Allongée sur le parquet de son salon, son ventre plaqué contre le bois, Aria regardait la porte d'entrée avec insistance. Ses yeux noisettes fixaient un point quelque part à côté de la poignée, et ses lèvres fines se mouvaient lentement, répétant inlassablement la même litanie.

"J'y vais... J'y vais pas... J'y vais... J'y vais pas..."

Vous ne comprenez pas comment une jeune fille pure et adorable comme elle a pu finir allongé comme une carpette dans son salon à répéter quelque chose d'aussi incompréhensible ? Rien de plus normal, je vais vous expliquer. Tout a commencé au moment où elle s'est rendue compte qu'elle n'avait plus de bonbons. Même pas un tout petit morceau de sucre rescapé, rien. Le néant total. Bref, du coup elle s'est dit : "Je n'ai qu'à aller en acheter à Chocolate Town !". Ensuite elle s'est souvenue que c'était un quartier ennemi depuis quelque temps, et donc qu'elle ne pouvait plus y aller. Encore après, elle s'est écroulée dans son salon, dans la même position que celle où nous pouvons l'observer à présent. Soudain, Aria se figea et un sourire prit possession de ses lèvres. Elle se releva d'un bond.

"Je sais ! J'ai juste à me déguiser, comme ça personne ne me reconnaîtra !"

Elle parlait toute seule maintenant. Et en plus pour balancer une idée foireuse. Son cas s'arrangeait pas. Mais l'adolescente était plus que sérieuse, et se fut donc en sifflotant légèrement qu'elle alla chercher de quoi se changer. Une cerise qu'elle accrocha dans ses cheveux grâce à une petite barrette en argent, des nombreux bracelets de couleurs montant le long de son bras, une jupe blanche légère et un débardeur assorti. Elle lâcha ses cheveux, ceux-ci dégringolant dans son dos dans une cascade nacrée, puis elle afficha sur ses lèvres son plus beau sourire et sortit d'un pas joyeux dans la rue pavée d'Avenue of the Roses. Un peu léger comme déguisement n'est-ce pas ? Mais bon, il ne faut pas chercher trop loin avec Aria, elle n'aime pas se compliquer la vie lorsqu'elle est heureuse.


* * *

... Froid. Ce fut la première impression que ressentit la jeune fille en arrivant dans le quartier ennemi. Elle n'avait pas pensé au côté pratique du déguisement et elle avait l'impression de geler sur place. Un petit garçon passa devant elle et la dévisagea un moment, mais sans faire le moindre commentaire. Bon. Au moins son déguisement était à peu près efficace. D'un pas vif, elle parcouru les gigantesques avenues colorés de Chocolate Town avant de tourner dans une rue plus petite, attiré par l'éclat lumineux d'un magasin. La vitrine étalait son nom en grosses lettres adorablement calligraphiées.


Sugar Drop.


C'était... Une confiserie. Ouverte en plus. Elle avait prévu d'aller à la Candy House au départ, mais cet endroit était tellement éclatant qu'elle décida d'y entrer. De toute façon, qu'elle prenne des bonbons ici ou ailleurs le résultat serait le même : sa mission personnelle serait accomplie ! D'un geste de la main elle poussa la porte en verre. Personne. Juste d'énormes bocaux transparents remplis de confiseries colorées, comme un arc-en-ciel sucré. Lentement, Aria se déplaça jusqu'à arriver devant le comptoir, meuble regorgeant de chocolats tous plus beaux les uns que les autres. Adorable bordel. D'une voix claire et un peu chantante, elle prit alors la parole dans le magasin désert.

"Excusez-moi... Il y a quelqu'un ?"

Son regard fit le tour de la pièce pour vérifier que personne ne se cachait derrière elle, mais non. Elle était bien toute seule. Un élan d'angoisse la saisit et elle posa ses mains blanches de froid sur le comptoir en bois tiède et rassurant. Elle n'aimait pas cette sensation d'être épiée... D'autant plus qu'elle savait pertinemment qu'elle n'avait pas le droit d'être ici. Elle inspira profondément avant de relâcher l'air prisonnier de ses poumons avec calme. Elle n'avait rien à craindre. Elle était une cliente, elle désirait acheter des bonbons, rien de plus. Elle reprit donc son air joyeux et attendit que le confiseur arrive. Innocente poupée dans son écrin de bonheur ~

Sifflotant gaiement dans sa petite cuisine, derrière la boutique même, Sébastien confectionnait de nouvelles sucreries. A côté de lui, des kilos de sucre en sac étaient posés sur le sol, et sur la petite table, des litres de colorants de toutes les couleurs attendaient de servir. Le jeune homme prit la bouteille rouge, la orange, la jaune et ouvrit la première. Il la versa dans un grand jerrycan de gélatine liquide et bourrée de glucose et remua le tout avec un long bâton solide. Avec application, lorsque le colorant eut bien imprégné chaque partie de gélatine, il en versa une petite quantité dans chaque endroit prévu à cet effet, dans chaque trou creusés sur le gigantesque moule. Il mit ce dernier de côté, et recommença avec le colorant jaune, puis orange.

Quelques heures plus tard, plusieurs dizaines d'ours jaunes au citron, oranges à l'orange et rouges à la fraise remplirent le bocal prévu à ces couleurs. Sébastien admira son oeuvre et sourit, satisfait. Il saisit le récipient, et alla le placer sur le comptoir de la boutique, aux côtés des bocaux pleins à ras bord. A droite, un pot plein de sucettes vertes, bleues et turquoises. A gauche, un récipient rempli de chewing-gums marrons, gris et beiges. Puis encore un peu plus loin, des chocolats blancs, noirs et marrons. So perfect ! Sébastien vérifia ensuite la vitrine, remit en place les décorations et jeta un coup d'oeil dans la rue. Les gens semblaient presque terrifiés depuis l'annonce de la guerre inter-quartiers et ils étaient à la limite de la course pour rentrer chez eux. Sébastien, lui, se moquait bien de ce prétendu combat. Un coup de poing, un coup de pied, et c'était fini. Et puis ... Il avait toujours sa plume, même s'il n'était certain de à quoi elle lui servirait.

Midi sonna. En réponse, le ventre du jeune homme gargouilla bruyamment. Retournant dans l'arrière boutique, dans la cuisine plus précisément, il fouilla dans les placards qui ne contenaient pas de produits destinés à la fabrication de confiseries en tout genre. Deux tranches de pain de mie, du beurre et une tranche de jambon plus tard, Sébastien croqua dans son sandwich avec une sourire de satisfaction. Merveilleusement bon. Après ce rapide petit encas, il piocha dans le bocal qui lui était réservé et sortit une sucette multicolore : Coca - citron. Exquis.

Veillant à son propre confort, Sébastien avait installé dans sa boutique, dans une des minuscules pièces annexes, un petit lit de camp sur lequel il se reposait quand il n'y avait pas de client. Et aujourd'hui, il pressentait qu'il n'y aurait pas d'acheteurs, pas d'enfants gourmands, ou d'adolescents envieux de se faire un petit plaisir. Et puis, avec cette guerre, sa clientèle s'était soudain restreinte. Personne n'osait s'aventurer dans les quartiers voisins, et chacun restait cloîtré chez lui en l'attente d'un retournement de situation bienvenu. Il alla donc s'allonger sur son lit de fortune, et ferma les yeux. Dans sa tête, des rythmes de batterie bien précis flottaient et ses doigts bougeaient d'eux même. Depuis quelques jours, il n'avait pas revu James ou Pleasance mais il ne s'inquiétait pas. Ils n'étaient pas de son quartier alors ...

Puis il s'endormit. Et dans ses rêves, il voyait des bonbons volants, des sucettes souriantes et des nougats candyphile. Y avait de quoi avoir peur, mais pour Sébastien, c'était la routine. Et puis en fond, y avait sa batterie. Une magnifique batterie, avec des tas de cymbales, de toms et une grosse caisse qui fait beaucoup de bruit. Un truc de rêve ouais, parce qu'il savait qu'il ne l'aurait jamais. A moins que p'tet ... Il s'avança jusqu'à toucher la batterie, et tendit la main pour effleurer la charleston quand ...

Il se réveilla brutalement. La sonnerie de sa boutique venait de retentir, réveil inattendu par cet après-midi désert. Sébastien se leva d'un bond, et passa une main dans ses cheveux pour les recoiffer à peu près correctement. Il restait encore un crocodile vert et une sucette au citron qu'il laissa là. Il sortit précipitamment de la petite pièce et déboula en vitesse dans la boutique. Une jeune fille se tenait là, une jolie cerise rouge dans les cheveux. Sébastien sourit devant cette jolie figure qui semblait transie de froid, et demanda :

"Bonjour, belle demoiselle. Je ne t'avais jamais vu auparavant. Que puis-je faire pour toi ?"


[Voilà, aujourd'hui, j'ai répondu vite ... Mais je ne pense pas que ce sera tout le temps comme ça ^^" Si tu veux que je change quelque chose, dis le moi]

Ses mains toujours posées sur le comptoir, Aria vit un jeune homme apparaître devant elle. Il devait avoir à peu près son âge, bien que plus grand qu'elle en taille. Il la regardait avec ses deux yeux bruns et dans ses cheveux blonds traînaient quelques bonbons oubliés. Il était étrange mais... Plutôt mignon. Dommage qu'il soit censé être un ennemi. Un instant une lueur de tristesse passa dans les yeux de la jeune fille mais elle se ressaisit pour garder au mieux son expression joyeuse. Elle n'allait quand même pas se faire repérer aussi vite. Un sourire envahit alors le visage du confiseur et il prit la parole.

"Bonjour, belle demoiselle. Je ne t'avais jamais vu auparavant. Que puis-je faire pour toi ?"

Toutes traces de nostalgie disparurent alors des pensées de l'adolescente. Il avait l'air si gentil. Même s'ils n'étaient pas du même quartier, si lui n'en savait rien... Il n'y avait pas de problème. Tout en frottant ses avant-bras frigorifiés et en les serrant contre sa poitrine, elle répondit à la tirade joliment tournée de son interlocuteur de son ton le plus aimable.

"Il est normal que nous ne nous connaissions pas, je ne suis jamais venue dans ce magasin... Je m'appelle Aria, enchantée de faire ta connaissance."

Un petit éternuement l'empêcha de poursuivre et un frisson la parcourut. C'était étrange qu'elle ait aussi froid alors qu'elle était à l'intérieur.. Non ? Elle avait peut-être attrapé un rhume ? Flûte alors, juste à cause de sa tenue ! Elle aurait dû faire plus attention, elle savait pourtant qu'elle avait un bout de chemin à faire de chez elle à ici. Du revers de la main elle se frotta finalement le bout du nez avant de reprendre.

"Sinon... J'aimerais des bonbons. J'adore les bonbons. C'est moins écœurant que le chocolat, plus doux. Bref. Cependant je ne sais pas lesquels prendre..."

Lentement, elle avança vers les bocaux de verre et observa avec attention les petites choses sucrés qu'ils contenaient. Ces bonbons avaient tous l'air délicieux... Comment choisir ? Peut-être en fonction de la couleur ? Elle aimait bien le rose. C'était souvent synonyme de fraise et les confiseries à la fraise étaient ses préférées. Mais il y avait tellement de sucreries roses ici ! Une moue perplexe se forma sur ses lèvres et elle plaça ses mains sur ses hanches dans une position de défi. Elle ne perdrait pas face à un choix. C'était inconcevable. Une minute passa durant laquelle Aria ne dit rien. Puis une autre minute. Encore une autre. Et encore une autre. Finalement, un soupir désespéré lui échappa. Elle n'y arrivait pas. Elle avait réussi à perdre contre des bonbons. L'horreur totale, elle ne s'en remettrait jamais. D'une voix empreinte d'une petite irritation envers elle-même, la jeune fille posa la question qui confirmerait sa défaite.

"Dis. J'ai envie de prendre des bonbons roses. Ils me rappellent les fleurs à ma fenêtre et en plus ils sont souvent aux fruits rouges. Mais je ne sais pas lesquels prendre. J'aimerais qu'ils soient sucrés mais pas trop et puis un peu acides aussi. Tu peux me conseiller ? Ou alors j'en demande trop..."

Indécise, Aria mordilla légèrement sa lèvre inférieur tout en continuant à regarder les énormes bonbonnières. Elle avait parlé des fleurs. Il n'y avait des fleurs aux fenêtres qu'à Avenue of the Roses. Elle ne s'en était même pas rendu compte. Insouciante enfant.

La tête encore un peu dans les nuages, après ce réveil plutôt violent, Sébastien observa la jeune fille qui se tenait devant elle, vêtue comme une fille de Chocolate Town. A un souci près qu'elle avait oublié sa veste, et que le temps extérieur ne pardonnait pas. Cela dit, elle était plutôt mignonne, avec sa barrette cerise dans les cheveux, sa jupe blanche presque vaporeuse, ses tonnes de bracelet le long des avants bras et son petit débardeur assorti. Ouais, vraiment jolie, avec ses yeux qui dévoraient tout sur leur passage, bonbons comme sucettes ou gélatine colorée. La saluant galamment, il lui demanda alors ce qu'il pouvait faire pour elle. Frottant ses bras glacés, la jeune demoiselle répondit :

"Il est normal que nous ne nous connaissions pas, je ne suis jamais venue dans ce magasin... Je m'appelle Aria, enchantée de faire ta connaissance."

Sébastien répéta plusieurs fois le prénom doucement, comme s'il savourait une sucrerie. Une magnifique sucrerie, un belle confiserie. Une jolie rencontre.

"Aria ... J'aime beaucoup ce prénom. Sucré, presque. "

Contournant le comptoir derrière lequel il était arrivé, il se rapprocha de la jeune fille en tendant la main, un grand sourire collé sur le visage.

"Sébastien. Ravi de faire ta connaissance, mignonne sucrerie ♥"

Alors qu'elle allait continuer, elle éternua. Le garçon n'en fut pas étonné, et d'un geste vif, il enleva sa veste et la posa sur les épaules de la jeune fille. Vêtu d'un T-shirt noir représentant un immense sucre d'orge de toutes les couleurs, il n'était pas le genre frileux. Et puis, en bon gentleman qu'il était, c'était bien la moindre des choses. De plus, il avait bien le chauffage dans la boutique, mais ses chocolats ne supportaient pas vraiment la chaleur. Et certaines confiseries non plus. Les mains dans les poches, il sautillait presque en attendant de voir la réaction de la jeune fille.

"Sinon... J'aimerais des bonbons. J'adore les bonbons. C'est moins écœurant que le chocolat, plus doux. Bref. Cependant je ne sais pas lesquels prendre..."

Sans qu'il ait besoin de faire quoi que ce soit, Aria se dirigea vers les bocaux posés sur le comptoir et observa leur contenu. Elle semblait parfaitement indécise, mais Sébastien préféra attendre qu'elle demande de l'aide d'elle-même. Les clients n'aimaient pas vraiment quand le vendeur ou la vendeuse les dérangeât au beau milieu de leur contemplation. Alors le jeune homme se tut et attendit que la jeune fille se décide. Au fond, il comprenait que ce soit dur, avec tous ces bonbons autour d'elle, ces nougats et arlequins colorés ... Il eut un petit sourire en coin quand l'adolescente se posta face aux pots, les mains sur les hanches. Les minutes défilèrent, l'une après l'autre. Puis Aria poussa un soupir de découragement, le genre à vous fendre l'âme.

"Dis. J'ai envie de prendre des bonbons roses. Ils me rappellent les fleurs à ma fenêtre et en plus ils sont souvent aux fruits rouges. Mais je ne sais pas lesquels prendre. J'aimerais qu'ils soient sucrés mais pas trop et puis un peu acides aussi. Tu peux me conseiller ? Ou alors j'en demande trop..."

Sans pouvoir s'en empêcher réellement, Sébastien rit doucement, un grand sourire plaqué sur les lèvres. Qui s'effaça instantanément quand il se repassa la phrase dans la tête. Des fleurs ? C'était rare à Chocolate Town. Certes, il y en avait quelques unes, de temps en temps, aux couleurs du quartier. Mais ... C'était quand même rare. Décidant qu'il s'en préoccuperait plus tard, il s'approcha des bocaux et se plaça à côté de l'adolescente. Tendant la main, il montra le pot voisin à celui qu'il venait de remplir le matin même.

"Tu as ces arlequins roses, à la myrtille. Ou ceux là, à la groseille. Un peu sucrés mais pas trop et acides."

Il ouvrit le bocal qu'il désignait, et en sortit un des bonbons roses. Il le tendit à la jeune fille, espiègle.

"Tiens, goûte. C'est offert. Goût myrtille !"

Il lui posa dans la main, et s'adossa au comptoir, soudain plus sérieux. Cette jeune fille ne ressemblait pas à un habitant du quartier. Sa posture était trop droite, et elle se tenait trop immobile. Sa peau blanche, ses sourires pas vraiment rieurs ...

"Et maintenant, dis moi pourquoi une Spring, en dépit de la guerre inter-quartiers, s'est aventurée dans Chocolate Town ?"


[Voilà, j'espère que ça te plait. Désolée si c'est un peu court ... :/]

[HRPG : Ta réponse est biiiien ♥ J'espère que la mienne te plairas :3]


Règle numéro un du parfait gentleman : toujours essayer d'être le plus galant possible avec une fille.
Il lui avait donné sa veste. Et il avait dit qu'elle était mignonne. Conclusion : c'était bien un garçon. Enfin, elle ne pouvait pas dire qu'elle n'aimait pas être complimentée, c'était faux. Quelle fille digne de ce nom pouvait ne pas vouloir être admirée, sincèrement ? Une dame naissait pour être courtisée. C'était bien connu. Sans rien dire, l'adolescente observa Sébastien s'approcher jusqu'à être à côté d'elle et le vit tendre la main pour désigner un des énormes bocaux.

"Tu as ces arlequins roses, à la myrtille. Ou ceux là, à la groseille. Un peu sucrés mais pas trop et acides."

D'une main experte, le jeune homme ouvrit le pot et piocha un des bonbons rosés avant de lui tendre d'un air espiègle. Règle numéro deux du parfait gentleman : savoir proposer et offrir.

"Tiens, goûte. C'est offert. Goût myrtille !"

Lentement, Aria prit la confiserie et la glissa sous sa langue. Un parfum légèrement acide et pourtant sucré envahit sa bouche. Exactement ce qu'elle recherchait ! Ses yeux s'illuminèrent et son visage s'éclaira d'un sourire adorable. Si elle avait pu, elle ne se serait nourri que de bonbons et de gâteaux tous les jour. Elle remplirait sa cuisine de ces petites choses colorées et délicieuses. Si c'était moins cher. Encore une fois son porte-monnaie lui faisait défaut. Il fallait dire qu'elle ne travaillait pas beaucoup, séchant parfois ses journées aux magasins pour pouvoir s'amuser. Avalant le petit grain restant de la sucrerie, elle tourna la tête vers le visage soudain extrêmement sérieux de Sébastien. Règle numéro trois du parfait gentleman : ne jamais demander à une fille de révéler ses secrets.

"Et maintenant, dis moi pourquoi une Spring, en dépit de la guerre inter-quartiers, s'est aventurée dans Chocolate Town ?"

Le sourire de la jeune fille se figea. La première pensée qui lui vint à l'esprit, en dépit de tout fut celle-ci : "La règle numéro trois n'est pas acquise.". Ensuite, elle commença à paniquer. Elle avait été démasqué si facilement ! Comment allait-elle pouvoir faire ? Elle n'allait pas réussir à nier, vu l'assurance du garçon il devait être certain qu'elle n'était pas une habitante de Chocolate Town. Mais... Elle n'avait pas envie d'être prise en otage, ou torturée, ou même tuée par les habitants du quartier ! Une affreuse idée lui traversa la tête et son air paniqué céda place à une expression horrifiée. Vivement, Aria se rapprocha du garçon et le regarda droit dans les yeux, une lueur de détresse brillant dans son regard mordoré.

"Oh non ! S'il te plaît, ne me mange pas ! C'est vrai que je ne devrais pas être ici, je le sais mais... J'avais tellement envie d'un bonbon ! Est-ce que tu pourrais te passer de tes confiseries ne serait-ce qu'une seule semaine, toi ? En tout cas, je te le dis, c'est juste affreux !"

Elle tourna ensuite les talons et commença à faire les cent pas dans la petite pièce, son cerveau fonctionnant à deux cent à l'heure pour essayer de trouver une solution. Comment pouvait-elle le convaincre de ne pas la dénoncer ? Soudain, elle se stoppa et une idée germa lentement dans son esprit. Cette guerre était parfaitement stupide, il fallait qu'elle cesse. Si seulement... Un air plus sérieux que jamais collé au visage, elle dévisagea un instant son interlocuteur. Elle ne le connaissait pas beaucoup mais il avait l'air tellement gentil. Et puis il n'était pas bête non plus. Elle sentait qu'elle pouvait lui faire confiance. Elle devait lui faire confiance. De toute façon elle n'avait pas le choix.

"Tu... Vas certainement refuser. Mais j'ai un marché à te proposer. Je te donne absolument tout ce que tu veux, n'importe quoi, et en échange tu ne me dénonces pas et tu m'aides. J'aimerais arrêter ce conflit inter-quartier. Je ne sais pas encore exactement comment, peut-être en essayant de retisser les liens qui unissaient les quartiers auparavant. Je ne suis pas suffisamment naïve pour penser que j'y arriverais toute seule. Mais je te laisse le choix."

Envisageant la porte d'un air songeur, l'adolescente se demanda si Sébastien courait vite au cas où elle serait dans l'obligation de fuir pour sa survie. Elle même était plutôt rapide, mais en jupe et avec des chaussures de ville, pas sûr qu'elle aille bien loin. Ne voyant plus d'autre solution, Aria se décida à attendre la réponse du jeune homme, le regardant d'un air qui se voulait le plus adorable possible. Après tout, la règle numéro quatre du parfait gentleman n'était-elle pas : ne jamais frapper une fille ?

Aria glissa le bonbon qu'il venait de lui donner dans sa bouche. Sébastien sourit en voyant les yeux de l'adolescente s'illuminer, fier de lui. Il avait réussi à lui donner ce qu'elle souhaitait, et il aimait contenter sa clientèle. Il ferait un mauvais vendeur et confiseur s'il n'arrivait même pas à donner la parfait friandise, ou le parfait chocolat, adaptés aux goûts de chacun. Elle n'avait rien dit quand il lui avait donné sa veste, rien fait non plus. Elle semblait trop sérieuse, trop maniérée aussi. Le doute grandissant dans son esprit, et les conclusions se faisant, Sébastien ne put s'empêcher de demander pourquoi une Spring venait faire un tour à Chocolate Town, malgré la guerre. Une guerre entre adolescents pourvus de dons magiques.

Malgré lui, il vit une lueur de détresse pure dans les yeux de la belle adolescente, et il s'en horrifia. Lui faire peur n'était pas son but, mais il était curieux. Elle s'approcha de lui et planta ses yeux dans les siens, suppliante. Sébastien eut une petite moue, et il retint de justesse sa main qui voulait caresser cette jolie joue blanche et lisse.

"Oh non ! S'il te plaît, ne me mange pas ! C'est vrai que je ne devrais pas être ici, je le sais mais... J'avais tellement envie d'un bonbon ! Est-ce que tu pourrais te passer de tes confiseries ne serait-ce qu'une seule semaine, toi ? En tout cas, je te le dis, c'est juste affreux !"

Sébastien éclata de rire devant l'énormité de la situation. Venait-elle vraiment de le supplier pour ne pas qu'il la mange ?! Il était chocolatier, confiseur, vendeur, batteur, mais pas anthropophage ! Mais au fond, elle avait raison. Il ne pourrait pas se passer de ces bonbons même un jour. Il avait besoin de sa sucette favorite, ou de ses oursons colorés. C'était un besoin vital pour lui, autant que taper sur sa batterie. Il reprit peu à peu contenance, et regarda Aria, attendri.

"En effet. J'avoue que je ne pourrais pas me passer de mes bonbons. Je te comprends parfaitement. En parlant de ça ... Vu que tu as eu l'audace de venir jusque ici, tu le mérites. Groseille ♪"

Plongeant la main dans le bocal resté ouvert, il en ressortit un bonbon rose, plus clair que le premier. Il le tendit à la jeune fille, souriant. Il ne voulait pas qu'elle ait peur, pas qu'elle s'enfuie. Elle était trop jolie quand elle souriait pour qu'il la laisse dans cet état. Il l'observa tranquillement pendant qu'elle tournait comme un lion en cage. Elle semblait réfléchir intensément, et Sébastien se demanda à quoi. Un moyen pour s'enfuir ? Ou pour le convaincre de ne rien faire ? Soudain, elle s'arrêta brutalement et fixa son attention sur le jeune homme, qui continuait de la regarder, attentif.

"Tu... Vas certainement refuser. Mais j'ai un marché à te proposer. Je te donne absolument tout ce que tu veux, n'importe quoi, et en échange tu ne me dénonces pas et tu m'aides. J'aimerais arrêter ce conflit inter-quartier. Je ne sais pas encore exactement comment, peut-être en essayant de retisser les liens qui unissaient les quartiers auparavant. Je ne suis pas suffisamment naïve pour penser que j'y arriverais toute seule. Mais je te laisse le choix."

Il capta son regard vers la porte, mais il savait parfaitement que vêtue comme elle était, il pourrait la rattraper sans le moindre effort. Puis, il remarqua qu'elle capitulait et réfléchit à sa proposition. Tout ce qu'il voulait, vraiment ? De toute façon, il n'avait jamais eu l'intention de la dénoncer. Encore moins de la violenter. Il ne frappait pas les filles, et considérait comme lâche ceux qui le faisaient. Certes, si la fille en question faisait deux bonnes têtes de plus que lui, avec des bras comme ses cuisses, sans doute qu'il reverrait la question. Mais pour l'instant, ce n'était pas le cas. Alors il ne lui ferait rien. A part des bisous, peut-être. Des cadeaux, des confiseries. Un léger rictus en coin, il riva son attention sur Aria.

"Et que me proposes-tu, toi ? Je suis d'accord avec toi. Cette guerre est futile mais ... Suggères-tu que l'on s'allie pour faire cesser tout cela ? Il faudrait que l'on soit plus. Beaucoup plus."

Petit à petit, une idée commença à germer dans son esprit. James serait sûrement d'accord avec lui, et il connaissait Pleasance. Elle détestait se battre. Bonne idée, ou mauvaise idée ? Il ne restait plus qu'à voir ...

Il avait... Eclaté de rire. Et il lui avait offert un bonbon à la groseille qui n'était pas empoisonné. C'était bon signe, non ? A moins que l'effet de poison ne soit à retardement... Mais non. Aria voyait bien que dans les yeux du garçon ne se reflétait que de l'attendrissement ou de la gentillesse. Elle ne pouvait pas croire qu'il lui veuille du mal. Ça paraissait trop improbable. Essayant de calmer les battements effrénés de son cœur, elle inspira et expira profondément et le plus lentement possible, comptant mentalement le temps qu'elle mettait. Un, deux, trois, quatre, cinq... Au bout de la quinzième seconde, elle eut enfin la tête froide. Bon. Pour résumé, elle se trouvait dans une confiserie d'un quartier ennemi, venait de faire une proposition assez incongru au vendeur et attendait qu'il ait fini sa réflexion pour savoir ce qu'il adviendrait d'elle. De plus, Sébastien n'avait pas l'air hostile. La situation était donc loin d'être désespérée. Un rictus vint alors se former sur le coin des lèvres du jeune homme et l'adolescente écouta la réponse tant attendu avec une grande attention.


"Et que me proposes-tu, toi ? Je suis d'accord avec toi. Cette guerre est futile mais ... Suggères-tu que l'on s'allie pour faire cesser tout cela ? Il faudrait que l'on soit plus. Beaucoup plus."

Ah. Là, Aria dû s'avouer qu'elle ne s'attendait pas du tout à ça. Vivement, elle alla s'asseoir sur le comptoir et pencha sa tête vers la droite, en proie à une délibération interne très mouvementée. Que pouvait-elle lui proposer ? Elle n'avait absolument rien sur elle à part un peu d'argent, ses bracelets et la cerise qu'elle portait dans les cheveux, ce qui n'était pas vraiment une monnaie d'échange potable. Et elle n'allait pas non plus lui acheter des bonbons, ce serait tout simplement ridicule. Une idée lui traversa ensuite l'esprit mais elle la balança rapidement dans un coin de sa tête. Elle ne pouvait pas proposer une chose pareille... Abandonnant ce sujet, elle pencha sa figure sérieuse vers la gauche et commença à réfléchir à propos du nombre de personne que nécessiterait une telle organisation. Au départ, elle avait pensé qu'être à deux suffirait... Mais maintenant qu'elle y regardait de plus près elle se rendait compte qu'il fallait beaucoup plus de monde que cela. Une dizaine... Peut-être plus. Se décidant finalement à répondre, elle ressortit l'idée qu'elle avait laissée au placard un peu plus tôt. De toute façon elle n'avait pas d'autre choix.

"Je n'ai rien sur moi à te proposer qui puisse t'intéresser... Mais je peux te rendre un service si tu veux. Sinon, tu as parfaitement compris, j'aimerais qu'on crée une sorte de groupe de résistants contre la guerre. Et tu as raison il faudrait que l'on soit plus. J'avais pensé une dizaine."

Elle descendit ensuite avec souplesse de son perchoir et se remit en face de Sébastien, un sourire radieux illuminant enfin son visage resté sérieux depuis plusieurs minutes.

"Si tu me poses des questions, c'est parce que tu vas sûrement accepter ? Pas vrai ?"

Maintenant, elle en était sûre, elle voulait qu'il accepte. Il lui donnait l'impression d'être importante. De compter, d'avoir un avis que l'on ne pouvait pas mettre de côté sans explication. Et elle aimait bien ça. Les yeux perdus dans le vague, elle commença à se demander qui pourrait bien vouloir s'intégrer dans un groupe comme celui-ci. Les personnes avec un caractère sérieux, regrettant le passé sans doute. Mais... Comment pourrait-elle demander aux gens de se joindre à elle ? Elle ne pouvait pas mettre un message sur le panneau d'affichage à la vue de tous. Elle ne voulait pas devenir une cible d'Adieu... Enfin, elle trouverait. Parce que quand Aria veut quelque chose, elle fait tout ce qui est en son pouvoir pour l'obtenir. Parfois même sans vraiment réfléchir. Comme aujourd'hui par exemple ~

Sébastien n'avait rien contre la jeune fille. Il n'avait rien contre personne, et depuis le temps qu'il était ici, il n'avait pas d'ennemis. Pas encore du moins. Il avait juste envie de faire plaisir avec ses bonbons, ses chocolats et ses sourires. Sur Esplumoir, il n'avait frappé encore personne, et c'était une excellente chose. Certes, parfois, son côté bagarreur se rebellait devant cet arrêt brutal de violence, mais il le soumettait et continuait sa vie comme si de rien n'était, draguant les jolies filles et confectionnant ses confiseries. Et là, il avait une très jolie fille devant lui. Qui venait de proposer quelque chose d'assez spécial.

Le jeune homme lui retourna la question, et regarda Aria en proie à une intense réflexion. Elle s'assit sur le comptoir, dérangeant ses bocaux remplis de bonbons. S'abstenant de tout commentaire, Sébastien l'observait attentivement. Il se demandait ce qu'elle allait lui dire, et quel choix elle lui donnerait. De toute façon, il ne savait vraiment pas ce qu'il pouvait lui demander. S'allier, pourquoi pas. Certes, c'était censé être interdit, les alliances inter-quartiers. Mais il s'en moquait. C'était totalement inutile, les guerres. Un coup de poing de temps en temps, pour régler les histoires ... Mais une guerre ? Avec des adolescents voire des enfants ! Absurde, grotesque !

"Je n'ai rien sur moi à te proposer qui puisse t'intéresser... Mais je peux te rendre un service si tu veux. Sinon, tu as parfaitement compris, j'aimerais qu'on crée une sorte de groupe de résistants contre la guerre. Et tu as raison il faudrait que l'on soit plus. J'avais pensé une dizaine."

Ne lui laissant pas le temps de répondre, elle descendit du comptoir et se posta face à lui, souriante jusqu'aux oreilles. Interloqué, il fronça les sourcils.

"Si tu me poses des questions, c'est parce que tu vas sûrement accepter ? Pas vrai ?"

"Et bien ... Disons que pour l'instant, je mets ton service de côté. Je te le demanderai quand j'en aurai besoin. Et ton idée de résistants me plaît. Une dizaine, dis-tu ? Je connais quelques personnes qui accepteraient de nous rejoindre. Une idée de nom ?"

Un sourire en coin, il attrapa la dernière sucette qu'il lui restait dans les cheveux, se débarrassa du papier d'une main experte, et la mit dans sa bouche. Il alla ajouter quelque chose, quand une furie rouge lui sauta dessus en criant.

"Coucouuuuuuuuu Seeeeb ! Ca sent toujours aussi bon chez toi !"

Son sourire s'élargit de deux crans, et pendant quelques minutes, il en oublia même Aria. Il attrapa la petite taille de sa nouvelle interlocutrice, et la fit tournoyer dans les airs en riant.

"Eanna chérie ! Ravi de te voir, joli nougat. ♥ Content que l'odeur te plaise. Tu es enfin remise dans la maladie ?"

Il lui colla un bisou sonore sur la joue et la relâcha tandis qu'elle s'élançait joyeusement vers Aria en la saluant gaiement. Décidément, elle semblait effectivement bien rétablie ! Il rit en entendant la question de l'adolescente. Il savait parfaitement que celle-ci adorait ses bonbons, et il en avait toujours pour elle. Sitôt pensé, sitôt fait. Il plongea sa main dans le bocal le plus proche, et en sortit un grand sucre d'orge coloré. Il attrapa la main d'Eanna, et lui posa gentiment dedans. Après tout, n'était-elle pas venu pour ça ?

"Euh... Au fait, je ne dérange pas ? J'avais envie de voir Sébastien, parce que c'est vraiment pas juste d'interdire aux gens des autres quartiers de venir ici ! Comment est-ce qu'ils vont faire, sans les bonbons ? Ils vont forcément être tristes, non ?"

"Non, non ! Tu ne déranges pas du tout ! Et ne t'inquiètes pas. Je trouverai un moyen de leur faire passer des bonbons. Enfin, j'espère que j'y arriverai. "

D'ailleurs ... Eanna était le genre de personne à détester les guerres. Elle ne lui avait jamais dit, mais il le sentait. Comment une jeune fille si douce et si pure pouvait-elle aimer cela ? Elle était donc une candidate potentielle, n'est-ce pas ? Décontracté, il lui lança :

"Dis moi, Eanna chérie. N'aurais-tu pas envie de faire cesser cette guerre ?"

HRP : Je suis pressée, du coup la fin est affreuse et je ne fais quasiment pas avancer le RP, je suis vraiment désolée ><



Un air attendri passa sur le visage de la jeune fille lorsqu'elle vit Sébastien froncer des sourcils, comme un enfant mécontent. Dans un sens, il était adorable. Pas de la même manière qu'un véritable petit garçon, ni de celle d'un séducteur jouant un rôle, mais Aria le trouvait mignon. Simplement par sa façon d'être. Se rendant compte de ses pensées, un petit rire léger lui échappa mais elle le camoufla derrière la paume de sa main. Elle ne voulait pas paraître impolie. Surtout au moment où il allait répondre.

"Et bien ... Disons que pour l'instant, je mets ton service de côté. Je te le demanderai quand j'en aurai besoin. Et ton idée de résistants me plaît. Une dizaine, dis-tu ? Je connais quelques personnes qui accepteraient de nous rejoindre. Une idée de nom ?"

Un nom... Elle n'y avait pas pensé non plus. Réfléchissant à moitié, elle observa le jeune homme prendre une sucette dans ses cheveux et en enlever l'emballage pour la glisser dans sa bouche. Au moment où l'adolescente eut une idée et s'apprêtait à la proposer, une tornade nommée Eanna débarqua dans la boutique, criant quelques mots à Sébastien de sa jolie voix flûtée. Sans mot dire, Aria la regarda sauter au cou du confiseur, celui-ci la faisant tournoyer dans les airs. Ils avaient l'air de bien se connaître... Pendant un instant, et pour la première fois de sa vie, la demoiselle eut l'impression d'être en trop. Elle se recula un peu, collant son dos contre un des énormes bocaux et écoutant leurs voix enjoués retentirent. Ils avaient de la chance d'être dans le même quartier. Les yeux perdus dans le vide, elle fut soudain sortit de son trou noir par une Eanna apparemment ravie de se trouver là.

"Aria ! Quelle surprise de te voir ici ! J'suis contente, tiens, je croyais que tu n'avais pas le droit de venir ! Alors ben j'étais triste, surtout que c'est complètement idiot cette histoire de guerre entre les quartiers, non ? Tu es venue manger des bonbons ? Seb il en fait des vraiment, vraiment, vraiment bons, hein Seb ?"

Un petit sourire étira le coin des lèvres d'Aria. Elle aussi elle était heureuse de revoir son amie. Elle avait été malade un bout de temps. Finalement, lorsque la jeune fille aux cheveux écarlates lui colla un bisou sur la joue, la lunatique demoiselle la serra brièvement dans ses bras. Pour lui montrer qu'elle était bien contente de la voir rétablie et qu'elle lui avait manqué. À sa façon. Ensuite, croisant les bras devant elle, l'adolescente laissa son amie dépenser toute son énergie. Elle en avait bien besoin ! Au bout de plusieurs minutes, Eanna s'arrêta et prit un petit air inquiet pour prendre la parole.

"Euh... Au fait, je ne dérange pas ? J'avais envie de voir Sébastien, parce que c'est vraiment pas juste d'interdire aux gens des autres quartiers de venir ici ! Comment est-ce qu'ils vont faire, sans les bonbons ? Ils vont forcément être tristes, non ?
- Non, non ! Tu ne déranges pas du tout ! Et ne t'inquiètes pas. Je trouverai un moyen de leur faire passer des bonbons. Enfin, j'espère que j'y arriverai. "

Comme d'habitude, il trouvait les mots pour la réconforter. Eanna semblait tellement fragile, un rien pouvait l'inquiéter. Elle était si gentille, si paisible, si joyeuse... Soudain, une idée germa dans l'esprit d'Aria. Et à voir la tête de Sébastien, il devait penser exactement à la même chose qu'elle. D'un ton décontracté, le garçon posa enfin la question qui brûlait les lèvres de la demoiselle.

"Dis moi, Eanna chérie. N'aurais-tu pas envie de faire cesser cette guerre ?"

Un sourire enthousiaste s'épanouit sur la visage de la jeune fille d'Avenue of the Roses. En sautillant légèrement, comme le lapin blanc d'Alice au Pays des merveilles, elle s'avança vers son adorable amie et lui parla les yeux brillants d'excitation.

"Oh ! Eanna, il faut absolument que tu viennes avec nous ! S'il te plaît !"

Elle l'observa ensuite droit dans les yeux. Il fallait qu'elle dise oui. Absolument.

Eanna les rassura en déclarant qu'elle n'était sans doute plus malade, et qu'elle se sentait mieux. Elle précisa cependant que les médecins n'étaient sûrement pas contents qu'elle se soit enfuie, et Sébastien sourit à cette remarque. C'était bien le genre de son amie ça, foncer la tête baisser à peine guérie de plusieurs semaines de convalescence. Mais apparemment, cela lui faisait un bien fou de se dépenser et de sauter un peu partout dans la boutique. Et puis, il semblait qu'elle avait perdu un peu de poids, et le jeune homme avait le moyen parfait pour y remédier. Surtout qu'il savait qu'Eanna ne dirait jamais non.

L'adolescente proposa alors de faire passer les bonbons dans les autres quartiers, se vantant d'être discrète. Oubliant par la même qu'elle était très maladroite. Très maladroite. Sébastien faillit éclater de rire, mais il s'abstint, laissant juste les commissure des ses lèvres remonter. Après tout, il ne voulait pas vexer son amie, ce serait mal vu.

Sébastien lui proposa alors de faire cesser cette stupide guerre entre les quartiers, et Aria renforça sa proposition. Suçotant sa sucette, il observa les deux jeunes filles s'étreindre, et Eanna accepta avec joie de rejoindre leur groupe de résistants. Ils allaient devoir trouver un nom, mais il ne voyait pas vraiment lequel. "Les bonbons en colère" ? Nan, y avait une spring avec eux. Alors ... Laissant tomber pour le moment, il reporta son attention sur les deux filles. Ils faisaient un étrange groupe, tous les trois.

"Comment on va faire pour tous les réconcilier ... ? Parce que c'est pas juste en leur passant des bonbons qu'ils vont arrêter de se battre, ces idiots ! Même si tes bonbons sont très bons, Seb. Nan, le problème... c'est Adieu. Non ? Faut qu'on trouve un moyen de les arrêter. Mais comment ? Faudrait d'abord savoir qui c'est..."

"Adieu ? Faire cesser les agissements de ce groupe ? Non, impossible. Autant tenter le diable."

Il ne voulait pas paraître pessimiste, loin de là. Mais c'était une entreprise un peu folle, voire complètement suicidaire, que de se lancer dans une bataille contre Adieu. Il fallait trouver autre chose, et le seul moyen, c'était bien de réconcilier les quartiers.

"Il faut qu'on soit plus nombreux !"

Sébastien hocha la tête, grimaçant. Certes, mais encore fallait-il trouver des gens. De confiance de préférence. Ils ne pouvaient pas demander à tout le monde sans être sûr que la réponse soit positive. Dévoiler leur plan serait une énorme faute.

"Des idées ? Artémis voudra peut-être se joindre à nous. Ling aussi, non ? James et Pleasance ... Si je leur demande. Et de votre côté ?"

S'adossant contre le comptoir, il ferma les yeux et réfléchit.



[Owww ... C'est carrément nul. Mais je ferais pas mieux. Purééé ! J'arrive pas à me mettre dans la peau du personnage. Il faut que je le fasse ! ><]

D'un geste léger, Aria piocha une sucette contenu dans un des bocaux. C'était trop tentant - d'autant plus que Sébastien en avait déjà pris une -, elle payerait après. Tout en écoutant Eanna rentrer de plus en plus dans leur jeu avec un grand enthousiasme, la demoiselle entreprit d'enlever la sucrerie de son joli papier pailleté. Elle aimait bien ce moment, presque meilleur que la dégustation elle-même, où elle pouvait apprécier à sa guise les couleurs du bonbon. Celui-ci était violet, parsemé de petits pois oranges et aux reflets rouges vifs étonnants. D'un air ravi elle l'avala, puis se concentra à nouveau avec une attention particulière sur ses deux interlocuteurs. Ils parlaient tellement... C'en devenait presque difficile à suivre. Un instant, elle entendit Eanna parler d'arrêter Adieu et fut complètement décontenancée. On ne pouvait pas stopper les agissements d'un tel groupe ! Et puis, tout ce qu'elle voulait, elle, c'était réconcilier les quartiers... Heureusement, le jeune homme s'occupa de réfréner les ardeurs de la vaillante demoiselle en lui affirmant que c'était purement impossible. Sans mot dire, d'un air qu'elle voulait assez neutre, Aria regarda Sébastien. Ils étaient sur la même longueur d'ondes. C'était déjà ça.

"Il faut qu'on soit plus nombreux !"

La voix d'Eanna avait retenti comme celle d'un prophète annonçant un événement extrêmement important, et la jeune fille aux cheveux blancs se retint de faire un commentaire. Elle aurait bien sortit quelque chose du genre "En voilà une idée lumineuse tiens !" si elle avait été avec des étrangers, mais... Elle ne faisait jamais ça à ses amis. Elle se mordit donc férocement la joue et s'empêcha de dire quoi que ce soit. Elle avait une fâcheuse tendance à parler trop vite, elle devait donc faire particulièrement attention. C'est là qu'elle se rendit compte qu'elle avait trop serré. Un goût affreux de sang se répandit dans sa bouche, se mêlant au sucré du bonbon pour former un liquide écœurant. Avec dégoût, Aria se força à avaler et écouta la réponse du garçon avec le plus de naturel possible. Elle était vraiment, vraiment idiote quand même...

"Des idées ? Artémis voudra peut-être se joindre à nous. Ling aussi, non ? James et Pleasance ... Si je leur demande. Et de votre côté ?"

Il s'accouda ensuite au comptoir et ferma les yeux. Un infime moment, l'adolescente se demanda si elle devait parler - donc le déranger - ou non, mais elle eut vite fait de faire un choix. Il avait posé une question, elle avait envie de parler. Le plus logique était donc de suivre son désir, n'est-ce pas ? Bien sûr. Qu'il en soit ainsi. Sortant la sucette de sa bouche, elle fit tourner le bâton entre ses doigts quelques secondes avant de prendre la parole.

"Hum... Flora peut-être. Et puis Faith et Frederik s'ils ont envie... Vous savez, je pense qu'il est difficile d'établir une liste. On ne peut pas vraiment savoir ce que peuvent décider les autres et il serait dangereux de proposer à une personne d'intégrer notre groupe sans connaître sa réponse. Mais on pourrait envoyer des lettres pour savoir leur avis sur la guerre. S'ils sont plutôt contre et que leurs idées sont synonymes des nôtres... Alors on leur demandera vraiment et en face. J'ai pas trop confiance en la poste pour les choses importantes en ce moment."

Elle fit ensuite un tour inutile sur elle-même et se reposa la question du nom que pourrait porter cette organisation. Il leur fallait quelque chose de doux... Après tout, ils étaient des pacifistes, pas des guerriers. Fermant ses yeux, elle repensa à toutes les petites choses agréables composant sa vie. L'odeur du pain grillé le matin, le rire des enfants veillant jusqu'à tard le soir, les pages lisses du livre qu'elle lisait, les bonbons fondant sous sa langue, le crépitement chaleureux de la cheminée... Une esquisse d'idée germa dans son esprit et un demi-sourire vint se placer sur ses lèvres. Elle rouvrit les yeux. De toute façon elle n'avait que ça.

"Sinon, les Roses en Chocolat, comme nom, ça vous parle ?"

C'était une solution naïve, mélange puéril des noms des deux quartiers. Deux quartiers qui n'étaient pas censés s'entendre d'ailleurs, et qui pourtant s'associaient. Quoi de plus étrange me direz-vous ? Il fallait dire qu'en ces moments sombres, plus rien n'avait de sens. Le ciel était plaqué au sol, le blanc prenait une teinte noirâtre, le sucré devenait amer. Cette union improbable était le fruit de ce changement. Elle représentait l'espoir de pouvoir connaître une nouvelle fois les beaux jours. Futile utopie ou possibilité réelle ? Seul le temps pourra le dire.

Sébastien vit bien qu'Eanna était légèrement déçue, voire vexée, qu'ils aient rejeté son idée de contrer les agissements d'Adieu. Mais c'était tout bonnement impossible. Comment résister à un groupe invisible, n'agissant que dans le plus grand des secrets ? Certes, viendrait le moment fatidique où il faudrait se décider une bonne fois pour toute, mais ce moment n'était pas encore arrivé. Car la principale préoccupation du moment, c'était cette guerre inter-quartier exaspérante. Et totalement inutile. Il y a avait à peine quelques semaines, tout était beau et rose. Tout le monde s'aimait, et personne n'aurait pensé qu'une guerre allait commencer. Guerre. C'était un bien grand mot. Même bataille ou conflit. Cette guerre, comme ils disaient tous, n'était qu'une vulgaire dispute, une embrouille dérisoire de gamins et d'adolescents.

Le jeune homme ne se formalisa pas quand il vit ses amies piocher dans les pots ouverts. Il leur en donnait tous les jours, et gratuitement. Autant qu'elles prennent ce qu'elles aimaient. Un évidence s'imposa, et même si elle coulait de source, Eanna se sentit obligée de l'annoncer. Il fallait du monde. Beaucoup de monde. Car ce n'était pas à trois qu'ils allaient changer tout ça. L'adolescent balança quelques noms, les premiers qui lui venaient à l'esprit. Aria enchaîna avec d'autres prénoms, tous aussi connus les uns que les autres. Chaque habitant avait entendu parler d'un autre, avait vu un autre. Ils n'étaient pas si nombreux, et même si de nouveaux enfants arrivaient chaque jours, ils se connaissaient tous de nom ou de vue. L'adolescente proposa alors d'envoyer des lettres aux habitants, pour connaître leur avis sur la guerre et ainsi, leur proposer de rallier la cause des résistants. Car c'était bien ce qu'ils étaient, des résistants, non ? La deuxième adolescente réfréna leurs ardeurs, ajoutant qu'il fallait mieux éviter d'enrôler des petits. Ce en quoi Sébastien était parfaitement d'accord. Il hocha la tête.

"Oui, c'est une très bonne idée. Des lettres, donc. Et ouais, les p'tits, à l'arrière. C'trop dangereux pour eux."

Une exclamation brisa le bref silence qui s'était installé. L'adolescent riva son regard sur sa jeune amie, interrogateur. Quoi, les Guardians ?

"On pourrait demander aux Guardians de nous aider. Au moins pour les tracts, et tout... Je pourrai demander à Allan, à l'occasion. Je ne sais pas s'ils ont beaucoup de temps..."

Nouvel hochement de tête. C'était une excellente idée, et le jeune homme sourit devant l'illumination de sa camarade. Les Guardians voulaient la paix, c'était sans aucun doute un fait. Ils les aideraient sans doute à rétablir l'ordre. Et puis, même s'ils n'avaient pas le droit, on n'en était pas à une ou deux infractions près. Après tout, ils n'étaient pas censés s'allier avec des gens hors quartiers non plus. Or ils le faisaient quand même.

"Sinon, les Roses en Chocolat, comme nom, ça vous parle ?"
"Sinon... Les Roses en Chocolat, ça me va. Mais j'avais pensé aussi à Pétales de Sucre. C'est joli aussi, même si ça ne veut pas dire grand-chose."

Sébastien fronça les sourcils devant ce dilemme. Lequel choisir ? Les deux propositions reflétaient bien l'idée de départ, qui était l'association entre une Spring et un Summer. Aria et Sébastien. Même si Eanna les avait rejoint ensuite.

"Les Roses en Chocolat, c'est cool. Désolée Ea-chou, mais je trouve qu'on retrouve plus le nom des deux quartiers dans celui là."

Il hocha la tête - Again -, approbateur. Ils avaient un nom, et des idées plein la tête. C'était carrément chouette. Il ne leur restait plus qu'à sauver le monde. Ou juste l'île du moins.

"Allez ! Au travail !"

D'un pas rapide, Sébastien se glissa derrière le comptoir et récupéra un papier et un crayon.

"Commençons par la lettre !"

D'un seul coup, presque brutalement, Aria se rendit compte à quel point Eanna était devenue sérieuse. Calme, réfléchie, annonçant ses idées de façon posée, presque trop. Néanmoins, ce qu'elle disait était pertinent. Les plus jeunes ne seraient pas mêlés à ça, logique, et on pouvait demander l'aide des Guardians effectivement. Attentive, la demoiselle d'Avenue of the Roses écouta son amie proposer un autre nom. Les Pétales de Sucre. Hum... Sébastien trancha.

"Les Roses en Chocolat, c'est cool. Désolée Ea-chou, mais je trouve qu'on retrouve plus le nom des deux quartiers dans celui là."

Il hocha la tête, comme pour montrer que l'organisation avançait petit à petit. Il avait raison. Paresseusement, comme un chat, la jeune fille s'étira puis tourna son regard vers l'entrée vitrée de la boutique. Au dehors, tout semblait plus sombre, les bâtiments raccourcissaient leurs ombres pour les faire presque disparaître et les lampadaires commençaient à produire une faible lueur dorée. La nuit tombait déjà sur l'île. Flûte. Elle allait galérer pour rentrer chez elle. En plus il allait faire super froid. La voix du jeune confiseur l'empêcha de se morfondre davantage.

"Allez ! Au travail !"

Vivement, Sébastien fila derrière le comptoir et prit un papier et un crayon sur une pile d'objets amassés en vrac dans un coin. Ils avaient encore des choses à faire et à mettre au clair. Avec un peu de chance, il ferait à nouveau jour quand elle devrait retourner dans son appartement. On peut rêver.

"Commençons par la lettre !"

La lettre ? Ah oui, la lettre ! Idiote petite Aria qui avait presque oublié sa propre idée. Habilement et délicatement pour ne pas faire tomber les bonbons, la jeune demoiselle alla s'asseoir sur le comptoir puis invita Eanna à s'approcher d'un geste légèrement distrait de la main. Elle prit le stylo qu'elle gardait toujours dans sa poche et regarda la feuille blanche avec insistance. Un détail lui vint à l'esprit.

"Hum. Evidemment, on part du principe que ce n'est qu'un brouillon. Il faudra le recopier après sur un ordinateur, pour ne pas qu'on reconnaisse nos écritures... Vous permettez que j'écrive ?"

Elle les regarda d'un air inquisiteur quelques minutes puis reporta son attention sur la page vierge. C'est mal d'être hautaine petite Aria, c'est mal. Que pouvaient-ils bien dire ? "Bien le bonjour, nous désirons savoir si vous êtes pour ou contre cette guerre hihi ♥"... C'était juste nul. Elle n'était pas douée pour trouver les mots qui frappent, elle arrivait davantage à recopier les dit-mots. Sa tête fonctionnant à cent à l'heure pour rien, elle s'épuisa rapidement et finit par laisser tomber son stylo au sol. La voix qu'elle utilisa pour parler fut teinté d'un agacement que seule elle pouvait comprendre. Elle n'aimait pas se sentir inutile à ce point. On est pas obligé de toujours être utile, tu sais ?

"Bon, en fait non, je n'ai pas d'idées. L'un de vous deux sait-il quoi mettre ?"

La mauvaise humeur, quel élément néfaste.



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