Bizarre, c’était quoi cette sensation sous mes doigts, sous ma peau? On aurait dit du sable, un sable chaud. J’étais allongé par terre, sur du sable… Petit à petit, mes autres sens perçurent d’autres choses. J’avais les yeux fermés, mais mes oreilles entendaient un son calme, agréable et répétitif. J’avais déjà entendu se bruit quelque par… Mon esprit forma l’image d’un grand lac… Bien sûr! C’était le flux et le reflux de l’eau sur une berge. Une grande étendue d’eau. Puis, mon nez distingua une drôle d’odeur… Une odeur iodée ou salée… Se pourrait-il que… Je sois sur le bord de la mer? Drôle de rêve. Je serais bien resté là une éternité, les yeux fermés à écouter la mélodie de l’eau et à sentir le sable fin sous mes doigts si je n’avais pas ressenti l’envie irrésistible de contempler cet endroit, ne fut-il qu’un rêve éphémère. Je me redressai et ouvris les yeux. C’était magnifique. Le soleil se couchait plus loin sur ma droite embrasant le ciel et le miroir aquatique se fondant dans l’immensité du ciel. Les frondaisons d’une forêt assez dense se dressaient au loin. La beauté presque irréelle des lieux était tel que j’en étais presque ému. J’étais là, assise sur une plage de sable blanc à contempler toute cette beauté lorsqu’une plume d’une blancheur immaculée, comme si elle avait appartenu à un archange se détacha sur le ciel au mille et une tinte de rouge. Instinctivement, je tendis la main et elle vint se poser doucement sur ma paume. Une douce et agréable chaleur m’envahit à partir du point où la plume était entrée en contact avec ma peau. Puis, comme un souvenir qui remontait du plus profond des méandres de mon esprit, comme quelque chose que j’avais oublié et que depuis je cherchais à me rappeler, je sus. Je sus que je n’étais pas comme la plupart des gens, que j’avais un pouvoir. Je sus que je pouvais voler l’énergie des gens, que j’avais le pouvoir de vampiriser l’énergie des autres. C’était étrange comme sensation. L’exemple le plus clair que je pourrais donner et celui d’un mot oublié. On a beau s’efforcer de se le rappeler, mais rien à faire. Puis, quand on si attend le moins, il apparaît dans notre esprit, comme surgit de nulle part, mais claire et précis.
J’enlevais le sable qui était resté dans mes cheveux. C’est à ce moment que je réalisai que je portais mes vêtements d’école… Je me souvenais m’être assoupi sur mon bureau dans ma chambre après avoir composé un drôle de numéro.
C’était un rêve, il n’y avait pas d’autre explication logique possible. Ce qui était étrange, c’est que je n’avais jamais eux de rêve si réaliste. Tous, les sensations, les odeurs et les sons, étaient si réalistes! C’était comme si j’étais vraiment là, comme si je vivais vraiment tout ça.
Je tournai sur moi-même pour contempler ce lieu dans son intégralité tout en humant l’air. Je n’étais jamais allé sur le bord de la mer. C’est là que je remarquai au loin une silhouette. Je la voyais seulement comme une ombre puisqu’elle avait le soleil derrière elle. Cette silhouette m’était familière… C’était celle d’une femme, d’une jeune femme. Plus elle approchait, plus j’étais sûr de connaître cette personne. Puis, elle fut assez près pour que je puisse mieux la distinguer. Un observateur extérieur aurait sûrement dit que je m’étais dédoublé, mais moi je savais qui c’était réellement. Même si près de cinq ans nous avaient séparés, même après tout ce que j’avais vécu, je la reconnaîtrais même entre mille… non, ça ce n’était pas difficile puisqu’elle était mon portrait craché. C’était Kari, ma sœur jumelle, mon sosie parfait. Ses cheveux étaient attachés, comme avant que l’on soit séparé. Elle avait vieilli, normal puisque nous étions encore au primaire quand nous avions été séparés, mais elle me ressemblait toujours comme deux goûte d’eaux.
Elle aussi sembla me reconnaître, car elle se mit à courir dans ma direction. C’était un beau rêve.

Une silhouette. À qui pouvait-elle appartenir ? J'avais beau me creuser la mémoire, mais rien ne me venait. Pourtant plus j'approchais, plus les traits étaient distincts et plus la personne qui était là me semblait familière. De longs cheveux châtains, une taille fine et grande. Lorsque je la reconnu enfin, je restai pantois quelques secondes. Elle était là. Elle, ma soeur, ma jumelle, mon sosie, ce que vous voudrez ! Elle se tenait là debout, à l'endroit exact où je me trouvais, deux semaines exactement, avant elle.
Je ne pus m'empêcher de courir vers elle. Cinq longues années nous avaient séparées et maintenant, le destin tentait de réparé les pots cassés et me redonnait ma chère soeur. J'en avait les larmes aux yeux. Il y avait si longtemps que nous avions été séparées. Lorsque j'arrivai à son niveau, j'entourai son cou de mes bras et posai ma tête au creux de son cou. Plus ne semblait avoir d'importance que cet instant.
Cette personne qui comptait tant, cette personne qu'on m'avait arrachée, on me la rendait enfin, mais pouvait-on vraiment réparé les pots cassés ? Tout ce temps séparé l'une de l'autre. Nous n'avions pas vécu les même chose. Même si physiquement elle n'aurait pas pu m'être étrangère, psychologiquement, je craignais de ne pas pouvoir la reconnaître. Ma peur me torturait les entrailles. Est-ce que je comptais encore pour elle ? M'en voudrait-elle de l'avoir, si l'on peut dire, abandonnée ?
J'avais peur, je savais que comparé à elle j'avais eu la belle vie, rien de trop méchant et c'est ce qui m'effrayait. J'avais peur de ne pas pouvoir la consoler, de ne pas pouvoir lui redonner le sourire. Après tout, là-bas, peut-être ne s'occupaient-ils pas bien d'elle ? Notre famille, si déchirée, si ... Comment dire ? Peut-être avait-on décidé de panser nos blessures, de guérir nos coeurs qui clamaient à la solitude ? Peut-être le hasard ? Peut-¸etre parce qu'une force voguait vraiment, à quelque part et qu'elle avait pris pitié de nous ?
Non, l’hypothèse du hasard me semblait bien, moins intéressante, mais plus plausible. Malheureusement. Je la serrai si fort, que je crus quelques secondes que j'allai la tuer. Je desserrai mon emprise et lui murmurai :

''- Désolée, désolée de t'avoir laissée ...''

À ces mots, je crus que toute la douleur accumulée, cachée, enfermée, bouclée, celle que je ne voulais pas montrer, ma forteresse qui me protégeait semblait fondre à sa présence. J'étais cramponnée à elle, versant des larmes. J'étais incapable de reprendre le contrôle de moi même. Je pleurais, j'hoquetais, je sanglotais, peu importait. Imaginez vous, deux personne identique, l'une pendue au coup de l'autre, vous aurez une image plutôt complète, du tableau. Ajoutez à cela le ciel qui tombait au crépuscule et une plage d'une bauté à coupé le souffle, la scène vous sera dévoiler, non ?

''-Pardonne-moi, pardonne-moi ! J'avais pas le droit de te laisser ! J'avais pas le droit ... ''

J'avais commencé à le murmurer et je ne cessais de le répéter. Je me sentais coupable. Je me sentais cruelle d'avoir faite ma dégonflée. Je m'en voulait de ne pas l'avoir suivie. Tout d'un coup le remord me prit davantage. J'étais sans coeur ou quoi ? Je me réfugiais dans ses bras, je lui demandais de me consoler, alors que j'aurais tant voulu le faire. Mais qu'étais-je donc devenue ? Une égoïste sans coeur ?
Tous ses sentiments sombres et tristes se disputaient pour ressortir, mais je tentais encore de me contenir, je ne voulais pas qu'elle se sente responsable de mes larmes, donc je tentais de les ravaler, mais j'avais grand peine à tout retenir, à tout ravaler ...

''-Mari ... Mariana ... ''

J'avais prononcé son nom avec une grande tristesse et une douleur sans nom. Dieu seul ... Non pas Dieu puisque je ne crois pas en lui, mais sinon ... Personne ne savait à quel point je m'étais sentie seule et désemparée sans elle.

Ses bras entourèrent mon cou et sa tête s’y posa. C’était bien elle, la seconde moi, c’elle avec qui je pouvais communiqué presque à mi-mot. Elle avait les larmes aux yeux. Mes bras se refermèrent sur son dos et je la serrai dans mes bras. Moins fort qu’elle parce que je craignais de lui faire mal. Qui était-elle devenue après toutes ces années? J’avais eux de la chance, du moins, beaucoup au début quand j’avais été en famille d’accueil. Pendant que j’y repense… C’était un rêve, donc, soit elle serait comme dans mes souvenirs, soit comme je l’imaginais… J’aurais tant aimé que tout ça sois réel… et pas que le simple fruit de mon imagination. Je m’en voulais de ne pas avoir réussi à la retrouver. J’avais l’impression que je l’avais en quelque sorte abandonné. Cette pensée était cruelle… Mais le simple fait de la revoir, de la serré dans mes bras comme quand nous étions des gamines, était si agréable, ne fut-il qu’un simple rêve qui s’estomperait avec l’aube. Des larmes glissèrent lentement sur mes joues. Avec toutes celles que j’avais versées, j’aurais pu croire que mes yeux étaient à sec. Mais non, à croire que le puits dans le quel je puisais ne semblait presque sans fond.
J’aurais aimé que tout cela soit plus qu’un simple rêve, que ce soit réel. Enfin, j’aurais retrouvé ma sœur.
Son emprise se relâcha et dans un murmure qui se mêlait aux sons de la mer elle me dit :

''- Désolée, désolée de t'avoir laissée...''

Elle était cramponnée à moi comme un noyer à une bouée, ses larmes coulaient en flot continu sur ses joues. Elle semblait incapable de se ressaisir, de reprendre le contrôle de ses émotions. Elle devait avoir enfermé sa tristesse au fond d’elle depuis trop longtemps. La pauvre… Elle avait dû souffrir et je n’avais pas été là pour elle. Elle n’avait pas à s’excuser, à être désolée, ce n’était pas sa faute, c’était la mienne. Je… Je n’avais pas réussi à la retrouver, je n’avais pas assez cherché. Je m’en voulais de ne pas avoir été à la hauteur. J’aurais du continué, continué jusqu’à ce que je la retrouve. À la place de sa… J’avais arrêté de la chercher… Je… J’avais pensé que ça servirait à rien. Elle sanglotait, hoquetait, elle se sentait coupable pour une faute qu’elle n’avait pas commise. Mon cœur était serré, je ne supportais pas de la voir dans cet état.

''-Pardonne-moi, pardonne-moi ! J'avais pas le droit de te laisser ! J'avais pas le droit ... ''

Elle le répétait et le répétait. Je n’avais rien à lui pardonner. En fait, si j’avais la moindre chose à lui pardonner, je l’avais fait au moment ou je l’ai vu. C’était elle qui devait me pardonner. Je la serrai un peu plus fort dans mes bras. J’allais lui répondre quand elle dit :

''-Mari... Mariana... ''

- Je… je n’ai rien à te pardonner Kari… Tu… ce n’est pas de ta faute… Tu ne… tu ne pouvais rien n’y faire… Je… C’est à m…moi de m’excuser… J’aurais du… J’aurais du… j’aurais dû te chercher plus… Je pou…pouvais le faire… Mais… mais, j’ai échoué… je… je n’ai pas été capable… Pardonne-moi… Kari.

Mes larmes coulaient de plus bel, j’avais des trémolos dans la voix et elle n’était guère plus élevé qu’un murmure. Mes yeux étaient détrempés et je me sentais coupable. Ce sentiment de culpabilité m’enserrait le cœur. Je pensai ou murmurai très bas, je n’aurais pu le dire :

-J’aimerais tellement que ce ne soit pas un rêve.

Je le souhaitais du plus profond de moi. Je ne voulais pas me réveiller la tête contre mon bureau. Je ne voulais pas la perdre, je ne voulais plus être seule… Certes, j’avais une mère adoptive formidable qui m’aimait comme sa propre fille, mais ce n’était pas comme Kari. Elle, c’était ma grande sœur, ma jumelle, ma meilleure amie, ma confidente qui m’écoutait toujours. C’était c’elle qui savait toujours me réconforter, qui me comprenait toujours. C’était comme la seconde moitié d’un grand tout. Nous étions identiques.

''- Je… je n’ai rien à te pardonner Kari… Tu… ce n’est pas de ta faute… Tu ne… tu ne pouvais rien n’y faire… Je… C’est à m…moi de m’excuser… J’aurais du… J’aurais du… j’aurais dû te chercher plus… Je pou…pouvais le faire… Mais… mais, j’ai échoué… je… je n’ai pas été capable… Pardonne-moi… Kari.''

Mon coeur se tordit, lorsqu'elle dit ce paroles. Elle n'avait pas à ce mettre la faute dessus, c'était moi qui étais libre, c'étais moi qui avait le plus de chance de la retrouver. Je relevai la tête. Je me disais qu'il fallait que j'arrête de pleurer, mais j'en était incapable. D'un côté, j'étais soulagée de la voir, mais d'un autre je me sentis effroyablement inquiète.
Esplumoir était en guerre, il ne fallait pas l'oublier. Mariana pouvait être en danger. Je ne voulais pas l'avoir loin de moi, car je sûre que d'un côté d'elle, elle aurait préféré aller à Bloody Lane, mais je voulais la garder près de moi, étais-je devenue si égoïste ? Je ne savais plus quoi lui dire. J'avais tant à lui dire et j'avais l'impression d'avoir si peu de temps pour lui dire. Nous avions tant de chose à partager.
Cinq longues années, cinq années de séparations, de joies, de tristesse et de tout ce qu'apporte la vie. Pourtant, même si j'aurais voulu, je n'arrivais pas à me détacher. N'importe qui qui nous aurait vu aurait pu croire qu'il avait à faire à des clone. L'une d'eux en uniforme scolaire et l'autre en tenue décontractée. Étrange, pour un observateur extérieur, bien sûr. Je me séparai d'elle à regret. J'essuyai, d'un mouvement honteux, mes larmes.

''-J’aimerais tellement que ce ne soit pas un rêve.
-Ce n'ai pas un rêve Ma', je te le jure ...''


Je regardai ma soeur dans les yeux et je lui fis le plus beau sourire que j'avais en réserve. D'un geste qui se voulait doux et rassurant j'essuyai les larmes de ma soeur. Je voulais la rassurer. Je voulais lui être utile. Mais une peur, idiote en sois, me prit. Peut-être était-ce un rêve ... Non, c'était impossible. Je ne me ferais pas avoir une seconde fois. Mon coeur se serrai, soudainement, et si elle disparaissait ?
Je ne le cacherai pas, j'avais peur, très, très peur. Je ne voulais pas le reperdre. Elle qui était ma petite soeur. Elle qu'on m'avait arrachée et qu'on avait fini par me rendre, je refusais de la laisser partir de nouveau. Nous avions tant de temps à rattraper, tant d’anecdotes à se raconter.
J'attrapai la main de ma soeur et la traînai plus loin sur le sable. Je retirai mes souliers et je mis mes pieds dans l'eau, chose que j'avais toujours aimé faire et qui voulait souvent dire : '' On doit parler''.

''-Ce n'ai pas un rêve Ma', je te le jure...''

Pas un rêve? Je voulais vraiment y croire… mais, comment tout cela était possible? Il y a pas longtemps, je composais un numéro assis à mon bureau. Je me souvenais d’être tombé endormi… C’est vrai que la plupart des rêves se dissipaient quand on réalisait que l’on rêvait… Merde, c’était quoi cette histoire! Si tout était vrai, j’étais capable de vampiriser quelqu’un… C’est pourtant impossible! Mais… si c’était vraiment réel… Ça expliquerait la réalité des sensations, et mieux encore, j’étais avec Kari! Un débat intérieur faisait rage en moi. Une partie voulait croire en tout cela, elle affirmait que c’était réel, mais l’autre, ma partie logique, hurlait que ça ne se pouvait pas, que c’était impossible. Les arguments que me fournissait ma partie logique étaient en béton armé. Pourtant, Kari et l’autre partie de mon cerveau disaient que c’était vrai. Je mis ce combat en veille quand ma sœur me fit un sourire. Elle s’était séparée de moi. Puis, d’un geste d’une douceur rassurante, elle essuya mes larmes. J’essayai de sourire, un exercice que j’avais recommencé à n’exercer que depuis peu. Ça faisait un drôle de mélange avec mon visage mouillé et il était incertain, mais un petit sourire apparut sur mon visage.
Je sentais qu’elle avait peur, tout comme moi. Elle avait peur de la même chose que moi, qu’on soit séparé à nouveau. Si ce n’était pas un de ces rêves éphémères, je me jurai intérieurement que je ferais tout mon possible pour que cette peur ne se concrétise pas. Nous avions tant de choses à rattraper. Cinq ans, c’était une peanut dans le grand livre de l’histoire, comme le disait mon professeur d’histoire, mais c’était très différent dans une vie d’homme. En cinq ans, il pouvait s’en passer des choses, je le savais très bien.
Kari m’attrapa la main, m’entraînant plus loin. Elle enleva ses chaussures et se mit les pieds dans l’eau. Elle aimait faire ça plus petite, même si c’était assez rare qu’elle le puisse. Mon regard contempla un instant encore cette immense étendue qui brillait comme une opale gigantesque. Au loin, le ciel semblait déjà passé au bleu profond et foncé de la nuit. Du violet au bleu ardoise en passant par le rouge et le rose, le ciel passait par une myriade de couleur. C’était à en couper le souffle. J’enlevai moi aussi j’enlevai mes souliers et la suivit dans l’eau. Elle était fraîche et agréable. Je remarquai un papillon qui passa non loin. J’aimais bien c’est petite bestiole gracieuse.
Je ne pouvais aller bien loin sans mouiller ma jupe d’uniforme. Elle m’arrivait un peu en bas des genoux. Je la remontai un peu pour qu’elle m’arrive environ aux genoux. Depuis quelques mois, environs 6 ou 7, je ne portais rien qui soit plus court que deux ou trois centimètres au-dessus de ces articulations.
Je la regardai de profil, pris une profonde inspiration pour calmer les larmes que je sentais toujours poindre aux coins de mes yeux, puis je lui dis :

- Ho, Kari, tu m’as tellement manqué… Je… si ce n’est pas un rêve… je ne veux plus que ça arrive.

Je parlais de notre séparation, mais je savais qu’elle comprendrait. Elle m’avait tellement manqué! Je m’étais finalement décidé à croire que ce n’était pas un rêve.

Mes pieds trempaient dans l'eau. Mon coeur battaient à dix miles à l'heure. Ma soeur partageait cet instant avec moi. Je la regardai. Elle me suivi dans l'eau. J'étais si heureuse. Tellement, des mots, même les plus touchants, même les plus beaux ne pouvaient décrire mon bonheur. La Lune montait dans le ciel. Les étoiles étendaient leur emprise sur le ciel. Le phénomène était si beau en sois. Je ne pouvait que le contempler. Je contemplais la voie Lactée.
Au fur et à le mesure que les étoiles se pointaient, d'abord timides, puis plus assurées, mes questions se bousculaient avec rage et agressivité. Je voulais savoir. Je voulais que ces cinq année que nous avions passé séparé, ne sois que souvenir, mais Mariana ne croyait pas encore que le rêve n'était pas toujours ce qu'il semblait être. Je savais que dans sa tête, un combat s'acharnait. Une partie d'elle devait clamer la logique, tandis qu'une autre devait tenter de la persuader qu'elle ne rêvait pas.
Pourquoi je le savais ? En premier lieux, je la connaissais ma soeur malgré tout ce temps passé loin d'elle, sa nature n'avait pas changé. Ensuite, c'était aussi simple que j'étais passée par là moi aussi à mon arrivée. Je souris de nouveau, la peur ne me quittait pas, elle ne s'estompait pas non-plus. Mais je ravalait ma culpabilité. Je la garerait pour une autre fois, je devais maintenant lui parer de l'île. J'écoutait le son des vagues se brisant sur la plage. Quelle douce symphonie ...

''- Ho, Kari, tu m’as tellement manqué… Je… si ce n’est pas un rêve… je ne veux plus que ça arrive.
- Ma', tu crois vraiment que je vais te laisser filer d'ici ? Ici c'est Esplumoir. Ici c'est bien. Elle, elle est pas ici, donc on craint pas ce genre de problème. Mais y'a une guerre. Je suis dans le cartier de Feather Road ! Mon nom de code c'est : Little purple leaf ! Tu dois rien comprendre, mais tu vas comprendre un jour, ou quand je déciderai de te ramené à la mairie ! ''

Je lui avait parler d'une voix joviale et amusée, comme si ma bonheur m'étais revenue. Je n'étais pas de meilleure humeur, en fait, mais je voulais pas que Mariana le sache. Je voulais la protéger.
Une fraction de seconde j'oubliai que j'étais dans l'eau. Je me laissai donc tomber dans l'eau voulant m'asseoir sur le sable. Je me rendis compte de mon erreur une fois assise. Je me relevai d'un bon, lachant plusieurs jurons.

- Ma', tu crois vraiment que je vais te laisser filer d'ici? Ici, c'est Esplumoir. Ici, c'est bien. Elle, elle est pas ici, donc on craint pas ce genre de problème. Mais y'a une guerre. Je suis dans le quartier de Feather Road ! Mon nom de code c'est : Little purple leaf ! Tu dois rien comprendre, mais tu vas comprendre un jour, ou quand je déciderai de te ramener à la mairie !

''Elle'', c’était notre belle mère, la conjointe de notre père. Kari avait parlé avec entrain, joie et amusement comme si elle était d’une humeur excellente, mais je pouvais deviner que ce n’était pas tout à fait le cas. Et, en plus, elle avait raison quand elle disait que je ne comprenais rien. C’était du charabia pour moi, du chinois quoi! Bon, si on décortiquait le tout. Cet endroit paradisiaque s’appelait Esplumoir… Déjà, c’était un drôle de nom… Et si cela avait rapport… au fait qu’une plume m’avait atterri dans la main? Est-ce que c’était comme ça pour tout le monde? Une autre pensée me prit : et si c’était le cas, quel était le pouvoir de ma sœur? La connaissant, elle aurait sûrement aimé avoir la création de sucrerie instantanée. Mais,… est-ce que ce pouvoir différait d’une personne à une autre? Est-ce qu’il était classé selon une hiérarchie? Vraiment, j’apprenais quelque chose qui ne m’apportait que d’autre question. Elle avait dit qu’elle habitait dans le quartier de Feather Road… rue des plumes… Tout avait rapport avec les plumes ou quoi! Elle avait aussi dit qu’elle avait un nom de code… Little purple leaf… petite feuille pourpre… à moins que sa sois mauve? C’était la couleur qui me mélangeait le plus en anglais. C’était joli, mais ça ne la qualifiait pas vraiment. Pour une fille, elle était loin d’être petite. Et puis… pourquoi avait-elle besoin d’un nom de code?
Ensuite, elle avait dit que ce splendide endroit était en guerre, un mot qui fit tiquer mes oreilles. En guerre hein? Mais, que fessait-elle dans un tel foutoir? À moins que ce ne soit pas la guerre avec les bombes et les mitraillettes que j’imaginais.
Bref, elle avait aussi parlé d’une mairie… pourquoi je devais m’y rendre?
Elle mit fin à mes réflexions quand elle se laissa tomber assis… dans l’eau! Au juron qu’elle lâcha et à la vitesse qu’elle s’était relevée, je pouvais aisément deviner qu’elle avait oublié qu’elle était dans l’eau. Je tentai de retenir mon fou rire, mais ni parvint pas. J’éclatai d’un rire franc et libérateur. Ça faisait tellement du bien! Je ne me rappelais même plus la dernière fois où j’avais ri autant. Déjà que la dernière fois que j’avais ri remontait à longtemps, plusieurs mois. Comme ça faisait du bien! J’eux du mal à maîtriser mon fou rire. J’y parvins, mais dès que je vis la tête qu’elle faisait, je repartis à rire de plus belle. Entre deux éclats de rire, je parvins à lui marmonner :

-Déso, Kari (rire) je… c’est trop (rire) d… drôle.

J’en avais même de la difficulté à prononcer les mots. Bon, si j’arrêtais pas de rire bientôt, j’allais finir dans l’eau moi aussi. Mais, pour une raison qui m’échappait, j’étais bien incapable d’arrêter.

Je ne pus m'empêcher de sourire en en la voyant rire. Elle semblait s'amuser et ça, ça me faisait plaisir. Ses éclats de rires eurent effets de me remonté le moral. Plus de temps à perdre ! Il me fallait lui raconté ce qui m'étais arrivé depuis notre séparation. Il fallait aussi qu'elle me dise ce qui lui était arrivé. J'allais le lui raconter, lorsque quelque chose, en moi, une petite voix si l'on peut dire, m'a dit d'attendre un peu.
Je retournai plus près vers le sable de la plage, marmonnant que j'aurais dû penser avant de m'asseoir. Malgré que j'avais les fesses toutes mouillées et que le sable collerai sur mes vêtements, je m'assis sur le sable et je plaça le bout de mes orteils de façon à ce que les vagues de la mer me chatouillent. Je souris. Ma soeur était là, il n'y avait plus le moindre risque que je sois seule. Bon, je n'étais pas seule, mais il y avait un vide dans mon coeur. Une place que personne ne pouvais prendre sauf ma soeur adorée. Mais, maintenant qu'elle était là, je me sentais comblée et rien ne pourrait me faire changer d'humeur pour aujourd'hui, ni pour le reste de la semaine ! Non ! Pour le reste du mois !Ah ! Je commençai à divaguer. Peut-être que l'euphorie du moment en était la cause.

''- Ma', je ne sais pas quoi te dire. Il y aurai tellement de chose ... J'ai aussi une panoplie de questions, mais je ne sais pas si c'est le bon moment ...''

Je me tus le temps de penser à quelque chose. Sa plume ! Je vais lui demander sa plume ! Ah oui, elle ne devait pas savoir ce qu'était la plume en question. Le pouvoir relié, elle le connaissait, ça je le savais, mais si je lui demandais en usant du terme ''plume''. Que faire ? Que faire ?

''- Ma', je sais que quand tu es arrivée tu t'es comme ''souvenue'' de quelque chose. Tu veux bien me dire c'est quoi ? Je te dirai pour moi, après ! ''

J'aurais peut-être dû lui expliquer plus clairement. Bon, on fa dû faire avec. Je la regardai avec un sourire plutôt curieux. Mes yeux brillaient de curiosité. Je voulais en savoir plus sur elle. Sur ma soeur ....

Miracle! J’étais revenu sur le sable d’une blancheur incroyable sans avoir fait un plongeon la tête première dans l’eau! Bon, pour un miracle il était pas mal banal, surtout en comparaison de ma présence sur cette île. D’ailleurs, comment j’étais arrivé ici moi? Je rangeai cette question avec nombre d’autres dans un coin de ma tête. Elle sera pour plus tard.
Kari s’était assise sur le sable malgré le fait qu’elle soit trempée. Ha lala! Elle allait être toute sale! C’était pas vraiment un problème, non, c’était qu’elle allait sûrement en mettre partout chez elle si elle rentrait comme ça. Ha non! Une autre chose que je ne connaissais pas : Où habitait-elle?

- Ma', je ne sais pas quoi te dire. Il y aurait tellement de choses... J'ai aussi une panoplie de questions, mais je ne sais pas si c'est le bon moment ...

Ses paroles me sortir de ma rêverie. Elle était assise, les pieds à la limite où les vaguelettes venaient s’échouer sur le bord de la plage. Cet endroit était magnifique, d’une beauté incroyable, au bord de l’irréelle. On avait des milliers de choses à se dire, non qu’est-ce que je racontais ! Des milliards ! Mais, pourtant en ce moment, nous n’avions rien à dire, tout simplement parce que nous ignorions par où commencer et si c’était le bon moment pour dire telle ou telle chose. En quelque sorte, nous avions peur de briser ce moment, de devoir retourner les deux pieds sur terre. Toutes ces années, ces événements… Nous étions si proche et pourtant un tel abysse nous séparait. Cinq ans, cinq longues années sans nouvelle, avec mon seul reflet pour me rappeler ses traits. Mais, je ne lui dirais pas ce qui s’était passé il y a 6 mois de cela, je ne lui dirais pas comment cet homme ma traumatisée, comment il avait anéanti certaines choses en moi. Elle n’avait pas besoin de connaître ce détail, pas tout de suite. Je préférerais qu’elle ne le sache jamais, mais c’était dur de cacher quelque chose à sa jumelle. Sa question suivante vint me sortir de mes sombres pensées :

-Ma', je sais que quand tu es arrivée tu t'es comme ''souvenue'' de quelque chose. Tu veux bien me dire c'est quoi ? Je te dirai pour moi, après !

Ça lui était arrivé à elle aussi?! Est-ce que c’était comme ça pour tout le monde ici? Qu’est-ce que sa voulais dire? L’idée que j’étais vraiment capable de vampiriser l’énergie des autres était si bizarre! Presque affolante. Et en même temps…, ça me paraissait si naturel! Comme si… comme si c’était en moi depuis toujours, comme si je savais cela depuis toujours… C’était presque aussi naturel que la couleur de mes cheveux. Mais, pourtant, pourquoi je n’avais pas pu m’en servir quand j’étais en danger? Quand ma mère d’adoption soufrait pour m’avoir protégé?
J’hésitai une seconde, qu’allait penser Kari si elle savait que je pouvais faire… ça? Puis, je me résignai à lui dire. Une partie moi voulais aussi savoir le ''pouvoir'' qu’elle possédait.

-C’est… (hésitation) le vampirisme… t’inquiète, je bois pas le sang… je… je suis capable de prendre… de volée l’énergie des autres.

Elle va me trouver soit dingue, soit flippante! C’est ce que mon esprit rationnel me poussait à croire. En fait, je ne savais pas vraiment comment elle réagirait. Non, à quelque part au fond de moi, je le savais parfaitement, mais se quelque part était hors de ma porté dans l’état ou j’étais. Tellement de questions se bousculaient dans ma tête. Un tel balai en aurait étourdi plus d’un. Elle eux à peine le temps de me dire son pouvoir, son habilité avec les armes à feu, que le barrage que j’avais érigé pour les empêcher de sortir céda.

-C’estquoicetendroit?Pourquoiilyauneguerre?Commentjesuisarrivéici? (inspiration) Ettoi?Onestoùexactement?C’estquoicettefoutuhistoiredepouvoir? (inspiration) Etcetteguerrec’estquoi?C’estquoicettehistoiredenomdecode?Çafaitcombiendetempsquet’estici? (inspiration) Y’abeaucoupdemonde?C’estquoicettehistoiredemairie?T’habitesoù?C’étaitquoicetteplume (inspiration) quim’atomberdanslesmains?Toutlemondeàunpouvoir?Qu’estcequen (inspiration) tufoutdansuneguerre?C’estquoiexactementFeaterRoad?Toutlemondeaunpouvoiraussidange…?

Je manquai de souffle. En fait, je me demandai si elle avait compris quelque chose. Ce que j’avais dit était si rapide. Et ça pouvait ce traduire par : C’est quoi cet endroit? Pourquoi il y a une guerre? Comment je suis arrivé ici? On est où exactement? C’est quoi cette foutue histoire de pouvoir? Et cette guerre c’est quoi? C’est quoi cette histoire de nom de code? Ça fait combien de temps que t’es ici? Y’à beaucoup de monde? C’est quoi cette histoire de mairie? T’habites où? C’était quoi cette plume qui ma tomber dans les mains? Tout le monde à un pouvoir? Qu’est ce que tu fous dans une guerre? C’est quoi exactement Feater Road? Tout le monde à un pouvoir si dange…?
Je ne repartis pas quand je parvins à mieux respirer. Je bridai même mes questions. Si elle avait compris un mot de ce que j’avais dit dans mon discours digne d’un des plus rapides débits de Louis José Houde, elle allait en avoir assez longtemps à me répondre. Moi qui était renfermé et peu bavarde d’habitude, s’était dur à croire que j’avais dit autant de choses sans que personne ne mît force ou me le demande.

[Déso pour ma lenteure à répondre, mais 927 mots compensent, non?]

"-C’est… "

Elle hésita. C'était normal, moi aussi,être elle j'aurai hésité. Elle fini par ce lancer. Je l'écoutais calme et attentive, ce qui était rare, mais très rare.

-" Le vampirisme… t’inquiète, je bois pas le sang… je… je suis capable de prendre… de volée l’énergie des autres."

Je souris. Ma' avait toujours de la chance pour avoir des trucs utiles. Moi j'avais toujours ceux qui servait à rien, exactement comme ma plume. Bien qu'elle était suer classe, elle servait à rien. Je soupirai. Ça faisait seulement une semaine que j'étais ici et je ne savais toujours pas quoi faire de cette plume des plus inutiles ...

"- Moi ... euh ... tu vas rire ... Je dis que c'est inutile, mais tout le monde me dit le contraire ... C'est la manipulation d'arme à feu accrue ! Attends ! Ne me dis pas que c'est utile, parce que si t'as pas d'arme ... ben là ... Tu fais dur ! "

Je soupirai. Ça m'étonnerais pas que Ma' éclate de rire. Je devais pas avoir l'air intelligente. J'avais un don, pour avoir l'air idiote. Je regardais ma' les yeux brillants. Je sais ... J'ai déjà dit qu'elle m'avait manqué et tout et tout, mais j'arrivais pas à me contrôler. J'allais lui sauter au coup quand elle dit :

"-C’estquoicetendroit?Pourquoiilyauneguerre?Commentjesuisarrivéici? Ettoi?Onestoùexactement?C’estquoicettefoutuhistoiredepouvoir? Etcetteguerrec’estquoi?C’estquoicettehistoiredenomdecode?Çafaitcombiendetempsquet’estici? Y’abeaucoupdemonde?C’estquoicettehistoiredemairie?T’habitesoù?C’étaitquoicetteplume quim’atomberdanslesmains?Toutlemondeàunpouvoir?Qu’estcequen tufoutdansuneguerre?C’estquoiexactementFeaterRoad?Toutlemondeaunpouvoiraussidange…?"

J'avais rien compris ... Je la regardai, abasourdie. Je clignai des yeux et ... en fait ... et rien ... Je ne bougeai plus. Je tentais de déchiffré ne serai-ce qu'un mot. J'essayai d'analyser ses paroles, mais j'y arrivai pas. Je baissai le tête et lui murmurai :

"-Je suis désolée ... J'ai ... J'ai rien compris ... Une question à la fois tu veux ?"

Je ne savais pas quoi faire. Est-ce que je lui faisais un câlin, quand même ? Nan ... le câlin sera pour plus tard. Je vais me concentrer sur ses question pour qu'elle soit un peu plus à l'aise sur Esplumoir. Ahh ... Qu'est-ce que c'était compliqué arriver sur l'île ...Je souris et plantai de nouveau mon regard dans les sien. J'étais prête à répondre à ses questions. Bon pas tant que ça mais, je pouvais au moins l'aider un peu.

"-Je suis désolée ... J'ai ... J'ai rien compris ... Une question à la fois tu veux ?"

La tête basse, elle avait murmuré. C’est vrai qu’il aurait été difficile de comprendre quoi que ce soit à mon charabia. Et puis, les questions que je venais de poser ne possédaient même pas un ordre logique. C’était un peu leur représentation dans ma tête. Un tourbillon incessant de question qui s’entremêlait, qui se mélangeait, qui se fusionnait, qui cherchait des réponses sans pour autant y parvenir. Et je savais que si l’une d’entre elles trouvait une réponse, mille autres surgiraient pour la remplacer. Mais, pour calmer ce flot incessant et satisfaire ma curiosité et ma soif de savoir, il nous faudrait bien passer à travers cette tempête de question. Toutes deux là, à nous regarder dans les yeux, à ce poser des questions… Si quelqu’un se tenait plus loin sur la plage, il pourrait croire que ses yeux lui jouaient des tours, lui faisait voir double… Cela aurait pu être comique que quelqu’un qui connaissait Kari m’ai ignorait mon existence arrive à ce moment, mais j’avais trop de questions à lui posées pour penser à cela.
Donc, j’essayai de leur donner un ordre, ainsi les mots qui sortiraient de ma bouche auraient du sens. J’allais les élaborer aussi, pour qu’elle soit plus précise. Je décidai de répéter deux questions pour commencer, les deux qui avaient trait à cet endroit.

- C’est quoi cet endroit? Tu as dit que c’était Esplumoir, mais c’est quoi? C’est où? Et pourquoi il y a une guerre? Qu’est-ce qui a bien pu se passer? Tu es embarqué là-dedans ?

Bon, les deux questions s’étaient transformées en six, mais bon, on n’allait pas faire tout un plat pour ça! Ce n’est pas comme si j’avais décuplé le nombre initial!
Je regardais ma jumelle dans les yeux. J’avais ce regard avide, avide de savoir, de connaître, de découvrir.