Flora est mignonne, c'est incontestable. Du haut de ses cent soixante-huit centimètres et de ses cinquante-sept kilogrammes, on ne peut pas affirmer le contraire. Elle a des jambes fines et longues, un corps souple et svelte et de longues mains de pianistes. Elle a de beaux ongles assez longs et coupés de façon carrée et ils sont recouverts de vernis protecteur transparent. Elle a une poitrine moyenne, de bonnet C et encore, c'est quand elle met un soutien-gorge ! Son cou est fin et court. Elle a une peau au teint frais, virant au rosé sur les pommettes, le coude, les phalanges, le genou et les chevilles. Ses pieds sont longs et elle chausse du quarante-trois. Mais Flora n'a pas trois tonnes de paires de chaussures, car, pour se promener en forêt, elle aime être nu-pied. Cela vous paraît rustique, n'est-ce pas ? La jeune fille s'explique en disant que c'est plus pratique.

Le visage de Flora est triangulaire. Il est très souriant et expressif. Elle a une bouche fine et délicatement rosée, un nez mince et pincé. Elle a de grands yeux de biche, verts ou turquoise, car cela dépend de la lumière. Ils sont pétillants de malice et de curiosité. Ces cils sont très longs et sont noirs comme le charbon. Elle a des oreilles assez petites, qui sont cachées par son volume de cheveux. En effet, ces derniers sont particulièrement fins, mais ils sont très épais. Quand elle était jeune, certaines personnes comparent sa « touffe » à la forêt amazonienne. Ses cheveux sont mi- longs, s'arrêtent en dessous des épaules, sont joliment ondulé voir bouclé aux pointes. Au naturel ils sont blonds ; mais ! C'est comme dans les dessins animés : quand on mélange certains produit avec d'autre, la potion explose. Heureusement, Flora ne s'est pas retrouvée carbonisée, mais avec une couleur de cheveux vertes, parfois rose ou bleu ! La tignasse de la jeune fille est particulièrement chouchoutées : ils sont lavés tous les jours, avec un shampoing de sa confection et ils sont enduits de masques nourrissants deux fois par semaine. Flora aime mettre des fleurs dans ses cheveux. Elle a des mèches rebelles qui ont la manie de se mettre devant ses yeux, la jeune fille les attaches alors avec un ruban.

Flora est très coquette, alors, elle aime prendre de longs bains aux huiles essentielles, enduire sa peau de crème nourrissante, se faire des masques de beauté... Mais elle ne se maquille jamais, se contente de vernis transparent et de parfum. Sa garde-robe est pleine de rose style nuisettes. C'est léger, pratique quand on s'amuse à faire comme Tarzan, de branche en branche. Sinon, la jeune fille ne jure que par la couleur. « Les couleurs sont à la vie ce que la douceur est à l'homme ». Ses habits sont très féminins ; elle n'a que très peu de pantalon, préférant les jupes et en hiver elle met des collants. Elle est très frileuse en hiver : elle a trois couches superposées de pull et de veste. Par contre, en été, dès qu'il fait plus de vingt-cinq degrés, hop ! Haut à bretelle et short. Elle aime les froufrous, les nœuds, les rubans, les volants... Elle utilise beaucoup d'accessoire : barrette, collier, ceinture, bracelets etc. Elle se fiche de la mode, car « La vraie mode, c'est ce qui te vas ». Le plus souvent, Flora sort son kit à couture et se bricole un truc pour être unique. Elle a toujours avec elle son sac lapin, qu'elle a depuis la maternelle... Souvenir, souvenir...

Jane Reinhold et Nicolas Ioannis était deux personnes très différentes. Jane était une anglaise pure souche, ayant toujours vécu à Londres. Elle vivait dans le luxe, son père étant un ami du premier ministre et sa mère conseillère d'administration. Elle a fait de nombreuses études, passant à Oxford et dans bien d’autres universités de renom. Mais, ne désirant pas finir dans un bureau à longueur de journée comme ses parents, elle se lança dans le mannequinât. Métier qui l'enchantait : c'est bien payé, on voyage, on s'amuse... Ses parents auraient bien évidemment préféré que leur fille exerce une profession plus « convenable » à leurs yeux, mais, rebelle comme elle était, Jane fit la sourde oreille. C'est ainsi qu'à vingt-cinq ans, elle était déjà une professionnelle. Journaux, magasines, films, série télé etc., elle avait déjà tout fait.

Nicolas, lui, avait un père égyptien et une mère grecque. Il vivait en Grèce, à Olympie, avec ses six frères et soeur. Sa famille était bourgeoise ; son père était à la tête d'une entreprise de meubles, sa mère styliste. Il allait à l'école la plus proche de sa maison et fit des études dans des établissements publics. Il était entouré de gens normaux, voir qui avait à peine assez d'argent pour mettre leur enfant à l'école. Son ambition, c'était de devenir directeur d'une agence artistique. Il a brillamment réussi son pari. Il quitte sa Grèce natale pour Alexandrie où il fait construire le bâtiment qui servira de coeur à toute son entreprise.

Pendant ce temps, Jane apprend qu'elle change de patron pour tourner un film dans le désert et qu'elle doit s'envoler pour Alexandrie. Elle n'hésita pas une seconde à abandonner ses parents pour partir voyager. C'est ainsi qu'ils se sont rencontrés, se sont aimés, puis mariés. Les parents de Jane s'opposèrent à ce mariage ; ils ont tout fait pour ramener leur fille, l'ont bannie, mais quand ils ont voulu la déshériter, ils sont morts dans un accident avant d'avoir pu le faire. Les jeunes mariés ne quittèrent jamais la ville où ils s'étaient rencontrés.

C’est pendant une belle nuit d’été, sous la pression de la canicule, que Flora Moon nait. Moon, car cette nuit là, la pleine lune dominait dans le ciel. Les proches, collègues, personne ne manquait à l’appel. La fête dura longtemps, personne ne pouvait compter le nombre de gens qui avaient porté la petite dans leur bras. Après la naissance, la famille s’installa à la campagne, au bord du delta du Nil.

L'enfance de Flora fut gaie. Couverte d'amour et de cadeaux, ne s'ennuyant jamais, avec de bonnes notes à l'école. Elle n'avait pas de vrais amis, même si tout le monde était attiré par son rayonnement naturel. Les parents faisaient tout leur possible pour régulièrement avec elle. Puis, un jour Flora disparut. On la retrouva dans l'eau du Nil, en train de faire trempette. Une autre fois encore, on la retrouva dans un champ de blé où elle dormait. Les parents gâteaux, venaient lui dire des remontrances du genre « Ce n'est pas bien, tu m'entends ? On s'est fait du souci ! ». Puis ensuite, ils prenaient la petite dans leur bras et lui tapotaient la fesse et Flora riait quand on lui faisait cela. Le bébé devint une fillette, qui eut envie de se trouver une passion. Sa mère l'inscrit alors au club des majorettes, le seul de la région, tenu par une européenne. Au début, ce fut laborieux ; dès qu'elle lançait le bâton, tu pouvais être sûr qu'elle lui tombait sur la tête ! Elle s'entraînait, dehors, par tous les temps ; et un jour, alors qu'elle lançait le bâton, il frappa un pauvre rouge gorge qui voulait passer une migration tranquille. La pauvre bête était sonnée est c'était fait mal à l'aile. Honteuse, Flora se pinça, le gronda elle-même, puis, elle partit soigner l'animal. Il était bien au chaud dans sa chambre, la fillette lui avait fait un bandage, le nourrissait de pain, de graines et de beurre. C'est elle qui lui réapprit à voler. La petite bête ne repartit plus en Europe à la fin de la saison migrante, mais resta avec son amie. Il la suivait sur le chemin de l'école, la regardait par la vitre, jouait avec elle dans la cour... Puis, un jour, ses parents ont offert à Flora un sac en forme de lapin ; la fillette s'adopte comme elle avait adopté l'oiseau et à trois, ils se suffisaient l'un à l'autre.

Une enfance rose comme le pays des Bisounours. Mais qui sait comme elle devint ébène, sombre et triste dès son entrée au collège. Les brimades, les coups... Dès la rentrée, elle se fait assaillir de « Tu fais pitié avec ton sac lapin », « Tu ne respectes pas la loi du collège ». En son for intérieur, Flora encaissait toute la violence verbale et physique dont elle était victime. Elle voulait garder sa personnalité, ne pas être violente. Sa vie d'avant ne lui avait pas appris ce que c'était que la douleur. Ses notes sont en baisses. On lui tourne le dos. C'est à partir de ce moment-là qu'elle va dans les cimetières. Elle arrive en retard en cours, car elle lit attentivement les messages qui sont inscrits sur les stèles... Sur une tombe il est écrit « Le cadeau de ton père et de t'avoir donné l'étincelle de la vie, celui de ta mère et de te l'avoir enlevé. », sur d'autre, on comprend que certaines personnes sont mortes à trois jours. Là, Flora apprend beaucoup de choses. La vie n'est en fait ni blanche ni noire, mais grise, la mort est toujours avec nous, comme nos ombres. La mort guette le moindre de tes mouvements pour t'emporter. C'est trop de révélations pour ses frêles épaules. Elle vomit chaque matin, dégoutée du collège, ses yeux deviennent vide, elle n'arrive presque plus à marcher. Le pire, c'est qu'elle à trop honte pour dire à ses parents qu'elle a mal. Elle part avec le sourire, rentre avec le sourire. Sa famille c'est bien vite rendu compte de la situation, mais Flora nie, ne pipe pas un mot.

Un jour d'hiver, Flora est tellement épuisée qu'elle ne tient plus sur ses jambes. On ne l'a pas frappée plus que d'habitude, mais son corps est à deux doigts de rendre l'âme. Rouge gorge braille, un encouragement à sa façon : « Allez, tiens bon Flora ! » devait-il lui dire. Mais dans le froid -5c° !- et la douleur, Flora s'effondre sur elle-même au coin d'une ruelle, s'évanouit. Rouge gorge se blottît contre elle est s'endort lui aussi.

Flora se réveille. Mais elle ne voit aucune lumière, comme si elle avait quelque chose devant les yeux. À ce moment, elle dit la phrase que prononce tous les idiots dans les dessins animés : « Qui a éteint la lumière ? ! ». Elle retire de son visage finalement ce qui lui cachait le soleil et Oh ! Stupeur, c'est le matin. Elle est restée là, assise, toute la nuit ! Ses parents doivent se faire un sang d'encre. Mais son regard se dirige vers la lettre, dessus, il est marqué « Ouvre-la ». Curieusement, elle l'ouvre et lit la feuille qui est couverte des inscriptions suivantes :

« Vous en avez marre de la vie ? Certaines personnes s'amusent à la pourrir ? Réagissez ! Contactez-nous au XX-XX-XX-XX-XX. Nos conseillers se débrouilleront pour régler vos soucis. Vous savez ce qu'il vous reste à faire ? »

Flora regarde Rouge gorge l’air de dire « Qu’est-ce que c’est ? » et l’oiseau la regarde comme s’il voulait lui répondre « Essaye, on ne sait jamais ! ». Comme le Rouge gorge détient la sagesse ancestrale, la fillette se rue vers la première cabine téléphonique disponible. On lui demande son nom. La jeune fille vide son sac. Puis, ses paupières sont lourdes, lourdes… Elle s’endorme de nouveau, de manière plus ou moins naturelle.
Sans le savoir, maintenant, c’est trop tard. Elle va atterrir à Esplumoir.


« Recherchons notre fille, Flora Moon Ioannis, disparue le XX/XX/XX, cheveux blonds, yeux verts, sac lapin dans le dos. Si vous avez quelconque information, contactez la police. »

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