Les conflits engendrent les plus grandes évolutions, c'est toujours comme ça que l'humanité à le plus progressé. Sans l'invention du missile, il n'y aurait jamais eu de fusée pour explorer l'espace, par exemple.
Et à une échelle moindre, les petits bonbons M&M's furent à la base conçus comme un élément des rations de l'armée américaine. J'en sortis un sachet de ma poche alors que nous entrions dans le stade et en avalais un bleu tout en écoutant le discours du Conseiller de la Mairie.

La première épreuve semblait simple, un vote à la minorité. Mais il y avait quelques subtilités qui n'échappèrent pas à une rapide réflexion de ma part. Quelques minutes à peine me furent suffisantes pour trouver une solution qui nous permettrait d'avancer le plus loin possible dans cette épreuve.
Je me tournais alors vers les autres membres de mon quartier et leur annonçais :

- J'ai la solution pour cette épreuve. Nous pouvons gagner facilement avec une petite stratégie.

J'exposais ensuite mon plan de manière à ce que les membres des autres quartiers ne puissent l'entendre. Il ne restait plus à espérer que les autres Winter Blood se montrent coopératifs, dans notre intérêt à tous.
Malheureusement, le temps d'imaginer cette tactique, l'une d'entre nous, un peu impulsive, avait déjà rendu son vote...
Je m'approchais donc d'elle afin d'en connaître la teneur et adapter mon propre vote en conséquence.

[MP envoyé]

A l'annonce des résultats, j'exprimais ma joie par un rire franc et un sourire éclatant. M'adressant à mes compagnons de quartier, je leur fis une recommandation plus sérieuse, cessant de sourire un instant :

- Ne votez pas. Ce n'est plus nécessaire. Faites-moi confiance une seconde fois et la victoire sera nôtre.

Le centre de l'arène, c'est là que je me dirigeais, me tournant pour contempler ce public qui attendait un coup d'éclat ou une surprise qui viendrait rompre la monotonie de son existence.
Aujourd'hui, il serait servit, je comptais donner à ce public rassemblé plus que son content de surprises.
J'élevais la voix pour être bien entendu de tous et commençais :

- Mesdemoiselles, Messieurs, Chers adversaires des autres quartiers, ééééééééécoutez-moi !

Ok, là je me la jouais un peu, mais on avait gagné, je n'allais pas jouer les mecs humbles, non plus.

- Je suis Isaac Atreo, porte-parole auto-proclamé des habitants de Bloody Lane.
Mon quartier possède deux fois plus de membres que les vôtres séparément.
Si vous vous alliez, vous parviendrez à un nombre égal et cela finira statistiquement sur une égalité, en considérant que votre confiance mutuelle soit totale.
S'allier à nous pour gagner, par contre, est un excellent choix puisque cela signifie la victoire assurée.

Mais je vais vous proposer encore mieux : Cessons ce jeu stupide, accordez-nous la victoire et cette guerre prendra fin. Nous aurons gagné, mais notre victoire sera humble et il ne vous sera rien demandé du tout. Du passé, nous ferons table rase pour avancer de nouveau, ensemble.
Pensez-vous sincèrement que nous soyons sur cette île pour reproduire à échelle réduite le monde des adultes, plein de guerres et d'injustices ? Je pense que non. Êtes-vous avec moi ?

La victoire ultime, celle qu'on obtient sans combattre, une victoire également sans réel perdant, puisque tous avaient à y gagner. Tous, sauf ceux qui avaient entamés cette guerre, mais je m'occuperai de ceux-là le moment venu. Pour l'instant, c'était limiter les pertes qui était important et dégager le terrain pour mieux voir ce qui se tramait dans l'ombre.

Alix esquissa un petit sourire en voyant les résultats. Elle était contente puisqu'elle avait réussi à passer et elle le faisait sentir. Ou juste voir ... Certes, ce n'était pas une explosion de joie, mais celle-ci n'avait peut-être pas encore sa place maintenant. Quand elle aurait gagné, sûrement. Quand elle serait tout en haut du podium avec Blaire. Ou juste elle, même si cela, elle en doutait quand même un peu. Elle caressa distraitement Black Star tout en écoutant les deux "grands" parler.

D'un côté, elle était d'accord avec Isaac. Cette guerre était stupide, et les adultes du monde normal en faisaient déjà beaucoup trop. Eux, pauvres adolescents sur une île située au milieu de nulle part, avaient bien d'autres choses à faire que de continuer à se chamailler vainement.

Et d'un autre côté, elle était parfaitement du même avis que Blaire. Rien ne leur prouvait que Bloody Lane n'allait pas retourner sa chemise et les trahir comme il était si facile de le faire. Elle accordait beaucoup plus facilement sa confiance à ceux de Feathers Road. En même temps, elle était aussi très influençable, et voir Blaire se dresser contre BL lui donnait envie de faire de même. Mais sa loyauté passait à son quartier d'abord. Elle attendit que Blaire ait fini de parler et s'avança à son tour, frêle jeune fille timide et innocente. A la vue de tous. Sans peur mais le rouge aux joues.

« Bonjour à tous, à vous, participants de ce tournoi et spectateurs. Je m'appelle Alix De Vladinck, habitante d'Avenue of the Roses depuis mon arrivée sur l'île. »

Elle marqua une pause. Pour faire comme les "grands", pour donner du style, un côté théâtral.. Même si avec elle, on avait beaucoup plus l'impression qu'elle hésitait et qu'elle cherchait ses mots, ce qui au fond, n'était peut-être pas totalement faux. Son langage de petite aristocrate surdouée ressortait et avec un peu de chance, ça faisait de l'effet.

« Je vais être franche, Monsieur Atreo. Sans aucun doute, je me range à l'avis de Mademoiselle Starling. Avez-vous quelque chose pour nous garantir la paix que vous demandez ? Qui nous dit que dès que cette manche sera terminée et que la victoire vous sera acquise, vous n'allez pas nous trahir ? Nous le savons tous, les habitants de Bloody Lane ne sont pas les plus loyaux de l'île. Rien ne sert de se voiler la face. Alors non, je ne suis pas avec vous. Non, je ne me rallierai pas à vous. Mais oui, j'accepte de m'allier à Feathers Road car ils sont bien plus dignes de confiance que vous. »

Elle termina son petit discours par un sourire gêné et retourna près de Blaire, à qui elle chuchota quelques mots discrets à l'oreille. Une illumination qui lui était venue pendant qu'elle parlait. A vrai dire, c'était une idée plutôt banale et facile à trouver, mais pour ses 11 ans, elle trouvait cela vraiment bien. Puis elle se tourna vers les deux représentants de FR.

« Si jamais vous vous alliez à nous ... »

Elle laissa sa phrase en suspend et attendit la suite. AotR gagnerait, c'était dans l'ordre des choses.

[MP envoyé.]

Les deux dernières représentantes d'Avenue of the Roses venaient de s'exprimer et le contenu de leurs petits discours me fit pousser un long soupir.

- Mesdemoiselles, c'est à cause de personnes comme vous que cette guerre à commencé. Vous êtes pleines de préjugés sur un quartier dont vous ne connaissez rien.

J'allais devoir me faire l'avocat du Diable et défendre Bloody Lane que je connaissais depuis certainement moins de temps que ces demoiselles connaissaient leur quartier, mais que j'aimais surement autant qu'elle n'aimaient le leur, si pas plus.

- J'ai parcouru Bloody Lane et j'y ai vu l'innocence, la joie, l'amitié, comme partout ailleurs.
Mais notre quartier fait peur, son look sombre, son ambiance de quartier hanté terrifient. Pour ses habitants, c'est une manière de se protéger. De tous les habitants d'Esplumoir, ceux de mon quartier sont certainement ceux qui ont le plus souffert de la vie, croyez-vous que les exclure encore plus en leur attribuant de fausses accusations de tromperie soit une bonne chose ?

Je laissais passer un instant, le temps que tous puissent assimiler cette partie et afin de poursuivre sur un autre point.

- Certes, nous sommes des gens plutôt sombres, mais considérer que tout ce qui est sombre est nécessairement mauvais, c'est un peu réducteur. Et c'est ce genre de pensée réductrice qui amène les guerres. Sans compter que la plupart des habitants de mon quartier ne désirent qu'une seule chose : vivre heureux et en paix. Nous n'avons pas initié cette guerre et je refuse que les membres de mon quartier continuent d'en subir les conséquences. Et si vous aimez vos quartiers autant que j'aime le mien, vous devriez en faire autant, je vous offre une paix, je suis même prêt à ce qu'on ne considère personne comme vainqueur. Tant que cette folie cesse, j'y trouverai mon compte.

Pour finir et mettre les points sur les i avec notre principale détractrice, je me contentais d'une courte réplique :

- Au fait, Miss Starling, n'est-ce pas drôle de vous entendre proférer de fausses accusations contre nous alors que nous sommes censés être ceux qui jouent de la tromperie ? Tout cela sonne un peu comme de l'hypocrisie à mes oreilles...

Je lui offris mon plus beau sourire et attendis la suite. Je saurais toujours rebondir si les intérêts Bloody Lane s'en trouvaient menacés. Protéger mon quartier et mettre fin à cette guerre étaient mes deux objectifs du moment, après tout.

Soupirant en ressentant encore une fois le manque de confiance qui empêchait l'unité entre les différents quartiers d'exister pleinement dans le discours de la représentantes de Feathers Road, je repris la parole. Pour la dernière fois de cette épreuve, espérais-je.

- Qui suis-je pour prendre la parole au nom de mon quartier ? Je suis celui qui a osé s'avancer et parler, si quelqu'un parmi les miens n'avait pas été d'accord avec moi, il n'aurait eu qu'un mot à dire pour que je lui laisse la place. Quant à vous dicter votre conduite ? Cela n'a jamais été mon propos. Je suis venu ici avec des propositions, des propositions de paix, pour mettre fin à cette guerre stupide. Mais vous ne me faites pas confiance, vous n'avez pas confiance dans les autres et c'est cela qui nous empêche d'arriver à la paix que tous semblent réclamer. Je ferai donc le premier pas.

Lentement, je me dirigeais vers l'urne, pris un morceau de papier et en grosses lettres bien visibles, indiquais ma réponse, que je montrais ensuite à tous. Un beau, simple et clair "NON". Je pliais ensuite le morceau de papier et le glissais dans l'urne.

- Un gage de paix, de confiance et une réponse vraie à la question posée, cette fois. Gagner ce tournoi n'a aucun sens, si l'on doit trahir son quartier pour y arriver. Je vous laisse le choix d'aller vers une paix où tout le monde gagne ou vers une guerre qui ne verra aucun vainqueur...

Ayant terminé, je me dirigeais vers mon groupe et m'adossais à une parois du stade pour observer la suite des évènements.