— Esplumoir ;
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Quand le Chat est là, l’Hirondelle danse.

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Ekzael Ahnkïr
Ekzael Ahnkïr



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Nom de Code : The Odd Swallow
Quartier : Feathers Road
Plume : Marionnettiste

Quand le Chat est là, l’Hirondelle danse. Vide
MessageSujet: Quand le Chat est là, l’Hirondelle danse. Quand le Chat est là, l’Hirondelle danse. Icon_minitimeMar 21 Déc - 0:50

Quand le Chat est là, l’Hirondelle danse.


La Lune se dresse fièrement dans ce ciel de ténèbres. Ultime spectatrice des agissements les plus obscures de la cité insulaire. Sous sa lueur argentée, toutes les rues se ressemblent, toutes les ombres se mêlent, toutes les menaces s’y fondent. Illuminés des éclats nocturnes, les reflets de porcelaine révèlent toute leur splendeur. Le Masque de la Faucheuse. Encore une nuit où il fera parler de lui.

Bloody Lane. Ce serait sa zone d’influence cette nuit. Des rues plus sombres et étroites. Des coupe-gorges, des impasses, et du silence. Le Dealer était en place. Ses cheveux bruns et courts allaient à ravir avec son masque immaculé et sa longue cape noire. Plutôt grand. Même imposant. Il n’aurait pas de problème à mettre à terre un client trop dérangeant. Si toutefois, il en venait. Non loin du pantin, le Marionnettiste soupirait. Ce soir serait calme. Trop calme. Il était posté dans une impasse, à une centaine de mètre, à l’angle d’une ruelle. Il pouvait jeter un œil sur sa victime assez souvent, tout en s’assurant que tout se passe comme prévu, s’il venait à être pris de court. Cela n’arriverait pas, son plan était sans faille.

Un nouveau venu, de nouveaux mensonges, une nouvelle proie. C’était le schéma classique qui se répétait inlassablement depuis qu’il avait trouvé le moyen d’amener la drogue sur l’île. Ce nouveau visage - que l’accessoire redouté de tous les habitants cachait - était originaire des Etats-Unis. Sportif, il avait dit qu’il se ferait vite aux décalages horaires, et à la fatigue due à la téléportation. Ekzael avait souri. Il était naïf, ce jeune. Mais résistant. Il avait forcé le conseiller à doubler la dose nécessaire à le rendre inconscient. Il se rattraperait en lui donnant moins de morphine au retour. Tel serait le prix à payer pour ne pas écouter le toujours juste point de vue du manipulateur.

L’Hirondelle se sentait ici comme une araignée. Son pouvoir lui montrait ce que les autres ne pouvaient voir. Ces filins, partout, toujours. De minces fibres qui le liaient aux autres. Humains comme animaux, il pouvait les concentrer par son esprit sur une personne pour en contrôler les mouvements. Il admirait sans ennui les liens qui semblaient fait d’ombre et d’encre. Comme s’il matérialisait le fil de ses propres pensées. Il façonnait sa toile. Ses doigts arachnéens paraissaient maîtres du réseau ainsi créé. Il lui arrivait souvent de délaisser son pantin quelques instants pour faire voler un oiseau qui passait par là. Il le laissait virevolter jusqu’à ce que ses ailes ne puissent plus battre naturellement. Et comme une mouche dans une toile, la bête ne pouvait échapper à son funeste sort. Il retombait mort dans un funeste chant qui sortait de son propre bec. Mais le quartier ne possédait que corbeaux et corneilles. Volatiles trop disgracieux pour qu’il daigne accorder ses pouvoirs à leur bassesse.

Quand son esprit retrouvait la raison, il reprenait son carnet de note. Le dealer était toujours en place, adossé un mur dans un fragile équilibre, trop assommé par les substances circulant dans son sang pour pouvoir réagir. Il aimait relever beaucoup de détails, notamment sur ses propres capacités. A force d’utiliser sa plume, il avait acquis une certaine maîtrise des mouvements des autres. Loin des gestes saccadés de ses débuts, il pouvait maintenant agir en toute souplesse. La discrétion était aussi une de ses priorités. Bien souvent, au milieu d’une foule, il s’amusait à faire perdre l’équilibre à d’autres, en contractant subtilement un de leurs muscles. Ce petit jeu le divertissait, surtout qu’il était blanchi de tout soupçon. Il était celui qui pouvait faire chanter les créatures aux magnifiques plumages. Quel pouvoir inutile. Quel parfait alibi. Mais il y avait un autre objet dans ses études. Un nouveau tranchant issu de son esprit. Cette seconde Plume.

Il avait été fortement décontenancé à son arrivée quand il usa de son pouvoir pour la première fois. Il l’avait fait sur ce jeune homme qui se chargeait d’accueillir les nouveaux. Celui-là même dont il a pris la fonction dorénavant. Ce dernier était habitué aux manifestations spontanées et irréfléchies des nouveaux venus. Il arborait le même visage à la fois émerveillé et lassé du pathétique spectacle d’un soldat qui vient de comprendre comment on se servait d’une arme. Depuis ce jour, il n’avait cessé façonné son pouvoir et son esprit jusqu’à ce que ceux-ci acquirent la même acuité. Marionnettiste. Don du ciel. Plume masquée dans la parure de l’Hirondelle. Il avait longtemps pensé comprendre ce système. Jusqu’à ce qu’il soit obligé de dissimuler une seconde bénédiction. Bien loin de la matérialisation par cet attribut volatile, il reçut celle-ci comme un toxicomane prend sa dose. En un instant, comme si tout son esprit manquait de mystère à résoudre. Comme s’il avait poussé si loin le vice de l’addiction sur cette île qu’il fallait qu’une quelconque divinité lui en donne l’absolu contrôle.

Désormais, il savait que ces projets iraient à son rythme. Il avait la lame et le bouclier pour plonger l’île dans son idéal. Il se dressait fièrement devant ce ciel de ténèbres. Premier acteur des agissements les plus obscures de la cité insulaire. Il se terre dans les rues indissociables, se noie dans les ombres intangibles et enfante les menaces exécrables. Déposé par ses mains, le masque semble plus menaçant que jamais. L’Hirondelle Folle. Il reflétait à la Lune son arrogante image. Immense et seule dans un monde ponctué d’éclats qui ne pourront jamais l’égaler.
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MessageSujet: Re: Quand le Chat est là, l’Hirondelle danse. Quand le Chat est là, l’Hirondelle danse. Icon_minitimeMer 22 Déc - 23:57

Une nuit. Une autre nuit de pleine lune. Blaire marchait lentement dans les rues du quartier sombre qui osait porter le nom de Bloody Lane. Un îlot désertique. Sa journée se terminait. Détective, une parfaite excuse pour espionner les habitants d’Esplumoir, pour traîner la nuit sans être suspectée de lugubres actions. Elle replaçait son chapeau sur sa tête. Sa robe verte dansait autour de ses cuisses, au rythme de ses pas, lents comme la danse d’une mante religieuse. On n’entendait plus que le son de ses talons hauts qui frappaient le bitume tel un tambour incessant. Si elle s’était trouvée ailleurs, elle aurait soupiré et serait rentrée, normalement. Mais, cette fois, elle avait envie de se promener seule, dans le noir, flirtant avec le danger. Avant, elle ne se serait jamais permise de faire quelque chose de pareil, à cause de toutes ces avertissements qu’on donne aux jeunes filles.

Mais, le danger avait pris une toute autre forme en arrivant sur l’île. Elle faisait certainement partie des plus âgés et n’avait donc rien à craindre. De son point de vue. Elle avait développé ce don, qui lui permettait de se transformer en chat. Combien de fois avait-elle passé sa journée à épier ces gosses immatures sur un toit ? Plus aucune trace d’enfance ne semblait résider dans les mouvements et les airs que se donnaient cette jeune fille. L’envie impulsive et sournoise de se détacher de la foule. Des formes et des traits qui se voulaient impassibles, sans jamais y parvenir complètement. Mélodie irréelle des sirènes.

Bloody Lane, un théâtre parfait pour un drame. Un rire sarcastique s’échappa de sa frêle bouche, pendant qu’elle passait sa main sur ses chevilles et retirait ses chaussures. Ses yeux de serpent se fendirent d’une lueur de folie. Ses pieds foulaient le pavé glacial de la cité maudite, et la jeune femme improvisait quelques pas d’une danse diabolique, ondulant avec véhémence, s’imaginant une musique d’opéra, accordée à ses souhaits et à sa réalité. Consciente que ses agissements tournaient à la dérision, elle soupira. Chant de désespoir. Battant des cils, ses rêves d’insécurité et d’abîme se cristallisèrent dans son subconscient comme la neige s’accroche aux branches des arbres, gèle, et se transforme en longs diamants.

Reprenant sa sombre et silencieuse marche, elle s’arrêta à l’angle d’une ruelle qui menait à une impasse. Dans l’ombre, se découpait un fine silhouette entourée d’un voile noir et mystérieux. Les rayons argentés de la lune attirèrent son regard vers un masque blanc. Son cœur s’arrêta.
Elle s’accrochait aux voluptés de ces formes, de ce regard étrange, désormais entourée de démons et d’une bulle créée de son angoisse.

Elle recula, le souffle coupé. Il était là. D’une main tremblante, elle chercha dans son sac à main, la lettre qu’elle gardait sur elle, dans l’espoir de trouver un jour la solution de cette énigme. Son cœur battait fort dans ses temps. Mélancolie du temps perdu. Pourquoi elle ne l’a trouvait pas ? Elle s’acharna d’avantage, faisant tomber son portable, ses clés, ses notes, ses croquis par terre, oubliant presque que la personne qu’elle voulait le plus attraper sur l’île se trouvait à quelques mètres seulement et pouvait entendre ce qu’elle faisait, prendre la fuite, comme l’attaquer par surprise. Elle tenait enfin le bout de papier. Une menace. Une promesse. De mort ou de protection. Elle ne savait pas encore et ne saurait certainement jamais. Elle posa ses chaussures, son sac, et laissa ainsi ses effets personnels étalés sur le pavé. Elle devait agir. Ce serait sans doute son unique chance de découvrir qui se cachait derrière ce masque, où se taillait un large sourire. Son porteur l’avait-il remarquée ? Certainement oui.

Elle constata que la forme n’avait pas bougé, pas d’un seul millimètre, toujours appuyée contre ce mur, telle une apparition fantomatique. Elle s’avança et un vent froid vint balayer ses cheveux, comme pour lui annoncer que le chemin qu’elle s’apprêtait à prendre était miné. Amusant.
Premier mot qui vint poindre dans son esprit fou. Vraiment hilarant. Il ne pouvait pas y avoir un tel hasard que de rencontrer le fameux Reaper Mask, une nuit de pleine lune, dans une ruelle de Bloody Lane. Quel plaisir que de se jeter dans la gueule du loup. Mais une technique d’approche venait de naître au fond de ses pensées. Elle n’avait plus qu’à se mêler au décor de cette scène, qui se devait au combien ténébreuse. S’offrant le privilège de la première tirade, elle se posta devant la silhouette et murmura :

« Quel plaisir de vous rencontrer… The Reaper Mask »
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Ekzael Ahnkïr
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MessageSujet: Re: Quand le Chat est là, l’Hirondelle danse. Quand le Chat est là, l’Hirondelle danse. Icon_minitimeMar 4 Jan - 20:30

Lune, Lune, Lune. Tu sembles encore te jouer de moi ce soir. Mes filins ne t’atteignent pas, cependant je ne suis pas ton pion ! Lune, dis à tes étoiles qui te servent de faire-valoir de se cacher. L’Hirondelle n’aime pas briller de leur trop faible lueur. Mais toi, Lune, ne te détache pas de moi. Observe la danse de l’oiseau qui se moque de sa proie. Car, au contraire de la perfection de ton disque d’argent, mon excellence ne dure pas qu’une simple nuit.

Rose, Masque et Hirondelle. Les acteurs du spectacle de cette nuit étaient désormais choisis. Les corbeaux croassaient de cette soudaine animation. Les chats s’en allaient se promener sur d’autres toits. D’aucun instinct n’aurait été tenté de rester ici, à portée de cette aura nébuleuse, aux relents tacites d’obscures affaires. Seul un rire écorcha violemment la douloureuse quiétude du moment. Le regard vers le ciel, la bouche tordue en un rictus, Ekzael ne pouvait se retenir. Mais les éclats de voix ne venaient de lui. Son pantin exclamait ses émotions pour lui. Il n’avait pas bougé, et se contentait de se moquer de celle qui osait lui faire face. Elle n’eut pas de réponse. Le jouer manipulé se contenta de présenter ses deux mains devant elle.

Une lame. Un mouchoir. L’éclat de sang ou l’absence de larmes. Et l’ambigu message devait désormais s’expliciter. Elle avait le choix entre le fol allié et l’ennemi immortel, un simple masque, toute une âme, et pas un mot. La détective n’était sans doute aussi qu’un pantin, mais celui qu’Ekzael avait choisi de collectionner. Elle serait son trophée. Son état dépendrait simplement de ses choix. Elle avait tout son temps. Les coups étaient déjà comptés, le piège était actionné. Un talon claqua sur le sol. La nouvelle scène commençait.

« Qui aurait cru que notre charmante détective manigançait dans ce sombre milieu ? »

Le Fou entrait sur la piste. La Reine était coincée entre ce dernier pion, et la tour animée devant elle. Il s’était planté à la sortie de l’impasse. Son ombre glissait jusqu’au corps de la ravissante fleur. Il observait tour à tour la cible et la victime, se dressant devant eux avec toujours tant d’élégance. Son long manteau noir le rendait d’autant plus imposant que son visage réjoui semblait terrifiant. Mais il n’était réellement menaçant que par ce morceau de métal qui reflétait l’astre nocturne. Sa main droite était armée d’une lame qu’il faisait passer avec dextérité entre ses doigts. Il était évident qu’il n’était pas un amateur avec cette arme. Et son regard ne laissait aucun doute. Il n’hésiterait pas à l’envoyer pour assurer sa prise.

Si seulement les étoiles avaient pu crier, si seulement les rats savaient parler, l’innocente aurait été sauvée. L’ancien délinquant, l’ombre parmi les ombres, la vermine qui se voulait désormais porteuse d’ailes. Il avait profité du peu d’attention de sa proie pour son appât pour traverser les quelques mètres qui le séparaient de l’impasse où son jeu changerait de difficulté. A chaque pas, c’était un souvenir qui lui était revenu, et son sourire qui se voyait accentué. L’époque où il était le fuyard, le couard, était maintenant révolue, il avait toutes les cartes en main, et comme les lames du tarot, il avait sorti la sienne, d’acier.

Mais à peine avait-on pu prendre conscience de la grandeur de l’acteur qui venait de percer la scène que l’action inéluctable reprenait. La partie ne devait pas s’éterniser. Elle ne devait pas avoir le temps de réaliser. La marionnette lui flanqua un coup d’épaule violent. Ekzael aimait son sportif. Il le faisait maintenant se ruer sur son propre corps. Il avait tant de fois visualiser la scène, le timing serait parfait. Le couteau se planta, la fracture s’entendit. Il l’avait fendu, au-dessus de l’arcane. Quelques fragments de porcelaine, pas une goutte de sang, et le couteau retombé au sol, auprès de son possesseur.

L’œil d’argent que portait le ciel devait se régaler. Le Manipulateur était tombé pour ne pas être déchu. Le masque avait renversé son maître pour rester sous son contrôle. Le piège l’avait libéré. Le paradoxe de la situation laissait les rires de la faucheuse résonner dans les terrifiantes rues de la Voie Sanglante. L’Hirondelle pouvait maintenant cueillir sa fleur. Il se releva, son regard pourpre ne put faire autrement que de se laisser aller aux courbes de la rose. Il n’avait plus qu’à déclamer sa tirade et l’acte prendrait fin.

« Si je ne peux avoir le Masque ce soir, très chère, je saurai me contenter de vous. »
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MessageSujet: Re: Quand le Chat est là, l’Hirondelle danse. Quand le Chat est là, l’Hirondelle danse. Icon_minitimeJeu 13 Jan - 22:42

Son étrange interlocuteur au sourire figé lui tendit une arme dont la lame brillait. Accrochée par ce soudain éclat qui venait de la stopper dans son élan majestueux, elle n’osait plus bouger, plus rien dire. Il était armé et le sens de la nouvelle énigme qu’il lui présentait lui échappait encore. Le silence faisait place, et elle mesurait son souffle, ses mouvements. Mais il ne la menaçait pas. Non, il lui tendait simplement l’objet. Son esprit s’activait mais il lui était impossible de réfléchir. Elle sentait que les minutes lui étaient désormais comptées. Elle devait trouver la solution et agir en conséquence. Mais c’était trop tard. Le piège se refermait sur elle.

De sa voix voluptueuse, un nouveau protagoniste faisait son apparition sur le plancher du théâtre maudit. Elle croisait simplement le regard grenat. Elle avait le sentiment que son cerveau marchait au ralenti, comme pris dans de sombres filets. C’était un mauvais rêve où l’on ne pouvait pas voir, pas bouger. Tout l’encerclait. C’était trop parfait. Mais un nouvel élément étincelant vint éclairer son esprit. Le conseiller faisait danser entre ses doigt une lame. Comment pouvait-il posséder pareille chose à Esplumoir ? Même elle, n’était pas armée. L’incohérence de cette apparition fut rapidement classée dans son esprit.

D’un seul coup, la scène se métamorphosa. Projetée contre le mur par le Mask, lorsqu’elle releva le tête, elle ne put que constater qu’elle n’était plus maintenant la seule victime. Tout allait beaucoup trop vite. Leurs corps se mouvaient dans un flou lunaire. L’une des lames tombaient au sol, vibrante encore de l’impact avec la porcelaine. L’apparition mystérieuse ne tarda pas à fuir. Ce ne serait pas cette fois qu’elle découvrirait son identité. Il ne restait donc plus que le conseiller avec elle. Le sentiment d’insécurité s’accentua sur ses belles paroles. Elle tâtait le mur à la recherche d’une quelconque aide, effleurant la paroi gelée de ses mains.

Elle recula, fixant toujours le jeune homme. Que comptait-il faire ? Pieds nus, sans portable, ni rien pour se défendre à part sa propre volonté. Elle hésitait entre jouer avec le silence et la lumière. Elle pourrait tenter rapidement de fuir, mais cela semblait impossible. Seuls ses yeux clairs pourraient trahir son malaise. C’est pourquoi elle ne les levait plus pour le regarder. Il en profiterait et elle était décidée à tenir le plus longtemps.

« Alors, tu possèdes une arme ? »

Sa voix tremblait, mais elle s’efforçait de garder son calme. Elle marcha droit vers Ekzael. Rien ne devait l’arrêter maintenant. Et une fois qu’elle fut assez prêt de lui, elle poussa du pied la lame qui reposait encore par terre, manquant de se faire une belle entaille. Le métal brillant voltigea plus loin. Le premier élément menaçant était désormais hors de portée, bien plus loin. Elle s’était donc approchée du jeune homme. Qu’allait-il faire maintenant qu’il l’avait sous la main ? Mais la première chose qu’elle devait mettre en place était un sentiment de danger. Elle pourrait alors aisément récupérer la plus grosse partie de ses affaires et s’enfuir.

Le lendemain, elle écrirait un bel article racontant sa mésaventure de la veille. Cela ferait fureur. Mais dénoncer quelqu’un qu’elle considérait comme plus qu’un ami la mettait mal à l’aise. C’était peut être un dangereux psychopathe. Mais ils avaient peu d’années de différence, ce qui changeait de tous les gamins que l’on croisait. Une certaine affinité s’était déployée au fond d’elle pour quelqu’un de plus calme et posé. Quelqu’un qui rentrait dans son jeu moins facilement. Un obstacle dont elle avait envie de dompter les caprices. Maintenant qu’elle se trouvait juste à côté de lui, elle comprit que de toute façon, elle aurait été obligée de se confronter à lui. Rester dans l’ombre du fond de l’impasse ou aller vers la lumière opaline de l’astre nocturne, et s’exposer au danger. Sans réfléchir, elle avait fait son choix. Elle devait l’assumer. Et elle l’assumerait.

« Reste sur tes gardes, Ekzael. »

Elle sourit. Parce qu’intérieurement, elle espérait que son propre plan marcherait…
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Ekzael Ahnkïr
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MessageSujet: Re: Quand le Chat est là, l’Hirondelle danse. Quand le Chat est là, l’Hirondelle danse. Icon_minitimeDim 16 Jan - 18:37

Le doute. Voilà une méthode que les scientifiques se plaisent à appliquer. Par celui-ci, et donc par la critique, il est possible de retourner un raisonnement. Grâce à lui, on peut remettre en cause toute vérité établie sans logique. Face à l’absence de démonstration, le doute peut détruire les bases même de l’esprit humain. Ekzael s’appuyait souvent dessus, avant Esplumoir, pour ridiculiser les théories de pompeux chercheurs. Mais là, l’Arrogant ne doutait plus. Il pourrait remettre en cause l’existence même du monde, que sa victoire ce soir resterait inéluctable.

Il se concentrait sur sa respiration. Sa cible approchait de plus en plus. Inspiration. Elle fit voler sa lame au loin. Expiration. Elle ne le regardait pas dans les yeux. Inspiration. Elle le menaçait. Expiration. Inspiration. Expiration… Il ne pouvait plus tenir. La démence le saisit à nouveau. Mais loin du rire inexpressif qu’il avait donné à sa poupée, il avait là une allure diaboliquement envoûtante. Un instant, ses yeux aux reflets de sang semblèrent menacer de sa folie jusqu’à la Lune même. Il revint sur Terre en quelques instants, n’ayant jamais laissé ses sens s’écarter de sa proie. Elle était à quelques pas de lui, la partie était déjà jouée.


« Voilà qu’elle se sait désignée coupable, elle décide de se jeter dans les bras de son geôlier. »

Ekzael marchait autour d’elle, sans la quitter des yeux.
Il était un rapace tournant autour de son gibier.


« Toute personne importante doit être en mesure d’assurer sa défense et celle de ses concitoyens.
Mon pouvoir est bien loin de me permettre ceci, tu le sais. »


Il souriait. Elle tremblait.

« Voilà plusieurs nuits que je cherche où ils se cachent. L’Organisation semble infaillible. Un réseau invisible, qui étend sa toile sur l’île. »

Elle ne lui tournait jamais le dos. Elle le surveillait.
Elle avait planifié son propre plan.


« Et je te trouve, toi, à manigancer avec l’un d’eux. Ils semblent tous nous connaître. Ils me fuient si je m’approche. Mais toi, notre ravissante détective, ils acceptent ta présence. »

Il se stoppa soudainement. Son visage s’avança jusqu’à celui de sa douce victime.
Il pencha ses lèvres près de son oreille.


« J’ai tout noté. Chaque détail. Mais tu ne crains rien de moi. »

L’une était la Justice discrète de l’île, et l’autre l’Ombre malsaine qui s’y propageait. Et pourtant, c’était un véritable jeu de séduction qui avait débuté entre les deux, depuis déjà quelques temps. Quand ils se croisaient, Ekzael ne se lassait pas de lui montrer à quel point il était différent des autres enfants qui peuplaient l’île. Tout autant qu’il ne cachait en rien qu’elle ne le laissait pas indifférent. Elle était son caprice actuel, celle qui pourrait le comprendre, le détester, l’aimer, et l’accompagner. Elle tomberait son sous charme, elle était sa pièce maîtresse. Elle serait à lui.

Elle restait entre ses serres, n’avait plus une case pour se réfugier. La partie se conclurait ce soir. Il lui restait son plus bel atout, il le sortirait pour l’occasion. Si ses pouvoirs de marionnettistes étaient son arme la plus pratique, sa seconde plume était son délice inépuisable. Il voyait cette chaîne immatérielle, cette représentation que lui seul avait de son pouvoir. Elle partait des lèvres du tentateur pour étreindre le cou de la douce prisonnière. Elle voulait l’embrasser. Elle ne désirait plus que ça à l’instant, déjà son âme ressentant le manque à cette addiction soudaine. Le collier intangible se resserrait, il allait la libérer. Il laissa son regard ancré dans les yeux de sa Reine. Il voulait s’imprégner de sa soif. Puis il laissa ses lèvres délivrer Blaire de l’emprise de ses désirs. Ils s’embrassèrent. Il avait gagné.


You belong to me,
My Snow White Queen.

Ekzael n’avait jamais rompu les liens avec son pantin. Celui-ci avançait encore, silencieusement, dans les allées sombres de Bloody Lane. Il n’était pas loin. Il contournait juste la scène, son rôle n’était pas fini. Il devait agir avec la précision et la rigueur qui faisaient la réputation du Conseiller à la mairie. Le Masque portait toujours sa lame. Elle était l’arme la plus discrète et la plus dangereuse dans les mains de l’ancien délinquant. Lame affûtée et esprit aiguisé étaient ses seuls moyens d’imposer sa volonté à l’époque où il n’était qu’un lycéen, là où sa déchéance commença vraiment. Mais les réflexes ne se perdent pas, le vice non plus.

There’s nowhere to run, so let’s just get it over.

Les yeux d’Ekzael s’écarquillèrent. Il se détacha du doux contact de Blaire. Son visage portait un rictus de douleur, son esprit entrait dans un état de jouissance. Il porta sa main droite au niveau de son épaule gauche. Un objet attirait les rayons argentés de la Lune. La lame de la Faucheuse planté dans la chair de l’Hirondelle. Il se tourna vers l’angle de rue d’où venait le projectile, dans l’angle mort de Blaire, sa poupée noire y était. Celui-ci gardait la main tendue, le poing serré. Puis il écarta ses doigts, comme s’il balançait un second poignard, sans doute sa plume. Ekzael eut le réflexe de s’écarter, tout était compté. L’ombre avait déjà filé. Il n’était plus visible. Le Marionnettiste pouvait détacher ses liens.

Soon, I know you’ll see,
You’re just like me.

Le second projectile n’était qu’une farce, le stratagème était machiavéliquement parfait. Alors que l’ancien pantin était encore inconscient, assis derrière l’angle de mur du coupe-gorge proche, les anciens filins qui le retenaient prisonnier avait trouvé une nouvelle cible. La Reine était devenue Pion. Ekzael tenta de poursuivre son agresseur avant de faussement accuser le coup de la blessure et de prendre appui sur un mur. Pendant ce temps, Blaire n’avait pas bougé. Blaire ne pouvait pas bouger. Il figeait chacun de ses muscles. Immobilisation parfaite. Le plan avait été un succès. Ekzael s’assit dos à un mur. Il serrait les dents, ne pouvant sortir un mot. Il relâcha Blaire quand il était certain qu’elle ne pourrait raisonnablement plus poursuivre sa Faucheuse, puis repris le contrôle de cette dernière pour achever son plan. Elle resterait cachée dans un des logements vacants jusque demain, personne n’irait la chercher, c’est comme ça à chaque fois. Il pouvait maintenant perdre conscience sereinement.

Don’t scream anymore my love, ‘cause all I want is you…

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MessageSujet: Re: Quand le Chat est là, l’Hirondelle danse. Quand le Chat est là, l’Hirondelle danse. Icon_minitimeDim 27 Mar - 19:04

Plus rien ne coïncidait dans l’esprit de Blaire. Prise par l’envie irrésistible de l’embrasser, de se lier à lui, elle avait succombé coups après coups à toutes les scènes qui s’étaient jouées ce soir. Chaque instant était sauvagement imprimé telle une image dégradée, aux couleurs obliques. Ses pensées s’entrechoquaient, mais elle avait le sentiment, presque la conviction même, que son corps ne lui appartenait plus. Paralysée par la peur, elle écrivait des silences et des nuits, elle notait l’inexprimable. Elle fixait des vertiges. D’habitude apte à évaluer chaque information de la plus capitale à la plus anodine, le brouillard de son esprit refusait de s’évaporer, comme un hiver écumeux.

Presqu’aussitôt que le Mask réapparut, son ombre funeste s’évanouit parmi les autres de la rue adjacente. Sa brève irruption avait suffi à asséner à Ekzael un coup meurtrier. Alors le corps de celui-ci glissait contre le mur, elle scruta les environs à l’affut du moindre mouvement. Mais son corps entier refusait de répondre à l’appel de ses désirs. Le conseiller ferma les yeux, éteignant l’éclat rubis qui les illuminaient. Si elle avait voulu l’abandonner ici, elle l’aurait fait. Mais quelque chose en elle faisait qu’elle ne pouvait s’y résoudre. Elle s’accroupit à sa hauteur et déposa le bout de ses doigts sur son pouls. Il battait à rythme régulier, quelque fois saccadé. Endormi tel un ange lugubre, elle détailla sa blessure. Une large tâche de sang s’était imprimée en son dos, annonciatrice de problèmes futurs.

Si elle appelait les secours, on l’accuserait certainement. Après tout, le conseiller l’avait vue en compagnie du Mask. Il avait tout intérêt à la dénoncer. Elle balaya une mèche noire posée devant l’un des yeux d’Ekzael, toujours assoupi. Elle soupira. Il était crucial qu’elle le sauve, pour lui d’abord, et pour elle-même ensuite. Sans réfléchir d’avantage, elle arracha un pan de sa robe et l’enroula autour de la blessure, en priant pour le saignement cesse. Lui, qui l’avait menacé, paraissait si fragile en cet instant. Elle déposa un léger baiser sur son front, s’imprégnant de sa tiède chaleur.

« Ce serait bien si tu m’épargnais ta mort, Ekzael. »


Qu’allait-elle donc faire de lui ? Elle pourrait l’emmener chez elle s’il se décidait à se réveiller enfin et était en état de marcher jusqu’à sa demeure. Mais son état du moment ne semblait pas pouvoir répondre aux attentes de Blaire. Épuisée par tous les scénarios qui s’enchevêtraient dans sa tête, elle s’assit à ses côtés. Les minutes s’écoulaient lentement, mais emportant sans doute la vie du conseiller avec elles. Elle fixa ses escarpins avec une mine dépitée.

« Je ne fais pas partie de l’Organisation. Je la poursuit. Et si je ne te crains pas, c’est parce que l’adrénaline est ma drogue. La plus naturelle et inoffensive qu’elle soit. »


Un rire nerveux éclata entre ses lèvres rosées, ricochant en échos estompés. Le froid des dalles s’imprégna jusqu’à sa moelle, glissant en effluves glacials dans ses veines et jusqu’à ses os. Elle dessina du bout de son ongle les courbes longilignes d’Ekzael, partant de ses longues phalanges, jusqu’au creux de son coude, puis au creux de son cou, où battait de nouveau régulièrement son pouls. Un éclat d’espoir. Sans quitter du regard la lune blanchâtre, elle posa sa tête sur l’épaule valide du conseiller.

« Tu ferais mieux d’ouvrir les yeux, mon cher Ekzael. Je doute que tu veuilles passer toute la nuit dans cette ruelle glauque. »


Elle se leva, faisant danser sa robe, et alla chercher ses affaires pour les ranger en vrac dans son sac à main. Elle revint aux côtés du jeune homme qui n’avait apparemment pas daigné bouger d’un centimètre.

« La comédie a assez duré, Mr Ahnkïr. »

Ekzael ne frémit même pas. Même si elle avait juré apercevoir une lueur de son regard grenat. Une illusion qui fit s’arrêter un instant le cœur de Blaire.
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Quand le Chat est là, l’Hirondelle danse. Vide
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Quand le Chat est là, l’Hirondelle danse.

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