I'm afraid about you, you know ... [PV - Faith]

Invité

Il devait lui parler. Qu'elle travaille ou non n'avait aucune importance. Elle avait gaffé, du moins, en théorie, et pour cela, il devait lui parler. Elle avait tendance à l'éviter – crut-il – ce qui d'un côté l'effrayait grandement. Faith est une jeune fille, oui, qui arrive à un certain âge. Un âge où le manque de repère se fait mortel. Un âge où l'on certes besoin de changement, de jeter les vieilleries à la poubelle … Mais son frère serait-il une vieillerie à laquelle elle ne devait plus faire attention ?
Une vieillerie, lui ?!
Il serra les dents à l'idée qu'elle puisse le mettre de côté pour la simple raison qu'il est « d'avant ». C'était légitime. Ne s'était-il pas un peu écarté de ses parents au même âge ? Tous le font. C'est normal. Naturel. Mais déroutant. Déstabilisant. Il n'appréciait pas d'être de la sorte repoussé et ne pouvait s'empêcher de se demander pourquoi. Avait-il fait quelque chose ? Quelque chose de MAL ?

Il arriva à la boutique de sa soeur. À cette heure, elle devait être seule. Peut-être. Au cas contraire, il n'en avait cure. Tant pis, c'est la vie. Il ouvrit la porte en la claquant contre le mur qui la tenait.

« FAIITH … !! »

Il hurla presque en l'apostrophant durement.
Ses émotions prirent, le temps d'un mot, d'un nom, le contrôle de son corps. Il aurait rougi pour cela, s'il fut un autre, mais non, il garda son attitude de tous les jours, avec une petite flamme dans le fond des yeux, pour Faith. Il s'approcha d'elle, d'un pas lourd, tant pis si cela effraie les porings ou autres créatures stupidement rondes, roses et ragoutantes. Là, ce fut bien Faith qui l'intéressait et qui avait le monopole de son attention. Juste elle. F*ck les autres.
C'était le bordel partout en ce moment. Les quartiers, ils sont plus comme avant, ils ont qu'un idée : annexer le voisin. En tant que guardian, il devrait être en train de parlementer, d'essayer de trouver une solution. Mais que nenni, il avait besoin de causer à la frangine, et cela, personne ne peut lui empêcher. Il serait presque prêt à tuer pour lui dire deux mots seulement.
Histoire de vous donner l'état dans lequel il est désormais. Une panique sans limite.

« Et ne fuis pas, j'ai à te parler ! »

Arrivé à sa hauteur, il attrapa directement les bras de sa soeur, serrant les poings sur ses faibles membres – en faisant tout de même attention à ne pas lui couper la circulation. Quoiqu'après … On perd vite le contrôle de sa force.
Il prit une inspiration, histoire de tout remettre dans l'ordre, dans sa tête. Un, la mairie. Il était important de lui parler de la mairie. Elle avait signer un papier ridicule parlant d'un recensement improvisé – c'est ainsi qu'Allan aborde le prospectus faiblement accroché au panneau, cher papier du Conseiller Mister Toutou -. Elle avait écrit sa Plume, à l'oeil de tous, imprudemment. Quand lui avait menti, bien entendu...
Mais il n'y avait pas que ça. Non, ce serait trop facile. Elle lui manquait, et le fait qu'il n'ait pas eu de ses nouvelles pendant un long moment le rendait malade. Pourquoi ne lui écrivait-elle pas ? Certes il ne lui envoyait rien. Le temps lui manquait. Et il avait que peu de confiance envers le système postale – pardon, méfiant de tout ? Parfaitement -. Mais elle aurait pu … ! Tant de candeur en elle, jamais elle n'aurait dit quelque chose de déplacé. Quant à lui … Il ne savait pas.
Oh, et un dernier détail. Il n'aime pas sa dernière robe. Non, non, trop courte. Trop mature. Il aimerait qu'elle reste l'enfant, la petite Faith qu'il connaissait. Et cette robe, c'était tout le symbole de la maturité qu'elle gagnait peu à peu... Et avec … L'âge... La distance entre eux.

« Tu es inconsciente ! »

Il la secoua un peu, une légère secousse pour être sûr qu'elle l'écoutait. Il ne voulait pas la brusquer, mais les mots lui brulaient les lèvres, et les ravaler lui demandait trop... Trop de quoi ? Il ne savait guère. Mais ce dont il était sûr, c'est que ses mains en tremblaient.
Bien sûr, il avait tiré profil de ce recensement ! Il y allait régulièrement et avait dressé sa liste personnelle. Mais là n'est pas la question. Elle, elle avait répondu. ELLE. Les autres, il s'en fichait ! Mais si elle se retrouvait dans un piège... Oh. C'est la douce mort de la dépression qu'il connaitrait, à moins qu'il n'ait le courage de se lever au-dessus d'une chaise pour servir de prolongement à la lampe de son salon.

Il la fixa d'un regard noir.

« Ne donne jamais ta plume sans venir me voir avant … Je vais finir par mourir d'inquiétude si tu agis de la sorte … ! J'ai vu ta signature, oh, j'ai cru que j'allais faire une attaque …! Tu te rends des dangers que cela représente ? On ne sait même pas pourquoi il y a eu ce fichu recensement... !»

Parce qu'Allan, il peut parler long des fois. C'est pas un Suédois, y cause pas à coup de « m'w'fe », lui ! Oh bon, on dirait le vieux père relou, tout ça, je ne connais pas tous les mots que les impubères utilisent de nos jours. Il est collant, possessif. Bienvenue dans les grands défauts de Scotty.
Il soupira et la lâcha. Pauvre Faith.

« Tu comprends ? »

Allez, dis-moi que oui, ma petite Faith adorée … Dis-moi que Grand Frère ne mourra plus noyer dans ses larmes de stress ? Plus jamais ?

Avenue of the Roses

Alors voilà. C'était la guerre.

Faith, la gentille Faith, l'innocente, la souriante, toujours pleine de vie, optimiste et tout ce que vous voulez encore... Faith, la gentille Faith. Comment pouvait-elle comprendre qu'il puisse y avoir une guerre sur cette île - authentique locus amoenus - comment se faisait-il que les personnes se tiraient dessus à tout bout de champs ? Elle qui pensait que les habitants s'entendaient bien, lui mentait-on depuis tout ce temps ? Non, impossible. Elle savait très bien que tout le monde qu'il était gentil au fond, tout le monde qu'il était juste dépassé par la situation, complètement perdu... mais oui, les habitants avaient besoin d'aide ! La voie de la lumière ! Les cloches et les lapins ! On ne peut plus têtue, Faith s'aventura dans les terres sauvages des quartiers voisins, pour entreprendre une discussion à l'amiable. Résultat : une jambe en sang, rentrée chez elle en pleurs, l'adolescente s'effondra complètement.

Voilà donc, c'était la guerre.

Mais guerre ou pas guerre, son amour pour les animaux lui ne changeait pas. Quitte à risquer sa vie une nouvelle fois, elle allait libérer la moitié des animaux (elle se serait lamentée toute sa vie quant au fait d'avoir laissé mourir des porings et des lunatics, morts de faim), et tenter d'en amener deux ou trois chez... Ekzael. Car naïve telle qu'elle était, elle ne put décliner sa proposition d'être hébergée chez lui, car beaucoup plus en sécurité que seule dans sa maison, et ce même si elle ne l'appréciait pas énormément. Oui il avait raison. Bien sûr. De toute façon, tout le monde avait toujours raison pour Faith.

Le seul hic, c'était la réaction de son frère. Elle ne lui avait encore rien dit. Comment allait-il réagir ? Non, il ne fallait pas lui dire : comment pouvait-elle lui expliquer qu'elle aille dormir chez un garçon ? Elle ne lui avait même pas dit dans quelles circonstances honteuses elle avait fini par devenir la maid du monsieur "tout pas gentil tout pas beau numéro deux". Bon et bien ce n'était pas plus grave, il n'en saura rien et puis voilà. A cette pensée, le coeur de la jeune fille se resserra un peu. Toujours un peu plus. Elle se mordit les lèvres, et fixa le sol. Honteuse, oui. Car qu'importe ce qu'elle faisait - sortir, s'amuser, travailler - rien n'y faisait, elle continuait de penser sans arrêt à son frère. Elle voulait le voir. Et elle voulait l'éviter à tout prix. Alors ce qui restait le mieux, c'était tout simplement de tout ignorer. Pensait-elle. Et la vie continuait. Ou plutôt, la guerre continuait.
Voilà donc, elle était seule, dans sa boutique, et avec grande peine, relâchait toutes les petites boules de poil. Elle savait que Alix s'était chargée de prendre soin de la plupart des lunatics et des wolfs, et Kanou ne s'était pas refuser à héberger quelques animaux. Mais elle ne pouvait pas laisser toutes ces mignonnes créatures sans soin. Une fois les événements passés, elle pouvait avoir tout le temps nécessaire pour capturer de nouveaux animaux. -Cling cling- Elle ouvrait les cages, et les animaux qui ne comprenaient restaient dedans, attendant toujours d'être nourris. Trop attachés à leur maîtresse, il était évident qu'ils ne voulaient pas retourner à l'état sauvage...

« Zou ! Je ne peux pas vous garder plus longtemps... »

Les yeux larmoyants, Faith poussa les bêtes vers la sortie. Restèrent quelques porings et pickys à son grand désarroi. Elle s'approcha pour les caresser, et...

« FAIITH … !! »

... Plus de porings, ni de pickys.

« Et ne fuis pas, j'ai à te parler ! »

Il ne restait plus qu'une adolescente figée sur place. L'espace d'un instant, elle avait envie de lui sourire et de lui adresser un cordial "Bonjour Monsieur, bienvenue chez Qpet Shop ! Comment puis-je vous servir aujourd'hui ?" ou même tout simplement "Grand frère!" mais rien. Aucun son ne sortit de sa bouche. Elle tremblait, et elle sentit son coeur se percer. Se vider de son sang. Enfin, n'est-ce pas toujours ce qu'il fait de toute manière. Toute une nuée de culpabilité l'enveloppa, elle le savait. Elle connaissait ce regard. Elle connaissait Allan par coeur. Et elle sentit les mains de ce dernier se poser sur ses bras. Il faisait mal. Mais ce n'était pas grave.

« Tu es inconsciente ! »

Faith sentait les larmes lui monter aux yeux. En temps normal, elle aurait immédiatement éclaté en pleurs. Mais pas devant son frère, elle se retint autant que possible. Elle tentait presque de ne pas l'écouter. Elle ne voulait pas savoir ce qu'il voulait dire. Elle était comme une enfant qui voulait juste se boucher les oreilles pour éviter les reproches des parents. Fuir, aussi loin que possible. De toutes les personnes qui auraient pu faire irruption dans la boutique, pourquoi lui ? -Thump thump- Son coeur battait de plus en plus vite. La Ravenswood croisa le regard noir qui lui était adressé, et la minute d'après, elle vit comme un nuage noir de mots sortir de la bouche de son aîné. Mais elle n'y compris rien. Elle ne voulait rien comprendre. Tout ce qu'elle entendait, c'était un espèce de "Blablablabla (...) blablabla ; tu comprends ?"
Alors, Faith hocha de la tête, sans savoir à quoi elle répondait. Mais Faith savait ruser parfois ! Elle savait que faire dans ces situations. Elle se détacha des bras qui étaient serrés sur les siens, puis s'approcha d'Allan pour l'étreindre. Mais oui, comment ne pas succomber face à ses câlins ! Voilà, elle allait l'enlacer ainsi, et puis ce serait fini, il allait tout oublier, elle allait être pardonnée, et puis il allait rentrer rassuré après.. et elle, allait rejoindre la maison d'Ekzael. Infaillible. Enfin elle espérait. Pour mettre toutes les chances de son côté, elle chuchota un "Promis, je ne recommencerai pas." (Elle ne savait pas quoi mais à tous les coups, puisqu'elle avait fait quelque chose de mal...)