Comme quoi, il ne faut jamais sous-estimer les bons vieux stéréotypes, parce que, la plupart du temps, bien que désuets, fonctionnent tout le temps. Caché derrière l’arbre immense, le gamin tenta vivement d’inspirer le maximum d’air que ses poumons le lui permettait. Son cœur voulait faire ses valises et prendre la fuite. Une douleur au ventre fit surface. Et qui a dit que la course, c’était bon pour la santé ? Ha. Pas lui. Haletant, il n’avait qu’une seule envie : se laisser tomber sur le sol et ne plus bouger. D’ailleurs, il se demandait comme son amie trouvait encore la force de tenir sur ses deux pieds. Il se demandait aussi comment leur poursuivant faisait pour avoir autant d’endurance physique et comment il faisait pour être aussi rapide. Il s’était fait assommé et si Swallowtail possédait autant de force qu’un marshmallow mou son coup avait été assez puissant pour le mettre k.o. Et voilà qu’il était déjà sur pied.

« Dire que si j’avais été à sa place, j’aurais été sonné pour une semaine. Voir plus. »

Le feu dans ses muscles s’estompa un peu, il en profita pour juger la condition mentale et physique de sa copine. À ce moment précis, le bruit d’une chute se fit entendre. Presque paniqué, le gamin porta son attention vers la source du bruit : un mec, « Steeve » plus précisément en train de se planter face contre sol. D’abord une expression de pur confusion, il baissa les yeux pour apercevoir le pied d’Akisa dépassant de l’arbre. Non. Elle avait osé ? Qu’aurait-il arrivé si cela n’avait pas marché ? Il lui semblait que ce genre d’acte n’était pas dans les habitudes de la blonde, mais ne pensa pas utile de le commenter à haute voix. Heureusement pour eux, le poursuivant alla se perdre plus loin dans la forêt, se relevant comme si rien n’était. Eh bien, ça alors.

« Tu te rends compte qu’il aurait vraiment pu nous tuer si ton plan n’avait pas marché ? »

Sa conscience moraliste voulu prendre le dessus, mais le moment n’était pas opportun, donc il se tut. Sans qu’il ne puisse réagir, il fut de nouveau trainer. Malheureusement pour lui, ses jambes et son cœur n’avait pas encore récupéré. Ce bout de chemin s’avéra donc long et pénible. Surtout pénible à un point où il voulait l’arrêter de lui-même et gémir de son âme que plus jamais il l’a suivrait dans n’importe quel de ses aventures farfelu. Bien entendue, au début tout était amusant. Il avait pensé assister à un « vrai » cas de possession, mais ce n’était qu’une plume. Finalement, ils s’arrêtèrent au croisé des chemins. Elle lui lâcha la main et elle rigolait. Lui pas. Il avait envi de crever. D’ailleurs, il crevait de fatigue. N’en pouvant plus, il haletait, mains sur ses genoux, essayant tant bien que mal de survivre à cette pénible épreuve.

« Akisa… La prochaine fois, trouve toi un autre pigeon, dit-il lorsqu’il reprit son souffle. Se retournant vers la jeune fille, il ajouta : parce que là- »

Il haussa un sourcil. Plus d’Akisa. Nom de dieu, où avait-elle pu bien filler. Il ne restait qu’un papillon pour lui tenir compagnie.

« Tu n’aurais pas vue une petite blonde un peu trop curieuse ? S’adressa-t-il au petit papillon, sérieux de pape à l’appuie. Hmmm…»

Face à deux chemins, Akisa avait bien du en emprunter un. Mais lequel ?

« Il n’y a qu’une façon de le savoir. Il leva le doigt vers le chemin de gauche et marmonna, prenant soin de diriger son doigt vers la droite lorsqu’il changeait de syllable : Ennie Meenie Miney Moe, catch a tiger by the toe, if he hollers let him go. Ennie Menie Miney Moe.

Alors, le destin lui dit d’aller vers la droite. Mentalement décidé, ses pieds, quand à eux ne voulurent pas suivre. Il dût se forcer à avancer. Et donc, Swallowtail marcha à pas de tortue dans ce chemin qui lui semblait éternellement long, rocailleux, sale et vert. Il fallait espérer qu’Akisa ait la patience d’attendre, car le gamin prendrait du temps pour la rejoindre et encore plus s’il s’était gouré de chemin. Lorsqu’il se trouva à l’autre bout, il cru apercevoir la chevelure blonde de la gamine. Avec ce qu’on appelle l’énergie du désespoir, il courut vers elle. Oh, merci. Comme il était content de ne pas s'être trompé.

« Sérieux, tu devrais postuler pour jouer dans le prochain Mario. Tu ferais une Peach du tonnerre. En plus, elle aussi est blonde.»

Le pire, c’est qu’il était cruellement sincère. Il se permit un mince sourire. Une personne qui le connaissait bien s’aurait que malgré le ton monotone, il faisait de l’humour. Hello, humour naze à deux balles ?

« Bon ! Tu penses que si on pense de toutes nos forces à une sortie, celle-ci va apparaitre ? Ou peut-être qu’il y en a une. »

Scrutant l’endroit, il espérait voir une grande affiche où les écrits : « ICI c’est la sortie », il regarda de gauche à droite. De droite à gauche. Pointant vers un objet-chose non identifié, il s'exclama:

« OH, je pense qu’il y a un truc intéressant par là-bas. »

Parfois, il avait un mal fou à suivre sa jeune amie. Si l’on résumait les fait, elle avait choisi un chemin au hasard, et ce, sans l’attendre, ensuite quand il arrivait finalement près d’elle –quelques minutes de retard-, elle faisait comme si de rien était. M’enfin son désir de sortir au plus vite de cette endroit avait mis k-o son désir d’élucider ce « mystère ». Il avait regardé un peu partout comme à son habitude et un truc lui avait flashé sous les yeux. La chance, une boîte. Il lâcha un soupir sonore tout en posant sa main droite sur son crâne. Regard las. Ah, mais pourquoi n’avait-il pas eu de chance ? Détecter un portail magique ou il ne savait quoi l’aurait pas mal plus détendu et aurait empêché ses pieds de vouloir se détacher de son corps pour prendre des vacances. Nouveau soupir. Que c’était pénible. Que faisait Akisa durant ce temps ? Elle semblait être en extase devant la, ou plutôt, sa boîte. En effet, le petit contenant avait comme aspiré son attention.

« Comme une gamine qui déballe ses cadeaux le matin de Noël, en somme, songea-t-il. Son regard se faisant lourd. Décidément, cette escapade soi-disant épic avait commencé à porter sur ses nerfs. Et donc à le lasser. Et donc à l’emmerder. Et donc être pénible. Et donc… on est partie pour rester encore dans cette forêt. La chance. »

Puis parce que le silence se faisait légèrement lourd, il se dit qu’il était temps de briser tout ça et d’exprimer sa pensée.

« On aurait du semer champignons, comme Hansel et Grettel. Ces choses sont écœurantes, mais elles nous auraient peut-être évité de se ramasser n’importe où, annonça-t-il avec un ton de « je parle pour parler, évidemment, tu ne vas pas répondre, mais le silence, ce n’est pas hypra génial, donc laisse moi évacuer mon stresse en racontant nawak. Posant ses mains sur ses hanches, il poursuivit. Et admettons qu’on soit pris à jamais dans cette forêt. On va éventuellement crever de faim. Enfin sauf si l’autre ne nous trouve pas avant et nous achève comme une araignée torturant les mouches prise à sa toile. Donc, habituellement quelqu’un qui a faim est poussé dans une sorte de transe. Parce que c’est connu, manque de nourriture est égale à folie. Alors mon point ; le cannibalisme. Parce que si on est coincé et sans ressource, c’est inévitable que l’un de nous deux va vouloir tuer l’autre pour ensuite le bouffer pour satisfaire sa faim. Mais ensuite, le survivant va éventuellement mourir à son tour. Où je veux en venir ?»

Il fit une pause, zieutant à la dérobé la jeune fille qui devait être assurément ailleurs et qui ne devait sans doute pas prêter attention à son charabias. Si ça le soulageait, il n’allait pas se faire prier. Quittant sa position, il la changea légèrement pour que ses mains soient libres. Sa main gauche paume vers le ciel accueilli le sa main droite fermé en un poing. Face de pape à l’appuie, il fixa intensément Akisa et déclara :

« Parce que je pense que je résiste bien à la faim –tu vois, je n’ai pas bouffé de champignons et je crève de faim, mais tu es encore en vie-, alors, je crois que tu pourrais bien être celle tenté par le cannibalisme. Donc requête oblige : essaie de me bouffer proprement. J’veux dire: sans que mes viscères trainent partout. Ce n’est pas trop esthétique non plus. En plus, la forêt va possiblement t’en vouloir si t’éparpille mon sang. Tu penses pourvoir respecter ma dernière volonté ?»

Raclement de gorge. Puis, la gamine l’apostropha finalement ce fût pour lui poser une colle.

« Oh shit. »

Levant les yeux au ciel, comme si c’était plus facile réfléchir ainsi, il y songea silencieusement. Mieux valait ne pas dire n’importe quoi, après ce qu’il venait de dire. Bon, il avait bien fait le « Ennie Meenie Miney Moe », mais… il n’avait pas prit la peine de remarquer. Quel était la meilleure manière pour ne pas attiser les foudres d’Akisa ? La méthode « sparadrap » semblait être de loin la meilleure. Autrement dit, autant y aller d’un coup sec.

« Ahem… disons que… j’en ai aucune idée ? Furtivement, il s’approcha de la blondinette et lui pris le bout de papier qu’elle tenait. Ainsi, elle passerait à autre chose. L’observant abstraitement, ça ne ressemblait à rien. Il le pivota à quatre-vingt-dix degré. Rien. Ah, mais, c’est vraiment moche. »

Puis, ne voyant pas comment ce truc abstrait, pas esthétique et inutile allait les sortir de leur mauvaise situation, il le déchira en deux, puis en quatre et pour finir en huit. Finalement, le jeta les morceaux de papier par-dessus son épaule pour imiter les bons vieux clichés. Son père aurait été fier de lui, s’il avait été présent.

Regarder les différents bouts de papier s’affaisser sur le sol, un peu comme une tempête de neige miniature, l’occupait. C’était intéressant de prédire où tel bout allait atterrir et lequel allait toucher le sol avant l’autre. Prisonnier de cette cage de bois pour un long moment, sa santé en avait pris un sérieux coup. Plutôt fier de sa destruction, il ne prêta pas une grande attention à la blondinette qui avait l’air de scander tous les saints du ciel. Enfin, son insouciance s’arrêta net lorsqu’il prit la peine d’assembler les divers mots qu’il avait réussit à capter. Les mettant ensemble, le message de sa copine sonnait plus logique. Et il –le message- avait l’air cent fois plus rationnelle lorsqu’il associa la phrase nouvellement construite avec le teint cramoisi de la miss. Son expression se mixa en un mélange d’étonnement et d’incertitude. Étant l’imbécile presque heureux qu’il était, Avery Swallowtail se contenta de ne rien dire, sans pour autant son air pour un « ooooooh, alors ce truc qui fait saigner mes yeux est en réalité une carte ! » enfin, cela dit, c’était comme si le message était écrit sur son front.

Parfois, il trouvait que les changements d’humeur excessif de la blondie étaient effrayant. Il lui semblait qu’il y avait pas même deux minutes qu’elle n’était pas de bonne humeur, mais presque. Enfin, elle lui faisait penser au Dr. Jekyll et Mr. Hyde. Sans trop broncher parce que la faim lui tenaillait les intestins, il l’a laissa le traiter comme du poisson pourri. Après tout, sans son livre, si l’insulter pouvait la soulager, alors why the hell not ?

D’autant plus, il sentait que s’il lançait la moindre réplique dénuée d’intelligente quelconque, Akisa, telle une lionne affamée, lui aurait sauté dessus et aurait pris un malin plaisir à lui arracher les viscères tout en ayant en tête de le faire lentement mourir afin d’étancher ses besoins sadiques. Il allait tenter de sortir un truc logique lorsqu’elle l’apostropha de nouveau. Hésitant entre l’indifférence ou se sentir responsable de la colère de son amie, il fit comme elle dit : il se la ferma et la suivit. Donc tout le long de la route tumultueuse, il fit l’impossible : être normal et tenter de rester éveiller. Le résultat était assez marrant, tu avais une fille pas mal énervé qui traînait derrière elle un mec carrément out mentalement. Le corps faisait son possible pour suivre le rythme alors que l’esprit vagabondait. Et parce que le dieu de la paresse –s’il y en avait un- prévenait miraculeusement le rouquin lorsqu’un obstacle de taille, style tronc d’arbre, était sur leur chemin. Enfin, c’est ce qu’il –Avery- aimait bien croire, mais la cause réelle de cette chance était sans nul doute son instinct de survie qui s’efforçait d’envoyer des signaux S.O.S. au hamster qui lui servait de cerveau. Ajoutons aussi que mister instinct de survie avait bien envie de sortir et de régler son compte à cette blondie qui n’avait pas l’air de se soucier du cas du fardeau ambulant qui la suivait.

Parce qu’au bout du tunnel, il y a toujours de la lumière, les gamins ne finirent pas sortir de la « skdjalsdj » de forêt. Carrément absent, le Feather Road tenta de garder ses paupières ouvertes lorsque la voix de mamzelle Akisa lui parvint à l’oreille –elle n’avait pas parlé depuis plus de, en fait il ne savait plus combien de temps-. Son « je te pardonne » provoqua un intense clignement d’yeux répétitif. Parce qu’elle était fâchée contre lui ? Comment ça ? L’hamster courut dans sa roulette, enclenchant ainsi l’engrenage de sa mémoire : oh ouais, elle était fâchée car il avait tué sans remord la carte qu’ils avaient.

« Ah… merci ? »

Elle lui prit la main et ensemble, ils partirent enfin pour Feather Road. Encore là, ce fut une redoutable bataille mental pour ne pas qu’il tombe de sommeille. Avez-vous déjà vue un Sims qui a sa jauge de sommeille à zéro ? Oui ? Alors Swallowtail était comme ce sims. Ainsi à l’entrée de la ville, il fit quelque pas vers son chez lui adoré, mais fut rapidement apostropher par la blondie qui lui demandait, non, ordonnait de la reconduire chez elle.

« Si… si tu n’arrives plus à tenir sur tes pieds. T’imagines ce que je ressens présentement ? Juste là, mon égoïsme me dit de te laisser ici alors que moi, j’irais, ou je tenterais plutôt de retrouver mon domicile. Bah, enfin, peut-être juste dormir sur le chemin serait pas mal. »

Ses yeux fermaient tous seuls et il faisait de son mieux pour les forcer à rester ouvert. Mais en pas si gentlemen que ça, il fit un dernier effort et traîna la blonde chez elle. Dès qu’elle eut ouvert la porte de son domicile, il rebroussa chemin.

« Rentres bien, qu’elle dit… Enfin, note à moi-même, ne plus jamais partir en expédition avec une fille qui est sans ses SPM. »

Heureusement son propre chez lui n’était pas si long de celui d’Akisa –seulement deux ou trois rue d’écart-, il, avec l’énergie du désespoir, s’y rendit péniblement. Une chance qu’il n’y avait plus âme qui vive sinon n’importe qui aurait pu le prendre pour un zombie directement sortie de Silent Hill. Finalement rendu, il ouvrit avec difficulté la porte de domicile, s’en alla dans sa chambre, en prenant soin de botter tous les obstacles présents, se laissa tomber sur son lit et ne prit pas de temps à s’endormir. Laissant les corvées pour le lendemain.