, qu'elle se mit à pleurer. Oui ça faisait du bien, elle se l'autorisait rarement. Ses larmes était intarissable et son chagrin sans fond. Parti comme c'était, ça allait durer longtemps. Dès qu'elle commençait à se calmer, elle pensait à Kim, Alice et Aileen et elle recommençait à sangloter. Les larmes qu'elle avait retenu ses dix dernières années, à cause de la présence de ses soeurs, se déversaient sur le sol.Bien comme ça les plantes ne manqueront pas d'eau. Cette pensée la fit rire, puis elle se remit à pleurer. Ses larmes était intarissable et son chagrin sans fond. Parti comme c'était, ça allait durer longtemps. Dès qu'elle commençait à se calmer, elle pensait à Kim, Alice et Aileen et elle recommençait à sangloter.

Du calme se dit-elle. Calme-toi. Ne pense plus à rien. Regarde les nuages, ils sont magnifiques. Effectivement, le ciel était d'un bleu incroyable et les nuages tout aussi beaux. Ceux-ci défilaient devant ses yeux embués de larmes, indifférents à ce qui se passait sur terre. Oui elle aimerait être un nuage. Ils devaient ne pas avoir de soucis eux. Elle se demandait si... Elle ferma les yeux et se concentra... Quand elle les rouvrit, il ne c'était rien passé. Elle avait espéré pouvoir multiplier les nuages. Ce temps magnifique ne lui convenait pas. Shay aurait voulu qu'il pleuve. C'était bien la pluie, on en sortait tremper mais ça faisait du bien. Mais non, le ciel ne s'assombrissait pas et gardait son teint bleu exaspérant.

Ces pleurs c'étaient finalement calmés. Ils avaient au moins eu le mérite de la soulager. Maintenant sa tristesse avait laissé place à de la colère. Qui avait eu l'idée saugrenue de l'amener ici, dans cet endroit bizarre peuplé par des adolescents. La jeune fille n'avait qu'une envie c'était de rentrer chez elle. Puis elle se traita d'idiote. Chez elle ce n'était nulle part. Son chez soi à elle s'était évaporé, partit en fumé. Au sens propres. Il y avait bien ce petit appartement ou vivait Kim avant, mais ce n'était pas vraiment chez elle. Ce qu'elle voulait réellement c'était retrouver sa famille.

Elle se releva avec l'idée en tête d'obtenir des réponses aux nombreuses questions qui l'accablait. A commencer par où elle était ? A première vue, c'était un jardin. Magnifique soit dit en passant. En balayant le paysage du regard elle remarqua quelqu'un qui la regardait attentivement. Son visage d'habitude d'une teinte si pâle vira au rouge vif. Plus parce qu'elle avait honte de s'être fait surprendre dans un moment de faiblesse que parce qu'elle avait des vêtements tachés par endroit et pas de chaussure. Elle frotta ses yeux rouges et fit un grand sourire à la personne qui se tenait face à elle.

« Tu pourrais me dire où je suis ? Je me sens un peu perdue. Et puis pourquoi y'a que des ados ici ? Comment je fais pour rentrer chez moi ? »

Elle l'assaille de nombreuses questions, toutes celles qui lui passaient par la tête à vrai dire. Et la liste était longue. Elle finit par un « Pourquoi je peux multiplier les objets ? » et se tut enfin.