Ta rencontre avec mister Ours-Brun l'autre soir fut des plus catastrophiques. Toi qui désirait faire bonne impression devant cette personne de la haute société a complètement gâché la soirée. Dire que tu voulais faire bonne impression, prouver que tu pouvais avoir des bonnes manière et ne pas être trop paresseuse avec de la volonté devant ton chère barde ; il ne faut plus y compter. Déjà à l'entrée du palais, tu oublies d'essuyer des pieds en enlever tes chaussures pour ne pas salir les sols. Il faut qu'un domestique te rappelle qu'ici on se promène en chaussette pour que tu te rendes compte de ton erreur. Gênée, tu fais comme s'il n'en était rien pour que ton prince ne se face pas de soucis et n'écourte pas la soirée. Par la suite tu enchainas les catastrophe, toi, la pauvre petite paysanne jetée au milieu de cette bande de nobles. C'est lorsque tu sortis de la salle en pleurant que la lumière du jour te ramena dans le monde des vivants. Les larmes ne coulaient pas encore le long de tes joues, mais tu étais rouge de honte. Honte de ne pas savoir te tenir convenablement à table, honte d'avoir gâchée le repas et honte d'avoir déçu ton hôte et ton accompagnateur. Les rayons qui entrent désormais dans ta pupille te font souffrir car trop violents et te rappellent qu'il te faudra attendre la soir pour avoir le dénouement de l'histoire.


Les rues de Chocolate town sentent toujours aussi bon. Le nez en l'air, ne regardant presque pas où tu te rends, tu captes toutes les odeurs qui passent à portée de tes narines. Cela n'est pas aussi savoureux que l'arôme d'une orange, mais tu t'en contente car il n'existe pas d'avenue des fruits à Esplumoir. Les graines de cacao, les éclats de noisettes et autres composante de toute bonne barre de chocolat qui se respecte virevoltent dans l'air. Tu es heureuse de sentir venir à toi quelques odeurs de bonbons aux fruits et suit ces dernières pour arriver à la source en espérant pouvoir acquérir quelques unes de ces merveilles. Arrivée à la boutique, tu fouille dans tes poches et te rends compte que tu n'as pas de sous sur toi. Pour ne pas être sous l'emprise de la torture et retomber dans tes travers de kleptomane, tu cours un peu plus loin. Finalement tu es perdue.

Cette situation n'est pas nouvelle pour toi. Tu te perds tous les deux jours à force de vouloir explorer et te balader toujours plus loin sans te soucier de la mémorisation du chemin pour être capable de rentrer. Rien que la semaine dernière, tu avais réussit à être coincée sur un bord de falaise après avoir traversé un buisson épais et avait mis une bonne demi heure à retrouver l'endroit par où tu étais passée, le seul n'étant pas envahit par les ronces. Du coup tu étais rentrée à Bloody Lane tellement tard que tu t'étais réveillée à midi le lendemain et avait donc perdu toute une moitié de ta journée. Quel gâchis ! =

Te promenant désormais dans une rue inconnue, tu tombe nez-à-nez avec la copie conforme de mister Ours-Brun. Enfin nez-à-nez derrière une vitrine. Le visage collé contre le verre froid, tu le regarde te fixer avec de grands yeux enchanteurs. Il se tient assis, bien droit et a une tasse de thé posé sur ses genoux. C'est vraiment lui, ton hôte de cette nuit. Ton visage se crispe lorsque tu pense à l'opinion qu'il doit avoir de toi. Il te voit certainement comme une gamine juste bonne à élever les cochons après les catastrophes que tu as provoqué chez lui hier soir. Il faut absolument réparer cela, au moins t'excuser. Sans ça jamais ton barde ne pourra te pardonner d'avoir lamentablement anéanti ce dîner chez un de ses amis.

Ni une, ni deux tu pénètre dans le bâtiment. Problème : c'est un vrai dédale. Pour la plupart des gens cela doit être simple de se retrouver là au milieu, mais pour toi qui n'est pas bien grande c'est le bout du monde. Des lapins roses te prennent de haut et te regardent d'un air arrogant. A ton niveau il y a les poupées ; si belles, si parfaites... Elles semblent mises là exprès pour te rappeler que vous ne faîtes pas parti du même monde. Tu tournes en rond pendant un bon moment, tentant désespérément de rejoindre mister Ours-Brun, ou la sortie, peu importe. Si tu ne peux lui présenter des excuses maintenant, tu le feras ce soir. Il n'avait qu'à être plus tolérant. Après tout elle avait préciser que c'était sa première fois dans ce genre de soirée.

Finalement tu te retrouve adossée à une colonne dépourvus de rebords consacrés à l'exposition de peluches. La tête basse, tu observe les plus petits oursons aux visages souriants et t'assied lentement, emmitouflée dans ta couverture violette. Tu reprendras ton exploration lorsque tu auras repris des forces.

« Putain, putain ! C'est vachement bien ! »
- putain putain ; Arno / Stromae.

Ce qui est drôle sur Esplumoir, c'est la vie. Enfin, c'est ce que dirait Hunter. Et pas tout à fait une vie. Puisque c'en est une autre. Hunter, elle, se contente d'une autre vie. Une vie sous drogue. Sauf que c'est pas toujours bien. La descente finit toujours mal. Alors rien que pour éviter cette descente violente sur la Terre, elle reprend sans cesse des substances, qui vont finir par la tuer. Comme la vie, mais cette vie là, n'est pas une réalité. Notre jeunesse, celle que tout le monde vit normalement, c'est la période de planage de Hunter. Et quand on commence à vieillir, et se préparer psychologiquement à mourir, c'est la descente de Hunter. Tout en accéléré. Et en boucle. Elle recommence sans cesse le cycle de la vie, si proche de la mort. La seule différence est qu'elle, Hunter, par on ne sait quelle malchance, elle finit toujours par revivre, et comme dit précédemment, en boucle. La descente, la chute, la mort, plusieurs fois. Ce n'est qu'une mort superficielle, mais ô combien difficile. Personne ne peut le savoir, sauf les gens comme elle. Les gens qui pensent que la drogue, c'est la vie. Les gens qui pensent que la seule façon de vivre pleinement sa vie, c'est la drogue. Les gens qui pensent que la drogue est une chance, un bonheur, le commencement d'une nouvelle vie.

Elle se réveille. Et elle a envie de mourir, rien que ça. Rien qu'une petite envie insignifiante qui finira par passer parce qu'elle n'a absolument pas le courage de subvenir à cette envie. Décidément, la chute est insupportable. Trop de douleur dans un corps fragile, dans un corps qui n'est pas censé supporter ce genre de chose. Une douleur à vous faire mourir, un trou noir de sentiments d'angoisse l'emporte, elle ne peut plus en ressortir. Mais ce qui est bien, c'est. Suspension de la douleur. Elle a utilité sa plume. Long soupir de soulagement, fatigue intense. Ça va mieux, mais son état moral n'est pas meilleur. Elle aurait voulu que sa plume puisse atteindre son moral, mais rien n'y fait. Elle reste dans son trou d'angoisse. Elle a peur, tremble, mais n'a pas mal. C'est déjà ça. Quasiment comme tous les matins, après un petit moment d'agonie, elle a peur. Peur de quelque chose, qui ne viendra pas encore la prendre. Il est trop tôt. Et puis elle s'endort. C'est toujours la même comédie, la même scène le matin. Putain. Quel horreur.

Elle se réveille. Et elle se sent légèrement mieux. C'est mieux. C'est carrément mieux. Elle n'a plus mal, ce sentiment qui la rongeait de l'intérieur commence à crever. Elle se lève doucement. Elle aurait eu un mal de crâne affreux, sans sa plume. Enfin. Avec des « si », on refait le monde. Elle se lève donc, et cherche. Cherche de la drogue, encore de la drogue, toujours de la drogue. Hunter se demande ce qu'elle va pouvoir prendre aujourd'hui. Elle comptait aller au Teddy Bear Paradise. Sans raison, c'est drôle, voilà tout. Avec de la LSD, ça va être parfait. Elle s'habille, lentement. Au creux de sa main, un buvard imprégné de LSD. Elle sent déjà que ça va être une journée plutôt cool, qui va se passer sans malheur. Pressentiment. La volonté humaine est un puissant atout, un pouvoir, même. Son buvard se retrouve sur sa langue. Elle le gobe. Destination, Teddy Bear Paradise.

Tout s'écroule. Elle a l'impression qu'elle explose de l'intérieur. Elle ne sent même plus son cœur battre. Elle se sent déshumanisée, elle ne se sent pas humaine. Elle est autre chose. Quelque chose d'autre, c'est terrible. Elle tente de se reprendre. Les sons lui parviennent aux oreilles comme si les ondes sonores étaient émis à 2 centimètres d'elle. Les gens parlent, c'est insupportable. Elle ne comprend plus un mot de leur dires, elle les entend parler, elle perçoit les lèvres bouger, mais la compréhension est impossible. Quoique ce n'est pas désagréable, de ne pas comprendre. Rester ignorante, c'est peut être mieux. Toutes les lumières semblent être des grosses tâches de couleurs, c'est beau. Elle marche en regardant les lumières, les lumières qui viennent de partout. Et puis sans même s'en rendre compte, elle est déjà arrivé à sa destination.

À chaque visite, elle a l'impression de découvrir un nouvel endroit. C'est un endroit magique. Elle est à peu près consciente, juste ébranlée par les sensations qui l'envahit. Pendant un bon moment, elle regarde les lapins, les ours, les crocodiles, les girafes, en les frôlant du bout des doigts. Ils sont vivants, ils respirent. Elle commence à prendre peur, avant que sa peur ne disparaisse pour laisser place à un nouveau sentiment, elle est fascinée par toutes ces choses. Ces objets qu'elle n'avait jamais remarqué, tous ces détails futiles mais tellement important à l'instant même où elle en prend conscience. C'est dur. C'est dur. Ils te parlent, tu leur répond. C'est normal. « Je viens du Groenland. » vient de dire le crocodile. C'est absurde, mais elle laisse échapper un rire, et répond en le regardant dans les yeux. « Et moi de Pluton... ».

Elle l'a enfin vu. Celle qui paraît toujours défoncée, shootée, droguée. Hunter l'approche, elle a oublié le crocodile, et dire qu'il voulait encore lui taper la discute. C'est malpoli. La petite est adossée contre le mur. Hunter l'approche, elle ne sait même pas si la petite fille l'a remarqué. Elle plaque violemment son bras à côté du visage de la gamine, sur le poteau. Un rire. « Tu savais que je venais de Pluton toi ? Et que Môôôsieur le Crocodile vient du Groenland. Tu viens d'où, toi, déjà? »

Celle-là, au début, tu t'étais dit qu'elle devait avoir des problèmes, mais avec le temps tu as vite vu qu'elle ne venait pas de la même planète que toi, qu'elle ne parlait pas la même langue ou en codes. Les mots chacun de leurs côtés tu les comprenait, mais si tu essayais de les mettre dans une phrase cela n'avait aucun sens et en plus tu ne comprenais pas le sens de certains. Oui, Hunter ne venait pas de la planète Terre. Sûrement une que ne connait pas ton amie qui t'enseigne l'astronomie, sinon elle t'aurais déjà dit que cette personne venait d'une nouvelle sphère au nom étrange que tu retiendrais admirablement bien.

Actuellement l'extraterrestre se tient devant toi avec l'expression faciale bizarre qui la caractérise. Ses yeux sont comme à l'habitude rouges ; elle est toujours la même. Enfin "elle", tu n'en sais même rien puisque les aliens empruntent l'apparence des humains pour se balader parmi les mortels. Si cela se trouve celle qui a aujourd'hui l'apparence d'une demoiselle est en fait un énorme monstre plein de tentacules, bavant, poisseux, collant. Son hobby serait de kidnapper les petits enfants cul de jattes pour les faire mariner et il se serait dit qu'Esplumoir était le meilleur endroit pour en trouver. Tu ne te demandes même pas comme il serait au courant de l'existence de cette île ; la réponse est toute trouvée : les gens de son espèce savent tout. Enfin bref, celle que tu te plais à surnommer "Hunty" t'explique qu'elle vient de Pluton et qu'un certain crocodile vient d'un gros de la lande. Tu trouves ça dégoutant qu'un reptile puisse sortir du ventre d'un obèse pour venir s'infiltrer de manière chafouine dans un innocent magasin de jouets, mais trouves encore pire le mensonge de l'être étrange. Elle ne peut pas venir de cet astre car ton maître t'as déjà appris qu'il n'y a aucune trace de vie à sa surface. Alors tu lèves la tête un peu plus haut vers elle et la défie du regard pour lui annoncer que :

- Pluton c'est mort ! Et... Les gros... Pas copuler... Crocodiles !

Les phrases de trois mots tu y arrives à peu prêt bien, mais ton explication sur le papa de la peluche reste relativement floue. De toute façon la blonde ne comprend jamais rien à ce que tu lui racontes, et tu imagines bien que ce n'est pas maintenant que les choses vont changer. Vous deux, c'est un dialogue de sourds, du grand n'importe quoi, cela n'aboutit jamais à rien.

Tu te lèves car tu viens de trouver une utilité à sa présence. Elle qui est plus grande que toi pourra facilement se repérer dans ses hauts rayons. Comme tu n'as pas non plus très envie de lui demander son aide tu commences par re-marcher un peu dans les alentours, tournant la tête dans tous les sens à la recherche Mister Ours Brun et sa vitrine. Sans succès, encore, mais tu insistes ! Car tu es une petite fille persévérante. Au final tu t'énerves et retourne vers l'extraterrestre :

- La vitrine !

Tu lui prends la main et commence à la traîner un peu plus loin, l'interrogeant du regard, persuadée qu'elle a comprit où tu voulais en venir pour une fois. Après tout il ne s'agit que de deux mots qui veulent bien dire ce qu'ils veulent dire : tu veux atteindre l'endroit désigné. Tu ne sais pas trop pourquoi tu fais confiance à cette personne aux yeux rouges sur ce coup, mais comme tu ne connais personne d'autre ici, tu n'as pas trop le choix.

- Tu vois ?

Oui, non ou "je ne vois pas de quoi tu parles" ; rayez les mentions inutiles.


[Excuses-moi c'est pas terrible, mais je voulais absolument te répondre avant d'être absente une semaine >_<"]