Je soupire.

Ce n'est pas la première, ni la dernière fois de la journée, malheureusement. Je m'ennuie comme une rat crevé coincé dans un égout putride, et encore, ça ne définit pas tout à fait ce que je ressens. C'est plus fort et pas glorieux, et l'atmosphère de la brasserie s'en ressens un peu, quand je sers les clients. Oui, se faire servir par une nana qui soupire tout le temps et vous foudroie du regard comme si vous étiez personnellement responsable de ses malheurs, c'est pas très joyeux. Et quand en plus cette même nana tape du pied dans ses boots de cinq kilos comme si elle voulais vous les balancer à la figure, ça n'a rien de rassurant.

Mais je m'en fiche de l'image que je donne. Je m'ennuie.

Qu'on me donne quelque chose à faire !

Tout ça à cause de cette stupide guerre des quartiers. Dire qu'avant, il suffisait d'aller voir un ou deux secteurs différents pour rompre l'ennui et rencontrer des gens, bah là, c'est pas possible. On est assignés à résidence, tout ça à cause de sales mômes pas fichus de rester poli, courtois et de maîtriser leurs pulsions, b***** de m**** en c******. Cette situation m'enrage au point d'en machouiller mes cheveux en cherchant une occupation. Et si je repeignait la boutique ? Du violet, partout, ça serait simpa, non? Avec du noir... Et du rose bonbon sur les nappes aussi, tant qu'on y est !!! Non, pas question de laisser parler mes talents créatifs minables, ça risquerait de tourner au film d'horreur de très mauvais goût et ici, à Bloody Lane, on aime les beaux carnages. Pas les fautes de goût.

Ce qui me ramène à mon point de départ : je m'ennuie !

Les morpions ? Déjà fait, comme les pendus, ça ne dure pas longtemps et ça devient pénible d'en faire au bout d'un moment. Et les clients comme les employés en ont marre. Proposition refusée. De l'origami ? Et puis quoi encore ? Une clope ? Pourquoi pas.

Je fouille dans la poche de mon mini-short en jean noir (vu les températures, j'allais pas mettre le pantalon entier, ce serait suicidaire) et sort mon paquet, une nouvelle marque anonyme. J'ai toujours pas trouvé, en cinq ans, une marque de cigarette qui me convienne vraiment ou dont le goût me rende plus accro que je ne le suis déjà.

J'ouvre le paquet, et là, c'est la drame.

Plus de clopes.

Pas le moindre petit bâtonnet de nicotine dans ce foutu paquet que j'ai ouvert ce matin...

Je peux tuer quelqu'un ?

Vu le regard des gens autour, je dois avoir une aura particulièrement hostile autour de la tête. Comme un rhinocéros lancé en pleine savane à la poursuite du stupide pique-épeiche qui l'a piqué au mauvais endroit. Oh que oui, je dois avoir ce genre de tête, et mon humeur est à peu près au même endroit. Non, pas au trente-sixième dessous, ça, c'est quand je déprime. Le dix-huitième ? Oui, ça convient bien. Mesdames et messieurs, bienvenue au dix-huitième dessous. Ne laissez dépasser sous aucun prétexte bras et jambes du vagonnet et veuillez signer cette décharge en faveur des organisateurs de...

STOP!

Je veux une clope, tout de suite, maintenant.

Je veux une occupation, tout de suite, maintenant.

Et un verre.

Ça m'occupera, au lieu de penser des bêtises.

Je relève les yeux vers la sale obscure mais accueillante de mon chez-moi. Le bar est à moitié vide. Ou plein, selon l'optimisme de l'observateur. Tous des gens que je connais, de près ou de loin, pas envie de me bouger les fesses pour aller leur parler. Et puis, je le distingue.

Il est discret, ça, c'est sûr, coincé dans le recoin le plus sombre, avec son manteau noir. Mais sa carrure le démasque aussi tôt. Et je suis sûre d'une chose, je ne l'ai jamais vu dans le coin. Je connais pratiquement tout le monde, ici, mais pas lui. Il n'en faut pas plus pour me motiver. J'ai trouvé ma proie du jour.

J'embarque mon verre, vide, une bouteille quelconque, après tout, ce n'est pas ce qui manque derrière le comptoir, et je vais me poser face à lui. Il pourra dire ce qu'il veut, je ne le lâcherais pas avant d'avoir épluché toute sa petite existence et disséqué le moindre de ses problèmes de coeur. Plutôt ça que de continue à crever d'ennui. J'suis pas la copine des rats, d'abord.

Je me pose tranquillement sur la chaise en face de lui, pas gênée par son absence de réaction, je nous sers deux verres, trinque toute seule, avale une gorgée de ce rince-bouche et repose mon arme. Là, je suis prête.

-J't'ai jamais vu dans les parages toi. T'es qui? Tu viens souvent?

Une nouvelle nuit sur Bloody Lane. Enfin le calme, le drap de ténèbres recouvre le quartier. Les bâtisses d'inspirations victorienne prennent un petit coté sinistre que n'aurait pas renié un certain M. Stoker en son temps.
Tout du moins je me plait à le penser. Comme d'habitude, mes rangers battent le pavé en cadence. Dans un soucis de tranquillité, ne devrais-je pas plutôt dire solitude, j'emprunte les petites rues de traverse du quartier. A dire vrai, je les connais mieux que les grandes artères. Sous l’œil blafard de Sélène, je vire à gauche après un petit square perdu dont j'oublie le nom. Quelques choses de charmant en rapport avec un pendu, je crois. A moins que je confonde avec l'emplacement du puits enfin je m'en moque un peu. Du moment que mes pas m'emmène où je le veux.
La brasserie de l'épouvante.
Un coin sympa, inspiration néo-gothique avec un soupçon du romanesque de la fin XIXéme. Vraiment un coin sympa, un peu glauque sur les bords, j'ai déjà dû partager mes amuses-gueules avec un rats de passage. Pas sur qu'il est apprécié le poids du petit pain un fois englouti. Vous avez lu la description du pain de nain d'un certain M. Pratchett ? Non ? Vous avez manquez quelques choses. Tout ça pour dire que l'effet était peu ou prou le même, pas trop longtemps non plus. Je suis un ami des bêtes, faut bien être l'ami de quelques choses en même temps.
Sur cette envolée stupide, j'arrive a proximité de ma destination.
Manque de chance, je dois traverser une artère. J'ai horreur des artères. Pourquoi? IL Y A DES GENS! Et j'aime pas les gens.
Bon, arrivé à l'intersection de cette gentille, CALME, ruelle du Supplicié.
Je m’arrête.
Je respire profondément. Pas de claquement de pas. J'avance la tête à l'intersection. Un regard à droite, personne. Un regard à gauche personne. J'avance jusqu'à la porte. Nouvel arrêt. Toujours le silence. Je pousse un long soupir de soulagement.
Maintenant l'épreuve. THE défi. Entrer sans se faire remarquer. On tends discrètement l'oreille. On se plaque contre la porte et on écoute. On zyeute un peu la rue des fois que... Bon, les conversation ont l'air nourri, ça va. La main sur la poignée, je pousse la porte. Je m’arrête à la moitié de la poussée, après elle couine. Je glisse ma carcasse dans l’embrasure. Je referme la porte, me retourne. Pas de regard dans ma direction, j'ai réussi. Je me dirige donc vers mon coin habituel.
Libre.
Évidemment, c'est le plus mal situé du bar. Dans le fond, dans une alcôve pensé par un architecte un peu trop penché sur les substance étrange, empli d'ombre, la lumière la plus proche est à quelques mètres. Les banc de bois est mal patiné par les années. En même temps à part moi, je vois pas grand monde poser son cul ici. Enfin après plusieurs année de visites régulières, mon coin commence enfin à être agréable. Plus qu'un petit couteau et je personnaliserait bien le truc, enfin pas trop non plus. Ça pourrait attirer des gens...
Je me pose, soupire d'aise. Regarde la table.
Moment de blanc...
J'AI OUBLIE DE COMMANDER !!
Pestant intérieurement, je me relève, m'avance calmement vers un employé. J'me tasse un peu. Et je demande de ma voix la plus aimable. Un mélange de grognement et de la voix d'Ikki du Phénix dans le film d'Abel. Ça vous parle pas ? Prenez Rambo c'est pareil. A force de silence, j'ai quelques soucis de diction. En simple, j'ai les cordes vocales enroué de parler peu. Je me plante devant l'employé. Evidemment, il faut que je tombe sur le plus petit.

-Un Jack's on the rock. *

Je paye mon dû, prends mon verre. Me fends d'un merci, très froid. Polaire. Je retourne sur mon banc. Pose le verre. Soupire d'aise. Profondément. Je sirote mon verre tout en observant la salle. Je laisse traîner mes oreilles un peu partout. La gérante semble sur les nerfs. J'sais pas pourquoi et je m'en moque. Elle balaye la salle du regard, tapant du pied et semblant pester. Elle sort quelques choses de sa poche. Peste de plus belle. Je sirote mon verre doucement. Je m'étrangle, je vide le contenu entre ma bouche et la table. Elle regarde dans la direction. Je tourne, observe les alentours, je suis le seul le coin sombre. Non, c'est bien ICI qu'elle regarde. QUELQU'UN vient!! Je cherche la porte... Trop loin... Bien trop loin. Elle arrive. Je prends une profonde inspiration. Je ressors le mode glaçon. Elle sert deux verres , bois dans le premier et me lance.

-J't'ai jamais vu dans les parages toi. T'es qui? Tu viens souvent?

Je regarde mon verre vide. Je zyeute le plein. Je tends le bras, me saisis de l'objet incriminé. Le porte a mes lèvres. Le goût me prends la gorge, du whisky. Pas du Jack, celui là plus de corps. Un peu plus vieilli peut-être ? Sûrement. Rassurer par la boisson qui coule dans veines et dans un accès de sociabilité, je réponds quelques choses de plus fin que dégage.

- T'as pas des glaçons ??

*L'abus d'alcool est dangereux pour la santé à consommer avec modération. Quelqu'un a trouver modération? J'lui doit plus d'un verre! /SBAFF/

[HRP : Suite à un action ou vérité, ce post sera très... coloré. Désolé pour les yeux de mes éventuels lecteurs, je ne fais que subir les ordres de Aria... Et je me marre aussi...]

Bon, Monsieur évite ma question? Très bien, on va donc passer à autre chose. Soit j'ai affaire à un timide, soit à un empêcheur de tourner en rond, et on va pas être copains. Je veux papoter histoire de faire passer le temps, pas m'faire envoyer bouler à par le premier venu et ma proie du jour. Oui, j'ai mon petit orgueil, mais surtout mon petit caractère.

D'un geste, j'apelle Sanjy et lui demande de me rapporter des glaçons presto sous peine de faire une nouvelle partie de morpion avec moi. Et je suis bien contente de la voir trotiner rapidement jusque derrière le comptoir pour accomplir ma volonté. Oui, mes employés savent que lorsque je m'ennuie, je suis d'humeur exécrable, et jouer au morpion avec moi dans cet état se termine bien souvent par une crise de nerfs parce que j'ai perdu. Oui, j'aime pas perdre quand je m'ennuie. Mais j'aime pas gagner non plus. Paradoxe? Nan, je m'ennuie juste un peu plus.

Je ressors mon paquet de clopes dans un réflexe et constate une nouvelle fois qu'il est vide, et ça, ça m'énerve. Mais alors à un point que vous n'imaginez même pas, vous qui me lisez derrière votre écran pixelisé... Grrr... J'ai besoin de ma dose de nicotine ou je fais un malheur.

Oh, mais j'y pense, je suis pas toute seule à table!!!

Je prends une nouvelle gorgée de ce très bon wisky déniché je ne sais comment et réengage la conversation en attendant le lot de glaçon qui met bien du temps à arriver... Va falloir y remédier.

- T'as pas des clopes ? Parce que j'suis en manque, là, et ça commence à me saoûler sérieusement.

Je le regarde droit dans les yeux en disant ça, parce que j'ai aucune envie de laisser filer ma proie pour me retrouver une nouvelle fois seule et surtout sans clopes. Je fais tourner mon verre pour mélanger l'alcool, une sale habitude du temps où je ne prenais encore que des cocktails bizarres aux goûts au moins aussi suspects. Mais bon, pour s'occuper, tout est bon, même risquer l'empoisonnement. Oh, et puis, autant être honnête avec moi-même, j'espérais que tomber malade me permettrait de rentrer chez moi. Pauvre débile que j'étais. On ne quitte jamais Esplumoir, sauf à crever. Hors de question.

Les glaçons arrivent enfin et j'en profite pour me reverser un verre pour accompagner mon drôle de client. Maintenant que j'y réfléchis, je suis presque sûre de l'avoir déjà croisé une ou deux fois, et même vu dans le bar avant. Sauf que je l'ai oublié aussi sec pour me concentrer sur les plus agités de la peuplade de Bloody. Il faut dire qu'on ne manque pas de cas sociaux, dans le coin, et ça me fait plutôt plaisir de cohabiter avec. Ça évite l'ennui à longueur de temps et...

Je crois que je dérive un peu. A ce rythme, je me retrouverais à débattre avec moi-même de la meilleure stratégie pour éviter l'extinction des pingouins du pôle sud perpétrée par les rhinocéros rose à petites étoiles bleues envoyés pour asservir la terre et anéantir les-dits pingouins, l'ultime rempart de la défense terrienne... Oui, on va se calmer un peu...

- Alors, c'quoi ton p'tit nom, monsieur l'iceberg?

Spoiler:

J'assiste impuissant aux délires internes de la personne en face de moi. Pourquoi un gens a t-il voulu venir me voir MOI!.. Je me ferme, voyez le principe du type, grand, costaud, avec une tête toute gentille froide. A mon humble avis, u iceberg serait plus chaleureux qui moi dans l'instant présent. Je me rapelle les exercices de respiration de Tae-Hyen. Pourtant, la présence d'une étrangère à ma table, m'ennuie. M’horripile. En un mot, me gonfle énormément.

Je la vois appeler une petite brune d'un geste, lui demander des glaçons. Celle-ci par en trottinant. Je ne peux m’empêcher de la foudroyer du regard. Encore une personne de plus dans MON COIN! Je reporte mes deux éclats de glace vers l'autre, qui ELLE est toujours là.

Elle ressort un paquet de clope. Elle semble pester de nouveau. Une accroc au tabac? Génial... Je pressens la question de tout fumeur avec un paquet vide. La dite question ne tarde pas.

- T'as pas des clopes ? Parce que j'suis en manque, là, et ça commence à me saoûler sérieusement.

Je me pince l'arrête du nez en fermant les yeux. Je bloque ma respiration. Expire lentement. Longtemps. Je tente de rester poli. Elle a l'air de gérer la place, l'envoyer bouler à ma manière ne serait peut-être pas très judicieux ci je compte revenir. J'ai beau être un misanthrope patenté, je réfléchis un peu tout de même. Les glaçons arrivent enfin. La pauvre serveuse, se fait de nouveau assassiner des yeux. Elle prends tous juste le temps de poser le bol et repart aussi sec. Presque en courant. Un petit sourire sadique, au mieux, s’épanouit sur mon visage. Je tends le bras, me saisi de deux glaçon et les laisse tomber dans le verre. Le doux craquement qu'ils produisent au contact du liquide ambré semble comme une symphonie à coté de la voix de l'AUTRE.
Je prends un verre, et apprécie la douce brulure au fond de ma gorge. Appréciant l’alcool, je me tourne enfin vers mon interlocutrice forcé.

- Je fume pas.

Simple et efficace. J'ai pas de clopes, et j'veux pas causer.
Elle me regarde de la tête au pied. Je continue de boire mon verre. Je me sens de plus en plus pris au piège. L'envie de me barrer me prends aux tripes. Je la calme du mieux que je le peux. Quand vient le coups de grâce.

- Alors, c'quoi ton p'tit nom, monsieur l'iceberg?

Je n'en peut plus. Je DOIS partir avant de laisser libre cours a ce qui me passe par la tête. Ce qui en l'occurrence, implique beaucoup de mandale. Pas une bonne idée si je veux revenir. J'avale le fond de mon verre cul sec. J'apprécie, le goût. J’abats mes deux mains sur la table. J'active légèrement ma plume pour augmenter le bruit. Je constate que j'ai un peu marqué la table en me redressant. Je me plante devant l'autre et je lâche.

-Sur le départ...

Un couperet ferait mieux niveau discourt. Enfin si un couperet pouvait parler. J'active ma plume sur ces chaussures pour être sur d'être tranquille. Augmentons un peu, allez disons 30 kg. Je relève la tête. Mes yeux se fixe sur la porte, que j'emprunte rapidement. Mes talons battent le plancher. J'entends juste le battement du sang dans mes tempes. Encore une fois, les gens m'énerve et me font fuir. Une nouvelle fois, je disparait dans les draps de ténèbres de la nuit. Direction le square des damnés. Mon chez moi.


***Quinze jours plus tard***

Je me glisse une nouvelle fois dans le bar. Commande et me réinstalle dans mon coin. J'espère ne pas avoir d'ennuis cette fois...

Allons bon, comme ça, mon glaçon d'interlocuteur n'a pas de clopes à me passer ? Pire, il fume pas ? Mais c'est quoi ce plan pourri ?! Pour la peine je vais picoler. Et le pire, c'est qu'il se déride pas, non loin de là ! À croire qu'il aime avoir l'air constipé, je vois que ça comem explication. Pas même un sourire pendant qu'il savoure la boisson que je lui ai gentiment apporté, rien, niet, que dalle. C'est un peu se foutre du monde.

Quant à ma deuxième question... C'est limite elle l'a pas fait fuir. J'hallucine. Ses mains claquent sauvagement sur le bois de la table et je remarque qu'il LAISSE DES TRACES CET ABRUTI DE VANDALE !!!

-Sur le départ...

Moui, joli nom, j'aime aussi. Nan mais il se paie ma tête, lui, c'est pas possible autrement. Et... non, je ne rêve pas, il est effectivement en train de se casser tranquillou-pépère sans un regard en arrière.

-DIS DONC TOI, SI TU CROIS QUE J'VAIS T'LAISSER SACCAGER MON BAR SANS RIEN DIRE? TU TE FOURRE LE DOIGT DANS L'OEIL JUSQU'AU TR...

Et je me ramasse lamentablement par terre. Pourquoi ? Comment ? Peut-être parce que j'ai essayé de marcher avec des chaussures de trente-cinq kilos chacune ? Moui, sûrement. toujours est-il que me voici gisant à plat ventre dans ma boutique, qu'on se moque de moi de manière plus ou moins discrète (oui, je suis connue pour mes excentricités, ici, rien d'étonnant jusque là) et que BORDEL j'ai mal. Un petit coup de plume bien gentil et la douleur de mon nez se calme. Je soupire d'aise, mais je fulmine encore, avachie par terre. Nan, parce que bien sûr, je ne pourrais bouger que lorsque ce sale manipulateur de poids se sera cassé assez loin, scrondidju... Tss, j'mérite bien un verre pour ça, tiens...

Quand enfin mes pieds se libèrent, je peux me redresser et je rejoinds mon comptoir, avec une nouvelle amie de verre. On discute pas mal ensemble, en fait, jusqu'à ce que j'éssore complètement son contenu. Je vais avoir une sacrée gueule de bois demain, mais pas grave, merci mon plumeau personnel et geôlier notoire, tsss...

***

Il s'est bien passé deux semaines avant que je ne revoie l'espèce d'excentrique asocial dans mon bar. Cette fois, j'avais des clopes et donc, j'étais accoudée tranquillement au comptoir en train de faire la causette avec un ou deux clients. Il se faufila comme la dernière fois, dans son coin sombre, après avoir apalgué un serveur pour lui donner sa commande. Jack's on the rock, comme la dernière fois. Mais pas question de le laisser filer, oh que non.

Je chope le plateau avec sa commande et vais tranquillement m'asseoir face à lui, limite une charmante veine sur le point d'exploser sur le front et compagnie. Je pose le plateau devant moi, sors une nouvelle clope, inspire, expire ma fumée et me contente de le dévisager tranquillement en silence.

Il n'a qu'à me dire son nom, et il pourra boire. Mais certainement pas avant.

Raté pour le ennuis je pense... Je peste intérieurement. Je crois bien que mes jurons n'avait d'intérieur que l'intention. Un florilège de nom d'oiseau avant de s'évanouir au creux de mon bouc naissant. Je me ferme et je regarde le même gens que la dernière fois venir dans MON COIN. La même que la dernière fois en plus. Non mais qu'ai je fais à une divinité quelconques pour avoir une plaie pareil.
Si elle sait pas quoi faire de sa vie qu'elle aille voir ailleurs non mais. Je suis sur que y'aurais plein de gland près a lui causer de l'autre bout du bar. Je pense que l'idée d'un verre gratuit doit enchanté. Moi pas. Je veux juste être seul. SEUL!!
Je peste ainsi pendant un moment. Le temps qu'elle arrive jusqu’à MA table. Je ne croyais pas possible de pouvoir enchaîner les pensées aussi vite.
Bref.


Je la vois poser ses fesses en face de moi. Elle à l'air un peu énervée. Je ne peux m’empêcher de sourire. Toujours le même sourire sadique qui s’épanouit sur mon visage. A croire que je ne sait plus sourire autrement. C'est exactement ça. Je regarde les volutes bleutées disparaitre au dessus de sa tête. La manière dont elle à poser le plateau me suggère qu'elle attends quelques choses de moi avant que je puisse boire. Je ricane. elle va pouvoir attendre un moment. Enfin en tout cas, JE vais attendre un moment avant de pouvoir boire. Je décide donc d'enlever ma veste, le hic c'est qu'avec le nombre d'attache sur ce truc, ça me prends un moment. En me forçant un peu je suis sur que ça peut durer dix minutes...

Un bon quart d'heure plus tard, la veste est soigneusement pliée sur la table. J'ai les bras croisé sur le torse et je la regarde d'un air narquois. J'ai tout mon temps....