Felix, il est suédois, et ça se voit. Non non, sa peau pâle n’est pas due à une quelconque origine vampirique, il ne brille pas quand on le met au soleil. En fait, il aurait plutôt tendance à rougir, origine nordique oblige, alors ne vous attendez pas à ce qu’il sorte en été sans s’être au préalable tartiné de crème solaire. Et même s’il bronzait un peu, ses gènes seraient trahis par ses cheveux, d'un blond tellement clair qu’ils en paraissent parfois blanc. Mais mis à part cette couleur assez caractéristique, la chevelure du petit Fiz n’a rien de très spécial, coupe courte sans en être non plus au point de l’insuffisance capillaire, pas d’épi rebelle remarquable, aucune tendance à s’emmêler au-delà du raisonnable, rien que de très banal. En fait, pour tout vous avouer, il ne s’occupe pas beaucoup de sa chevelure, et préfère reléguer son entretien au rang de « bassesse de la condition humaine » (en clair, c’est son frère qui lui coupe les cheveux quand il commence à se cogner un peu partout faute d'y voir quelque chose au travers d'une frange laissée à l'abandon, mais chut, il ne faut pas le dire). Le seul détail de son apparence physique dont ce cher Felix se préoccupe est sa tenue. Enfin, dire qu'il s'en préoccupe n'est qu'à peine un euphémisme, disons plutôt qu'il tente de cultiver un look de « poète distingué d'il y a deux siècles », chemise banche, veste lâche, pantalon assorti à la veste et foulard blanc en guise de cravate, mais que la propreté des habits en question dépend du bon vouloir de Xander, qui semble avoir du mal à supporter que son petit frère se balade avec des habits froissés. Enfin, de toute façon, vu son air ahuri, personne ne s'étonnerait si c'était le cas. Oui, parce que malgré ses beaux yeux violets (oui oui, les mêmes que son frère, les gènes nordiques font bien leur travail, n'est-il pas, très cher ?), le visage du petit Felix n'exprime pas souvent d'autres expressions qu'une rêvasserie assez révélatrice de l'attention qu'il porte à son environnement (ne lui en parlez pas, il vous répondrait qu'il ne rêvasse pas, il crée, puis vous risqueriez de vous faire implicitement traiter d'inculte grâce à un sobre « tu ne comprends rien à la poésie »). Mais bon, si vous lui révélez que vous préparez les pâtes à la carbonara comme un dieu, vous réussirez sans doute à allumer dans ses yeux des étoiles dignes d'une guirlande de Noël. D'autres formules magiques peuvent permettre d'obtenir cet effet, à vous de les découvrir ! Heuheum, passons. Une autre des possibilités qu'offre son visage aux traits fins, c'est l'agacement, en général provoqué par Xander. Que voulez-vous, entre frères, c'est l'amour fou ! Mais, indépendamment de ce qu'il exprime, penchons-nous sur ce que peut inspirer son faciès. En général, on obtiendra des filles comme des pedobear un superbe « ce qu'il est chouuuuuuuu ! ». Eh oui, quand on a un visage poupin, à peine sorti de l'enfance et sur lequel Dame Puberté est passée sans apporter son lot de boutons et est repartie en laissant la peau aussi douce que celle d'un bébé, c'est en général le genre de réaction que l'on déclenche. Alors si on l'associe à une silhouette pour le moins... Efféminée, dirons-nous, forcément, on obtient de quoi attiser des pulsions d'instinct maternel. Parce que oui, il faut bien le reconnaître, les moins polis d'entre nous diraient que Felix a une silhouette de tapette. Et ils n'auraient pas tout à fait tort. Entre son petit mètre soixante-trois, ses cinquante-neuf kilos et son manque de muscles, sans oublier le fait qu'il ne pense pas forcément à manger si son frère n'est pas là pour le lui rappeler, il faut bien avouer qu'il est un petit peu maigrichon. Mais c'est encore une chose qu'il ne faut pas lui faire remarquer ! Vous risqueriez de déclencher son courroux et d'être rabaissé au rang de cloporte grâce à de simples alexandrins rappelant que « La plus puissante des enveloppes charnelles ne servira à rien si ton esprit est faible ». En clair, pour ceux qui ne décryptent pas le poaîte môdit, il s'en fiche. Pour gagner les batailles avec Xander, il dispose d'autres atouts. Les chatouilles sont une arme redoutable ne nécessitant aucune force physique.

Pour comprendre la psychologie de Felix, il suffit de savoir une seule chose : monsieur est un poaîte. Oui, avec un accent circonflexe, à prononcer la bouche grande ouverte d'un air snob. Et, la proposition A entraînant la proposition B, il a récupéré en même temps que cette condition tous les traits qui vont avec. Dont la classe ultime, l'air mystérieux et sexy, l'extrême intelligence, l'exclusion sociale et le génie dus à n'importe quel poète maudit bien dans sa peau. Enfin, ne vous méprenez pas, ça c'est ce qu'il aimerait. Parce qu'il a beau savoir manier les rimes, le petit Fiz, il est encore loin de son idéal. Et, selon lui, la principale chose qui le sépare de lui est entièrement la faute de ses parents. Nous parlons bien évidemment de son nom. Bin oui, franchement, Felix Ismaël Zviktorsson ! Fiz ! Sont-ce la les initiales classes d'un poète ? Déjà, rien que Felix, c'est pas tip-top. « Heureux »... Ça ne fait pas poète maudit. Du tout. C'est d'ailleurs pour ça qu'il a pris l'habitude de signer ses poèmes de son deuxième prénom, qu'il trouve beaucoup plus convenable pour sa condition. L'autre problème, c'est sa date de naissance. Le premier avril... C'est pas la classe non plus ! Mais bon, ça, il ne peut rien y changer, alors il a appris à vivre avec.
Après, n'allez pas non plus croire que la poésie, c'est juste un genre qu'il voudrait se donner. Le petit Felix est presque toujours en phase de création, ce qui s'accompagne d'un détachement très marqué face à son environnement. Si vous croisez un adolescent à l'air un peu dans la lune, en train d'observer très intensément le pot de fleur face à lui, ou encore se baladant le nez en l'air dans un peu tous les quartiers sans prêter la moindre attention à là où il se trouve, il y a de fortes chances que vous soyez face au plus jeune des frères Zviktorsson. Et si jamais il vous remarque et tente de communiquer, ne vous inquiétez pas, il ne mord pas, et pourra même vous demander de devenir sa muse si jamais vos mains, votre cou, votre gros orteil gauche ou toute autre partie de votre anatomie lui semble esthétique. Le seul problème de cet état quasi-permanent c'est que, s'il favorise l'inspiration poétique, il est parfaitement destructeur dans la vie quotidienne. Ne faites surtout pas effectuer la moindre tâche ménagère à Felix ! Il n'y a que peu de personnes au monde capable de mettre du liquide vaisselle dans la vinaigrette sous prétexte qu'il est « au vinaigre de cidre », de s'assommer avec le manche à balai, ou de ne devoir son salut qu'à la main providentielle de son frère venue le rattraper alors qu'il commençait à tomber de la fenêtre dont il lavait les carreaux pour « faire coucou au petit oiseau ». Le frère, parlons-en ! Sans lui, cela fait bien longtemps que Felix serait passé de l'autre côté du voile. Entre ses oublis fréquents de se nourrir (la poésie est une nourriture spirituelle qui dépasse toute nutrition matérielle, qu'il dit... Ce qui ne l'empêche pas de vénérer quiconque lui fait des pâtes), les nuits blanches passées à écrire et les divers accidents tels qu'une balade dans un quartier ennemi en période de tension, il possède une autonomie maximum de deux heures. C'est à dire environ le temps de travail que Xander a à effectuer de plus que lui. Ouf, sauvé. D'ailleurs, avis aux amateurs, si un jour vous vous amourachez du grand frère, il faudra composer avec le petit. Sinon, ça reviendrait à signer son arrêt de mort. Ah, et j'ai un autre avis à faire passer ! N'insultez jamais Xander devant Felix. Même, n'approuvez pas si il se plaint de son grand frère. En fait, ne vous attaquez pas à Xander de quelque manière que ce soit. Ne vous moquez pas de lui, ne l'insultez pas, ne lui faites rien de mal, jamais. Son frangin est sacré, il l'adule et l'idolâtre, sans lui il ne serait rien, son grand frère est le plus merveilleux de tous les frères du monde. Même s'il reste un tyran, terriblement hermétique à la poésie, et toutes ces petites plaintes que les cadets débitent à longueur de journée sur leurs aînés, sans jamais y croire. S'attaquer à Xander, c'est une des rares choses capables de réveiller chez Fiz le gène « Berserker ». Mais si, cette petite suite de nucléotides, enfouie au fin fond du génome de tout nordique qui se respecte, la petite portion d'ADN perdue sur un chromosome et qu'il ne vaut mieux pas titiller. Pour Felix, ça revient à déclencher une vraie colère, une qui le fait crier et vous menacer de son petit poing sans muscles, qui vous conduit à coup sûr à une malédiction de durée maximale, et pas le mépris habituel qu'il manifeste pour ceux qui « ne comprennent rien à la poésie ». Et cette catégorie englobe beaucoup de gens, depuis ceux qui font des remarques sur son apparence jusqu'à ceux qui osent dire (sacrilège ultime !) que les poètes du XIXème siècle ne pondaient que des textes indigestes et sans signification, en passant pas Xander et par ceux qui lui demandent d'être efficace à son travail, sans oublier bien entendu les hérétiques qui n'aiment ni les pâtes ni Ikéa. Autant dire qu'ils sont nombreux, ceux qui un jour ou l'autre ont été toisés des pieds à la tête par Felix, avant qu'il ne décide que la pourriture de leur esprit annulait toute l'esthétique de leur corps et ne leur adresse une citation bien sentie sur ce qu'il pensait d'eux. Ou, s'il estime qu'ils ne méritent même pas l'honneur des paroles d'un de ses grands maîtres, un simple vers qu'il créera spécialement pour eux. Terrifiant.
Mais Fiz, sous ses airs de poète mystérieux, méprisant envers ceux qui n'aiment pas son Art, reste un grand enfant. Peut-être parce qu'il est le plus petit, qu'il n'a jamais été vraiment confronté à la vie, la vraie, celle qui est difficile, il garde une fraîcheur au fond de lui, celle de celui qui ignore les querelles et les guerre entre quartiers, celle de quelqu'un gardé dans un cocon de douceur et de calme par son grand frère, celle d'un petit garçon qui aime encore faire de la balançoire et grimper aux arbres juste pour le vertige que cela provoque, celle d'un enfant qui a encore du mal à s'endormir sans sa peluche qu'il traîne partout depuis l'enfance… Mais il ne l'avouera pas, il vous dira que la balançoire et la grimpette lui permettent de prendre de la hauteur sur les choses et favorisent l'inspiration, il jouera l'étonné quand vous lui parlerez de ce macareux en peluche trouvé dans sa chambre, il vous répondra qu'il n'a aucune idée de qui est ce "Xou", c'est quoi, ça ce mange ? C'est comme son nom, ça ne fait pas assez poète maudit à son goût, alors il préfère passer sous silence ce petit détail. Par contre, un penchant dont il n'a aucune honte et qu'il aurait plutôt tendance à exhiber, c'est son amour inconditionnel pour Arthur Rimbaud, qui incarne aux yeux du petit Felix le poète maudit, précoce et génial par excellence. Il l'adore, l'adule, connaît sa vie et la plupart de ses poèmes sur le bout des doigts, peut caser des citations à toutes les sauces, est capable d'analyser ses textes jusqu'au 63ème degré… Il va même jusqu'à avoir un portrait du poète au-dessus de son lit. Une passion étrange pour un suédois pourrait-on se dire, mais elle lui vient tout simplement de sa mère, parisienne, professeur de littérature française, qui a consacré de nombreuses heures à lui faire découvrir toute la beauté de la poésie rimbaldienne.
Felix est donc un mélange étrange entre quelqu'un d'exaspérant et d'attachant. Sous le poète maudit se cache un léger boulet, sans autonomie, fraternellement dépendant, tellement enfantin… Et pourtant capable, parfois, de faire preuve de maturité dans ses poèmes, ou de mépriser froidement ceux qu'il n'estime pas digne de son Art.

La mémoire… On ne se souvient jamais de tout, pas vrai ? Les souvenirs sont comme des flashs, des bribes de vie qui reviennent parfois. Il y en a qui sont clairs, le lieu, la date, même le temps qu'il faisait… D'autres nous ont été rapportés, racontés tellement de fois que l'on croit s'en souvenir, alors que bien sûr c'est faux… Petite séance diapositives.


Première diapo
1er avril 1995, dans la maternité, un couple et leur premier enfant regardent un bébé dans son berceau
- Regarde, Anders, il a les mêmes yeux violets que toi… Mais j'espère que l'idée des médecins aura marché et qu'il n'aura pas ta maladie…
- Il a peut-être les yeux de son père, mais il sera surement beau comme sa mère.
Il soulève son fils aîné dans ses bras pour qu'il ait un meilleur point de vue.
- Regarde, Xander, c'est Felix, ton petit frère. Il faudra que tu prennes soin de lui, tu seras un bon grand frère, pas vrai ? Tiens, pour ta première responsabilité, je te charge de lui donner sa peluche.
Dans les mains de l'enfant, il met un macareux en peluche, pour que Xander le pose à côté du bébé. Ils ne le savent pas encore, mais le petit Felix ne le lâchera plus. Quand il sera en âge de parler, il le baptisera Xou, peut-être en référence à son frère et, quinze ans plus tard, aura encore du mal à s'endormir sans.


Deuxième diapo
Un peu plus d'un an plus tard, en 1997
- Mais mamaaan ! C'est lui qui a commencé, je te jure, il m'a balancé son cube dessus !
- Xander, mon chéri, ce n'est pas une raison, ton frère est encore petit, il ne comprend pas tout, en tant que grand frère tu dois être plus sage.
- Mais je lui ai même pas fait mal ! Je lui ai juste lancée sa girafe Sophie, et il s'est mis à pleurer, je suis sûr qu'il fait semblant !
- … Bon. Comme c'est la première fois, je ne te gronde pas trop, mais ne recommence pas, d'accord Xander ?
- Voui maman…
Une moue boudeuse, la main de maman dans les cheveux de l'enfant, et l'incident est oublié. Bien sûr, ce n'est que la première d'une longue série de luttes fraternelles, luttes que Felix perdra toujours, ne pouvant rattraper les trois ans d'avance de son frère. Mais on leur pardonne, bien sûr, ils sont frères, c'est s'ils ne se battaient pas qu'on s'inquiéterait… Et puis on voit bien qu'en dehors de ces confrontations ils sont très liés, alors autant les laisser faire.


Troisième diapo
Nous sommes en 1999, c'est l'été, Felix a quatre ans
- Feeeeeeeeel' ! Descends de cet arbre tout de suite !
- Maiiiis, Xaan, t'es pas gentiiil ! Moi je suis bien dans mon arbre !
- Descends ! Tu imagines si tu tombes et que tu te fais mal ? Tu es beaucoup trop haut !
- Mais nan, c'est papa qui m'a montré comment on fait, je suis trop fort !
- Tu descends quand même. Pour me faire plaisir.
- Bon, d'accord… T'es vraiment pas marrant.
C'est le premier vrai souvenir qu'il a, pas parce qu'on lui a raconté mais bien parce qu'il est ancré dans sa mémoire, la première fois que Xander agit comme un grand frère responsable, la première fois qu'il sauve la vie de son étourdi de petit frère. Bien sûr, Felix n'en a pas conscience, il pense juste que Xander veut l'empêcher de s'amuser, mais comme il aime son frère, il lui obéit. Il ne sait pas encore à quel point son frangin lui sera indispensable plus tard, à quel point il ne pourra plus se passer de lui.


Quatrième diapo
Un soir d’hiver, calme, Felix aura bientôt cinq ans
- Allez, mamaaaaan, s’il te plaît, encore !
- Non, Felix, il est tard, les petits garçons doivent dormir s’ils ne veulent pas que les monstres viennent les dévorer.
- Mais euh, j’aime bien quand tu me lis des histoires en français… C’est plus joli que quand c’est papa qui m’en lit.
Elle rit, borde le petit et dépose un baiser sur son front.
- Ce ne sont pas des histoires, mon chéri… C’est de la poésie.
De la poésie… Du haut de ces cinq ans, le petit suédois n’a pas encore entendu parler de ça. Pourtant, pendant que sa maman éteint la lumière et referme doucement la porte, il répète le mot dans sa tête. Poésie… C’est joli, ça glisse sur la langue, et puis de toutes manières ce mot, pour lui, est associé à la voix de maman qui joue avec les sons. Et c’est en tournant et en retournant le mot dans sa tête qu’il s’endort, vers un sommeil rempli de rêves d’enfants…


Cinquième diapo
De la neige, mais c’est habituel. Dans le salon, un sapin, et en dessous, des papiers cadeaux vides. Nous sommes le 25 décembre au matin, en 2001.
- Papa, papa, tu nous l'installes avant qu'on aille manger hein, hein dis, tu nous l'installes !
- Felix... Calme-toi un peu et arrête de sauter partout, tu vas te faire mal.
- Mais, maman, j'ai envie de jouer avec Xan' moi ! Ça va être trop rigolo, le Papa Noël il a eu une super idée !
La star du jour, c'est la console de jeux que les deux frères ont trouvé sous le sapin en se levant. Des heures de jeu en perspective, des désaccords gravissimes réglés à coup de manettes, pour savoir qui aura le dernier carreau de chocolat par exemple, batailles toujours perdues par un petit frère qui n'arrive pas à égaler son frangin sur le plan des jeux vidéos, comme sur d'autres, et qui préfère lui demander son aide dès que ça devient trop difficile. La playstation 1 d'origine sera remplacée par les suivantes au fil des années, mais les moments de complicité partagés devant la télévision resteront les mêmes...


Sixième diapo
Grand bond dans le temps, Felix est en cinquième, il a douze ans, c'est la rencontre parent-professeurs.
- Madame Zviktorsson, je pense que le petit Felix a un grand potentiel littéraire, en particulier au niveau de la poésie. Lorsque nous avons fait une séquence dessus, il s'est mis à me parler d'un poète français, un certain Rimbaud, et m'a même proposé de réaliser un exposé sur lui... D'où cela peut-il venir ?
- Oh, de moi, sans aucun doute... Je suis désolée s'il vous a embarrassé, vraiment, je crois qu'il est un peu jeune pour que je lui parle autant de poésie...
- Non ! Au contraire ! J'ai attendu un élève de cette trempe là durant toute ma carrière ! Quand à la fin de la séquence j'ai demandé aux élèves de rédiger un poème, le sien a dépassé de bien loin ceux de ses camarades. Juste, si vous pouviez l'intéresser aussi à la poésie suédoise, Lidman, Bengtsson, Frostenson... Il peut aller loin !
Le vieux professeur aux yeux brillants, proche de la retraite, est bien loin de se douter qu'il a raison. Que son élève prodigue, celui qui lui donne l'impression de servir à quelque chose, ira loin. Déjà sur ses fiches d'orientation, il ajoute derrière des idées fluctuantes « mais sinon je voudrais bien devenir poète », déjà il a un carnet qu'il noircit de poèmes, parfois en suédois, le plus souvent en français pour suivre les maîtres qu'il se découvre, La Fontaine depuis son enfance, Verlaine, Prévert, et Rimbaud, Rimbaud qu'il ne comprend pas encore très bien mais qu'il admire déjà, Rimbaud qui sera son modèle.


Septième diapo
Un mercredi de juin, en 2008, il est midi, Felix et Xander rentrent du collège, une lettre attend l'aîné sur la table.
- Xaaaaan', allez, laisse-moi lire !
- Fel', y'a marqué "Mr Xander Zviktorsson" dessus, ça te parle ? Laisse-moi lire mon courrier en paix, tu veux ?
- Tu me laisses lire, sinon je dis à maman que tu es méchant avec moi au collège et que tu te moques de moi avec les autres parce que je lis de la poésie.
- De… Quoi ? Mais qu'est-ce que tu racontes Fel', j'me moque pas de toi !
- Je sais. Mais maman, elle, elle le sait pas. Et comme je suis le plus petit, elle me croira. Mais sinon, je peux aussi te chatouiller. Ou alors tu me laisses lire. Comme tu veux.
Finalement, ça tourne en bataille qui n'en est pas une, et le cadet finit par lire par-dessus l'épaule de son aîné. Un numéro, un besoin irrésistible de l'appeler, ça se transforme en une grande aventure franginale, on se faufile jusqu'au salon et, sur un vieux téléphone réparé par papa, on appelle…
- De quoi ? Mon nom complet ? Xander Yaël Zviktorsson, pourquoi ?
- Et moi c'est Felix Ismaël Zviktorsson !
- Fel ! Me prend pas le téléphone des mains comme ça !
- Mais ! J'fais ce que je veux ! Ouuuuuaaaaah, purée, j'ai sommeil d'un coup, j'crois que j'vais aller me coucher et faire une sieste moi…
- Ouais, la même…
Doucement, le sommeil artificiel s'empare des deux garçons, Felix a juste le temps d'arriver jusqu'à son lit et de prendre Xou dans ses bras avant de sombrer…


Huitième diapo
Une plage, les quelques rayons d'un soleil levant, le bruit de la mer, Felix est couché sur le sable, son macareux dans les bras, exactement dans la position qu'il a prise pour s'endormir.
- Feeeeeeeeeel ! Fel, réveille-toi. Tout de suite. Ou sinon, j'attaque les baffes.
Il ouvre un œil, un autre, s'étire, s'assoit en tailleur, contemple l'horizon.
- …
- Fel… Ça va ? Dis quelque chose nom de Dieu !
- Elle est retrouvée.
Quoi ? - L'Eternité.
C'est la mer allée
Avec le soleil.*
- Bon, ça va, si tu nous récites du Rimbaud c'est que tu es à peu près en bon état. Allez, debout, on va essayer de comprendre où on est.
Il se lève donc, et commence à suivre son frère quand, d'un coup, une plume blanche apparaît devant chacun d'entre eux.
- Hé, Xan', c'est quoi ça ? C'est bizarre, ça me paraît familier…
Bienvenue, Felix… Bienvenue à Esplumoir. Bientôt, on t'expliquera en quoi consiste cette île, tu découvriras ta plume, tu t'installeras avec Xander à Bloody Lane, parce que ce quarter te plaît, il correspond à ton idéal de poète. Mais la vie continue, tellement différente d'avant, et pourtant une routine s'installe…
*Arthur Rimbaud, l'Eternité (Fêtes de la patience, troisième partie), 1ère strophe.


Neuvième diapo
Une maison, anonyme, celle d'un habitant de l'île évidemment, Felix a un balai dans une main et un livre dans l'autre.
- Feeeeeeeeel ! Qu'est-ce que je t'ai déjà dit des centaines de fois ? Arrête de lire et finit de balayer !
- Mais, Xan', tu comprends pas, une anthologie comparée des poèmes écrits par Rimbaud et Verlaine pendant leur voyage ensemble, c'est juste super !
- Oui, bah pose ça et va donc passer l'aspirateur dans l'escalier, on a encore du pain sur la planche.
- Tch, tu connais rien à la poésie de toutes façons.
- Peut-être, mais si tu veux avoir tes pâtes à la carbo ce soir t'as intérêt à te grouiller.
Argument magique, le petit Felix se remet au travail. Fait tomber deux ou trois bibelots, renverse le seau d'eau, rien que de très habituel. En leur choisissant un travail pas trop dangereux, Xander avait oublié l'extraordinaire capacité de son frère à tout faire tomber et à se déconcentrer de tout ce qui ne concerne pas son Art…


Dixième diapo
Dans le salon de leur petit appartement, Xander, un sèche-cheveux à la main, a pris le ton dit du "grand frère responsable désespéré par son petit frère irrécupérable.
- Mais qu'est-ce qui t'a pris, aussi, de rester sous la pluie pendant une heure ?
- Bin… J'avais fait tomber un stylo par la fenêtre, je suis descendu le chercher, et puis toute cette eau, je sais pas, ça m'a émut, alors j'ai continué à regarder…
- C'est malin tiens… Regarde-toi, t'es tout trempé maintenant. Et si j'étais pas rentré du boulot, tu serais encore sous la pluie je parie ?
- …
- Allez, va mettre des habits secs, et puis reviens, que je te sèche les cheveux. Manquerait plus que tu choppes un rhume…
C'est comme ça que s'installe une dépendance… Un grand frère qui joue tous les rôles, papa, maman, frangin, qui prend soin de son cadet comme on a rarement vu faire, et ça suffit. Mais Felix est heureux comme ça, ses deux heures d'autonomie maximum lui conviennent. Même s'il ne comprend pas toujours les absences inexpliquées de Xander certains soirs, et qu'il se dit parfois, dans de rares moments d'éveil, que son héméralope de grand frère ne devrait pas sortir comme ça quand il fait sombre…

Âge : 15 ans et toutes mes dents ! Enfin je crois… *retourne les compter*

Comment avez vous découvert ce forum ? Par partenariat avec Karnevale Avenue. Et puis je l’avais vu aussi dans les top-sites, mais je n’étais pas allée plus loin que me dire « oh, le nom est classe *__* ». Et puis après ya eu Xan' qui me l'a re-montré. C'est de sa faute.

Première impression ? Euh… Euh… C’est beau. Le design, le contexte… Et puis le nom quoi *__* *a vraiment buggé sur le nom*

Vous pensez être très présent/assez présent/pas trop présent ? : Eh bien, euh… Ça dépendra ? Voui, paske bon, étant interne, je peux pas venir vraiment tous les jours la semaine… Mais je suis une fraudeuse, donc quelques passages la semaine quand même. Mais sinon le week-end c’est tranquille. Donc je dirais assez présente en moyenne.

Autre chose ? [Code okay by Aria ♪]… ♫ Allez savoir pourquoi, j’ai cette chanson qui me trotte dans la tête ces derniers temps…