Akisa avait entendu d'étranges rumeurs à Hope District. Il paraîtrait que des fantômes faisaient des apparitions tous les minuit pour semer la pagaille. Elle avait déjà essayé d'en apprendre plus sur cette histoire. Mais pour l'instant, elle n'en savait pas plus. C'était pour cela, poussé par sa curiosité, qu'elle allait vérifier d'elle-même. Seulement, elle ne savait pas où les fantômes apparaissaient dans Hope District. Pour sa première recherche, elle avait donc décidé d'aller dans la sylve d'émeraude. N'y étant jamais allé, elle en profiterait pour découvrir les lieux. De plus, c'était sûrement un endroit parfait pour des "soit disants" fantômes. En réalité, la jeune fille se doutait bien qu'il ne s'agissait sûrement pas d'esprits. C'étaient sûrement des personnes qui voulaient semer le doute et la terreur à Esplumoir. Comme-ci les fantômes pouvaient exister ! Ridicule. Il était plus probable que cette guerre des quartiers était responsable de ces "évènements surnaturels".
Akisa attendit donc minuit avant de pénétrer dans la forêt. Il faisait si sombre et si foid qu'Akisa s'était bien couverte. Elle avait trop peur pour sa gorge. De plus, elle avait ses lunettes de soleil sur les yeux contre les papillons de nuit. Sa phobie pour eux s'estompait un peu quand elle les portait. Et cela ne l'empêchait pas d'avoir toujours une très bonne vue dans l'obscurité. Cepandant, elle avait ammené une lampe de torche pour éviter de se faire surprendre. Elle marcha à pas lents. Il était évident qu'elle avait peur. Mais sa curiosité était la plus forte. Même si elle voulait quitter cette endroit, sa quête d'informations la mettait en danger. Son instinc de conservation luttait de toute ses forces. Mais cela ne servait à rien. Non, elle continuait d'avancer lentement.

*Qu'est ce qui me prends d'aller toute seule dans la forêt à une heure pareille ? Si je me fais attaquer par ces faux esprits, je risque de le regretter...mais j'ai si envie d'en savoir plus...*

Elle s'était bien enfoncée dans la forêt. Pour l'instant, elle n'avait senti aucune présence suspecte. Quand soudain, elle entendit un bruit...c'était un lapin ! Reprenant son calme, elle arriva dans une clairière. Au milieu de celle-ci, un autel tronaît en pleine nature. Etant intriguée, la demoiselle s'en rapprocha. Apeine eut-elle touché celui-ci qu'elle sentit quelque chose pénétrer en elle.

- Qui...

*Que se passe-t-il, je ne peux plus bouger !*

Elle ne put plus bouger pendant quelques instants. Puis cette présence mystèrieuse s'évapora aussitôt. Que venait-il de se passer en elle ? Venait-elle de se faire posséder par...un fantôme ? Non, c'était impossible. Pourtant, le doute l'envahit. Les esprits existaient-ils vraiment ou était-ce une plume qui tentait de prendre le contrôle de son corps et de son âme ? De plus en plus mystèrieux...

*J'ai peur...mais ce mystère est si intéressant ! Je vais démasquer le coupable de cette machinerie. J'espère seulement que personne n'a réellement réussi à prendre possesion de mon être...*

Le Sanctuaire était sûrement l'un des endroits les moins fréquentés de l'île, à égalité avec la prison. Pourtant, Luca avait toujours trouvé l'endroit magnifique, et le calme et le silence qui y régnaient étaient incomparables à Esplumoir. Aussi y venait-il souvent pour réfléchir, ou simplement se vider l'esprit, et parfois en profiter pour piquer un petit somme.

Cette fois ci, assis dans le creux du tronc d'un immense chêne, il songeait à la guerre qui déchirait Esplumoir lorsque le sommeil le prit. Cette guerre qu'il avait vu venir, sans faire le moindre geste pour l'empêcher. Il s'était dit que ça mettrait un peu de piment à son existence, que ce serait une situation intéressante qui lui permettrait de recueillir des informations inédites. Il avait vu ça avec des yeux d'enfants, comme un jeu, où tout finirait bien, où la situation se résoudrait d'elle même au bout de quelques temps. Sauf que la guerre durait. Et qu'elle était plus dure que ce qu'il avait pensé. Chaque jour, des agressions avaient lieu. Des enfants ne prenant pas au sérieux le conflit, ou voulant essayer d'arranger les choses pénétraient dans un quartier qui n'était pas le leur, et cela finissait mal. Luca, bien sûr, continuait à se balader de quartiers en quartiers comme il l'avait toujours fait. Grâce à sa chance surnaturelle, il arrivait à passer inaperçu, et rien de fâcheux ne lui était encore arrivé. Mais jusqu'à quand cela durerait-il?
Il n'eut pas le loisir de répondre à la question. La mousse qui tapissait l'intérieur de l'arbre formait un excellent matelas, et ayant passé toute la journée à crapahuter dans les rues de la ville pour éviter de se faire voir, la fatigue s'abattit sur lui telle une chape de plomb. Alors que les derniers rayons du soleil se reflétaient sur son visage encore enfantin, malgré ses 17 ans passés, Luca s'endormit sans même s'en rendre compte.

Lorsqu'il se réveilla, la lune brillait au dessus de sa tête. Luca la contempla pendant quelques secondes, avant de réaliser qu'il avait du dormir un sacré bout de temps pour que l'astre argenté soit aussi haut dans le ciel. Se relevant, il attendit que ses yeux se soient accommodés, et scruta les alentours, cherchant ce qui avait pu le sortir de son sommeil.
Le coupable ne fut pas difficile à trouver : une petite silhouette avançait lentement entre les arbres en direction de l'autel du sanctuaire. Plissant les yeux, Luca remarqua qu'elle portait des lunettes de soleil, alors qu'il faisait nuit noire, détail pour le moins étrange. A cette distance, Luca ne reconnut pas la personne; il faut dire que l'écharpe enroulée autour de son cou masquait en partie son visage, et les lunettes n'aidaient pas non plus. En tout cas, la peur qui émanait d'elle était presque palpable. C'est vrai que se balader en pleine nuit dans la forêt qui avait pris des allures lugubres n'avait rien de rassurant. Luca n'avait pas peur de grand chose, ayant confiance en sa Plume, mais il comprenait sans mal que l'on puisse être effrayé dans un tel endroit. Pourtant la silhouette continuait à avancer, lentement mais sûrement. Au moment où elle passait juste en dessous de son arbre, sans le voir, Luca reconnut enfin de qui il s'agissait : Akisa Miwoko, de Feathers Road. Cette jeune fille en apparence pacifique mais qui semblait être doté d'une double personnalité, d'après ce que Luca avait pu observer un jour. Que faisait donc une fille aussi discrète et effacé dans le sanctuaire au beau milieu de la nuit?
Luca décida d'observer, dans un premier temps. Il verrait ensuite ce qu'il ferait.
Akisa s'approcha de l'autel, toujours aussi précautionneusement, et posa sa main dessus. Visiblement, quelque chose se passa. Elle laissa échapper une exclamation de surprise, et se tint immobile quelques instants, avant de reprendre ses esprits, troublée.
Luca fronça les sourcils. Que s'était-il passé exactement. Tout ça paraissait pour le moins surnaturel. Enfin, ils étaient à Esplumoir, après tout. Pas si étonnant que ça.
La jeune fille semblait encore plus affolée que tout à l'heure, et pourtant elle n'était pas encore partie en courant. Plus courageuse qu'elle n'en avait l'air, conclut Luca. Ou alors pétrifiée de peur, qui sait.
Finalement, il se décida à manifester sa présence, au risque de provoquer une énième frayeur chez la pauvre fille.

- Bonsoir. lança-t-il de son arbre, sur un ton neutre, et il remarqua avec satisfaction que dans le silence inquiétant de la forêt, sa voix semblait venir de toutes les directions, autrement dit, il serait difficile pour la jeune fille de le localiser. Surtout qu'il était tout bonnement invisible, caché derrière un feuillage et enfoui dans le creux de son arbre, seule sa tête dépassant en partie. Bien que son but ne soit pas de faire faire un infarctus à la jeune fille, cela l'amusait de jouer les personnages inquiétants, cachés dans l'ombre, à comploter de sinistres choses, malgré le fait qu'il n'avait pas la moindre idée mesquine en tête.

-Que fais donc une petite fille perdue au milieu de la forêt à une telle heure? Ce n'est pas très prudent, en ces temps troublés. Qui sait quels accidents il pourrait de produire...

Luca s'amusait beaucoup, mais il avait réussi à gommer dans sa voix toute trace de malice. Au contraire, il avait imité le flegme des méchants dans les séries télés de façon assez convaincante, ce qui rendait sa déclaration plus que menaçante. Il espérait simplement qu'Akisa ne s'enfuirait pas en hurlant, d'abord parce qu'il ne voulait pas non plus la traumatiser, et ensuite parce que ce serait beaucoup moins drôle que si elle se prenait au jeu. Il laissa durer le silence, attendant la réaction de la jeune fille.

Spoiler:

Si la jeune fille essayait toujours en vain de chercher une explication logique à ce qui venait de lui arriver, elle ne s'attendait à ce qu'on lui réponde. De plus, elle ne savait pas d'où la voix venait. Malgré sa très bonne vue, cette personne s'était caché derrière un arbre certainement. Cependant, il lui semblait reconnaître cette voix, même menaçante. Elle l'avait sûrement déjà rencontré...à Feathers Road ! En cherchant dans ses relations, elle eut du mal à savoir de qui il pouvait bien s'agir. Au moins, elle savait que c'était une voix masculine qui lui parlait. Il avait beaucoup d'audace pour se promener dans une forêt à minuit. Il devait être aussi curieux qu'elle apparement...sauf si c'était juste une simple promenade pour lui. Cette personne ne pouvait l'effrayer car elle le connaissait même si elle n'arrivait pas à lui mettre un nom. Elle lui répondit donc calmement sans grande surprise.

- Je peux te retourner la question. Que vient faire quelqu'un à une heure pareille ?

*Moi, une petite fille ? Non, maintenant je suis une jeune fille, saches-le !*

Toujours sur ses gardes car elle ne savait pas encore qui avait pu prendre le contrôle sur elle. Ou avait-elle rêver ? Elle ne devait pas trop y penser. Elle le découvrirait en temps voulu. Pour l'instant, son attention sur l'inconnu caché. Qui pouvait-il bien être ? Allait-elle lui demander de sortrir de sa cachette ? Non, pas maintenant. Elle allait avant un peu s'amuser avec lui. Cela l'occuperait avant de découvrir l'identité de toutes ces rumeurs stupides. Dans tous les cas, ce n'était pas cet Autumn Feather qui l'avait possédé. Elle ne connaissait personne à Feathers Road capable d'un tel exploit. Elle pouvait donc commencer son petit jeu sans danger.

- Alors, comme cela tu es le seul à me voir ? Jouons un peu ensemble !

*Et c'est parti ! Que le meilleur gagne !*

- Je te poses des questions auxquelles tu dois répondre par oui ou non. Au bout du compte je dois découvrir qui tu es en sachant que je te connais de Feathers Road. Quand j'aurais découvert ton identité, tu sortira de ta cachette.

*Bon, ce jeu m'a l'air bien parti...en espèrant qu'il accepte d'y participer !*

- Mais pour que le jeu soit plus intéressant, il nous faut un enjeu...

Elle réflêchit un peu à ce que pourrais bien être la récompense accordé au vainqueur ainsi que les conditions de l'enjeu. Cette nuit allait être passionnante...Elle opta pour quelque chose de plutôt vaste pour éviter de faire attendre son adversaire.

- Si je découvres ton identité au bout de quatres questions, tu me dois une faveur. Et si je perds, c'est moi qui t'en devrais une. Alors, tu accepte de jouer avec moi ?

*Allez, accepte, ma curiosité ne peut pas attendre plus longtemps !*

Elle laissa le temps à l'inconnu de répondre. Pendant ce temps, elle regarda un peu autour d'elle, au cas où l'autre l'attaquait psychologiquement de nouveau. Elle ne croyait pas aux fantômes et elle le prouverait. De plus, les rumeurs restent des rumeurs qu'on se le dise. Après avoir découvert la vérité, elle pourrait le rapporter à ses relations pour les rassurer. Et même elle pourrait faire du chantage à ses ennemis pour qu'il lui donne une autre information en échange. Ce serait donc du donnan-donnant. Donc ce léger chantage n'en serait pas vraiment un.
Le vent soufflait de plus en plus fort. Regardant au niveau du sanctuaire, elle le vit faire craquer les planches de bois de celui-ci. Quand elle en aurait fini avec l'autre, elle pourrait se consacrer à son exploration. Comment un autel devant un sanctuaire pouvait résider dans une forêt ? C'était peut-être des anciens habitants d'Esplumoir déjà décédés qui l'avait construit. C'était ce qui était le plus probable, selon elle.
Toujours avec une lampe torche, elle se décida de la fermer. Elle avait une vue déjà assez incroyable. Comme cela, elle allait peut-être surprendre le jeune homme et lui montrer qu'elle n'avait pas peur. Si au début, elle tremblait à cause de sa soit-disant possession, maintenant elle était si excitée par la perspective de ce jeu...qu'elle ne ressentait plus d'angoisse du tout ! Sa curiosité avait pris entièrement le dessus sur son instinct de conservation. Qu'allait-il maintenant se passer ? Allait-il accepter son jeu ? Et si oui, qui gagnerait ? Elle n'allait pas tarder à le découvrir...

[HS : merci d'avoir répondu à mon post ! ^_^ ]

- Je peux te retourner la question. Que vient faire quelqu'un à une heure pareille ?

Bien. Non seulement elle n'était pas partie en hurlant, mais en plus elle lui répondait avec aplomb. Quant à sa question, tout à fait logique dans ces conditions, elle aurait sûrement été déçue par la réponse. Bah oui, Luca n'était pas là parce qu'il avait été pris d'une bouffée de courage et d'une soudaine envie de se balader dans la forêt à minuit passé, mais tout simplement parce qu'il s'était bêtement endormi dans un arbre.
Il se garda donc bien de lui répondre, attendant paisiblement la suite. Il ne fût pas déçu.

- Alors, comme cela tu es le seul à me voir ? Jouons un peu ensemble

Luca faillit laisser échapper un gloussement réjoui. Alors là, il découvrait une facette inédite de la jeune fille. Lui qui la croyait timide et effacée, il était bien à côté de la plaque depuis tout ce temps. Au final, c'était elle qui voulait s'amuser avec lui, elle qui lui proposait effrontément de jouer. Loin d'être apeurée, ou même inquiète, elle venait par cette preuve de courage et de lucidité de monter d'une bonne dizaine de crans dans l'estime du petit informateur.

- Je te poses des questions auxquelles tu dois répondre par oui ou non. Au bout du compte je dois découvrir qui tu es en sachant que je te connais de Feathers Road. Quand j'aurais découvert ton identité, tu sortira de ta cachette. Mais pour que le jeu soit plus intéressant, il nous faut un enjeu...

Après un petit instant de réflexion, Akisa reprit :

Si je découvres ton identité au bout de quatre questions, tu me dois une faveur. Et si je perds, c'est moi qui t'en devrai une. Alors, tu acceptes de jouer avec moi ?

Là aussi, Luca faillit éclater de rire, mais s'en garda bien, car cela aurait donné un indice non négligeable à la jeune fille qui venait de lui lancer le défi, pleine d'assurance, peut-être un peu trop. En effet, Luca était bien connu pour sa bonne humeur, son ton enjoué et son rire qui venait si facilement. D'ailleurs, il était sûr de n'avoir jamais montré une autre attitude que celle-ci en public. Pour tout le monde sur l'île, il était un imbécile heureux, bavard et un peu casse-pied sur les bords, quoique serviable et totalement inoffensif. Une image bien loin de la réalité, mais qu'il aimait entretenir, et qui lui était bien utile dans ce genre de situation. Sa voix était presque méconnaissables tellement ses intonations différaient de celle qu'il employait habituellement. Évidemment, il n'avait pas contrefait le timbre de sa voix, et c'est sûrement ça qui avait permis à Akisa de l'identifier comme un habitant de Feather Road. Bonne mémoire auditive de sa part, mais si elle continuait de se fier à la voix, jamais elle ne ferait le rapprochement entre ce ton froid et presque menaçant, et le joyeux Luca.
En tous cas, sa proposition était intéressante. Des règles simples et un enjeu pour pimenter le tout : que demander de plus?
Akisa éteignit sa lampe torche sans prévenir, les plongeant tous les deux dans une obscurité mitigée par la présence de la lune. Luca voyait toujours suffisamment pour distinguer la silhouette de la jeune fille, donc le noir ne le gênait pas.
Il prit le temps de bien choisir ses mots, avant de répondre sur son ton dénué d'émotion :

- Ta proposition me convient. 4 questions, pas une de plus, auxquelles je m'engage à répondre sincèrement, en n'utilisant que les mots "oui" ou "non". Réfléchis bien avant de les poser.

C'est vrai qu'au final, il n'avait pas grand chose à faire, si ce n'est répondre à ses questions, autrement dit prononcer quatre petits mots. La seule chose dont il devait se méfier, c'était de ne pas se trahir par une attitude trop reconnaissable, et analyser minutieusement les questions, pour vérifier qu'il n'y avait pas moyen de dissimuler la vérité sans mentir pour autant. Tout un art!

Son opposant accepta avec joie sa proposition. Soit, elle devait réflêchir minutieusement à ses quatre questions. Mais, ne connaissant pas beaucoup de personnes masculines à Feathers Road, cela ne devrait pas lui poser de problèmes pour découvrir sa réelle identité. De plus, quelque chose l'avait gêné quand elle avait entendu sa voix menaçante. Cette voix ne semblait pas être une voix naturelle...peut-être se trompait elle après tout ! Seulement si elle avait vu juste, cet inconu possédait un bon jeu d'acteur. En cherchant dans ses connaissances et autres de son quartier, elle n'avait que quatre personnes du sexe masculin en tête : son ami Avery et ses trois connaissances Arès, Luca et Gallahad (mais elle doutait fort qu'un gamin de son âge s'aventure seul la nuit dans la forêt...sauf s'il s'est perdu bien sûr). Cependant, elle n'était toujours pas certaine que c'était vraiment un garçon qui lui parlait. Cela pouvait toujours être une bonne actrice. Le visage de Becky lui apparut quelques secondes. Elle la chassa de son esprit. Non, Becky n'aurait pas pu jouer la comédie aussi bien. Elle finit par se remmettre du côté de sa première idée. Elle avait donc trois suspects pouvant correspondre à ses attentes. Il ne lui restait plus qu'à trouver les questions susceptibles de lui apporter une réponse positive. Elle avait envie de gagner pour l'enjeu. Si elle perdait maintenant, elle ne savait pas si elle pourrait continuer son excursion dans la forêt. Et adieu les mystères ! Non, elle gagnerait à coup sûr avec sa grande intelligence. En espèrant que son adversaire n'essaye pas de lui mentir...Il ne fallait jamais se fier aux appences. Même son ami Av' pouvait lui mentir pour je ne sais quelle raison. Elle devait donc poser des questions claires et précises, pour éviter qu'un incident arrive. Des questions avec des réponses non modifiables. Ce jeu lui semblait un peu plus intéressant maintenant...Il allait donc assister en direct à ses capacités de déduction. Cela lui ferait du bien de réflêchir un peu. Même si prendre la parole ne lui faisait pas vraiment plaisir. Elle tenta donc sa première question :

- Crois-tu au surnaturel comme les fantômes ?

*Bonne question, Akisa ! C'est sûr que personne ne poserait ce genre de question au début. En plus, si c'est Avery que je parle, il commencera à s'exciter...sinon, ce ne sera pas lui ! Et une personne de moins, dans ce cas...*

Cette question ne voulait rien dire pour Akisa car au fond, elle savait qu'Avery ne pourrait jamais la menacer pour s'amuser, tout ce qu'il aimait se résumait à dormir, rêver et tout ce qui était surnaturel. Non cette question était pour piéger son adversaire. S'il tentait de lui cacher la vérité de toute manière, ce ne serait pas le rouquin. Il ne mentirai pas ausi bien de toute façon. En vérité, il restait donc trois voire deux individus dans sa tête (en supposant que son collègue de travail dormait à l'heure qu'il est). Et tous les trois étaient des connaissances qu'elle ne connaissaient pas toujours très bien...surtout Luca qu'il lui avait toujours sembler mystèrieux. Peut-être était-il bon acteur après tout. Malgré sa façade joyeuse et sympathique, il n'était pas à exclure pour sa recherche de la vérité. D'ailleurs, c'était un suspect idéal pour cela.
Akisa pensa toute de suite à une seconde question pour ne pas se laisser emporter par la réponse prochaine de l'Autumn Feather. C'était si difficile de poser une question avec quelqu'un dont on ne connaît quasiment rien.
Elle entendit soudain des pas...ouf, c'était juste un lapin ! Oui, Akisa ne baissait jamais sa garde sauf chez elle après avoir fermé ses portes et fenêtres. Akisa était toujours très prudente. Même si elle n'avait pas peur, son instinct ne la laissait pas sans défense. Même si on pensait qu'elle était faible, timide, passive...elle n'avait pas moins de ressources pour autant ! Tout cela grâce à son intelligence, son calme, facteurs principaux de cette force intèrieure. Et sa curiosité la rendait plus courageuse. Malgré qu'elle n'aimait pas toujours cette personnalité, il fallait avouer qu'elle lui servait bien dans ce genre de situations.
Les nuages se f aisaient de plus en plus noirs. Peut-être allait-il bientôt pleuvoir. Une raison pour la jeune fille de remporter au plus vite ce jeu. Après, elle pourrait s'abriter dans le sanctuaire.
Un papillon de nit passa devant ses yeux...Un papillon de nuit ? Heureusement qu'elle avait ses lunettes de soleil sur les yeux, sinon elle resterait pétrifiée de peur. Elle eut juste quelques frissons et son esprit se vida pendant quelques instants avant la disparition du papillon. Elle ferma ensuite immédiatement ses yeux. Si quelqu'un savait pour sa phobie, elle n'irait pas loin dans la vie. Elle devait donc éviter d'en voir un de nouveau d'où ses yeux fermés. Ses oreilles suffiraient pour entendre. Elle pressa l'autre dans sa réponse.

- Je te prie de me répondre sans mentir. A moins que tu veuilles être trempé d'ici quelques minutes...

Sans avoir l'intention de lui mettre la pression, c'était plus pour elle-même que pour lui qu'elle disait cela. Elle avait enfin trouvé une seconde question...

- Crois-tu au surnaturel comme les fantômes ?

Drôle de question. Luca s'attendait plus à quelque chose du genre "habites-tu dans telle rue?", ou "As-tu les cheveux de telle couleur?", bref, une question bateau, mais qui pouvait malgré tout servir à l'identifier. Alors que là, il ne voyait pas en quoi cette interrogation allait pouvoir lui permettre de le reconnaître.
Enfin, il n'avait qu'à répondre honnêtement. Si il croyait au surnaturel et aux fantômes? La réponse demandait un peu de réflexion. Les fantômes existaient, évidemment, la Plume de la petite Alice de Bloody Lane le prouvait : elle discutait avec des ectoplasmes tous les jours. Mais après, ce n'était peut-être pas des fantômes dans le sens où l'entendait Akisa. Ils étaient immatériels, silencieux et invisibles pour le commun des mortels, et si ils hantaient bien certains lieux, leur présence passait tout à fait inaperçue. Ce n'étaient pas le genre de spectre que l'on trouvait dans les vieux contes, qui étaient capables de maudire un lieu, de posséder des humains etc. Quant au surnaturel en général, comment ne pas y croire quand on vivait sur une île où tous les habitants possédaient l'équivalent d'un pouvoir magique? Tous les jours, Luca fabriquait lui-même des talismans aux propriétés surnaturelles. Alors, évidemment qu'il y croyait. Mais encore une fois, était-ce vraiment ce qu'avait voulu dire la jeune fille. Enfin, ce n'était pas son problème si il avait mal compris la question parce qu'elle l'avait mal formulé. Maintenant, le tout était de répondre sans trahir son identité.

- Je te prie de me répondre sans mentir. A moins que tu veuilles être trempé d'ici quelques minutes...

Euh... Où était le rapport entre le mensonge et la pluie? C'est vrai que les nuages commençaient à s'amonceler au dessus de leurs têtes, mais en quoi mentir accélérerait-il le processus de la pluie?
De toute façon, il n'avait pas l'intention de mentir. L'enjeu n'était pas suffisamment important pour ça, et il préférait jouer franc-jeu. Même si au final il perdait, ce ne serait pas un drame. Après tout, il n'était pas face à un de ses ennemis mais à Akisa, qui même si elle était loin d'être inoffensive, n'avait aucune raison de lui en vouloir personnellement.
Un peu déconcentré par la remarque moyennement logique, il finit par répondre sobrement.

- Oui.

Après tout, plus il parlerait, et plus il donnerait d'indices à son adversaire.
A ce moment précis, un nuage passa devant la lune, rendant l'obscurité plus profonde. S'appliquant à rester parfaitement immobile, Luca, peu perturbé par l'assombrissement de la clairière, tendit l'oreille, attendant la question suivante.

Son interlocuteur avait mis du mal à répondre à une simple question et elle ne savait pas pourquoi. Cependant, elle ne s'en préoccupa pas. Avec son "oui" sobre, c'était la confirmation qu'Avery n'était venu somnanbule pour venir dans cette forêt. Il ne restait donc plus que Luca ou Arès. Mais lequel des deux ? Ne connaissant ni l'un ni l'autre aussi bien, elle aurait un peu du mal à les différencier l'un de l'autre. Seul détail qui lui sembla important : Arès est un fumeur et à sa connaissance Luca n'en était pas un vrai - peut-être lui était-il arrivé de tenir une cigarette...mais il pouvait certainement plus s'en passer qu'Arès-. Elle avait eu avant en tête une seconde question, mais elle l'abandonna pour deux nouvelles questions. Le seul souci : elle serait obligé de mentir. Elle qui n'aimait pas qu'on lui mente serait ammené à faire une chose pareille...Etait-ce vraiment si important de gagner pour elle ? En réouvrant ses yeux sur la forêt sombre et inquiétante, et en pensant à l'évènement étrange de tout à l'heure...elle aurait besoin d'une protection supplémentaire. Ce fut à ce moment là qu'elle trouva quelle faveur elle allait bien pouvoir demander au perdant. Oui, il fallait qu'elle gagne même en mentant contre son gré. Après tout, elle n'avait pas stipulé assez clairement dans les règles que le mensonge n'était pas autorisé. En plus, elle n'était pas certaine que son interlocuteur ne lui mentait pas...malgré que sa position ne lui permettait pas de lui cacher la vérité aussi facilement. Bon, il fallait qu'elle se lance ! Après tout ce n'était qu'un jeu. Son adversaire ne lui en voudrait sûrement pas de lui avoir menti. En plus, si cela se trouvait il ne saurait pas qu'elle lui avait un peu menti...

- Deuxième question : savais-tu que ma seconde plume était d'avoir un odorat sur-developpé ? D'où ma troisième question : ne serais-tu pas un grand fumeur par hasard ?

*Bien joué ! Avec un peu de chance, ce mensonge sur ma plume passera...sauf si il sait tout de moi même sur cette nouvelle plume toute récente...*

Elle était presque certaine qu'il ne connaissait pas sa deuxième plume en réalité. Même si elle avait effectué le recensement des plumes, elle n'avait jamais utilisé vraiment celle-ci. D'ailleurs, personne ne pouvait savoir si elle avait écrit la vérité. Elle n'avait révélé à personne l'existence de sa seconde plume. Malgré qu'elle avait révèlé son existence à l'autre maintenant, ce n'était pas si grave. Elle s'en remettrait. Ce n'était pas son ennemi après tout ! Et même si l'individu savait la vérité, ce n'était pas non plus une catastrophe. Elle voulait juste s'amuser pour une fois. La journée, elle s'ennuyait tellement. Et les rares occasions où elle réussissait à se faire plaisir ne suffisait pas à satisfaire sa quête de nouveautés. D'où le problème d'avoir un aussi grande curiosité...La curiosité était un vilain défaut. C'était bien vrai dans son cas. Les ennuis lui tombaient les uns sur les autres. Et pourtant, elle arrivait toujours à s'en sortir. Etait-elle extrêmement chanceuse ? Elle ne le savait pas d'elle-même.
Bon, elle n'avait sorti qu'un petit mensonge. De toute manière, même sans savoir qui se cachait derrière cette voix, elle avait déjà choisi sa réponse finale. Ce serait Luca, point final ! Et pourquoi ? La raison était simple. Elle n'avait pas envie d'être tombé sur l'autre fumeur. Il était dangereux pour sa santé. Et si elle avait un cancer à cause du tabagisme passif ! En plus, elle n'appréciait pas qu'un docteur puisse fumer, même dans le dos de ses patients. Non, ce type elle l'évitait comme la peste. Alors, elle serait plus heureuse que ce soit Luca car elle pourrait en apprendre plus sur son compte. Trop mystèrieux à son goût pour ne pas cacher quelques petits secrets...Ah, la curiosité d'Akisa n'avait vraiment aucune limite ! Elle se demandait comment un garçon aussi anodin en apparence pouvait être aussi bon acteur...car sa voix de toute à l'heure était superbe ! Si elle n'avait pas cru connaître le possesseur de cette voix menaçante...elle aurait sûrement eu peur...au point de penser qu'elle appartenait à ce "fantôme" qui avait essayé de la posséder ! Les êtres mystèrieux étaient vraiment capables de tout. Ele ne risquait de s'ennuyer avec Luca, si c'était vraiment son interlocuteur...
Sa quatrième question, elle allait la poser après avoir reçu les réponses à ses deux questions précédentes. Cette dernière question était juste pour faire joli. Ayant déjà choisi, elle voulait juste faire croire qu'elle avait besoin de poser l'ultime question. Ce petit jeu l'aurait diverti un petit peu au moins, c'était l'essentiel ! En plus, ils auraient terminés avant que la pluie ne tombe. Allait-elle gagner ou pas ? C'était au hasard de décider...

- Deuxième question : savais-tu que ma seconde plume était d'avoir un odorat sur-développé ? D'où ma troisième question : ne serais-tu pas un grand fumeur par hasard ?

Luca sourit intérieurement. Alors comme ça, elle ne respectait pas les règles du jeu?
Oui, parce qu'il connaissait la deuxième Plume d'Akisa. Et elle n'avait rien à voir avec l'odorat.
Une de ses ambitions en matière d'informations était de découvrir et mémoriser toutes les Plumes de l'île. Une tâche presque sans fin, étant donné que des nouveaux habitants arrivaient chaque jour, mais qui le tenait beaucoup à cœur.
Et comme il surveillait depuis quelques temps la jeune fille - depuis qu'il l'avait vu en mode "furie", comme il l'appelait - il n'avait pas manqué de remarquer lorsque que son second pouvoir s'était déclaré. Gallif, son petit espion invisible, lui avait rapporté qu'il s'agissait d'une Plume de manipulation, sans avoir réussi à obtenir plus de détails. Donc rien à voir avec l'odorat, CQFD. Conclusion finale : elle avait menti.
Mais au fond, cela ne le dérangeait pas. Au contraire, cela allait lui permettre de chambouler un peu les règles du jeu :

- Bien que cela n'ait pas été dit explicitement, il me paraissait clair que la règle interdisant les mensonges s'appliquait également à toi. Tu n'as pas respecté tes propres règles. Pour la peine, je me permet d'en rajouter une : pour tout mensonge proféré par l'un de nous, l'autre a également droit à un mensonge.

Ce qui signifiait qu'il avait le droit de mentir une fois à partir de maintenant. Mais il pouvait aussi continuer à dire la vérité, et c'est là où résidait toute la difficulté : elle n'aurait aucun moyen de savoir si la réponse était véridique ou pas. Si elle prenait une vérité pour un mensonge, elle risquait de fausser toutes ses déductions.

- Il est donc inutile que je réponde à ta deuxième question. Quant à la troisième, la réponse est non.

Il avait dit la vérité. Comme ça, sur un coup de tête. Avec un peu de chance, elle croirait qu'il s'agissait d'un mensonge. Et sinon... eh bien tant pis.
Il pourrait toujours mentir sur la dernière question pour l'embrouiller. Quoique si ça se trouve, dire la vérité l'embrouillerait tout autant. C'est ce qu'il trouvait particulièrement amusant avec cette nouvelle règle. Même la vérité pouvait tromper. Drôle de paradoxe.
En tous cas, cette étrange rencontre lui aurait permis d'en apprendre beaucoup plus sur Akisa. Et une petite idée commençait à germer dans sa tête... une idée d'alliance.
Car la jeune fille possédait des Plumes pour le moins utile. En plus de ça, elle n'avait pas froid aux yeux, et semblait être au moins aussi curieuse que lui. Le tout en gardant une façade de fille timide et inoffensive.
Au final, elle ressemblait un peu au petit informateur. Elle ferait une très bonne collaboratrice, à condition que Luca se débrouille suffisamment bien pour la convaincre de travailler pour lui, sans pour autant trop lui en révéler.
L'autre possibilité était de la manipuler purement et simplement. Il n'aimait pas trop ça, mais c'était une méthode beaucoup plus prudente. Surtout qu'il avait tout de même certaines informations à son sujet qui pourraient s'avérer très utiles. Comme ses sentiments pour Philipp, par exemple. Il ne savait pas si elle se rendait compte à quel point le Guardian l'utilisait, mais cela montrait bien qu'elle pouvait être une simple marionnette.
Enfin, avant d'envisager quoi que ce soit, il attendait de voir 1)comment elle réagissait face à la nouvelle règle qu'il avait imposé 2) qui allait gagner à son petit jeu.

Voilà que son interlocuteur changeait de lui-même les règles du jeu. Cela ne la dérangea pas trop. Même s'il avait découvert son mensonge, elle avait déjà décidé de sa réponse finale alors une question de plus, mensonge ou pas, ce ne serait pas si important que cela. Mais il fallait dire que cette personne était bien informé et là çà l'intéressait beaucoup. Elle était toujours en quête de nouvelles informations pour satisfaire sa propre curiosité. Si quelqu'un était capable de savoir autant de choses sur elle, elle ne risquait pas de passer à côté. Si cela se trouvait, il était au courant aussi pour les évènements étranges se passant à Hope District. Même si elle avait eu du mal à être au courant de cette histoire de fantômes ravageurs, une rumeur était toujours bonne à vérifier. Vrai ou pas, une information resterait toujours une information. Rien de plus compliqué.
Pour sa dernière question, elle hésita à la poser. Devait-elle stopper tout de suite ce jeu au risque de perdre si son intuition était fausse ? Ou devait-elle lui faire croire qu'elle n'avait toujours pas une petite idée sur son identité juste pour finir ce jeu en beauté ? Au final, elle préféra continuer un peu. Cela la divertirait plus ou moins avant de se mettre pour de bon à la poursuite des fantômes.
Elle réflêchit un petit peu sur la réponse à sa dernière question. Elle était maintenant sûre qu'il ne s'agissait pas d'Arès. Même si il lui disait qu'il pouvait à présent lui mentir, elle était persuadé que ce docteur n'aurait eu aucun intérêt à mentir sur son penchant pour la cigarette. Non, il aurait répondu oui car il lui avait semblait que cette personne s'assumait plutôt bien pour oser fumer dans le dos de ses patients. La réponse étant non, Arès n'était plus concerné par ce jeu. Elle avait encore plus de chance de gagner maintenant, même si sa réponse elle l'avait décidé après avoir posé sa deuxième et troisième question. Elle se contenta donc de répondre à son interlocuteur.

- Pas de problème. Alors, voici ma dernière question : aurais-tu des yeux marrons ?

*Bon, une question plus simple pour terminer correctement ce jeu...alors, où vais-je aller en premier dans ce sanctuaire...*

Elle avait posé cette question sans réflêchir. Elle n'avait pas eu l'intention de se tracasser l'esprit à chercher plus difficile alors qu'elle allait enfin révéler sa vraie indentité. Alait-elle vraiment gagner ou pas ? Cela semblait encore difficile à affirmer. On ne peut jamais sûre entièrement de ses choix. Le seul moyen d'être certain est de tenter. En attendant la réponse de celui qui ne lui semblait plus si inconnu que cela, elle se tourna vers la façade du sanctuaire ainsi que de l'autel. D'une couleur blanche, les murs semblaient si propres...même trop propres ! Quelqu'un avait sûrement repeint cet endroit en partie en ruines. Mais elle se posait toujours la question sur l'emplacement de cet autel. Pourquoi était-il devant le sanctuaire et pas à l'intèrieur ? Elle n'avait jamais vu une chose pareille au Japon. Et pourtant, elle en avait visité des temples. Non, Esplumoir n'était vraiment pas une île. Au début, à son arrivée sur l'île, elle aurait du mal à croire qu'il pouvait exister des choses comme des pouvoirs magiques. Mais à présent, c'était tout autre chose. Si maintenant elle croyait aux capacités surnaturelles, elle ne pouvait toujours pas être persuadé de l'existence réelle des esprits sauf si c'était le rôle d'une plume. Il existait peut-être une plume permettant de créer des fantômes...mais ce n'étaient que des pures créations illusoires sans avoir une aparence réelle ! Elle se refusait à croire à des choses pareilles. Tant qu'elle n'aurait pas vu des esprits sans posseseur de plumes dans les parrages...elle n'y croirait pas et rien n'y changera !
Elle continua ensuite par observer d'un peu plus prêt l'autel. Il lui semblait que s'il était devant le sanctuaire, c'était un peu comme un gardien de cet endroit. Elle devrait donc y faire un peu plus attention à l'avenir avant de se lancer dans la découverte de l'intèrieur du sanctuaire. Sinon, elle risquait encore de regretter son comportement trop insouciant. En plus quand elle fixait de trop cet autel, elle se sentait mal à l'aise. Pourquoi ? Etait-il si particulier que cela pour pertuber sa capacité de jugement ?
Elle arrêta de le regarder un moment pour pouvoir entendre sa réponse. Qu'allait-il bien pouvoir lui répondre ? Que cela soit un "oui" ou un "non", elle se prépara à donner sa réponse définitive. Maintenant, vrai ou pas, elle pensa qu'elle était en train de discuter avec Luca. Elle ne pouvait plus penser à personne d'autre...même à Philipp qu'elle n'avait pas inclu depuis le début dans ses choix. Pourquoi ? Car ce n'était pas son genre de s'amuser à un jeu aussi stupide alors qu'il avait mieux à faire. Son travail de Guardian lui prenait beaucoup de temps. Il n'avait donc pas le temps de jouer à ce genre de chose surtout de nuit.
Elle attendit donc en silence la réponse de celui qui était Luca pour elle. Elle verrait bien ce qui se passerait ensuite...

Luca étouffa un bâillement. La mousse sur laquelle il était toujours à moitié allongé était rudement confortable, et il sentait que son corps s'engourdissait petit à petit, le ramenant lentement dans les bras de Morphée. Le jeu avait intérêt à se terminer rapidement, où il allait s'endormir sur place. Le froid ne le gênait absolument pas. Luca n'avait jamais été frileux, et possédait des réserves d'énergie quasi-inépuisable qui lui faisaient également de lui un radiateur ambulant.

- Pas de problème. Alors, voici ma dernière question : aurais-tu des yeux marrons ?

Le fait qu'elle accepte sans broncher ses petites modifications des règles n'était pas bon signe pour lui. En plus, elle ne s'était pas foulé sur cette question. Luca en déduisit qu'elle avait déjà sa petite idée sur son identité. Il eut un sourire joyeux. Il était mal parti pour gagner le jeu, mais ça n'avait pas tant d'importance que cela.
Maintenant, restait à déterminer si il allait dire la vérité ou non sur cette dernière question. Si elle était vraiment sûre d'elle, cela n'aurait pas vraiment d'impact. Et si mentir ne lui apportait rien, alors autant dire la vérité.

- Oui.

Vérité, donc. C'est à ce moment qu'il réalisa qu'il n'avait pas encore utilisé son droit au mensonge, mais qu'il restait encore une question qu'Akisa allait inévitablement lui poser : "es-tu Luca", ou quelque chose d'approchant. Et rien dans les règles ne spécifiait qu'il n'aurait pas le droit de mentir à ce moment. L'idée prenait petit à petit forme dans son esprit. Si il prétendait ne pas être Luca, cela ne ferait que prolonger le jeu quelques instants, quelques instants durant lesquels Akisa se demanderait où était l'erreur dans son raisonnement. Quelques instants seulement, car après coup, il devrait forcément se montrer. En fait, cela n'avait pas une très grande utilité, mais pourquoi pas?

- Alors, qui suis-je?

En posant cette question, Luca eut tout à coup l'impression de se trouver au beau milieu d'une partie de "Qui est-ce?", ce jeu de société auquel il avait tant joué avec ses parents durant son enfance. Il gagnait presque toujours, au début parce que ses parents faisaient exprès de perdre pour lui faire plaisir, mais ensuite, parce qu'il était devenu un véritable pro en la matière, et parce que déjà à l'époque, il retenait facilement le nom et les caractéristiques physiques des personnages avec une facilité déconcertante. C'est principalement grâce à cette qualité que le jeune homme était devenu l'informateur ingénieux qu'il était aujourd'hui.
Une vague de nostalgie l'emporta. Il revoyait le petit garçon de 7 ou 8 ans devant le plateau de jeu, un air concentré et sérieux sur le visage, qui abattait avec assurance les cartes des personnages qu'il ne pensait pas être celui de son adversaire. Et puis sans prévenir, au beau milieu d'une phase de réflexion, il annonçait fièrement "Papa, tu es Georges!". Souvent, son père tentait de bluffer, mais il mentait mal, et Luca le voyait toujours. Dans ces cas là, il appelait sa mère, d'un air faussement outragé, celle-ci intervenait pour prendre la défense de son fils, et le tout se terminait dans la bonne humeur générale, à tel point que Luca en était presque écœuré en y repensant.
Un sourire amer traversa son visage. Visiblement, il n'était plus aussi bon pour jouer au "Qui est-ce?". Triste constatation, qui l'éloignait un peu plus de sa vie d'avant Esplumoir. Il ne savait toujours pas si arriver sur cette île avait été un coup de chance ou un méchant coup du sort. Il avait échappé à l'orphelinat, pour atterrir dans un endroit qui lui avait dans un premier temps paru paradisiaque, avant qu'il ne réalise à quel point la paix et la tranquillité apparente étaient fragiles. En devenant l'une des personnes les mieux informées de l'île, il avait mis au jour de nombreux secrets plus sombres les uns que les autres, et découvert le coté obscur d'Esplumoir.
Il se demandait si la jeune fille près de l'autel qui avait l'air si insouciante en temps normal était également consciente de tout cela, ou si elle continuait à prendre chaque nouvel évènement comme un jeu, ainsi que lui l'avait fait jusqu'à il y a peu, plus pour se protéger qu'autre chose.
Fermant les yeux, il attendit tranquillement que s'élève la d'Akisa, pour qu'elle lui annonce si il avait gagné ou perdu ce jeu enfantin.

L'heure de vérité était enfin arrivée. Luca -et oui c'était bien lui celui qui venait de perdre sans aucun doute- venait de lui répondre. Et sans lui mentir en plus. Elle se demandait donc à quoi lui avait servi cette modification des règles. A rien et c'était pour cela qu'elle avait accepté sans broncher. Maintenant, elle l'avais mis complètement à jour. Il ne pouvais plus lui échapper. Il allait devoir se monter à la seconde où elle aura prononcé son nom. De plus, il l'avait invité à lui donner une réponse. Et Akisa, étant une spécialiste des réponses brèves, répondait majoritairement avec quelques petits mots quand elle le pouvait. Quelques seconde après l'invitation du jeune homme, elle prit tout de suite la parole.

- Luca Brunner.

*Et voilà, normalement j'ai gagné ! Et si j'ai raison, tant mieux. Il pourra ainsi m'accompagner toute la nuit dans mon excursion. Et si j'ai tort, je me serais bien amusée.*

N'attendant même pas une affirmation positive de sa part, elle s'était déjà proclammée vainqueur de ce jeu. Et oui, Akisa, une fois sa décision prise, ne revenait jamais en arrière. Elle laissait ainsi toutes ses hésitations derrière elle pour être très sûre d'elle-même. Elle aimait bien avoir de l'assurance de temps à autre. Elle n'était pas toujours en mesure d'être aussi confiante donc elle en profitait. Tant que son esprit ne se posait plus trop de questions, elle pouvait avancer rassurée dans sa quête de vérité.

- Bon, j'ai gagné. Ce n'est donc plus la peine de te cacher maintanant.

*Et oui, de toute manière, je sais qui tu es, donc pas la peine de rester dans l'ombre, autant se parler en face à face*

Elle attendait de le voir surgir hors de sa cachette. Mais comme elle ne voulait qu'il n'oublie leur accord, elle fit de suite sa demande. Elle n'avait gagnée ce jeu pour rien, tout de même. Au moins, il n'aurait pas le droit de lui accorder sa faveur.

- Comme j'ai gagné, tu me dois une faveur : celle d'être mon garde du corps, cette nuit.

Oui, elle profitait de ce jeu pour s'assurer une meilleure protection. Car même si sa curiosité la rendait plus courageuse, d'un autre côté son instinct la retenait toujours un peu. Si elle voulait continuer ses recherches sans prendre la fuite, autant qu'elle soit accompagnée. Comme cela, elle se sentirait plus en sécurité. Bien sûr, elle aurait pu lui demander directement sans passer par ce jeu. Mais là, elle n'était pas assurée qu'il accepterait et qu'il ne prendrait pas la fuite à tout moment. D'où cette idée de faveur...Elle fournit donc des explications au jeune homme sur ce qu'elle attendait de lui.

- Je t'explique. Tu me suis partout cette nuit sans discuter et si j'ai un problème, tu m'aides. Compris ?

*Ah, ça fait du bien d'avoir quelqu'un qui pourra témoigner des évènements de cette nuit. Que la chasse aux faux fantômes commence !*

Avant de lui donner aussi quelques explications sur son but de ce soir, elle attendit d'être sûre qu'il l'avait bien compris. Et oui, elle était obligée de parler de cette rumeur pour qu'il puisse lui venir en aide si elle en avait besoin. Si il ne pouvait pas prendre la fuite en tant que perdant, il pouvait très bien ne pas réussir à lui rendre service s'il ne comprenait pas ses actions. Elle n'aimait vraiment pas les longs discours. Et pourtant, elle se forçerait un peu pour lui faire un résumé sur son objectif. S'il était aussi curieux qu'elle, elle était certaine qu'il serait intéressé. Même si lui croit aux fantômes et elle non, ils risquaient de bien s'entendre...
Elle pensa à leur première action : rentrer dans le sanctuaire pour le fouiller de fond en combles. Il devait bien y avoir des indices sur les individus qu'elle recherchait. Tout en pensant à cela, elle regardait toujours dans la même direction pour ne pas se laisser surprendre. Qui savait ce qu'un faux esprit était capable de faire ? C'était un vrai mystère pour elle. Mais plus pour longtemps...

- Luca Brunner.

Luca constata sans surprise qu'il avait perdu. Dommage. Mais pas dramatique. Il ne croyait pas Akisa assez mauvaise pour lui exiger de lui une faveur qui lui nuirait vraiment. Et de toute façon, il s'était engagé, donc il ferait ce qu'elle lui demanderait, quoi qu'il s'agisse. Il ne voulait pas perdre la confiance de personnes bien intentionnées comme la jeune fille. Il préférait mille fois se faire un ami qu'un ennemi, d'autant que les premiers pouvaient être d'un grand secours contre les seconds. L'union fait la force, comme disait le proverbe. Bien que l'on puisse plus souvent parler de manipulation que d'union, dans le cas du jeune homme. Il allait donc tenir sa promesse, ce qui ne voulait pas dire pour autant qu'il renonçait à lui jouer une dernière petite plaisanterie. Cela lui permettrait de rentrer à nouveau dans le rôle de Luca-le-gentil-garçon-casse-pied.

- Bon, j'ai gagné. Ce n'est donc plus la peine de te cacher maintenant.

Une fois de plus, le petit informateur sourit. Elle avait l'air bien sûre d'elle, et de toute évidence la patience n'était pas son fort. Précautionneusement, il commença à remuer pour détendre ses membres engourdis, le tout en faisant le moins de bruit possible. Il avait envie de rester dans l'ombre le plus longtemps possible, ne serait-ce que pour surprendre la jeune fille. La mousse tapissant l'intérieur du tronc étouffant les éventuels craquements du bois, il réussit à se mettre en position accroupie, prêt à descendre, sans émettre le moindre bruit.

- Comme j'ai gagné, tu me dois une faveur : celle d'être mon garde du corps, cette nuit.

Le moins que l'on pouvait dire était que la petite ne perdait pas son temps! Si la demande surprit Luca, elle le rassura par la même occasion, car il avait toujours eu l'intention d'accompagner Akisa dans son expédition, par curiosité, mais aussi par... gentillesse? Disons que le garçon était trop intègre pour laisser une jeune fille se promener seule dans la forêt, au milieu de la nuit, surtout au vu des événements actuels. Au final, le service qu'elle lui demandait, il s'en serait acquitté de toute façon, donc il y gagnait.
Après que ces premières réflexions, une autre beaucoup moins sérieuse lui vint à l'esprit, animée par le terme "garde du corps" qu'avait employé Akisa. Une image de lui-même, habillé en costard noir avec des lunettes de soleil (assorties à celles que portait la jeune fille, pour une raison aussi obscure que devait l'être sa vision en ce moment) et un pistolet caché dans les plis de sa veste. Le stéréotype du garde du corps. Sauf que associé à Luca, ça créait quelque chose de très comique. Il faut dire que le jeune homme, petit et fin, était loin de la silhouette baraquée des bodyguards habituels. D'ailleurs, en y réfléchissant, il ne savait pas trop ce qu'Akisa attendait de lui exactement, mais en cas de gros problème, il voyait mal en quoi il pourrait être vraiment utile. Luca se retrouvait rarement dans des situations délicates grâce à sa Plume, mais si celle-ci lui faisait défaut, il ne pourrait compter que sur ses jambes et éventuellement sa langue, ayant déjà réussi à endormir en un temps record un interlocuteur par son bavardage tellement inintéressant qu'il en devenait soporifique.
Bref, il espérait qu'elle ne se faisait pas trop d'illusion sur ses capacités. Comme pour répondre à ses doutes, Akisa ajouta :

- Je t'explique. Tu me suis partout cette nuit sans discuter et si j'ai un problème, tu m'aides. Compris ?

Compris, oui. Faisable, à voir.

- Tu as l'air bien sûre de toi. Mais si tu n'avais pas gagné? Qui te dis que je suis vraiment Luca? J'affirme le contraire!

Et sur ce mensonge trois fois plus gros que lui, l'informateur se laissa glisser à terre. Il n'avait pu éviter quelques frottements, ce qui impliquait que la jeune fille devait désormais avoir une vague idée de l'endroit où il se trouvait. Mais qu'elle se débrouille pour le trouver. Restant caché derrière le large tronc, toujours aussi invisible, il ajouta moqueusement, pour faire bonne mesure :

- Et si tu crois que je mens, tu n'as qu'à venir vérifier toi même!

Ce qu'elle allait sûrement faire; après tout, elle avait montré jusque là un courage exemplaire, et ce n'étaient pas la dizaine de mètres et les quelques ronces et racines vicieuses, ni les petites bêtes susceptibles de s'y cacher qui allaient l'arrêter. Alors elle allait venir, peut-être hésitante, peut-être sûre d'elle et en colère. Et elle trouverait un Luca souriant comme un imbécile heureux, qui lui sortirait une phrase du style "Haha, je t'ai fait peur, hein!".
Et là, plusieurs solutions :
1) elle lui fout un coup de pied dans le tibias parce que sa blague était tout sauf drôle.
2)elle le traite d'imbécile heureux, ce en quoi elle a quand même un peu tort, mais un peu raison aussi.
3)elle lui lance un regard méprisant et le plante là, parce que finalement, il vaut mieux se balader seule au milieu de la nuit plutôt que de se traîner un boulet à l'humour douteux.
4) elle éclate de rire parce qu'elle a trouvé ça hilarant.
(Cochez la bonne réponse)

Là, il commençait légèrement à l'énerver. Luca ou pas, elle n'y prêtait pas attention de toute manière. Elle trouvait juste ça plus pratique d'être accompagné dans son expédition. Et lui, il osait contredire sa victoire ! Bon, elle n'allait pas lui en vouloir vraiment. C'était toujours frustant de perdre. Pas étonnant qu'il essaye de la berner. Si sa réponse avait été erronée, il n'aurait pas bougé de sa cachette - car, apparement les bruits de bouts de bois lui affirmait qu'il avait décidé en vérité de lui donner raison -. Donc, en conséquance, c'était vraiment Luca qui tentait de la faire douter. Très bien, si ça l'amuse. Plus du tout en colère, elle était même ravie qu'on lui tienne tête un peu. Cela ne rendait sa victoire que plus écrasante. Il voulait qu'elle aille vérifier par elle-même. Soit, elle allait lui accorder ce petit plaisir comme lot de consolation, malgré qu'elle n'ait pas vraiment besoin d'une confirmation.

- Très bien. J'arrive.

*Bon, c'est parti. Je le récupère et on file attraper ce fantôme.*

Elle en avait presque oublié qu'elle était censé tout lui raconter. Finalement, elle avait changé d'avis. Cela lui ferait sûrement plus plaisir de découvrir de lui-même la raison de sa venue ici. Et si elle y était obligée, là elle lui dirait tout. Sinon, motus et bouche cousue. Elle se dirigea donc dans la direction des bruits. Il devait avoir envie de lui faire peur car il était de nouveau cachée. Cependant, il n'avait pas été assez discret. En effet, s'il n'avait pas tenté de se cacher en vitesse, il n'aurait sûrement pas eu besoin de se laisser glisser sur le sol. Si quelques frottements semblaient insuffisant pour démasquer le jeune homme, ce n'était qu'une question de temps avant de le trouver. Avant jusqu'à une zone avec des ortis et autres ronces, elle s'arrêta. En regardant le sol, elle vit qu'il était rentré en contact avec quelque chose...ou plutôt quelqu'un ! Tiens, Luca devait se cacher dans le coin. Pour éviter de se faire surprendre, elle regarda bien autour d'elle. Avec sa très bonne vision, même de nuit, elle arriverait à le repérer. Elle réfléchit quelques instants. Où se cacherait-elle si elle devait le faire ? Humm, sûrement derrière un grand tronc d'arbre où il était plus facile de se cacher sans que son pied ou sa main ne dépasse. Avec cet indice, il lui restait moins d'arbres à inspecter. Mais, la majorité des arbres dans cette forêt étaient gigantesques. Comment trouver le bon ? Si elle se trompait, il pourrait la surprendre par derrière. Elle n'aimait pas trop ce genre de surprise. Bon, elle y arriverait du premier coup. Avec un peu de réflexion, elle choisit le plus proche des ronces, là où on pouvait penser qu'elle n'irait. Mais au contraire, même si elle n'appréciait pas la présence de ces plantes, elle ferait avec. Elle avait déjà perdu assez de temps pour des babioles. Elle voulait en terminer avec sa recherche avant le levé du jour. Et une heure pouvait être bien courte quand on laissait trop le temps défiler devant ses yeux. Elle alla directement vers cet arbre pour aller voir derrière...pour trouver son garde du corps tout souriant, fier de sa blague. Ah, que ne ferait-elle pas juste pour avoir son soutient dans son aventure ! Elle se contenta donc d'un léger sourire sans signification et lui tendit la main pour l'aider à se relever. Il était couvert de terre. Mais quelle idée que de s'être frotté au sol ! Bon, elle n'allait pas s'en préoccuper plus que cela.

- Debout, on y va ! Suis-moi.

*C'est parti, pas de temps à perdre ! Le sanctuaire est par là. Il n'attends plus que nous. Allons-y.*

Akisa, après avoir remis son compagnon debout l'entraîna à sa suite pour se retrouver de nouveau face au sanctuaire et son autel mystèrieux. Elle resssentit à nouveau un léger malaise provenant de l'autel. Elle avait presque envie de le toucher...Mais à quoi pensait-elle enfin ? Elle n'avait pas le temps de s'en préoccuper. Pourquoi cette chose lui faisait tant d'effet ? Luca pouvait-il aussi ressentir quelque chose émanant de l'autel ? Non, impossible. Il n'avait pas vraiment une vrai plume psychique comme celles de la jeune fille. Non, si elle sentait vraiment quelque chose, c'était encore un coup de ce faux fantôme, doté sûrement d'une plume psychique comme elle. Et cet autel lui servait certainement de piège. Mais, elle ne se ferait pas avoir. Elle s'apprêta donc à ignorer celui-ci et à entrer pour de bon dans ce bâtiment blanc. Elle invita ainsi Luca à la suivre.

- On rentre dans le sanctuaire.

*Je me demande s'il a besoin que je lui dise cela. De tout manière, il est obligé de venir avec moi n'importe où dans cet forêt. Bon, ça ne fait rien...*

Ils passèrent donc l'entrée du sanctuaire pour se retrouver dans une grande cour. En passant juste devant l'autel, elle ne serait jamais doutée qu'une malédiction avait été jeté sur quiconque pénétrait ce lieu sacré...La chasse aux esprits commençait réellement dès à présent !

[HRP : où tu as lu que Luca s'était "frotté au sol"? ^^ Enfin, c'est pas grave, je l'ai intégré :D]

- Très bien, j'arrive.

Luca avait désormais un sourire littéralement vissé sur les lèvres. Il n'avait jamais été mauvais perdant, sauf quand l'autre ne jouait pas franc-jeu, ce qui ici n'était pas le cas. Désormais presque plaqué au sol pour qu'elle mette plus de temps à le retrouver, il laissa ses pensées vagabonder tout en contemplant le ciel. Au milieu des lourds nuages sûrement gorgés de pluie, il pouvait apercevoir un petit coin de ciel étoilé. Il prenait rarement le temps de regarder les astres. Cela ne lui venait jamais à l'esprit. Dommage, c'était un spectacle exceptionnel. Même si il aurait été bien incapable de reconnaître ne serait-ce que la Grande Ourse.
Akisa interrompit sa rêverie moins d'une minute plus tard. Ayant envisagé divers scénarios tous plus houleux les uns que les autres, il se prépara à recevoir un coup, ou un chapelet d'injures, un regard noir au mieux. Mais la jeune fille se contenta d'un léger sourire et lui tendit la main, sans faire le moindre commentaire sur sa blague douteuse.

- Debout, on y va! Suis-moi.

Luca accepta la main tendue et se releva en silence. "on y va", c'était bien beau, mais où? Avait-elle l'intention de s'enfoncer plus profondément dans la forêt, où simplement de visiter le sanctuaire. Aucune des deux options ne le gênait. Après tout, il avait passé ses six dernières années sur 'île, à crapahuter et fouiner dans tous les lieux possibles et imaginables. Ni l'inquiétante forêt, ni le temple qui s'y trouvait ne renfermait de secret pour lui. A défaut de garde du corps, il pourrait éventuellement faire un guide touristique parfait.
Il s'épousseta un petit peu tout en suivant la jeune fille à travers les ronces et les broussailles pour regagner le centre de la clairière.
Il remarque un léger malaise chez la jeune fille lorsqu'ils passèrent à côté de l'autel. Son regard s'était attardé un peu plus longtemps dessus.
Luca fit de même, sans remarquer ou ressentir quoi que ce soit. L'imposante table en marbre n'était pour lui rien de plus qu'un joli morceau de roche. Il l'effleura brièvement... ce qui n'eut absolument aucun effet.
Haussant les épaules, il s'écarta du monument, songeur. Il avait lu dans un vieux bouquin défraichi de la bibliothèque quelque chose à propos d'une malédiction qui toucherait tous ceux qui oseraient entrer dans le sanctuaire. Forcément, le petit Luca de l'époque s'était précipité dans le vieux bâtiment pour voir ce que cela pouvait faire. Mais étant donné le nombre de fois où il l'avait exploré de fond en comble, sans que la moindre broutille ne lui arrive, il avait fini par en déduire que ce n'était qu'un conte. En y repensant, peut-être qu'il y avait une part de vérité, car le reste des habitants de l'île semblaient peu attiré par l'endroit. En fait, il y avait toujours été seul. Alors il était possible qu'une vague malédiction plane sur le bâtiment glauque. Luca était de toute façon immunisé contre les malédictions, tant qu'elles n'étaient pas trop puissantes. Sa Chance les rendait totalement inefficaces, il s'en était rendu compte il y a quelques années, lorsque qu'un habitant mal luné avait tenté de lui en lancer une qui l'aurait condamné à trébucher au moindre petit escalier. L'autre avait été terriblement déçu lorsqu'il avait vu que le jeune garçon était toujours capable de monter des marches, même à cloche-pied, sans faire la moindre chute.
Mais Akisa, en revanche, n'avait pas ce genre de protection...
Perdu dans ses pensées, il avait à peine entendu la dernière phrase de la jeune fille et l'avait suivi machinalement. Fronçant les sourcils, il s'arrêta, avant de l'interpeler :

- Dis-moi, Aki, c'est la première fois que tu viens ici ? Parce que j'avais cru entendre une histoire de malédiction, et comme tu regardais bizarrement l'autel, tout à l'heure... D'ailleurs, qu'est-ce que tu as l'intention de faire, concrètement? Parce que si c'est juste pour visiter, tu pouvais aussi bien faire ça en plein jour, je me trompe?

"Aki", c'était sorti tout seul. Luca avait la fâcheuse tendance à réduire tous les prénoms de plus deux deux syllabes. Trop long, pas assez percutant à son goût.
Quand à savoir ce que la fille au prénom malencontreusement raccourci pouvait bien avoir en tête... Il n'y avait pas grand intérêt à se balader la nuit plutôt que le jour, sauf si on voulait avoir sa dose d'adrénaline. Ou rencontrer des fantômes, plaisanta pour lui même le petit informateur sans savoir à quel point il était proche de la réalité.

[Désolé, je me suis un peu confondue entre "se glisser" et "se frotter" au sol. -_-]

Ils étaient entrés et ce malaise inconnu ne l'avait pas quitté depuis son passage devant l'autel. Pourquoi se sentait-elle si...anxieuse ? Comment pouvait-elle ressentir un tel sentiment alors qu'elle prenait du plaisir à traquer l'autre faux esprit ? Quelque chose clochait avec elle ou plutôt c'était ce sanctuaire douteux qui ne collait pas avec la réalité...Tout d'abord, les murs n'auraient jamais du être aussi blancs. Qui s'amuserait à peindre un aussi grand sanctuaire ? Et en plus cela datait tout au plus de quelques heures ? Y avait-il eu quelqu'un avant eux ? Impossible...serait-ce le fantôme qu'elle recherchait ? Toutes ses interrogations n'arrêtaient pas de la tourmenter. Si sa curiosité ne pouvait pas résoudre tous ces mystères, elle ressortirait avec un goût amer de défaite personnelle. Ses pensées furent interrompues par un flot de paroles venant de son garde du corps - en l'appelant Aki, ça l'avait surprise un peu, quand est-ce qu'elle lui avait permis d'être aussi familier avec elle, ça elle se le demande-. Une malédiction ? Elle n'y avait même pas pensé...

- Vraiment ? Tu as sûrement raison...

*Comment ai-je pu écarter cette possibilité si évidente ? Cet autel était trop louche pour être normal. Une malédiction posée dessus est sûrement la cause de malaise...Que faire ?*

Si une malédiction avait été jeté sur ce sanctuaire, Akisa risquait d'en subir les conséquences. Malédictions et plumes psychiques ne faisaient pas bon ménage, il fallait dire. En plus, elle était la seule à pouvoir être touché. Luca, lui, avec sa chance inouï - sans qu'elle ne sache d'où il l'avait car sa plume concernait juste la date de mort des gens, si elle ne se trompait pas- , n'avait aucun souci à se faire. Heureseument qu'elle lui avait demandé d'être son garde du corps. Elle ne pouvait être encore certaine qu'une malédiction existait belle et bien mais...on était jamais trop prudent à une heure pareille !
Elle était tellement absorbée par ses pensées qu'elle n'avait pas envie de donner des explications au jeune homme. Il avait fini par lui demander ce qu'elle voulait faire ici. Bon, elle allait l'éclairer sur ce point. Mais sans en faire tout un discours. Elle devait plus consacrer son temps à découvrir si oui ou non il y avait une malédiction, et si ce faux fantôme rôdait dans les parrages bien sûr. C'était plus facile à dire qu'à faire. Elle n'allait comme même pas juste se balader dans ce sanctuaire pour une petite visite. Elle devait découvrir le fin fond de cette rumeur stupide. Si elle ne revenait avec une seule donnée intéressante...autant dire qu'elle ne pourrait l'accepter !

- Une simple visite ? Non, je n'ai pas le temps de faire cela, voyons.

*C'est sûre que si j'avais voulu faire une petite visite de courtoisie, je serais venue de jour. Bien sûr que non que je me balades pas juste pour ce genre de choses...*

Elle fit une courte pause pour enchaîner avec la suite de sa réponse. A contrecoeur, elle essaya d'être à peu près claire. Après tout il pourrait lui être d'une quelconque aide si cela se trouvait...L'avenir le lui dirait certainemment.

- Je recherche une personne se faisant passer pour un fantôme. Alors, je suis là en pleine nuit...

*Bon, pas besoin de lui dire d'avantages de choses sur le sujet ! Je lui raconterai peut-être plus tard, qui sait...*

Une fois ses explications brèves finies, elle se contenta d'avancer jusqu'au milieu de la cour. Tournant un peu sur elle même, elle regardait partout autour d'elle comme pour dénicher une quelconque anomalie supplémentaire à ce lieu. Elle se préoccuperait de cette soit-disant malédiction plus tard. Si elle n'avait pas fini avant le lever du soleil, quelqu'un pourrait rappliquer et gêner ses recherches...Ah que le temps la gênait ! Il était si court et si précieux qu'elle devait y faire attention tout le temps. Quelle perte d'énergie inutile !
Akisa revint à sa première préoccupation : l'esprit. Où pouvait-il bien se cacher ? Elle ne le laisserait pas s'enfuir si elle le déniche. Si elle prouvait que les fantômes n'existaient pas, elle pourrait s'en vanter un peu au près de ses amis trop crédules. Et comme cela, ils n'auraient plus peur de se balader avec elle en plein Hope District. Ils ne pourraient donc plus refuser longtemps ses invitations à ses excursions.
Regardant avec attention les murs, elle ne remarqua aucune irrégularité dans la peinture fraîche. Vraiment étrange...Traversant toute la cour pour arriver de l'autre côté du sanctuaire, elle toucha un de ses murs. Bien sûr ses mains furent blanches de peinture. Au moins cette peinture était bien réelle. C'était une certitude.
Alors qu'elle retenta de toucher un mur, elle sentit ses mains comme absorbées par celui-ci. Et le pire, c'était qu'elle n'arrivait ni à les retirer du mur ni à passer le reste de son corps à travers le mur. Peut être aurait-elle pu alors traverser le mur...Non, c'était impossible, elle devait rêver ! Comment un être humain même avec des pouvoirs pouvait pénètrer un mur...Elle repensa tout de suite à cette histoire de malédiction. Comment avait-elle pu se fourrer dans un pétrin pareil ? Bien sûr, elle demanda l'aide de Lucas.

- Mes mains sont coincées dans le mur...tu m'aides ?

*Il a plutôt intérêt à me prêter main forte. On brise pas une promesse comme cela...Ah, je n'aime pas les tournures qu'ont pris les choses ! J'ai un fantôme à trouver moi ! Pas le temps de rester dans ce mur de pacotille...*

Elle avaient beau essayer de toutes ses forces de les enlever, ses mains ne semblaient plus lui répondre. Elle espèra donc s'en sortir vite. Evidemment, elle allait devoir faire plus d'efforts...Pourquoi avait-elle touché une seconde fois ce maudit mur ? Sa curiosité l'avait encore entraîné dans quelque chose de très louche...Qu'allait-elle faire maintenant ?

[HRP : je sais que je suis casse-pied (et qu'en plus je mets une plombe à répondre >.<) mais en fait, très peu de personnes connaissent la Plume de Luca. Comme elle est plutôt discrète, il a réussi à la cacher, et fait croire qu'il possède le don de voir la date de mort des gens, à la place. Si tu pouvais rectifier ça, stp ^^]


- Une simple visite ? Non, je n'ai pas le temps de faire cela, voyons.

Luca sourit, pour la quinzième fois en mois d'une minute. Elle n'avait pas que ça à faire? Tant mieux, lui non plus. Il commençait à avoir sacrément froid, ne s'étant pas habillé pour passer la nuit dehors, et sentait ses membres s'engourdir peu à peu, à la fois sous l'effet de la température polaire et de la terrible envie de dormir qui l'envahissait petit à petit.

- Je recherche une personne se faisant passer pour un fantôme. Alors, je suis là en pleine nuit...

Luca fronça les sourcils et secoua la tête, incrédule. Un fantôme amateur du côté du sanctuaire? Très peu probable, étant donné que si ça avait été le cas, il aurait été le premier informé et le premier sur les lieux pour découvrir la vérité. D'où Akisa avait-elle obtenu cette information erronée? En tous cas, on s'était bien moqué d'elle, et elle courait désormais après des chimères, l'entraînant à sa suite. Après être parvenu à cette conclusion, le garçon perdit tout intérêt pour l'expédition, et laissa la jeune fille explorer la cours seule, se contentant de piétiner sur place, à la fois pour se réchauffer et éviter de tomber dans les bras de Morphée.
N'ayant rien de mieux à faire, il observa depuis le seuil du sanctuaire cet imposant bâtiment ont il pensait connaître les moindres recoins. Avec l'obscurité, il devenait soudainement plus mystérieux, plus inquiétant. De nombreuses zones d'ombre semblaient se matérialiser, pouvant dissimuler n'importe qui ou n'importe quoi, et décuplant l'imagination du garçon. Un léger frisson lui parcourut l'échine. Le sanctuaire était décidément bien plus inquiétant de nuit que de jour.
Lorsqu'il eut fini son analyse des lieux, l'informateur se retrouva de nouveau désœuvré. Après avoir jeté un rapide coup d'œil à Akisa pour s'assurer qu'elle n'avait pas de problème, il entreprit de réciter mentalement le nom, l'âge, la Plume et le quartier de tous les habitants qu'il connaissait, dans l'ordre alphabétique histoire de compliquer un peu la tâche. Cependant, cela n'avait rien de bien passionnant, et l'ennui et le sommeil reprirent vite le dessus.
Au bout du cinquième bâillement, il souhaita très fort que quelque chose se passe, n'importe quoi, mais que les choses bougent, ou il allait s'endormir debout.
Comme pour répondre à sa sollicitation, il entendit à ce moment la voix d'Akisa :

- Mes mains sont coincées dans le mur...tu m'aides ?

Il se tourna vers elle, d'abord interloqué, la vit de dos, face au mur... et éclata de rire. C'était tellement gros, elle avait vraiment cru qu'il se ferait avoir? Il était sur le point de lui répondre "Les mains coincées dans le mur? Hahaha! C'est sûrement la malédiction la plus ridicule que j'ai jamais vu!", lorsqu'un léger doute s'immisça dans son esprit. Il cessa de se bidonner et parcourut rapidement les quelques mètres le séparant de la jeune fille, pour s'apercevoir qu'en effet, ses mains semblaient enfoncées dans le mur.
Pendant une demi-seconde, il fût sur le point de repartir dans une crise de fou rire tellement la situation était invraisemblable, mais réussit à se contenir pour éviter de vexer Akisa. Il ne put malgré tout réprimer un gloussement nerveux, ainsi que le sourire moqueur qui s'étirait sur son visage, presque aussi large que celui du chat de Cheschire.
Se mordant les lèvres pour éviter de faire une rechute, il posa avec prudence sa main sur le mur, à quelques centimètres de celles de la jeune fille, sans que rien ne se passe. Il se hasarda même à appuyer dessus, à tapoter, et pour finir donner quelques coup de pied, sans autre résultat que celui de se faire mal aux orteils.

- C'est le phénomène le plus bizarre que j'ai jamais vu! s'exclama-t-il avec enthousiasme. C'est comme si le mur s'était liquéfié lorsque tu as posé tes mains dessus, avant de se re-solidifier, t'emprisonnant à l'intérieur. Et je doute que l'on trouve une explication scientifique à tout ça. D'ailleurs, je vois mal comment te tirer de là, sans vouloir t'affoler.

Luca n'avait rien d'un magicien, et de toute façon, il doutait que même un sorcier ou quelque chose d'approchant ait été en mesure de faire quoi que ce soit. Au moins, cela n'avait pas l'air douloureux pour la jeune fille, mais elle n'allait tout de même pas pouvoir rester coincée comme ça, dans cette position idiote...
Le jeune homme se creusa la tête, et faute de pouvoir trouver une solution parfaite, décida de tester une solution de rechange.
Fouillant dans ses multiples poches, il en retira 5 talismans qu'il avait préalablement fabriqué. L'un était censé protéger contre les mauvaises chutes, l'autre contre les rhumes, le troisième contre les malheurs ayant trait au travail, le quatrième contre les mauvaises rencontres, et enfin le dernier portait un étiquette qui indiquait sobrement "Malchance". Autrement dit, un talisman de protection assez générale, et qui avec un peu de chance - et Luca n'était-il pas le garçon le plus chanceux au monde, après tout ? - fonctionnerait à condition que l'état de la jeune fille soit dû à une malédiction. Il passa le grigri autour du cou d'Akisa, en précisant avec un sourire innocent :

- C'est un porte-bonheur que j'ai acheté je-ne-sais-plus-trop-où, mais qui a 'air plutôt efficace. Depuis que je l'ai, je n'ai pas le moindre problème. Si c'est bien une malédiction, ça pourrait peut-être marcher...

Il se recula ensuite de deux pas, et attendit que quelque chose se passe....

[D'accord, j'ai rectifié.]

Elle l'entendit rire derrière son dos et elle n'aimait pas cela. Déjà qu'il devait être toujours pas trop éloigné d'elle -et que depuis tout à l'heure, il s'était contenté de la laisser fouiller le sanctuaire bien sagement à l'entrée, comme-ci ça l'amusait de la voir s'investir-, alors si en plus il se moquait d'elle. Non, elle n'allait pas le laisser dans son fou rire plus longremps. Elle devait se sortir de cette situation. Heureusement même dans sa crise de rire, Luca tenta de l'aider avec ses mains dans le mur...en sortant des amulettes - oui, elle en avait déjà vu auparavant quand elle était encore au Japon, dur de penser que quelqu'un en possédait même à Esplumoir- ! Elle ne savait pas si ce genre de choses fonctionnait mais "qui ne tente rien n'a rien". Et elle était prête à tout pour pouvoir sentir de nouveau ses mains à l'air libre, aussi blanches soient-elles dès à présent.
En repensant à ce qui venait de se produire, l'idée de malédiction n'avait pas l'air d'être fausse. Sans être sure qu'elle était victime d'un sortilège, en tout cas elle ne rêvait pas. Si Avery était là, il hallucinerait tellement cet évènement semblait sortir tout droit d'un rêve. D'ailleurs, il serait resté planté là à rien faire, tellement il aurait été fasciné par ce mur étrange.
Même si c'était depuis peu de temps que le jeune homme cherchait dans ces poches, elle commençait à perdre patience. Le temps lui semblait si long quand elle n'avait rien de mieux à faire que d'attendre qu'un miracle se produise. Finalement peut-être qu'il prenait tout simplement tout son temps pensant qu'elle n'était pas une de ses priorités. Quel pitoyable garde du corps il faisait ! La seul chose dans lequel il avait l'air d'exceller était de jouer au petit malin. Si seulement il n'était pas si mystèrieux et secret, elle pourrait sûrement le percer à jour. Oui, elle doutait fort que tous ses sourires soient vrai. Pourquoi ? La raison est simple : Akisa avait déjà fait la connaissance de personnes hypocrites souriant à gauche et à droite, juste pour se faire une bonne réputation ou manipuler les autres. Cela ne l'étonnerait pas d'avoir affaire à quelqu'un du même genre. Dans tous les cas, pour l'instant, elle se contentait de lui faire confiance. N'ayant rien tenter de particulier contre elle, peu lui importait de découvrir ses secrets dans l'immédiat. En ce moment, sa priorité était de libérer ses mains du mur, puis de coincer ce faux fantôme. Si elle n'avait ne serait-ce qu'une chance de l'attraper, elle profiterait de l'occasion pour satisfaire définitivement sa propre curiosité. Après, elle allait pouvoir enfin un peu souffler. Elle ne s'était pas vraiment beaucoup reposée depuis quelques jours, juste à cause de cette rumeur de pacotille. Si seulement, elle avait au moins eu une confirmation sur l'existence de cet esprit, elle se serait désintéressée de cette affaire. Et sa curiosité l'aurait laissé tranquille pendant un court moment. Mais non, il fallait encore qu'elle s'embarque dans une aventure invraisemblable. Vraiment, elle ne savait que faire avec sa sale manie de vouloir fouiner partout...sans être sûre d'obtenir des résultats. Elle aurait dû au moins demander conseil à Philipp avant d'aller dans la Sylve d'émeraude. En tant que Guardian, il aurait certainemment eu sa petite idée sur la vérité de cette rumeur.

*Ah, je regrette presque de pas avoir pris assez de précautions...quelle poisse d'être coincée dans le mur !*

- Bon, tu te dépêches de trouver quelque chose...d'accord ?

Apparement on avait entendu sa prière. Après avoir prononcé ses quelques mots, Luca sortit une amulette de sa poche qu'il mit autour de son cou. Il disait qu'il l'avait acheté quelque part...mais où ? Elle n'avait jamais remarqué une boutique sur île pouvant fournir ce genre de choses. Mais bon, ce n'était pas si important que cela d'en savoir plus sur sa provenance. L'importance était si ce porte-bonheur comme il l'appelait fonctionnait. Elle n'avait qu'à moitié confiance en ce genre de pratiques peu convaincantes. Elle attendait donc que celui-ci fasse ses preuves. Au bout de quelques minutes, elle se demanda si ce truc avait vraiment une utilité. Rien ne se passait et cela l'inquiétait...jusqu'à ce qu'elle réussisse miraculeusement à dégager une de ses deux mains, sa main gauche couverte de peinture blanche pour être plus précise. Si c'était ce truc qui avait agi, cela ne suffisait pas à la sortir de ce pétrin. Sa main droit était toujours dans le mur. Mais peut-être son compagnon avait-il une deuxième amulette du même type...autant le lui demander pour en être plus sûre.

- Dis-moi, tu n'aurais pas par hasard un autre porte-bonheur du même genre, ça pourrais aider ma deuxième main...

*Bon, il faut espérer que cette malédiction n'est pas assez puissante pour résister à deux grigris...ce serait dommage de rester à jamais dans ce sanctuaire, non ?*

Pendant qu'elle attendait une réaction de sa part, elle se mit à réflêchir à un moyen de s'en sortir, au cas où sa réponse serait négative. Elle n'avait pas la moindre idée sur...Une illumination parvient à son cerveau. Elle venait de trouver une solution de rechange à tenter. S'il était vrai qu'une malédiction pouvait être activée, il existait sûrement un moyent de la désactiver. Et là, elle repensa à l'autel de tout à l'heure. L'aura maléfique qu'elle avait ressenti en s'en approchant, prouvait que ce machin avait un quelconque rapport avec cette histoire de malédiction. Si Luca allait y jeter un petit coup d'oeil, peut-être réussirait-il à briser celle-ci. Mais pour l'instant tout cela restait une hypothèse. Rien ne garantissait la réussite de ce projet. Mais tenter le coup ne lui semblait pas une mauvais idée. Elle devait communiquer son idée à son garde du corps.

- Si tu trouves rien, dis-le moi ! J'ai peut-être une idée en réserve à essayer...

Elle allait donc élaborer sa stratégie future selon la réponse du jeune homme. Si seulement les malédictions n'existaient pas, sa vie serait mieux protégée...Pleine de volonté, elle comptait s'en sortir sans baisser les bras. Son existence ne devait pas s'arrêter là. Elle avait encore plein de choses à expérimenter malgré le manque d'informations en sa possesion. Elle devait encore arrêter ce faux esprit. C'était l'occasion pour elle d'accomplir quelque chose de différent...et intéressant peut-être !

Luca attendit en silence (oui, vous avez bien lu, Luca peut rester silencieux pendant plusieurs minutes, malgré la présence d'un éventuel interlocuteur). A vrai dire, il était sceptique. De plus en plus au fur et à mesure que les secondes s'écoulaient, réduisant le nombre de chance que son talisman fonctionne. Il faut dire qu'il n'avait jamais eu à défaire une malédiction auparavant; après tout, il n'avait découvert sa seconde Plume que depuis peu, et mine de rien, les malédictions, ça ne courrait pas les rues. D'autant qu'il était tout à fait possible que la position délicate d'Akisa ne soit pas due à une malédiction, mais à une autre manifestation paranormale, du style un sortilège qui n'affecterait que les membres du beau genre, ou encore un esprit belliqueux à qui la tête de la jeune fille ne reviendrait pas, enfin on pouvait tout imaginer.
Et l'esprit de Luca étant fort imaginatif, il continua à dériver sur des sujets de plus en plus absurdes, si bien qu'il en vint à se demander à quoi pourrait bien ressembler la vie de la jeune fille si elle ne parvenait jamais à se détacher de ce mur. Il y aurait sûrement moyen d'en casser une partie, mais il serait trop risqué de le détruire à proximité des mains de la jeune fille, si bien qu'elle serait condamnée à se balader avec un bout de parpaing attaché aux bout des bras. Ce qui serait pour le moins inconfortable. Allez-donc essayer de vous beurrer une tartine sans vos mains!

- Dis-moi, tu n'aurais pas par hasard un autre porte-bonheur du même genre, ça pourrais aider ma deuxième main...

Luca revint à la réalité pour constater que, en effet, une des mains de la jeune fille était désormais libre. Et, accessoirement, toute blanche. Le petit informateur se demanda s'il s'agissait d'une bête couche de peinture, ou un effet secondaire de la malédiction/sortilège/truc paranormal qui avait touché Akisa. Allait-elle pouvoir se débarrasser de cette couleur, ou allait-elle garder la main blanche pour le restant de ces jours? Vu le niveau de la malédiction/sortilège/etc. jusqu'à maintenant, il ne serait pas surpris que ce blanc soit indélébile. De quoi vous dégoûter à vie d'aller fouiner dans des temples mystérieux pendant la nuit. En tous cas, l'auteur de cette petite plaisanterie -car il devait bien y avoir quelqu'un à l'origine de cette étrange manifestation- avait un sens de l'humour encore plus douteux que celui du jeune homme.
Franchement, coincer les mains de quelqu'un dans un mur, on avait rarement vu plus débile comme punition.

- Si tu trouves rien, dis-le moi ! J'ai peut-être une idée en réserve à essayer...

Eh bien non, il ne trouvait rien. Doutant fort qu'un talisman contre les rhumes puisse être utile dans ce genre de situation, Luca était à court de solutions.
Bien sûr, il aurait pu fabriquer un porte-bonheur magique sur le moment. Après tout, il n'avait pas besoin de grand chose, à part un objet pas trop gros pour contenir la Chance qu'il y insufflerait.
Mais le jeune homme n'avait nullement l'intention de dévoiler son pouvoir à la jeune fille, ni même de l'utiliser pour la sortir de là. Disons que ce serait la dernière solution, après avoir essayé toutes les autres pistes.

- Non, désolé, je n'en avais acheté qu'un. D'ailleurs, je n'étais même pas sûr que ça fonctionne! Impressionnant, tu ne trouves pas!

Il adressa un sourire rayonnant à la jeune fille, conscient d'avoir l'air d'un parfait crétin.

- Mais à part appeler une entreprise de démolition pour réduire ce dangereux mur en poussière, je ne vois pas quoi faire d'autre. Aussi je suis tout ouvert à ta proposition. Sauf si je trouve ça trop dangereux. Ou trop stupide. Ou inutile.

Et il ponctua sa phrase d'un énième sourire, qui ne pouvait donner qu'une envie : lui foutre deux ou trois baffes histoire qu'il cesse d'être aussi optimiste et nonchalant.

Akisa ne fut pas vraiment si surprise d'apprendre qu'il n'avait pas un second porte-bonheur du même genre. Cela aurait été trop beau...Bref, il ne restait plus que son idée qui pouvait peut-être la sortir de ce mur. Mais depuis tout à l'heure, Luca n'arrêtait pas de sourire bêtement et ne souciait guère de son sort. Et oui, il comptait briser sa faveur avec elle s'il trouvait que l'aider était trop dangereux. Un vrai lâche pas très digne de confiance...Mais il fallait s'y attendre avec lui. Tout ses mystères autour de lui étaient trop louche pour cacher quelque chose de si innocent. Bref, ce jeune homme était peut-être bien plus pitoyable qu'elle n'aurait pu l'imaginer. Pourtant, tant qu'elle n'aura pas découvrir un ou deux secrets de sa part, elle se laissera approche dans la mesure où il ne tenterait rien de négatif envers sa personne. En plus, c'était sûrement pas maintenant qu'elle allait lui demander de la lâcher un peu...vu sa situation ! Elle commença de douter de son idée ingénieuse. Si elle demandait à son "garde du corps" si médiocre d'aller vérifier du côté de l'autel, qui sait s'il n'en profiterait pas pour lui fausser compagnie. Ce Luca avait l'air d'être le genre de type ne vivant que par le profit. Elle commençait à en avoir la certitude depuis un petit moment...
Bon, elle n'allait pas laisser tomber sa seule possibilité peut-être de briser cette malédiction de pacotille. Si seulement elle pouvait attraper ce petit malin qui...ah, si cela se trouvait c'était aussi ce même fantôme qui avait tendu un piège à quiconque pénètrerait sa cachette. Si c'était le cas...elle avait une piste pour débusquer cet individu. Cela semblait prometteur si elle réussissait à venir à bout de son sortilège très résistant et très bien jeté il fallait l'avouer. Si ce n'était pas elle qui était tombée dans celui-ci, elle lui aurait bien fait ce compliment avant de donner une bonne leçon à ce faux esprit.
Elle revint à la réalité pour exposer sa stratégie au brun.

- Mon idée serait que tu ailles vérifier cet autel à l'entrée qui a une aura maléfique. C'est peut-être de là d'où provient cette malédiction. Et si tu trouves un moyen quelconque de mettre fin à ce sort, ce serait bien tu vois...

*Il a pas intérêt de se défiler celui-là ! Sinon, si un jour je le retrouve après mettre moi-même sorti de là si j'y arrive bien sûr, je le...*

Elle insista bien sur le fait que ce n'était dangereux d'aller voir cet autel. S'il n'avait pas été pris par la malédiction, cela ne devrait lui poser aucun problème ni de s'approcher ni de toucher cette pierre démoniaque.

- Puisque tu as l'air de pas avoir trop peur des malédictions, tu ne vois donc aucun problème pour y aller, non ?

Là, elle avait peut-être marqué un point. S'il avait ne serait-ce qu'une once de fierté, il ne risquerait pas de fuir. Ce serait trop la hone d'avoir fui devant une aussi petite difficulté, n'est-ce pas... En tout cas si elle avait à sa place, elle n'aurait pas hésiter une seconde et aurait - sauf souci majeur psycologique ou physique - avec plaisir pris la peine d'aller voir cet autel d'un peu plus près. Si on était un tant soit peu curieux par la même occasion, on avait aucune raison de refuser pareille aubaine. Enfin, c'était une évidence pour Akisa. Mais pour les autres...elle ne pouvait pas tout prévoir non plus ! Elle espérait juste obtenir satisfaction de son compagnon dans cette aventure.
En attendant une réaction - positive si possible - de Luca, elle regarda sa main gauche toute blanche. Elle espérait que cette peinture fraîche n'était pas aussi un des effets du sortilège. Elle préférerait plutôt que ce soit de la peinture naturelle. Elle n'aurait plus qu'à se laver les mains au savon en frottant plus fort, pour faire partir la blancheur sur celles-ci. Savoir que la peinture pouvait aussi être magique ne la rassurait pas. Oui, il fallait vraiment que Luca brise ce sort bien embêtant pour la jeune fille. Une demoiselle comme Akisa n'allait pas vivre le restant de ces jours avec les mains blanches de peinture ensorcelée dans le mur. Il en était hors de question. C'était pourquoi elle insista une dernière fois pour être sûre que Luca aille là où il devait se rendre...

- Tu y vas n'est-ce pas ?

Elle ne savait pas si son insistance avait une effet positif sur le jeune homme. Mais elle préférait comme même le faire, on ne savait jamais quoi s'attendre avec lui. Et si cela avait produit l'effet contraire, elle tenterait une autre appoche, plus ou moins subtile selon ses réactions. Elle commença donc à élaborer quelques autres stratégies de rechange. Avec Akisa, on pouvait s'attendre à tout. Elle pouvait trouver autant d'idées ingénieuses qu'originales. Il ne fallait comme même pas qu'on la sous-estime à cause de sa résistance physique et morale assez limitée. Elle n'était pas si inoffensive que cela, la petite Akisa...

- Mon idée serait que tu ailles vérifier cet autel à l'entrée qui a une aura maléfique. C'est peut-être de là d'où provient cette malédiction. Et si tu trouves un moyen quelconque de mettre fin à ce sort, ce serait bien tu vois...

Hummm... Pas si bête. Vu que l'autel était à peu près le seul truc qui se détache dans la jolie ruine qu'était devenu le sanctuaire, ça paraissait plutôt logique d'aller le voir. Pas pour le tourisme, hein? C'est juste que, si malédiction il y avait, Luca voyait mal comment ça pourrait venir d'un pauvre bout de mur en décomposition (ouais, les murs ça se décompose pas, vu que c'est pas franchement organique, mais osef).
Bref, Luca n'avait rien contre le fait d'aller jeter un coup d'œil à l'autel, mais le truc qui était un peu flou dans le plan d'Akisa, c'était ce qu'il faisait arrivé devant le bout de pierre.
Traditionnellement, qu'est-ce qu'on était censé faire devant un autel? Là, sa mémoire flanchait un peu.
Un vague souvenir de la seule messe à laquelle le garçon avait assisté de toute sa vie - précisons que la famille Brunner était allergique depuis des générations à toute sorte de culte, à part celui, très récemment, du Nutella - émergea difficilement : un type en robe blanche qui lisait un gros bouquin sur l'autel de l'église. Luca eut une petite moue. Il n'allait quand même pas aller chercher la bible, si? De l'eau bénite, peut-être? Ouais mais non. Y'avait pas d'église sur Esplumoir. Après, on pouvait toujours essayer avec de la limonade... Parfois, ses propres idées l'effrayaient un peu.
L'adolescent décida de laisser tomber l'inspiration chrétienne. De toute façon, les malédictions, c'était plutôt associé aux rites païens, en général, non? Luca passa donc en revue toutes les religions polythéistes qui lui virent à l'esprit.
La religion égyptienne? Non, il n'y avait pas d'autels. Pas dans les B.D. qu'il avait lues, en tous cas.
Euh... aztèque? Là, il y avait des autels, et même des pyramides. Le hic, c'est que ça servait généralement à des sacrifices humains, et il doutait que, dans son cas, il y ait des volontaires.

- Tu y vas n'est-ce pas ?

Elle pouvait pas attendre deux petites minutes, qu'il trouve une idée intelligente, pour changer? ...Remarquez, c'est vrai qu'avec une main coincée dans le mur...

- OK, j'y vais, je regarde, j'examine, j'enquête, et j'improvise une contre-malédiction. T'inquiète pas, ça va le faire, j'ai fait ça toute ma vie. Et, euh, si jamais tu commences à ta changer en statue, ou un autre truc random dans le genre, préviens-moi, et j'accélérerai la manœuvre. En foutant un coup de pieds dans l'autel par exemple. Ça marche toujours avec ma télé, quand elle est bloquée sur la chaîne de dessin animés. A tout de suite!

Non, non, pas la moindre pointe d'ironie dans ses propos.
Et oui, Luca regarde toujours des dessins animés. Mais seulement le dimanche matin. Pour ne pas louper les Barbapapa. Oh, aurais-je laissé filtrer le secret le plus inavouable de Luca? Bon, bah tant qu'on y est, sachez qu'il est juste fan de Barbouille, celui qui ressemble à un grizzli miniature.
Bref, sur cette déclaration sérieusissime, Luca adressa un dernier sourire rayonnant à Akisa en s'éloigna d'un pas léger vers l'autel.

Par souci de conserver le peu d'estime que les lecteurs pourraient avoir envers notre personnage principal, nous passerons les pensées qui agitèrent l'esprit du jeune homme durant sa courte marche vers le monument concerné.
Voilà. Une jolie ellipse temporelle, vite fait bien fait.

Luca se retrouva donc bêtement planté devant l'autel. Sans la moindre idée sur la marche à suivre. Un buisson aurait sûrement été plus imaginatif, et moins ridicule que le petit informateur. La scène était quelque peu insolite : un garçon immobile au beau milieu de la forêt, les yeux dans le vague, perdu dans la fascinante contemplation d'un gros bout de pierre taillé, qui visiblement l'inspirait à peu près autant qu'un plat d'épinards trop cuits. Une petite bulle vide au dessus de la tête de l'adolescent n'aurait d'ailleurs pas été déplacée.
En fait, Luca était en train de livrer un combat intérieur pour le moins épique. Retranscription ci-dessous :

Dark side : Vas-y, laisse tomber. Tu crois franchement que tu vas trouver une idée, comme ça, pouf? T'en fais pas pour elle, elle se débrouillera... ou pas, en fait. Mais c'est pas le problème, de toute façon, elle est coincée dans le mur, donc elle pourra pas venir te casser les c... pieds. Ça lui apprendra, à fouiner, comme ça!

Luca : Euh... moi aussi, je fouine pas mal, tu sais...

Bonne conscience : C'est bien! Ne te laisse pas embobiner par cette vile tentation! Tu dois l'aider! Dans le cas contraire, comment oseras-tu encore prétendre au titre de chef du quartier? Un peu d'altruisme, de générosité, que diable!

Luca : Oh, tu sais, la générosité, les trucs gratuits et tout, ça a jamais été mon genre, alors...

Dark side : Ouais, c'est ça, ferme lui son clapet! Et sois réaliste, un peu! T'as essayé, t'as pas réussi, point barre. Tu pourras pas dire que t'as pas fait preuve de bonne volonté. Et puis l'altruisme, c'est très surfait, tu sais.

Luca : Ouais, ouais, mais j'ai quand même donné ma parole. Je veux bien ne pas être généreux, mais je tiens mes promesses, quoi.

Bonne conscience : Exactement! Tu as promis que tu l'aiderais...

Luca : Euh, pas vraiment, faut pas non plus exagérer!

Bonne conscience : Si.

Dark side : Non.

Bonne conscience : Si.

Dark side : Non.

Bonne conscience : Si

(la suite de la conversation étant tout aussi constructive, nous censurons cette partie. Re-ellipse.)

Quand Luca en eut assez de se disputer avec lui-même, il finit, en désespoir de cause, par poser ses mains sur l'autel, avant de l'examiner sous toutes ses coutures, de le tapoter, le frotter pour enlever la mousse, s'asseoir dessus, sauter à pieds joints dessus, lui foutre un ou deux coups de pieds. Qui sait si il ne transmettrait pas un peu de sa chance au bout de pierre? Et annulerait par la même occasion cette hypothétique malédiction?
Après avoir épuisé toutes ses idées, même les plus débiles, il finit par s'informer un petit peu :

- Akisa, au rapport! Veni, Vidi, mais pour Vici, je suis moyennement sûr... Un quelconque changement de ton côté, ou je continue à piétiner l'autel dans l'espoir qu'il ravale sa malédiction?


[HRP : pardon pour cet horrible retard, j'ai vraiment pas d'excuses, si ce n'est un manque passager d'inspiration >.< Et en plus, j'ai écrit un truc affreux T.T ]

Akisa, oui la jeune fille était toujours en vie et heureusement, ne semblait plus penser à un moyen de se sortir d'affaire. Elle avait déjà réussi à convaincre Lucas de l'aider, alors il fallait bien qu'elle souffle un peu. Il lui était si dure de rester inactive qu'elle ne voyait rien d'autre à faire à part ne rien faire. En bref, la demoiselle n'avait pas dans ses plans d'insister plus sur la "malédiction". Au contraire, puisqu'elle était coincé dans le mur, autant que cela lui soit un peu utile. Elle se mit à chercher des raisons d'apprécier son séjour dans le mur maudit, sans pour autant y croire vraiment. Ce n'était qu'une manoeuvre pour la calmer, le temps que l'autre se dépêche de trouver une solution. Il avait apparement atteint l'autel selon ses dires. Mais malgré qu'il semblait sérieux, elle trouvait ses propos légèrement incohérent. Que venait faire les dessins animés dans cette histoire ? Elle ne le savait pas et...ne voulait rien savoir ! Elle s'en fichait pas mal de sa télévision.
Akisa commençait à s'énerver rien qu'à y penser. Elle préféra donc commencer sa liste d'avantages.
1 - Elle n'allait pas pouvoir faire sa curieuse, en vue de sa situation, ce qui était un bon point pour elle en ce moment.
2- Elle allait pouvoir réflêchir à un moyen de trouver ce "fantôme" de manière tranquille, ce qui était positif. Elle aurait de l'avance sur celui qu'elle cherchait.
3- Elle n'avait pas à marcher toute la nuit, sans rien trouver ni se fatiguer, car elle ne pouvait pas bouger d'un cheveu !
4- Elle expérimentait une nouvelle chose qui...bref c'est une expérience !
5- Elle allait pouvoir raconter des choses à son amie Avril...qu'elle aurait du convier à cette aventure, d'ailleurs !
6- Elle ne pouvait pas détruire les environs si elle passait en second mode, aspect positif du mur, le seul et l'unique !
7- ...
Elle ne trouvait aucune raison supplémentaire qui puisse la dissuader de s'énerver sur le jeune homme pour sa lenteur. En parlant de son très mauvais garde du corps, elle entendit de nouveau sa voix...qu'elle regretta d'entendre ! Il n'avait fait que sauter sur l'autel et aucun changement de sa part. Il devait trouver un autre moyen ou...elle allait vraiment devenir folle !

- Rien de nouveau. J'ai toujours ma main dans le mur.

Elle se contenta de ces quelques mots pour éviter une crise de nerf. Oui, Akisa dans les situations difficiles pouvait tout aussi bien perdre contrôle de ses nerfs ou rester d'un calme inouï. Elle avait pour l'instant réussi à retrouver une partie de sa sérénité intérieure, ce qui n'était pas chose facile. Merci, la liste de bonnes raisons ! Même si cette méthode était plutôt stupide, elle avait fonctionné à merveille. Elle n'avait plus rien à dire sur le sujet.
Son attention se remit sur la malédiction. Oui, maintenant qu'elle était posée, elle allait pouvoir réflêchir plus facilement. Peut-être une idée lumineuse lui viendrait-elle à l'esprit. Elle repensa à ses quelques lectures sur le paranormal. Elle devait bien avoir appris un truc qui lui sauverait la mise.
Elle commença à penser au mot "autel". Que savait-elle sur le sujet ? Un autel dans bien des religions, servait de lieu d'offrandes et de prières. Peut-être devaient-ils tenter cela ? C'était toujours une idée parmis tant d'autres, à l'exception près qu'elle n'avait pas d'autres idées en tête.

- Peut-être que tu devrais placer une offrande sur l'autel ou bien faire une prière pour ma libération. Si ce n'est qu'un autel, cela pourrait dissiper l'aura maléfique dessus et...briser en même temps la malédiction ! Voilà, juste une idée...

Oui, c'était juste une idée normale qui pouvait tout aussi bien marcher qu'échouer. Mais, ils ne sauraient pas avant d'avoirt essayé. Elle comptait beaucoup sur le brun, malgré qu'il n'était pas vraiment digne de confiance selon elle. Il était si imprévisible...Devait-elle commencer par d'elle-même faire une prière à distance ? Elle pouvait toujours tenter le coup. Si cela la sauvait de l'ennnui et de l'immobilité, elle serait prête à tout, même à renier sa propre vie ! Oui, Akisa était une fille très audacieuse dans certaines situations extrêmes. Même le diable pouvait lui demander un échange contre sa liberté !
Akisa arrêta avec ses pensées malsaines. Elles risquaientt de nuire à ses prières bénéfiques ainsi qu'à son existence future. Le maléfice n'allait pas disparaître par un autre maléfice, c'était idiot de le penser. La demoiselle renonça alors à ses idées morbides pour commencer sa prière.

*Je vous prie esprit maléfique de laisser ma main tranquille. Si celle-ci se libère, je promets de donner ma lampe de poche ainsi que mes lunettes de soleil chères à mon coeur à l'autel. Merci d'avance.*

Elle ne savait pas si sa prière en était vraiment une. Elle n'avait jamais pratiqué aucune religion donc elle n'était pas expérimentée sur le sujet. Elle espérait juste que cela marcherait. Elle ferma les yeux et répéta la même prière dans sa tête. Elle commença à sentir sa main dans le mur vibrer. Etait-ce un effet de ses prières ?
Elle continua la même chose. Elle commençait déjà à penser à sa réussite. Mais était-ce vraiment le cas ?
Elle fit encore une prière et...elle sentit ses yeux se fermer non pas violement, mais en douceur. Elle se laissa faire sans comprendre ce phénomène étrange et...réouvrit ses paupières quelques secondes après. Que c'était-il passé exactement pendant cette courte interruption ? Elle remarqua alors qu'elle était à terre avec ses mains blanches de peinture. Et miracle...sa main n'était plus dans le mur ! Etrange, non ? Un frisson parcourut tout son corps. Pourquoi n'était-elle pas rassurée ? Pourtant, la jeune fille aurait dûe être réjouie de sa libération. Mais malgré tout...un mauvais pressentiment l'avait assailli. Elle sentait qu'elle serait à nouveau en danger, si elle restait plus longtemps en ces lieux. Son instinct, plus fort que jamais, lui permit de tenir de nouveau sur ses jambes. Elle était debout en silence. Elle attendait que Lucas revienne sans un bruit...Sans un bruit...

[Pas grave, tant que tu es revenu répondre...et puis ton post est pas si horrible que ça ! J'aime bien ta petite conversation intérieure collant bien avec ton perso. J'espère juste que mon post réussira à t'inspirer un peu, j'ai fait de mon mieux. ^_^]