Une tour fermé à clé ~ |pv Eldrid|

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Pas une lumière, pas un bruit, rien. Dans la pièce, seule les contours de la porte et les fissures des volets laissaient passer de la lumière, le reste était complètement plongé dans le noir. Un froissement de draps se fit entendre, puis, ce qu'on devinait être une personne marcha sur le plancher grinçant jusqu'à ce que ses pas atteignent la fenêtre. Melody laissa glisser ses mains le long du rebord jusqu'à trouver l'ouverture, un clic sonore retentit dans la chambre et aussitôt un vent frais s'engouffra à l'intérieur. La faible lumière de la lune éclaira le visage de la jeune fille et quelques autres affaires éparpillées dans la pièce dès que les volets furent ouverts. Celle-ci resta un moment planté, accoudé contre le rebord, à regarder les rares passants qui étaient encore debout à cette heure-là. Cela aurait pu durer longtemps si elle avait eu envie de savoir qui avait des activités louches, car la maison de Melody était située dans un des coins où les gens passent le plus sur l'avenue of the rose, mais elle n'en avait pas envie et s'en lassa vite. Refermant les volets puis la fenêtre derrière elle, la jeune fille partit s'habiller autrement qu'en pyjamas, ce soir elle n'avait pas envie de rester chez elle.

C'est quelques instants plus tard qu'elle ferma la maison à clé, un chapeau sur sa tête et un long manteau noir sur ses épaules. Autant de précautions pourraient faire penser qu'elle prépare quelque chose de louche, mais pourtant non, Melody ne va ni à un rendez-vous avec un quelconque trafiquant à qui elle prêterait de l'argent, ni à la rencontre d'un des hommes de main qu'elle paye pour faire le bouleau qu'elle-même ne veut pas faire. Non, ce soir, elle va juste dans la tour d'observation plantée en plein milieu de feather road et c'est seulement pour ne pas savoir qu'elle a l'habitude dese rendre là-bas qu'elle s'est habillée comme ça. L'inconvénient, c'est que ses cheveux roses sont facilement reconnaissables si on la regarde de dos, personne n'a jamais eu idée, mis à part elle, de se les teindre de la même couleur que les siens à Esplumoir. Mais, pour rien au monde elle ne redeviendrait une blonde comme avant, la couleur rose de ses cheveux est un des signes qui la rattache au monde d'avant et même si elle peut les avoir à nouveau blonds, elle n'en fera rien, c'est devenue en quelque sorte sa marque de fabrique depuis le temps.

Les ruelles qu'elle emprunta à la sortie de son quartier étaient de plus en plus étroites et même si c'était en quelque sorte le but elle ne tarda pas à rejoindre une des plus grandes rues de Feather road. Ses pas ne s'arrêtèrent que quand elle atteignit la tour d'observation, celle-ci était un des plus anciens bâtiments d'Esplumoir et on voyait les fissures qu'elle avait accumulé sous le poids des années. Melody, qui s'était arrêtée à une dizaine de mètre de là, s'approcha d'un pas hésitant vers la tour. C'était la première fois qu'elle y venait aussi tard, la jeune fille n'était donc pas sûre qu'il y est quelqu'un et encore moins la personne qu'elle était venue voir. Arrivée devant la porte, elle eut un bref moment d'hésitation, qui s'en alla aussi vite qu'il était venu. Saisissant la poignée d'une main ferme et solide, elle la baissa rapidement et poussa la porte. Celle-ci refusa tout simplement de s'ouvrir. Melody fit encore un essai, mais rien n'y fit, la porte n'ouvra pas plus. Se reculant d'un pas, elle donna un coup de pied dans la porte, qui ne laissa passer qu'un bruit sourd.

"Il existe toujours une solution intermédiaire..." murmura Melody pour elle-même.

Sauf qu'elle ne voyait pas ce qu'elle pouvait faire de plus, la première fenêtre était bien trop haute pour pouvoir l'atteindre quant à enfoncer la porte.. sûrement pas, la porte aura sûrement moins mal que son épaule si elle le faisait. Melody sortit de sa poche un outil qui ne la quittait jamais et le contempla. Finalement, elle le rangea, quelqu'un avait sûrement entendue le bruit qu'elle avait fait, il était inutile de prendre le risque de se faire voir en train d'ouvrir la serrure.

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Ce soir-là, pour la nordique, était une soirée comme les autres. Elle allait faire un tour à la Tour d'observation, s'installer sur son bureau en buvant du café, et faire ses cartes du ciel. Elle avait dans ce lieu son "bureau". Son bureau, c'était une simple petite table en verre, avec un fauteuil de bureau en cuir moelleux. Sur ce bureau, on trouvait des cartes du ciel, un petit ordinateur, des pots à crayons remplis de tout et n'importe quoi, des surligneurs aux feutres fins en passant par les crayons de couleur et des plumes décoratives. Sur la table, on pouvait observer une bonne dizaine de livres posés en équilibres, ainsi qu'un répertoire d'adresses et de numéros de téléphones, quelques photos d'Helsinki, sous la neige, deux-trois lampes (dont une qu'elle plaçait de temps en temps sous la table lorsqu'elle avait besoin d'une table lumineuse pour comparer des cartes météo) et pour finir, une cafetière électrique, entourée d'une tasse et de deux ou trois paquets de cafés différents. Il restait toujours un fond de café dans la cafetière, si bien que l'on pouvait presque dater l'heure de sa venue. Chaque soir, on était sûr et certain qu'elle venait. Ou alors, elle était malade (un rencart, cela pouvait être possible, mais généralement, la première hypothèse était nettement plus courante).

Ce jour-ci, elle se leva de son lit, ayant passé sa journée à lire. Eldrid passa sa main dans ses cheveux, les releva en queue-de-cheval, toujours ses lunettes sur le nez. Sans elles, elle ne voyait, là où il y avait des gens, des meubles et autres objets de décor, que de vagues formes floues qu'elle pouvait distinguer à cause de la couleur. Si sa vision était pour le moins catastrophique, elle était cependant assez rattrapée par son sens de l'analyse plus que suffisant. Elle passa un jean, une paire de baskets et un simple sweat-shirt sous une veste en laine bouillie. La finlandaise était assez peu frileuse. Le tout, ajouté à un manque certain de pudeur, faisait que les début d'étés (21°C tout au plus) étaient pour elle le moyen de ressortir ses maillots de bains et autres mini-shorts. En effet, pour elle, 21°C, c'était chaud. Elle se baladait alors avec des fringues d'été chaud, montrant à tous par la même occasion un superbe tatouage en forme de colibri sur sa hanche. Le tatouage, en déliés noirs et blancs, faisait en tout 5 centimètres de largeur, et représentait l'oiseau dont la queue se terminait par de longues plumes digne des oiseaux fantastiques. Cette petite fantaisie, faite sans l'accord de ses parents (son père ayant signé en pensant qu'il s'agissait d'une vague paperasse pour l'école sans lire ce qui y était inscrit, lui avait valu deux semaine de corvées chez elle et une remontrance assez sévère. Tout ça pour dire que pour la jeune femme, son corps lui appartenait pleinement, et qu'elle n'avait aucune honte à le montrer.

Lorsqu'elle arriva enfin à la tour, une personne y était déjà, dos à elle. Hm... De la compagnie ? La finlandaise braqua le faisceau de sa lampe de poche sur la personne. Elle, pourtant peu expressive, se força un tant soit peu à accorder à ses lèvres une ombre de sourire. Une jeune fille, adolescente, apparemment, faisait face à la tour. Petit air étonné de la part d'Eldrid, son visage lui disait quelque chose... Elle passa devant la demoiselle aux cheveux... Roses ? Il faisait presque nuit, on n'y voyait pas grand chose, et la lumière jaunâtre de la lampe de poche n'y arrangeait pas grand chose. Eldrid posa sa main sur la poignée de la porte dans un bruit de "glinggling" un poil agaçant. Elle portait deux bracelets en métal, un collier en perles de bois autour de son cou, très serré, ainsi que son indispensable montre en médaillon, ce jour-ci cachée sous son sweat. Elle tourna la poignée. Fermée.... Elle soupira, jura légèrement en finlandais, par habitude, et fouilla dans ses poches. Dans sa longue phrase, seul quelques mots pouvaient être audibles.

-Trousseau de clés....

Elle continua à chercher, palpant ses poches de jean, celles de son haut, celles de sa veste. Rien. Elle grogna légèrement. D'habitude, son trousseau de clés était toujours sur elle. On y trouvait les clés de son appartement, de sa valise, de la tour, et de diverses autres portes. Elle chercha dans son sac, entre deux livres d'Ovide et son carnet de croquis. Elle fouilla également dans la sacoche où était démonté son télescope. Rien. Elle laissa échapper un soupir frustré.