Il me semble qu’aujourd’hui la qualification de « petit mental ayant une incapacité totale à s’extraire du présent » me sied à merveille. J’étais bien tranquille chez moi, j’avais pris ma journée histoire de rattraper tout mon sommeil en retard. Entre mon boulot et Avril que je dois accompagner dès qu’elle menace d’aller faire le ouistiti sur une falaise, j’ai des journées bien remplies. Ceci en plus de mes « activités » nocturnes en compagnie d’un certain américain abruti jusqu’à la moelle dont le visage m’insupporte tout autant qu’il m’est agréable ; j’en pouvais plus hier soir. C’est donc en toute légitimité que j’ai fait ma grasse matinée. La seule inquiétude que j’avais est partie lorsque j’ai croisé ma petite bien en vie avant de partir en ballade.

D’ailleurs c’est cette escapade qui me permet de m’approprier la citation que j’ai évoqué plus haut. J’aurais pu aller n’importe où pour me dégourdir les jambes. Dans les nombreux jardins de mon quartier, à la plage, dans la prison même pourquoi pas ! Alors comment me suis-je retrouvé à arpenter les sentiers environnant cette foutue cascade ? Pas que j’aime pas l’eau, au contraire. J’ai pris conscience de sa réelle importance pour l’homme le jour où j’ai vu tous les portugais prier leur Dieu catholique dans la rue lorsqu’il a plu pour la première fois depuis des mois. Non, c’est pas la flotte qui me pose problème. Ni la présence massive de ces arbres et cette végétation atroce qui sent pourtant si bon, j’ai finit par un peu m’habituer et ne plus avoir envie de taper dessus dès que j’en voyais. Nan, nan… Un truc encore plus pénible auquel je ne m’habituerais sûrement jamais… Ouais les personnes qui me connaissent bien l’ont déjà compris.

- Punaise de saletés de gelées mutante à la mord-moi le nœud de la quatrième corde qui servira à vous pendre !

C’est pas possible ; quand E.T. est venu faire coucou ici il a du laisser tomber sa confiture dans une substance radioactive pour que ça donne un résultat pareil ! En plus il y en a de toute les couleurs. Comme si même non drogué on voulait nous faire voir des arc-en-ciel, y a mieux tout de même. Parce que moi, un arc-en-ciel je dis pas non, mais fait en gelée transgénique je suis tout de suite plus réticent. Je crois que les gens d’ici appellent ça des « porings »… Rien que le nom me donne pas envie d’aimer. Déjà que les bestioles normales je supporte pas, c’est pas pour voir de la gelly pendue à ma jambe en espérant un câlin. Et puis quoi encore ? Que je me frotte conte un des lapins amputés pour faire semblant que je l’adore ? Sur ce coup là Alix tu peux te brosser, désolé.

Bref c’est pas de m’énerver ainsi qui va me débarrasser de ces agaçantes petites créatures. Je sais pas ce qu’ils leur prend depuis un moment, mais elles me suivent. Et là ça fait un bon quart d’heure que je cours comme un « petit mental ayant une incapacité totale à s’extraire du présent » pour éviter le génocide et faire pleurer les petits enfants qui viendraient ramasser. J’ai bien essayé de shooter dedans pour limiter les dégâts, mais… Enfin… Vous avez déjà vu le film « Flubber » ? Avec la gelée verte qui rebondit partout en couinant, bah c’est un peu pareil. En fait il doit y avoir un moyen de les solidifier pour créer une balle rebondissante. Enfin il vaudrait mieux trouver un moyen de s’en débarrasser rapidement au lieu de courir comme un con pendant encore des heures. Ah ! Voilà la libération !

- A la flotte les blobs !

Un petit saut et me voilà sur un rocher sauvé au milieu de l’eau. Au bout d’un moment ces bestioles vont bien finir par se lasser. J’ai appris la patience il y a longtemps et c’est comme le vélo, cela ne s’oublie pas. Passer du temps sans rien faire c’est bien de temps en temps, pour se vider la tête. Alors je vais rester perché sur mon caillou pendant environ une heure et ça va être chouette.

… Ou pas. Il est là. Ce type est là, je le vois. Qu’est-ce que je fais ? Je reste sur mon caillou pour me débarrasser des slimes ou je cède à l’envie irrésistible d’aller l’agacer ? Je sais que s’il me voit il aura de la haine, mais sera soulagé que je ne l’approche pas… Je fais quoi ? … … … J’éjecte cette saleté de Poring qui me grimpe sur le pied ! Comment il est arrivé là ? Bon je vais pas chercher, un coup de pied à l’ancienne…

Ah yeah ! Head shot ! Sur l'elfe... Je sens que Nyrel va pas aimer. En plus je crois qu'il aime les bestioles, mais c'est pas mon problème. Au moins mon dilemme est résolu, je vais pouvoir laisser mon sang bouillonner et, qui sait lui exprimer toute la haine que j'éprouve contre lui. En fait je cherche même pas à vraiment la justifier, c'est comme ça c'est tout. De toute façon si je cherchais le pourquoi du comment je pense que je ne trouverais pas et mettrais ça sur le compte des hormones, ce qui serait stupide au passage. Alors pour éviter de me rendre plus petit mental que je ne le suis déjà je vais éviter de réfléchir là-dessus pour le moment.

La politesse voudrait certainement que je demande pardon, mais se serait une grosse blagounette. Qui demande pardon à son pire ennemi ? Pas moi en tout cas. Nan il va se faire voir. J'ai juste hâte de voir son visage vaguement énervé se tourner vers moi pour pouvoir vraiment riposter... Si les blobs décident de me laisser une ouverture vers la rive. C'est quoi leur problème ? La bouteille de parfum à la rose que je me suis laissé tomber dessus au réveil parce que je m'étais tartiné les mains de beurre pour le trip ? La poisse...