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"Les enfants seuls savent ce qu'ils cherchent" | PV Jeremiah

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Ginger Fluff
Ginger Fluff

Feathers Road

Feathers Road

Féminin
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"Les enfants seuls savent ce qu'ils cherchent" | PV Jeremiah Vide
MessageSujet: "Les enfants seuls savent ce qu'ils cherchent" | PV Jeremiah "Les enfants seuls savent ce qu'ils cherchent" | PV Jeremiah Icon_minitimeMer 10 Aoû - 16:45



    Allongée dans son lit, la couverture remontée jusqu'à ses grands yeux rêveurs, Ginger observe le plafond en silence. Elle regarde tous les dessins que Chrysanthème a bien voulu créer pour elle, en partant de leurs imaginations débordantes. De toutes les couleurs, l'un représente un dragon avec trois cornes et des pieds de canard, crachant des gerbes de cœurs argentés, l'autre un ciel barbouillé de grands traits rouges et ors... Et il y en a des dizaines comme ceux-là, tous plus magnifiques les uns que les autres. Ces œuvres prennent une grande place dans son cœur d'enfant, d'ailleurs. Pour elle, ce sont les représentations tangibles de ses rêves, de tout ce qui constitue sa vie. Elle aime les admirer, encore et encore. Découvrir un détail invisible au premier coup d’œil, le perdre, pour le retrouver plus tard. Un grognement léger à sa gauche lui fait tourner la tête, juste à temps pour voir un de ses compagnons de chambre se retourner dans son sommeil. Puis elle regarde l'heure à la grande pendule fixée au mur blanc du dortoir. Six heures et demi. Il est tôt et c'est dimanche, mais elle sait qu'elle ne se rendormira pas. Doucement, en essayant de faire le moins de bruit possible, elle replie sa couverture au bout de son lit avant de poser ses pieds sur le parquet froid de la chambre. Un frisson lui parcourt le dos de bas en haut, et avec un soupir elle se lève. Une latte du plancher grince légèrement, personne ne semble s'en rendre compte, tous profondément plongés dans leurs rêves. Petit pas par petit pas, l'enfant s'approche de l'armoire contenant ses affaires, elle en sort ses vêtements et le livre qu'elle a commencé la veille. La couverture est usée, les coins sont racornis, la reliure paraît fragile. Elle l'a emprunté à la bibliothèque et on voit qu'elle n'est pas la première à le lire. Ensuite, entretenant toujours son silence rassurant, elle file se changer.

    Tranquillement, l'enfant sort du bâtiment. S'immobilisant sur le perron, l'air encore frais du matin lui ébouriffe les cheveux tandis qu'elle contemple le quartier endormi. Les quelques fleurs longeant le chemin ont refermé leurs pétales afin de dormir un instant et de se réveiller ensuite plus belle que jamais. Les volets des appartements et des maisons, comme des paupières immenses, sont clos. Le soleil point tout juste à l'horizon, colorant le monde d'une lumière orangée très jolie, et pas le moindre nuage ne couvre le ciel. Ce sera sans aucun doute une belle journée. Son livre sous le bras, la fillette se met alors en marche.
    De son pas léger, elle zigzag de ruelle en ruelle, passe devant la haute tour d'observation, obscure, mystérieuse, avance jusqu'à la poste où divers oiseaux dorment sur leurs perchoirs, attendant le travail. Un rire retentit, venu de nul part, résonnant pendant de longues secondes dans les avenues désertes. Les chaussures couleur chocolat de Ginger frappe les pavés doucement mais sûrement, elle sait déjà où elle compte aller. On sort du quartier de Feathers Road, on tourne à droite en direction de la plage et on dépasse l'hôpital immaculé. Là, droite et paisible, se dresse l'école. Endroit haït des enfants et où aucun d'entre eux n'aurait envie de passer son dimanche me direz-vous. Pourtant, c'est bien vers ce bâtiment que se dirige la fillette. Ne pensez pas qu'elle aime particulièrement ce lieu. En semaine, elle est comme tout le monde, dans la grande salle d'étude elle s'ennuie et rêve à tout ce qu'il y a à faire au-dehors de mille fois plus passionnant. Mais le week-end, c'est différent. Les couloirs vides lui semblent tranquilles. Calmes, sans l'agitation habituelle. L'école est donc un endroit parfait pour s'installer et lire un bon livre en attendant que le temps passe. De son air rêveur, l'enfant traverse la cour où traîne encore un ballon de football, vestige des jeux de la semaine passée, puis pousse la lourde porte en bois pour pouvoir entrer. L'horloge murale indique sept heures, mais elle n'y fait pas attention et poursuit sa route jusqu'au bout du long corridor. L'entrée de sa salle est légèrement entrouverte et elle se faufile à l'intérieur. Tout au fond, assise à une des tables, une élève plus âgée qu'elle révise pour son examen de fin de trimestre. Lorsqu'elle se rend compte que Ginger est entrée, elle lui jette un regard noir digne d'une sorcière de conte de fée. Étrangement, ce visage dit quelque chose à la fillette, mais elle n'arrive pas à se rappeler quoi... Ne cherchant pas plus loin comme à son habitude, elle va s'installer sur son banc près de la fenêtre et rouvre son livre à la page à laquelle elle s'était arrêtée la nuit d'avant. Lentement, elle se remet en tête les différents personnages, le sujet. Au fil des pages, tout lui revient. Le petit garçon aux cheveux dorés qui vit sur sa planète, l'aviateur perdu dans le désert, la rose sous son globe, le renard... Au moment où elle commence un nouveau chapitre, quelque chose lui frappe brutalement le haut du crâne. En se frottant un peu, elle lève les yeux. La fille au yeux sombres est debout face à elle, les mains sur les hanches. Elle ne l'avait pas vu arriver, tiens. La voix haut perchée de l'adolescente résonne alors.

    « Je sais que c'est toi Ginger Fluff. Quel heureux hasard dis moi. Sophie m'a dit que Lola lui avait dit que Kelly lui avait dit que Manon lui avait dit que tu as découpé mes affaires de sport pour en faire des marionnettes, n'essaye même pas de le cacher ! Nan mais tu te prends pour qui, hein ? »

    Ginger la fixe de ses yeux étonnés, ouvre la bouche pour répondre mais n'y parvient pas. Elle s'est perdue à partir de Lola... Enfin, cette histoire de vêtements de sport ne lui dit rien du tout. Et puis, ça lui paraît stupide. Si elle avait voulu faire des pantins, elle aurait utilisé du tissu proposé dans un des magasins, ils sont tellement plus jolis que la chose informe dont sont fabriqués les joggings. C'est logique. Mais le fait qu'elle ait découpé ces vêtements expliquerait l'impression de déjà vu du visage de la sorcière... Enfin, elle n'a pas pu faire une chose pareille ! Si ? Elle ne se rappelle plus du tout... Sa mémoire est tellement limitée parfois. Doucement, elle prend la parole. Sa voix lui semble faible après la tirade presque criée de son interlocutrice.

    « Heu... Bonjour... Enfin, je ne sais pas... Non, ce n'est pas moi... Je ne crois pas... Tu es sûre ? »

    Nouveau regard noir. Visiblement, elle n'a pas répondu la bonne réponse. D'un pas vif, la jeune fille retourne à son bureau au fond et prend ses affaires. Elle sort de son sac en toile un pantalon découpé en mille pièces de tailles différentes et deux gros livres qu'elle pose sur la table de la fillette. Les lèvres pincées, elle ajoute quelques mots avec le même air dégoûté.

    « Oh que oui je suis sûre ! J'ai confiance en mes amies, tu crois quoi ! En tout cas, tu as intérêt à réparer tout ça, je te le dis clairement. Demain je veux récupérer mon pantalon comme neuf, débrouille-toi. Et puis, je t'ai donné mes exercices de français aussi, tant qu'à faire, ça te passera l'envie de recommencer... Fais gaffe à toi, je ne me répéterai pas ! »

    Enfin, elle sort de son pas fier. Ses pas résonnent dans le couloir pendant un instant, puis plus rien. Partie, envolée. Ginger se retrouve seule, avec des morceaux de tissus et des livres dont elle ne sait pas quoi faire. Sa gorge se noue. Oh la la, catastrophe. D'abord elle est juste nulle en français. Ensuite elle ne sait pas coudre du tout. Comment allait-elle bien pouvoir se débrouiller ? Perdue, son regard se pose sur le livre encore ouvert sur le bureau. Que ferait le Petit Prince à sa place ?
    Alors la porte s'ouvrit à nouveau.


    Spoiler:
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"Les enfants seuls savent ce qu'ils cherchent" | PV Jeremiah Vide
MessageSujet: Re: "Les enfants seuls savent ce qu'ils cherchent" | PV Jeremiah "Les enfants seuls savent ce qu'ils cherchent" | PV Jeremiah Icon_minitimeMer 17 Aoû - 2:06

Spoiler:

    Il glissait sans un bruit à l'intérieur de l'école. Dimanche, il n'y a personne. Le jour idéal pour travailler en paix, sans peur d'être déranger. Car son soucis majeur résidait là : il était l'un des rares élèves qui daignaient sacrifier son dimanche matin pour des devoirs de dernière minute. Il le faisait même avec plaisir, préférant ses cahiers et livres de cours, que de se ramasser un ballon sur la tête alors qu'il traversait le parc pour un peu de tranquillité. Il n'avait pas … La même vision des choses que les autres garçons de son âge, cela en était même désolant. Un tel écart … Jeremiah finissait bien souvent par se demander s'ils avaient réellement le même âge... Comment … comment peut-on parler de cette manière-ci, si vulgaire ? Comment peut-on débiter autant d'insultes en moins d'une minute ? Comment peut-on aller contre les moeurs ? Comment ?! C'était impensable, indécent et … Injustifiable !
    Jeremiah bouillait. Il resserra ses poings sur son pauvre livre (histoire-géographie, basé sur le Moyen-âge en Europe), rien qu'à cette pensée. Rien qu'à imaginer la tête de ses camarades, de leurs sourires moqueurs, de cette tendance à se croire si … Supérieure... Qu'une bande de larves qui ferait mieux de finir en pâté pour chat … Et encore, pauvre chat.
    Le nombre d'abrutis avait explosé depuis peu. Certainement cette guerre, qui les avait rendu visible. Jeremiah ne s'était jamais senti aussi mal à l'aise de sa vie. Ce n'était pas la peur, non. C'était autre chose. Il s'était dit : « Où sont passés les adolescents responsables sur qui, nous enfants, devions compter ? ». On ne doit pas faire confiance aux adultes, c'était-il dit. Depuis, il s'appliquait à ne croire que lui. Mais ça, ce n'était pas bien différent d'avant. Juste pire.

    Ainsi accéléra-t-il le pas, longeant infiniment les couloirs blancs. Un néon grésilla, il tiqua. Ah, juste une ampoule défaillante... Il ne devait pas y faire attention... Marche plus vite, baisse la tête et pense à tes devoirs. À cet exercice sur l'union de Kalmar. Cette.... Union dans le Nord entre les scandinaves... Mmh... Il avait encore à apprendre.
    Quand tout d'un coup, des cris. Ou plutôt, une voix forte, celle d'une adolescente. Voix haut perchée. Il fronça les sourcils. Allait-il s'approcher ? C'était certainement une conversation entre demoiselles, il serait donc impoli d'intervenir … Cependant... Le ton n'était pas à la plaisanterie. Il entendait mal d'ici, mais il ne lui semblait pas entendre des compliments. Plutôt … Des reproches. Quoi encore …? Personne ne savait se tenir ici …. ? Non, mais vraiment …
    Il n'entra pas. Il s'éloigna. Il ne revint à la porte de la salle qu'une fois la demoiselle à la voix haut perchée ailleurs. Elle était sortie, fière, marchant en claquant ses souliers sur le sol pavé. Clac clac clac, je suis géniale, clac clac clac, je suis au-dessus de tout... Jeremiah grimaça. Ce genre de filles … L'écoeurait presque. Quand elle eut disparu au tournant, il s'approcha de la porte et l'ouvrit. Avec qui cette pimbêche parlait-elle … ? Oh.

    Elle.

    « … Ginger ? »

    Ginger, il l'avait apprécié tout de suite. C'était le genre de fille calme, qui ne parlait pas vraiment, un peu dans la lune. Elle ne prend pas les autres de haut, elle vit sur ses nuages sans trop s'en soucier. Jeremiah, lorsqu'il l'avait vu dans sa boutique, l'avait tout de suite trouvé adorable, avec ses airs endormis. Ginger. En apprenant son prénom, il avait cru à une blague, qu'elle se moquait de lui. Mais visiblement non. Ses parents l'avaient bien affublé de ce prénom si peu commun. La voilà rousse de nom.
    Elle avait sur sa table, un livre de français et des morceaux de vêtements découpés. Il fronça les sourcils. Cela venait-il d'elle ou de cette pimbêche ? Difficile d'imaginer la petite découper un vêtement. Non, cela devait être l'autre. Qu'avait-elle fait ? Le vêtement appartenait-il à Ginger …?

    « C'est quoi tout ça … ? »

    Il donna un léger coup de tête vers la table. Puis, il prit une chaise et la tourna vers la table de la demoiselle. Retirant son bonnet (ce qu'il ne faisait qu'en rares circonstances, en l'occurrence, Ginger était comme une amie très proche, en quelque sorte... disons cela), il déposa son propre livre à côté.

    « Tu révisais tes cours … ? Du français, tu veux de l'aide ? Je me débrouille pas trop mal je dois dire … »

    Il n'osa pas lui sourire, mais le coeur y était.
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Ginger Fluff
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MessageSujet: Re: "Les enfants seuls savent ce qu'ils cherchent" | PV Jeremiah "Les enfants seuls savent ce qu'ils cherchent" | PV Jeremiah Icon_minitimeDim 21 Aoû - 0:11

    Ginger tourna la tête vers la porte désormais ouverte en grand. Dans l'encadrement se tenait un garçon. Des cheveux roux, de jolis yeux verts, pas très grand... La fillette, avec son habituelle lenteur, mis un temps avant de le reconnaître. Jeremiah. Elle voulut le saluer, mais encore sonnée par ce qui venait de lui arriver, elle resta muette. Les mots se perdirent dans sa gorge, incapables de franchirent ses lèvres. Du coup, son interlocuteur la précéda.

    « … Ginger ? »

    Sa voix avait un quelque chose de doux qui la rassura. Il ne voulait pas lui balancer de vêtements déchirés ou des exercices de français à la figure, lui. Elle se souvenait de la première fois qu'elle l'avait croisé, à la boutique. Elle venait de se réveiller d'une longue sieste dans son fauteuil favori, et lui il était venu lui parler musique. Ou alors il lui avait demandé son nom d'abord ? Ah, oui, c'était ça. Même qu'il lui avait demandé si c'était une blague. Elle l'avait regardé avec étonnement et avait secoué la tête. Pourquoi mentirait-elle sur un sujet aussi sérieux ? Enfin. Après, elle l'avait complimenté sur ses cheveux. Elle les trouvait mignons, tout fin et d'une couleur pas comme les autres. Extraordinaires. Il avait semblé apprécier, vu qu'il était resté un moment après ça. Et puis il était revenu, et ils s'étaient croisés quelques fois. Voilà, maintenant ils étaient... Amis ? Hm, c'était sûrement un mot relativement exact pour décrire leur relation. Toujours dans l'impossibilité de prononcer la moindre phrase, la fillette regarda les sourcils de Jeremiah se froncer alors qu'il regardait les bouts de tissus et le livre de cours. Il ne devait pas comprendre grand chose. D'ailleurs, il ne tarda pas à poser des questions. Enfin, une question tout d'abord.

    « C'est quoi tout ça … ? »

    Il accompagna son interrogation par un geste de la tête en direction de la table, avant de prendre une chaise et de s'installer face à Ginger. Il ôta son bonnet, ses cheveux en furent tout décoiffés. Le vent se leva au-dehors, faisant frémir les vitres et grincer les portes. Il posa ses livres à côté de ceux laissés par l'adolescente à la voix haut perchée. Le portail de l'école se referma en hurlant, véritable créature de ferraille. La petite fille s'imagina un monstre fait de métaux et de clochettes, débarquant dans la salle en tintinnabulant, emportant sur son passage les problèmes. Au revoir horrible français à la barbe pointue, adieu affaires de sport découpées et oubliées... La voix du garçon la réveilla.

    « Tu révisais tes cours … ? Du français, tu veux de l'aide ? Je me débrouille pas trop mal je dois dire … »

    Ses lèvres restaient serrées en une ligne, sans aucun sourire, mais la fillette savait qu'il voulait vraiment l'aider. Et comprendre ce qu'il s'était passé par la même occasion. Au moment où la petite demoiselle sentit sa gorge se desserrer, prête à laisser passer les mots, son regard tomba sur le tableau. Il aurait dû être noir. Pourtant, il était barbouillé avec des craies de toutes les couleurs. Des cercles roses, des triangles violets, des traits vifs et verts. Ainsi que des visages abstraits rougeâtres, paraissant rire méchamment. Elle aurait dû trouver ça adorable. Mais les faces bariolées lui firent étrangement peur. De petites larmes se formèrent aux coins de ses yeux, perlant sur ses cils comme pour se retenir. Ginger détestait pleurer. Pour s'empêcher d'avoir l'air stupide, elle se mit alors à parler, d'une voix entrecoupée, une main posée sur sa joue comme pour se rafraîchir.

    « Bah... Heu... Bonjour... Et puis, tu vois, je... Le Petit Prince, enfin... Je lisais le Petit Prince... Cette fille, elle est venue me voir... Elle m'a dit que... J'avais décou... Pé ses vêtements de sport... Ensuite elle m'a... M'a donné ses affaires... Elle veut que je les recouse... Et puis son français à faire... Pour de... Main... Mais... »

    Elle s'arrêta un instant pour respirer et réfléchir. En expliquant, elle avait tour à tour désigné le livre, les affaires et les exercices. Elle passa son bras sur ses yeux pour empêcher les petites gouttes salées de rouler sur ses joues. L'une d'elles tomba sur la table, assombrissant le bois. Doucement, Ginger ferma ses paupières et respira à fond, comme on lui avait appris à faire pour se calmer. Ce n'était pas bien de se laisser déborder par ses émotions comme ça, elle qui était d'un caractère si tranquille d'habitude. Il fallait qu'elle se ressaisisse. Un faible hoquet lui échappa, puis elle essaya de sourire un peu, avant de reprendre d'une voix plus posée.

    « Pardon. Mais, je ne sais pas... Je ne crois pas avoir fait une chose pareille. Et puis je ne sais pas coudre. En plus je suis nulle en français. Mais si tu m'aides, la dame à la drôle de voix risque de voir que j'ai triché, tu ne crois pas ? »

    Elle le regarda de son air très sérieux. Elle ne savait plus où elle en était. Alors, pour commencer par quelque chose, elle alla jusqu'au fond de la salle et chercha dans un des tiroirs de l'armoire à fournitures, pour en extraire une bobine de fil bleu-vert. Elle n'avait pas la moindre idée de quelle couleur choisir, alors elle avait pris celle qu'elle préférait. Elle entreprit ensuite de trouver une aiguille, et retourna à son bureau. Lentement, elle étala son butin sur la petite table et se rassit sur sa chaise en l'observant. Bon. C'était un début. Soigneusement, elle croisa alors ses mains sur ses cuisses et les observa avec attention avant de poser l'interrogation lui trottant dans la tête depuis le début.

    « Dis... Tu ne penses pas que c'est moi qui ais fait ça, si ? »

    Tu t'inquiètes pour rien, Ginger. Pourrait-on lui dire. Mais bon, pour une fois que son air rêveur avait déserté, on ne pouvait pas vraiment lui en vouloir.


    Spoiler:
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MessageSujet: Re: "Les enfants seuls savent ce qu'ils cherchent" | PV Jeremiah "Les enfants seuls savent ce qu'ils cherchent" | PV Jeremiah Icon_minitimeMer 24 Aoû - 12:09

    Ginger, elle a tout ce qu'il faut pour déstabiliser. Même dans son silence, elle a ces gestes, ces manières-là, qui ont don de toucher en plein coeur n'importe qui. Du moins, c'est ce qu'il pensait sincèrement. Face à l'absence de réponse de la petite fille, ses pensées fourmillaient. Avait-il fait quelque chose ? Etait-ce de sa faute ? Ou alors, si ce n'était pas de la sienne, était-ce celle de quelqu'un d'autre ? Et si oui, qui ? Ou peut-être que finalement, c'était bel et bien lui, le problème, non ? Il s'apprêtait à surenchérir, à poursuivre ses interrogations, quand tout d'un coup, il vit un drame. De petites gouttes d'eau salée, au coin des yeux de Ginger. Pleurait-elle ? L'idée lui glaça le sang. Elle n'avait jamais pleuré, du moins, pas devant lui, pas à sa connaissance. Pourtant, c'était le cas, maintenant. Il ne pleuvait pas. Pas d'eau. Ce sont des larmes.
    Silencieux par son étonnement, Jeremiah ne pipa mot. Il l'écoutait, elle, qui tenait un discours saccadé par les larmes, très certainement la tristesse, la … Honte ? Il n'osa s'avancer sur un tel terrain. Il écoutait.

    « Bah... Heu... Bonjour... Et puis, tu vois, je... Le Petit Prince, enfin... Je lisais le Petit Prince... Cette fille, elle est venue me voir... Elle m'a dit que... J'avais décou... Pé ses vêtements de sport... Ensuite elle m'a... M'a donné ses affaires... Elle veut que je les recouse... Et puis son français à faire... Pour de... Main... Mais... »

    Quoi ? Qu'est-ce que c'était que cette histoire ? Jeremiah grinça des dents. Il avait donc eu raison, cette fille à la voix haut perchée était la source des morceaux déchirés. Oh, qu'est-ce qu'il détestait ce genre de fille... Qui pense que le monde est à leurs pieds, qui aboie des ordres comme elles respirent, qui vit par procuration du malheur des autres... Sans le mal, sans la souffrance, elles ne peuvent pas se sentir bien, alors, le malheur, la douleur, elles l'engendrent, et avec bon plaisir. Oh, oui, qu'est-ce qu'il détestait ce genre de fille...
    Et cette fille s'en était prise à Ginger ! La pauvre, elle était tout ce que le monde demandait : calme, tranquille, gentille … Et une pimbêche s'attaquait à elle ? Ah non ! Il refusait ! On n'a pas le droit de s'attaquer à Ginger, elle ne mérite pas ça ! C'est vraiment trop cruel … Il serra le poing sous la table, tentant de ravaler sa colère. Il s'énervait trop facilement, ce n'était pas un mythe, ses parents même lui disaient trop souvent de se calmer, de ne pas s'emporter comme ça. Et puis, il ne devait pas faire peur à Ginger. Alors, c'était comme ça, le poing sous la table, les dents serrés et les sourcils froncés, mais il essayait de se contrôler. Tout d'abord. Il se tut. Elle pleurait, c'était horrible tellement c'était injuste, mais il fallait bien se taire. Il tendit un bras pour essuyer la goutte tombée sur la table, du revers de la manche. Elle essayait de se calmer, la petite. Il devrait prendre exemple sur elle.

    « Pardon. Mais, je ne sais pas... Je ne crois pas avoir fait une chose pareille. Et puis je ne sais pas coudre. En plus je suis nulle en français. Mais si tu m'aides, la dame à la drôle de voix risque de voir que j'ai triché, tu ne crois pas ? »

    Elle n'avait pas tord, mais il refusait d'admettre qu'elle avait raison. Il y a ce truc, là, dans sa tête, qui refusait qu'il change d'avis toutes les deux secondes. Un imbécile ? Qui sait. Il s'agrippait à ses idées, il ne les lâchait jamais.
    Il ne la lâchait pas non plus du regard. Tout en silence, la demoiselle s'était levée pour aller chercher du fil et une aiguille. Elle ne voulait pas qu'il l'aide … De toute façon, coudre, il ne savait pas faire. Enfin, pas vraiment. Un bouton, sa mère lui avait appris, mais c'est tout. Coudre des morceaux de tissus ensemble n'était pas son fort. Là, il ne pouvait, de toute manière, pas l'aider. Il la fixa revenir, toujours dans ce silence plombant. Elle avait choisi un fil bleu-vert. Une jolie couleur, mais peut-être pas adapté à la tâche... Mais tant pis. Il était impossible de recoudre ce vêtement de toute manière. Puis, alors qu'il ouvrit la bouche pour le lui en informer, elle lui demandé :

    « Dis... Tu ne penses pas que c'est moi qui ais fait ça, si ? »

    Comment ? Il ouvrit grand les yeux, avant de froncer davantage les sourcils (un jour, bon Dieu, ça lui laissera des marques...). Qu'elle soit le coupable ? Que ce soit elle qui ait coupé ce … ? Non ! Il secoua vivement la tête. Il ne pouvait pas la laisser se méprendre ainsi, cela ne pouvait pas être elle. Elle était tout innocente, comment aurait-elle pu … Elle n'était pas du genre à faire du mal ! De toute façon, elle valait plus que ça …
    Il posa les poings sur la table, serrés, légèrement tremblant, avant de lui répondre, peut-être un peu trop violemment … :

    « Bien sûr que non ! Pourquoi tu ferais une chose pareille ? Ca ne sert à rien, de faire ses chose-là, t'es au-dessus de ça, alors, y pense pas ! »

    Et d'un geste du bras, il rasa la table, faisant tomber par terre les morceaux de tissus, le fil, et l'aiguille. Impulsif. Il était trop impulsif. Certainement parce que tout le mettait à bout, tout lui montait à la tête trop vite. Il ne savait pas faire le tri, alors, dans ce genre de moment, il fallait raser. Tabula rasa. Et c'en était fait. Il n'y avait plus d'ennuis. Et ces choses, ces lambeaux, ce fil, cette aiguille, ce n'étaient que des ennuis. Il ne fallait pas les réparer, relier les éléments, non, il fallait raser. Faire disparaître. Nier. C'était plus simple, moins douloureux, et … C'était mieux. Pour Ginger. Et un tour de malice déjoué pour la pimbêche.
    Il se leva.

    « J'irai jeter tout ça plus tard. Il ne faut pas que tu fasses ce que cette fille te dit de faire ! C'est pas bien, elle se sert de toi, parce que tu es trop gentille... ! Aah... »

    Ca l'embrouillait, même en table rase. Il passa une main sur son visage, comme pour tout balayer. Balayer les pensées, les envoyer valser. Mais ça ne marchait pas, pas vraiment. Ca restait agrippé, à l'énerver. Alors, il se frotta la nuque.
    Si Ginger se laissait faire, c'est parce qu'elle était trop gentille. C'était ça, c'était le plus logique. Alors, il fallait empêcher les autres d'abuser d'elle. La pauvre. Elle ne méritait pas tout ça. Il se serait bien porter volontaire, mais il était plus que conscient de sa physionomie … Même une fille, pour peu qu'elle le veuille, pouvait le battre à mains nus. Il était chétif, pas vraiment fort, qu'y voulez-vous ? On ne se refait pas. Enfin, pas toujours.

    « Ne fais pas non plus ce français ! »

    Oui, bon... Allez, Jeremiah, tu peux bien dire autre chose, non ? Ce n'est pas vraiment gentil, tu sais, de dire les choses comme ça. Il faut se montrer plus … Compréhensif.
    Il secoua la tête.

    « Je veux que … Si t'as des ennuis comme ça... Tu viennes me le dire ! C'est pas juste que tu fasses tout ça … »

    Et il se rassied. L'appel de la chaise.
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Ginger Fluff
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"Les enfants seuls savent ce qu'ils cherchent" | PV Jeremiah Vide
MessageSujet: Re: "Les enfants seuls savent ce qu'ils cherchent" | PV Jeremiah "Les enfants seuls savent ce qu'ils cherchent" | PV Jeremiah Icon_minitimeVen 26 Aoû - 13:00

    Face à sa question, le garçon ouvrit en grand ses yeux et fronça encore davantage ses sourcils. Ginger ne savait même pas que rapprocher ses sourcils à ce point était possible... Elle le vit secouer la tête de droite à gauche, comme si ses pensées refusaient de rester dans sa tête. Il avait l'air un peu énervé. Ses poings, serrés et tremblotant, vinrent se poser sur le bureau. La fillette se rappela que son père était comme ça aussi, quand il s'apprêtait à la disputer, elle ou son frère d'ailleurs. Elle se sentit se recroqueviller un peu sur le banc, lorsque Jeremiah prit la parole de sa voix forte, faisant s'ébranler la table.

    « Bien sûr que non ! Pourquoi tu ferais une chose pareille ? Ça ne sert à rien, de faire ses chose-là, t'es au-dessus de ça, alors, y pense pas ! »

    Puis il rasa tout ce qu'il y avait sur le bureau d'un revers de manche, le fil, l'aiguille, le vêtement en lambeaux. Ginger sursauta faiblement et l'observa avec son habituel regard étonné. Elle ne s'attendait pas à ce qu'il réagisse comme ça. Une fois encore, ça lui coupait ses mots. Ou alors elle était peut-être juste comme ça de nature. A ne jamais savoir quoi dire, quand le dire, pourquoi le dire... Elle avait cette impression que beaucoup de phrases se pressaient dans son esprit, mais qu'elle n'arrivait pas à en arrêter une pour la faire partager aux autres. Aucun bruit ne traversait ses lèvres. Silence. Et cette absence d'agitation lui donnait envie de dormir, de rêver, de voir la vie autrement. Calme. En temps normal, elle se sentait même extrêmement légère, prête à s'envoler. Là, elle avait un poids sur les épaules, quelque chose qui la retenait. Comme un oiseau prisonnier d'une cage sans trop comprendre ce qui lui arrive. Le garçon se leva, sa chaise racla le sol en un grondement sourd.

    « J'irai jeter tout ça plus tard. Il ne faut pas que tu fasses ce que cette fille te dit de faire ! C'est pas bien, elle se sert de toi, parce que tu es trop gentille... ! Aah... »

    Elle était... Trop gentille ? Hm, peut-être bien. Elle n'avait jamais vraiment réfléchi. Elle n'aimait pas réfléchir, ça lui embrouillait la tête d'encore plus de phrases inutilisées. Elle préférait laisser les choses aller comme elles le souhaitaient. Le problème, c'est qu'après elle se retrouvait avec une tonne de soucis sur les bras, sans savoir quoi en faire. C'était tout de même sacrément embêtant. Jeremiah se frotta la nuque, emmêlant légèrement ses cheveux un peu trop longs. La fillette savait qu'il n'avait pas fini de parler. Il avait l'air embêté, un peu décontenancé. Est-ce qu'elle lui causait des tourments ? Oh, elle ne voulait pas ça, non... Ou alors il avait des pensées sombres qui lui trottaient dans la tête. Des petits pas noirs qui marquaient son esprit, de plus en plus à chaque seconde, et qui le rendait triste, agacé, violent. C'était comme ça que Ginger visualisait la mauvaise humeur en tout cas. Une autre phrase, le ton encore plus fort.

    « Ne fais pas non plus ce français ! »

    La petit fille pencha la tête vers la droite, ses cheveux tombèrent sur son épaule. Elle ne comprenait pas pourquoi il avait dit ça juste maintenant. Au milieu de nul part. Et de cette façon énervé. Décidément, il devait avoir des petits bonhommes sombres dans la tête. Il fallait qu'il les chasse, en se secouant l'esprit. Ce qu'il fit d'ailleurs, volontairement ou pas. Enfin, il recommença à parler, plus doucement.

    « Je veux que … Si t'as des ennuis comme ça... Tu viennes me le dire ! C'est pas juste que tu fasses tout ça … »

    Il alla se rasseoir. La chaise grinça faiblement. Les yeux bleus presque verts de la fillette se posèrent sur ceux émeraudes de son ami. Elle trouvait ça gentil ce qu'il venait de lui dire. Elle sentait qu'il voulait bien faire, qu'il voulait l'aider, même s'il y allait un peu à tâtons. Un grand sourire se dessina sur ses lèvres et elle se leva pour aller se poser à côté de Jeremiah, en équilibre sur la table. Elle sentait comme un soleil chaleureux briller au creux de son ventre à présent. Et elle avait envie de le partager, donner quelques rayons de bonheur tout autour d'elle. Voulant parler, elle ouvrit la bouche. Les mots se mélangeaient encore dans son esprit. D'un geste, elle claqua des doigts, le bruit résonnant dans la salle de classe. Son sourire s’agrandit encore plus. Elle avait réussi. Une phrase parvint à franchir le barrage de sa gorge. D'un ton chantonnant, léger. Son ton.

    « Bon, bon, d'accord ! C'est gentil de me dire ça, tu sais ? Ça me rend toute contente ! Mais je me demande quand même ce que la drôle de dame va dire, en voyant qu'on a abîmé son livre de français... »

    De son index, elle indiqua l'ouvrage. La couverture avait été écornée par le mouvement ayant mis à terre les morceaux de l'habit et le matériel de couture. Sérieusement, l'enfant l'observa un moment. Avant d'éclater de rire. Elle croisa ses bras sur son ventre, incapable de s'arrêter. Elle avait l'impression de ne pas avoir ri de la sorte depuis une éternité. Elle ne voyait même pas ce qu'il y a avait de drôle. Elle avait juste une envie irrépressible de rire. Rire pour oublier les problèmes, pour abandonner les contraintes, pour que son esprit se vide de tous les mots inutiles. Rire juste parce qu'on le veut. Au bout de quelques minutes, Ginger s'arrêta, sereine, vidée. Elle n'avait pas entendu si son interlocuteur l'avait accompagné ou pas. Elle l'espérait. Rire apportait de la bonne humeur à un point inimaginable. Doucement, elle embrassa sur la joue son ami et lui offrit un nouveau sourire avant de reprendre.

    « Merci de rester avec moi. Alors, tu as une idée pour ne pas que j'ai de problèmes demain ? Je me cache ? Ou alors je l'ignore ? Mais elle va venir me voir, sûrement, non ? »

    Trop de questions sûrement. Mais cette petite fille avait toujours eu l'habitude de questionner les autres sur ce qu'elle ne comprenait pas. S'emmêlant un peu les pinceaux par la même occasion. Un petit oiseau se réveillant tout juste, perdu et rêveur.

    Spoiler:


Dernière édition par Ginger Fluff le Mer 31 Aoû - 16:31, édité 1 fois
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"Les enfants seuls savent ce qu'ils cherchent" | PV Jeremiah Vide
MessageSujet: Re: "Les enfants seuls savent ce qu'ils cherchent" | PV Jeremiah "Les enfants seuls savent ce qu'ils cherchent" | PV Jeremiah Icon_minitimeMar 30 Aoû - 15:33

[ Hrp ; Non, c'est juste.. Parfait. <3 ]

    Impulsif. C'était le principal défaut qu'on lui avait collé à la peau, et malgré tous les efforts qu'il avait fourni, impossible de s'en défaire. Son self-control à l'épreuve, qui finit par céder, preuve de son manque de conviction ou de force ? Une chose qu'il ne désirait pas savoir. Et il s'en voulait, oh oui, tellement, de n'être qu'un pauvre gosse, incapable de ne pas rétorquer à chaque sous-entendu désagréable, à chaque remarque déplacée. Et l'expression de son exaspération ne le contentait jamais. Impossible de se vider complètement. De revenir au point zéro. Il était toujours dans cet état de nervosité, de susceptibilité, que ce soit après une crise piquée, une semaine de calme et une journée passée à se contenir. Jeremiah, dans le fond, c'est un verre toujours plein, toujours dans l'attente de cette petite goutte qui débordait son vase d'émotions.
    Il aurait voulu s'excuser auprès de Ginger, lui dire qu'il était toujours comme ça et qu'il n'arrivait pas à faire autrement. Lui dire qu'il n'était pas vraiment énerver contre elle, plutôt révolté par la situation, qu'elle se laisse ainsi malmenée par des pimbêches arrogantes qui elles, contrairement à Ginger, ne valent rien. En fait, il aurait voulu lui dire beaucoup de choses, beaucoup trop. Mais la colère stagnait dans sa tête, polluant à tel point sa gorge qu'aucun de ses mots ne franchirent ses lèvres. Il resta muet. Muet, et abasourdi quand il la vit sourire. Cela ne signifiait qu'une chose, qu'elle avait, seule, compris, qu'elle savait. Et cela lui fit tant plaisir que ses joues s'en colorèrent. Il voulu le lui dire, encore une fois, mais pour ne pas changer, il était sans mot.
    Elle se leva pour se poser à côté de lui. Là, sur la table, avec son sourire candide.

    « Bon, bon, d'accord ! C'est gentil de me dire ça, tu sais ? Ça me rend toute contente ! Mais je me demande quand même ce que la drôle de dame va dire, en voyant qu'on a abîmé son livre de français... »

    C'était bien elle tout ça. Ce ton... Il préférait l'entendre lui parler ainsi, cela lui ressemblait davantage que cette voix tremblotante, attristée, qu'elle avait eu plus tôt. La voix qui arracha la peine à votre cœur, de force, comme une griffe acérée vous extirpant votre chair ... Brr, l'image le fit frissonner. Quelle idée d'y penser, aussi ...
    Il glissa son regard vers le livre, remarquant avec cette petite douleur piquante dans les yeux, l'état dans lequel il était. Oh, ce n'était pas le fait d'avoir abimé le livre de cette hautaine demoiselle qui l'ennuyait, mais le fait même d'avoir abimé un livre. Ses meilleurs amis ... C'était trop cruel de traiter ainsi ces si fidèles amis en papier. Et cet instant de douleur fut coupé court par un rire. Un beau rire. Il ouvrit grand les yeux pour fixer Ginger. Elle riait alors. C'était ... Un rire qui le fit sourire, un peu.
    Et puis, petit à petit, le rire l’imprégna, et il laissa échapper quelques éclats, mi-attendri par un tel spectacle, mi-amusé. Impulsif n'a jamais signifié qu'il était impossible de rire. Juste qu'il n'en a pas l'habitude. C'est tout autre chose ... Il assassina froidement son rire lorsqu'elle vint embrasser sa joue. Un tel contact dont il n'avait aucunement l'habitude. Ses joues accentuèrent leur teinte cramoisie et il détourna son regard pour ne pas la regarder en face.

    « Merci de rester avec moi. Alors, tu as une idée pour ne pas que j'ai de problèmes demain ? Je me cache ? Ou alors je l'ignore ? Mais elle va venir me voir, sûrement, non ? »

    Il ouvrit la bouche mais ne dit rien. Son cerveau carburait. Activation de la machine aux idées, on tente de trouver celle qui sera la plus utile, la plus ... parfaite. L'idée parfait. On réfléchit à cela, cette idée-ci, qui n'existe pas en fin de compte. La perfection est trop variable pour cela. Il cherchait dans sa mémoire toutes les données utiles. Toutes les circonstances vécues, le moindre détail. On se remémore et on analyse les souvenirs pour en tirer des conclusions. Il finit par hocher la tête.

    « Demain, je serai là... Il n'est pas question qu'elle s'approche de toi, elle risque de te faire du mal, alors ... Je viendrai avec toi, comme ça, on est sûr qu'elle te fera rien, cette pimbêche ... »

    On ne peut pas laisser une demoiselle aussi fragile à portée de folles hystériques incapables de faire le moindre travail seules... Ginger valait bien mieux que ça ! Et pour cela, il se devait de la protéger, cette petite fille...
    Et comme pour illustrer ses propos, il afficha un air de mépris, les sourcils froncés, les lèvres pincées. Autant il n'était pas accoutumé aux expressions positives, la joie, le bonheur, ayant automatiquement les joues rouges par la honte, de son inhabitude, de son manque d’expériences dans le domaine... Ou peut-être simplement parce qu'il a toujours jugé cela négatif...? Enfin, autant cela ne constituait pas son habitude, autant le mépris, la colère, s'imprimaient sans problème sur son visage d'enfant. Ils se peignaient parfaitement.
    Il agita la main pour chasser ses idées et son air négatif.

    « Ce genre de filles, il ne faut jamais les écouter. Ne jamais commencer, parce que cela n'en finit jamais, elles trouvent toujours de meilleures idées et finalement, toujours plus horribles ... C'est leur drogue, tu vois. »

    On a tous eu cette fille, dans sa classe, qui vous regarde de haut et vous considère comme une sous-merde. Jeremiah avait eu sa chance. On ne l'avait pas vraiment embêté, en dehors de cet abruti qui n'appréciait pas sa chevelure. Mais les autres... Ils s'en fichaient complètement. Et lui s'en fichait tout autant.
    Mais il aurait fallu être idiot pour ne pas le comprendre. Il savait pertinemment que l'île était un repère à saletés... À croire que seuls les ordures pouvaient avoir la chance d’atterrir ici .. ! La chance... La chance... Il soupira. Ou étais-ce une punition ? Impossible. Ginger était au-dessus de ça ...

    Finalement, ses pensées divaguant, il préféra arrêter là le cours de son imagination, et de se concentrer sur Ginger.

    « ... Mais tu n'étais pas là pour ça, non ? Tu étais venue pour quoi ? »

    Il s'attendait à la réponse. Du moins, avait-il une petite idée de ce qu'elle devait être. Mais l'entendre dire, c'était une chose qu'il désirait à l'instant. La savoir différente des autres ... Stupide. Elle l'était.
    Et lui, et lui ... Jeremiah, ce n'est pas le genre à trop se démarquer non plus. S'il le désire, tant qu'on ne lui lance aucune remarque mal venue, il ne dit rien, il est pas si asocial. Juste susceptible...
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Ginger Fluff
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"Les enfants seuls savent ce qu'ils cherchent" | PV Jeremiah Vide
MessageSujet: Re: "Les enfants seuls savent ce qu'ils cherchent" | PV Jeremiah "Les enfants seuls savent ce qu'ils cherchent" | PV Jeremiah Icon_minitimeMer 31 Aoû - 18:19

    Spoiler:

    La peau du garçon était devenue rouge, terriblement rouge, au contact des lèvres de Ginger sur sa joue. C'était amusant, même si la fillette ne comprenait pas pourquoi il ressemblait désormais à une tomate. Bien tranquille sur sa table, ses jambes pendants dans le vide et battants l'air, la petite demoiselle attendait d'avoir la réponse à son interrogation. Jeremiah avait l'air d'y réfléchir très sérieusement d'ailleurs, ses sourcils avaient retrouvé leur pli habituel. Un jour, son front resterait coincé dans cette position froncée, c'était sûr et certain ! Ginger n'était même pas sûre qu'il se rendait compte qu'il était toujours comme ça. Soudain, elle le vit hocher la tête, conclusion de ses pensées probablement.

    « Demain, je serai là... Il n'est pas question qu'elle s'approche de toi, elle risque de te faire du mal, alors ... Je viendrai avec toi, comme ça, on est sûr qu'elle te fera rien, cette pimbêche ... »

    La petite main d'enfant de la fillette vint se placer sur sa bouche. Elle n'avait pas l'habitude d'utiliser ou d'entendre le mot « pimbêche », ça lui faisait tout drôle. Jeremiah devait être sacrément remonté, tout de même, pour une histoire qui ne le concernait pas directement... Enfin, il avait toujours été comme ça avec elle. A s'intéresser à ce qu'elle aime, à l'accompagner à l'école, à lui parler de temps en temps en la croisant au hasard d'une rue. A la protéger, quand elle en avait besoin. Et étrangement, la petite fille trouvait ça plutôt agréable. Cette impression rassurante d'avoir quelqu'un sur qui compter, quoi qu'il arrive, comme une enveloppe tiède et calme. Dans un geste un peu gêné, Ginger porta ses doigts à son oreille, dégageant sa bouche, et se concentra sur son ami. Maintenant, ses sourcils ressemblaient à un accent circonflexe tourné vers le haut et ses lèvres étaient étroitement pincées. La colère était quelque chose que Jeremiah devait avoir en permanence au fond de son cœur. Chaque trait de son visage semblait s'en imprégner avec une facilitée déconcertante. Dans un mouvement de la main, le garçon sembla vouloir écarter une bonne fois pour toute sa mauvaise humeur. Ce qui était, d'après la petite fille, une excellente idée. On a toujours les idées plus claires quand on n'est pas aveuglé par le négatif : Élémentaire mon cher Jeremiah !

    « Ce genre de filles, il ne faut jamais les écouter. Ne jamais commencer, parce que cela n'en finit jamais, elles trouvent toujours de meilleures idées et finalement, toujours plus horribles ... C'est leur drogue, tu vois. »

    Ginger essaya de s'imaginer l'adolescente à la voix haut-perchée avec une seringue plantée dans le bras, indiquant « je suis vôtre dose de méchanceté quotidienne ! ». L'image lui apparut comme une évidence, alors elle hocha la tête pour montrer qu'elle avait bien compris. Elle n'adresserait plus la parole à une de ces drôles de dames avant un moment, c'était promis ! Jusqu'à ce qu'elle oublie le précieux conseil, en fait... Soit dans deux ou trois mois, vu la mémoire de l'enfant. La seule et unique chose dont elle se souvenait parfaitement, c'était ses rêves. Elle pouvait les conter dans leurs moindres détails, à l'endroit et à l'envers, pendant des heures. Elle trouvait ça fascinant, cette façon d'évoluer pendant son sommeil, de voir des choses théoriquement irréelles et pourtant tellement incroyables. Elle aurait pu dormir toute sa vie, si ses amis n'étaient pas là pour la retenir. Le souvenir de l'horrible madame s'estompa au fur et à mesure qu'elle repensait à ses songes. Un oiseau bleu qui avait accepté de l'accompagner au Pôle Nord, une boussole qui avait perdue la tête, un ciel nocturne illuminé par des étoiles en papier crépon. Des bulles irisées traversant un désert de sable vert. Merveilleux, superbe, extraordinaire. Éphémère. La voix chaude de Jeremiah l'empêcha de s'endormir sur place. Une seconde de plus et elle aurait plongé sans problème. A la place, elle cligna des yeux pour retourner à la réalité.

    « ... Mais tu n'étais pas là pour ça, non ? Tu étais venue pour quoi ? »

    Le souvenir de son livre revint au pas de course dans l'esprit de la fillette, et un sourire se dessina à nouveau sur ses lèvres. Elle aimait bien parler de ses lectures avec son ami, il se montrait toujours attentif. Doucement, la fillette plongea de l'autre côté de la table, jusqu'au banc, où elle avait posé son livre ouvert à l'arrivée de Jeremiah. Son bras se tendit. Ses doigts effleurèrent la couverture usée. Là, elle l'attrapa, et retourna avec un peu de difficulté à sa place initiale. Avec étonnement, elle constata qu'elle avait perdu sa page dans sa manœuvre. Un peu embêtée, elle se mordit doucement la lèvre inférieure et feuilleta le livre avant de prendre la parole.

    « Je lisais le Petit Prince. J'en avais entendu parler pendant longtemps, du coup j'ai eu envie de le lire... Mais là, j'ai oublié l'endroit où j'en étais... Flûte. »

    Elle marqua une pause, absorbée par les mots imprimés en noir sur les pages, essayant de se souvenir de ce qu'il se passait avant qu'elle soit interrompue. Pas moyen de s'en rappeler. Une moue gênée s'empara de ses traits, puis elle reprit son air calme habituel et referma l'ouvrage dans un claquement sourd. Des poussières fines se mirent à voleter un peu partout, illuminées par le soleil du matin filtrant par la fenêtre. Comme déconnectée, elle observa le gracieux ballet des particules pelucheuses, les imaginant à la manière de jolies danseuses classiques évoluant sur une scène. Elle ne pouvait s'en empêcher. Il fallait toujours que son esprit divague, qu'il parte découvrir de nouveaux horizons, partant à des années lumières de l'instant présent. Son regard perdu dans le vide, Ginger se mit à penser à une mélodie, douce, et pourtant entraînante, pour accompagner les ballerines. Puis à l'histoire que pouvaient raconter les étoiles tout en dansant. Quelque chose de drôle, quelque chose de joli, quelque chose de différent. Brusquement, l'enfant se rendit compte du silence et reprit là où elle s'était arrêtée comme si tout était parfaitement normal. Après tout, qu'est-ce que la normalité, hm ?

    « Bon, ce n'est pas bien grave, je n'ai qu'à reprendre du début. Tu connais cette histoire ? Tu veux que je te la lise ? Moi j'aime bien quand on me lit un livre, ça le rend plus réel, tu ne trouves pas ? Ou alors tu veux que je t'aide pour... Tes devoirs ? »

    La dernière proposition avait été annoncé d'un ton beaucoup plus interrogateur. Ginger n'était pas sûre et certaine que les livres qu'avaient apporté Jeremiah étaient pour ses cours. Mais elle s'en doutait un peu. Juste une intuition, infiltrée dans sa tête. Alors, même si elle n'était pas vraiment très forte pour les leçons et les exercices, elle avait quand même demandé si le garçon avait besoin d'aide à son tour. Dans tous les cas, être avec un ami, c'est un peu plus amusant qu'être tout seul... Non ? Qui sait.
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MessageSujet: Re: "Les enfants seuls savent ce qu'ils cherchent" | PV Jeremiah "Les enfants seuls savent ce qu'ils cherchent" | PV Jeremiah Icon_minitimeVen 9 Sep - 16:44

Spoiler:


    Le problème de l'impulsivité est que l'on oublie rapidement le sujet d'origine. Dès qu'une chose nous semble absurde, on rebondit dessus et, en un clin d'oeil, on ne sait plus de quoi on parlait. Tout ce dont on est capable de se rappeler, c'est que nous nous sommes énervés ou emportés pour une chose qui ne nous concerne pas toujours, mais qui nous a touché, révolté. L'unique solution pour revenir au sujet de départ est de se taire et de se faire neutre. C'est ainsi qu'on passe en travers des injustices, des choses révoltantes. Les choses révoltantes. Ne semblaient pas révolter Ginger.
    Elle aussi, avait tendance à se perdre dans les conversations. Ou plutôt autour. On part d'un sujet, et elle, c'est le soleil sur l'eau, la goutte qui s'étire de la feuille pour finalement tombé dans une longue chute libre, les herbes qui respirent la fraicheur par la vue, qui l'intéresse. Jeremiah se plaisait à dire que ce genre de fille était des … Impulsives passives. D'un coup, sans prévenir, sans qu'on ne s'y attend, elles ne sont plus là, leur esprit est ailleurs. Et il faut faire fort, plus fort encore, pour attirer leur attention vers soi. Pourtant, ce n'est pas un mal. Elles sont juste rêveuses. La rêverie se perd. Alors, les rêveurs sont uniques. Presque autant que les penseurs.

    Mais là, je m'égare. Faut croire que ça vient de là, le côté instable de Jeremiah... Oups. J'ai oublié, c'est pas à moi de causer ici. C'est au petit. Et bien, le petit, le petit... Qui n'aime pas qu'on l'appelle comme ça, d'ailleurs, mais au fond, on s'en fiche, je suis la joueuse, c'est moi qui écrit, j'ai tous les pouvoirs sur lui, haha. La classe.
    Il fixait Ginger. De plusieurs manières. Tout d'abord, avec ce besoin d'être sauvé au fond des yeux, comme le noyé jette des regards affolés à ceux qui l'observent sans bouger. En les maudissant un peu, mais en leur implorant de l'aide. Pour ne pas mourir, pour ne pas être englouti sous cette masse immense d'eau, ne pas disparaître. Puis, il avait aussi un lueur admirative. Les même yeux doux du fin connaisseur qui observe la Joconde en se demandant pourquoi une aussi belle femme ne vient pas vers lui. Avec la petite larme à l'oeil. Jeremiah l'aurait bien, mais il est trop jeune pour ça, et puis, un peu trop bête. Il a juste un air jaloux, implorant et admiratif. Et c'est beaucoup pour un gosse de 14 ans qui ne connait que la partie théorique de la vie et qui manque cruellement de pratique.

    « Je lisais le Petit Prince. J'en avais entendu parler pendant longtemps, du coup j'ai eu envie de le lire... Mais là, j'ai oublié l'endroit où j'en étais... Flûte. »

    Le Petit Prince dis-tu ? Dessine-moi un mouton.
    C'est tout ce qu'il en avait retenu, le dessine-moi un mouton. Cela l'avait alors tellement marqué qu'il l'avait répété des journées entières sans s'en lasser. Maman, maman, dessine-moi un mouton. Papa, papa, dessine-moi un mouton. Et un mouton, et un mouton, et c'est toi mon petit mouton, disaient-ils en lui ébouriffant les cheveux. Ah non, je ne suis pas un mouton ! Et le petit roux, du haut de ses six ans, partait en courant, les mains plaquant sa chevelure sur son crâne. Bêh.
    Et Ginger ferma le livre. Et petit claquement sec, comme Jeremiah les aimait bien. Celui qui, à l'ordinaire, marquait la fin d'une histoire, la fin d'un roman. La fin, tout simplement. Et cette odeur de livre qui s'éleva peu à peu avec la poussière environnante. Son champ de vision devant une télévision mal réglée, presque sous neige. C'est mignon, ça lui rappelle l'hiver. L'hiver... Quand déjà ? L'hiver, c'est dans longtemps. Nous ne sommes qu'en août !
    Il se ressaisit. Et de toute évidence, bien plus vite que la demoiselle. Elle était perdue. Le regard vide. Mais le regard fantaisiste. Toujours à la fixer. En silence. Sans dire un mot. On fixe, on se tait. C'est tout.

    « Bon, ce n'est pas bien grave, je n'ai qu'à reprendre du début. Tu connais cette histoire ? Tu veux que je te la lise ? Moi j'aime bien quand on me lit un livre, ça le rend plus réel, tu ne trouves pas ? Ou alors tu veux que je t'aide pour... Tes devoirs ? »

    Léger sursaut. Caractéristique de la surprise, mais cela, j'imagine que je n'ai pas besoin de le préciser. Et son regard coula vers son livre. Et le mécanisme, dans sa tête, s'enclencha. Qu'était-il venu faire dans l'école, déjà ? Les souvenirs vinrent petit à petit se coller entre eux pour former une raison. Il s'était levé tôt pour venir travailler à l'école, profitant que les autres enfants ne soient pas là pour … Lire. En silence. Pendant qu'ils jouaient tous. Loin, dans les étendus de gazon. Oui, c'est cela. Comme d'habitude. Pour ne pas changer. Il laissa tomber sa tête sur le côté, un cran, comme si cela pouvait lui permettre de voir ce livre autrement. Autrement qu'en un tas de feuilles reliées. Mais rien, rien ne lui vint à l'esprit. Il abandonna là.

    « Travailler... Oh, oui, je suis venu travailler, mais c'est plus … Par envie que par devoir. Je trouvais le livre intéressant et, du coup, je me suis dit que je pouvais venir le lire ici. Il n'y a jamais personne, alors … »

    Il fronça les sourcils. Jamais personne, eh ! Tu m'étonnes, ils sont bien trop occupés pour travailler. Après tout, nous sommes sur Esplumoir, une île merveilleuse, et la vie est belle, on a des pouvoirs, on est un peu des gosses élus, alors, pourquoi travailler ? Avec nos dons, on trouvera un travail sans problème, et tout va bien ! La vie est belle !
    Ce qu'il détestait ce type de pensées … ! Enfin. N'allons pas disserter sur ce qu'il déteste, sur les gens qu'il ne supporte pas. Il y en a bien trop et on y passerait la journée. Et, étrangement, je suis sure que vous n'en avez rien à faire, n'est-ce pas …?
    Puis, il tilta. Il avait oublié ses questions. Quel idiot, je vous jure … ! Jurant intérieurement, et se maudissant au passage pour cette raison-ci, il se hâta de lui répondre, nerveux.

    « Oh, oui, je connais, enfin, on me l'a déjà lu quand j'étais plus jeune. Je ne me rappelle pas de tout, mais je crois qu'il s'agissait d'une bonne histoire. Je suis sûr que … Oh, mais euh, si tu veux me la lire, je t'écoute avec plaisir, tu sais ! … C'est toujours sympas. Et puis, c'est plus amusant, non ? Alors, si tu veux … Je peux écouter. Ou la lire si tu préfères, enfin... Ce que tu veux. »

    Il avait ponctué sa lancée de gestes nerveux, mains agitées, tête qui se secoue, puis hoche, sourcils relevés et les yeux fixes. Légèrement fuyards, mais juste assez peu pour que cela ne se remarque pas trop. Après tout, on le lui avait tant répété … On regarde son interlocuteur dans les yeux et no autrement, jeune homme !

    … Oh, la voix de maman.
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"Les enfants seuls savent ce qu'ils cherchent" | PV Jeremiah Vide
MessageSujet: Re: "Les enfants seuls savent ce qu'ils cherchent" | PV Jeremiah "Les enfants seuls savent ce qu'ils cherchent" | PV Jeremiah Icon_minitimeSam 24 Sep - 12:59



    « Nathan ? Tu me racontes une histoire, dis ? Une avec des oiseaux de toutes les couleurs, des étoiles et des poissons volants...
    - Encore ? Mais j'en ai inventé une hier déjà !
    - S'il te plaît...
    - Argh, non, pas ces petits yeux là... Pfff, allez, assieds-toi. Mais que ce soit bien clair, c'est la dernière fois ! »

    On ne résiste pas longtemps à Ginger Fluff. Involontairement, elle arrive à vous faire faire tout ce qu'elle veut... Il y a tellement d'innocence et de rêves dans ses grands yeux d'enfant. Elle ne se rend même pas compte à quel point elle est adorable, quand elle prend son air sérieux. Elle se contente d'être comme elle a envie d'être, et de vivre à sa façon. Encore et encore. Chaque jour est différent, chaque jour est unique, et elle en profite, c'est tout. Seulement. Est-ce un défaut, ou une qualité, d'être aussi déconnectée de tout ? Ses parents se sont posés la question maintes et maintes fois. Pas de réponse. Un mystère, une énigme.
    Alors voilà. Ginger est calme. Jeremiah impulsif. Tellement différents, pourrait-on dire. Pourtant, ils sont amis, et rien ne laisse présager une future séparation. Ils laissent s'envoler les minutes. Un théâtre d'expressions, silencieux, unique. Un instant, la surprise du garçon mena la danse. Puis se fut à la réflexion d'entrer en scène. Les rouages de l'esprit se mettent en marche, pour trouver des lettres, les assembler en mots. Pour enfin formuler des phrases. Quelques remarques dansants dans l'air tiède de la salle de classe.

    « Travailler... Oh, oui, je suis venu travailler, mais c'est plus … Par envie que par devoir. Je trouvais le livre intéressant et, du coup, je me suis dit que je pouvais venir le lire ici. Il n'y a jamais personne, alors … »

    Personne, personne. Pourtant, cette fois, Ginger était là. Muette et insouciante, son livre retenu par ses mains d'enfant, attendant. Patientant le temps que son ami réponde à ses questions. C'est vrai qu'elle avait beaucoup parlé, alors il était normal qu'il prenne du temps pour répondre. En fait, dans tous les cas, ils avaient la vie entière devant eux. Pas de quoi s’inquiéter. Les sourcils du garçon avaient retrouvé leur pli. Il devait encore réfléchir. Il réfléchissait presque tout le temps à vrai dire. Ou tout du moins, c'était l'impression qu'il donnait. Parfois, la fillette avait envie de se pencher et de défroisser ces sourcils plissés. Parfois, elle aurait aimé trouver les mots pour chasser les petits bonhommes noirs de la tête de Jeremiah. Mais c'était trop difficile. Alors elle se contentait de rester là, assise sur sa table. Et de laisser le temps s'écouler pour obtenir ses réponses. Elle était le sablier, laissant le sable s'écouler indéfiniment, jusqu'au dernier grain. Pour se retourner à nouveau après. Encore et encore. Jeremiah reprit la parole, renversant le sablier par la même occasion. Juste au bon moment.

    « Oh, oui, je connais, enfin, on me l'a déjà lu quand j'étais plus jeune. Je ne me rappelle pas de tout, mais je crois qu'il s'agissait d'une bonne histoire. Je suis sûr que … Oh, mais euh, si tu veux me la lire, je t'écoute avec plaisir, tu sais ! … C'est toujours sympas. Et puis, c'est plus amusant, non ? Alors, si tu veux … Je peux écouter. Ou la lire si tu préfères, enfin... Ce que tu veux. »

    Ginger pencha la tête sur le côté. Ce qu'elle voulait ? Elle devait choisir ? On allait faire comme elle l'entendait ? Fichtre, mais c'est qu'elle ne savait pas trop... Est-ce qu'il fallait qu'elle réponde maintenant ? Ou alors elle devait attendre un peu ? Quelqu'un cria au-dehors. Une enfant. Plus petite qu'elle sûrement, sa voix avait été extrêmement aiguë. En train de jouer en profitant des premiers vrais rayons de soleil probablement. Un ballon passa devant la fenêtre à toute vitesse, tel une étoile filante. Il était rouge. Rond et rouge.
    Alors, sans prévenir, la fillette descendit prestement de son perchoir et alla se poser à côté de Jeremiah, sur une chaise. Plus de questions dans sa tête. Elle les avait éloignées, pour ne pas avoir l'esprit trop encombré. Réfléchir ne lui allait pas. Elle préférait rêver. Ou lire un livre avec un ami, par exemple. Ses doigts fins ouvrirent l'ouvrage jusqu'à la première page. Celle où Saint-Exupéry demandait aux enfants de l'excuser d'avoir dédié son livre à un adulte. Doucement, à vois basse comme un secret, Ginger adressa quelques mots à son compagnon de lecture.

    « Je vais lire, d'accord ? Il y a des aquarelles dans ce livre, alors c'est mieux si je suis à côté de toi, tu pourras en profiter... Regarde bien, c'est joli. Ah, et ne fais pas trop de bruit. Les mots sont timides tu sais, ils s'enfuient quand on ne leur parle pas bien. »

    Elle plongea ses yeux dans ceux de Jeremiah, en posant son index sur ses lèvres de son drôle de petit air sérieux. Puis, calmement, elle commença sa lecture. Son regard bleu-vert accrochèrent les premières lettres. Sa voix fluette retentit dans la salle de classe vide. Le soleil était de plus en plus présent et il baignait la pièce d'une agréable lueur d'été. C'était une belle journée.

    « À Léon Werth. Je demande pardon aux enfants d'avoir dédié ce livre à une grande personne. J'ai une excuse sérieuse : cette grande personne et le meilleur ami que j'ai eu au monde. J'ai une autre excuse : cette grande personne peut tout comprendre, même les livres pour enfants. J'ai une troisième excuse : cette grande personne habite la France où elle a froid et faim. Elle a bien besoin d'être consolée. Si toutes ces excuses ne suffisent pas, je veux bien dédier ce livre à l'enfant qu'a été autrefois cette grande personne. Toutes les grandes personnes ont d'abord été des enfants. (Mais peut d'entre elles s'en souviennent.) Je corrige donc ma dédicace : À Léon Werth quand il était petit garçon. »

    Les quelques premières lignes, que parfois on peut oublier ou tout simplement sauter. Et qui sont pourtant tout aussi importantes que le reste. Elles renferment le cœur de l'auteur, elles montrent à qui la personne a pensé, tout le long en écrivant. Ce sont de jolis mots. Des mots tous simples. Des mots qui contiennent énormément d'amour. Toujours aussi tranquillement, la fillette commença le premier chapitre. Le serpent boa ouvert, le serpent boa fermé. Il faut tout expliquer aux adultes. Seuls les enfants savent ce qu'ils cherchent. C'est Saint-Exupéry qui l'a dit. Ginger laissa les phrases couler entre ses lèvres roses, happée par l'ouvrage, hors du temps. Les pages défilèrent. Dessine moi un mouton. La rose qui avait horreur des courants d'air. Le roi seul sur sa planète. Le renard. L'essentiel est invisible pour les yeux. Finalement, elle s'arrêta au milieu d'une phrase du chapitre douze, sans raison, juste comme ça. Sa voix se stoppa au milieu d'un dialogue. « Ils perdent du temps pour une poupée de chiffons, et elle devient très importante, et si on la leur enlève, ils pleurent... ». La fillette toussota, sa gorge était sèche. Elle aurait bien voulu un peu d'eau, celle du puits du Petit Prince. Lentement, comme si elle se réveillait après un long rêve, elle se tourna vers Jeremiah. Et lui fit son joli sourire, celui qui la faisait ressembler à un petit animal sortant de son sommeil. Enfin, dans un murmure, elle tendit le livre à son ami.

    « Je suis fatiguée, tu veux bien continuer ? Ils ne restent que quelques pages, mais j'aime beaucoup cette histoire, j'adorerais savoir la fin. C'est d'accord ? »

    Puis elle lui tendit le livre ouvert et le posa délicatement sur ses genoux, avant de replier ses jambes sur sa poitrine et de s'adosser confortablement contre le dossier de la chaise. Les yeux à-demi fermés, l'enfant attendait de voir si son ami acceptait de poursuivre la lecture, prête à s'endormir mais espérant tout de même entendre la fin du récit. A voix basse, elle asséna quelques derniers mots. Après, elle se laisserait bercer par la voix de Jeremiah, et elle ne dirait plus rien pour ne pas déranger les mots timides, c'était promis juré. Croix de bois croix de fer comme on dit.

    « Plus tard, tu sais quoi ? Je ferai allumeuse de réverbère. »

    Spoiler:
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