La lune commence à poindre dans le ciel, mais tu ne peux pas le savoir. Tu est à l'intérieur de la grande tour de Feathers road et tu ne pense pas à regarder au travers des vitres des quelques fenêtres pour te renseigner sur l'heure qu'il pourrait être, trop concentrée sur les marches d'escalier. Avec ta grande couvertures, c'est difficile de les monter correctement, tu as déjà manqué de tomber plusieurs fois. Pour ne pas te décourager, tu te remémore ton objectif : arriver au sommet. Tu as envie d'observer la voie lactée depuis le haut de ce monument, t'allonger sous une supposée grande coupole en verre, regarder les étoiles et rêver. Tu pense que si tu trouve quelque chose de satisfaisant là-haut, tu reviendra peut-être avec Avery si le spectacle est assez beau. Tu lui raconterais comment les boules de feu dansent dans ton esprit pour organiser un magnifique ballet loufoque et utopique. La montée sera peut-être dure pour lui, feignasse qu'il est, mais si les choses sont de l'éclat espéré, tu n'hésitera pas à te muscler pour le porter jusqu'au dessus. Rêvasser sans pouvoir partager, désormais, ce n'est plus vraiment rêver pour toi. Tu préfère raconter, comme tu peux, tout ce qu'il se passe. Partager avec cette personne qui a également un monde imaginaire.

Une marche, puis l'autre. Petit à petit tu t'élève un peu plus dans cette structure mystérieuse. Tu ne t'es toujours pas rendue compte de l'heure qui commence à devenir tardive. Les intérieurs sont trop bien éclairés et comme tu es assez petite tu n'as pas envie de te mettre sur la pointe des pieds pour atteindre un hublot. Tu commence à avoir mal aux pieds, tu n'as pas opté pour les bonnes chaussures pour une longue balade. C'est vrai qu'au départ tu voulais juste visiter un peu le quartier des plumes, mais que ton périple avait dévié dès que tu avais aperçu cette intrigante tour. Tu t'étais alors dirigée vers elle en sautillant, sachant que depuis le dessus tu aurais une vue imprenable sur les étoiles. Toujours est-il que tu souffres des talons alors tu n'as d'autre choix que de t'asseoir sur une marche pour récupérer. Tu te plonges alors dans maintes et maintes réflexion sur ta vie ici, si tu voudrais récupérer ton existence, si tu risques d'aller en prison si quelqu'un te retrouve. Soudain, une douce odeur te tire de tes pensées. Cette senteur tu la connais par cœur, tu l'a déjà eu dans le nez des centaines de fois. La bave te viens à la bouche, tu sens tes yeux se clore à moitié. C'est apaisant et appétissant à la fois : il y a un fruit pas loin. Une pomme pour être plus précis.

Ni une, ni deux, tu te relèves, oublies ton mal de pied et te précipites dans les escaliers. Par miracle tu ne tombes pas et te rapproches dangereusement de l'origine du doux parfum. Tu arrives dans une salle qui semble faire l'intermédiaire entre deux séries d'escaliers. Là, tu trouve l'origine du bien. Il y a un petit garçon qui tient la fameuse pomme entre ces mains. Vous êtes seuls. Ton regard se fige sur le fruit, la bave afflue, tu ressemble à un chien enragé. D'un voix semblant sortir du fond des ténèbres pour les autres, mais juste du fond de ton estomac pour toi, tu annonces :

- ... Pomme !

Spoiler:

Connais tu le nom de ce fruit? Ca s'appelle une pomme, va savoir pourquoi. C'est rond, enfin à peu près rond...même si il en a des plus allongés, des plus cabossés et toujours de taille différente; comme il y en a de différentes couleurs : rouge, jaune, vert, et parfois de plusieurs à la fois. Le goût aussi change de l'une à l'autre : plus sucré, plus amer; et surtout d'une variété à une autre. Il y en a même des velus! Et puis selon l'espèce, elle est plus utilisé dans les tartes, dans les crumble, faite au four ou en yaourt, dans une salade de fruit, en sorbet, en arôme, en sirop, en jus, en confiture, avec des endives du fromages et des noix, avec simplement des noix, avec du miel... il y a encore telement de façon de faire. Mais simplement comme ça, manger cru, avec les mains, sans la peler ou l'altéré d'une quelquonque façon, c'est comme ça qu'on les reconnait le plus facilement : ce fruit s'appelle une pomme!

Bref, cette pomme, rouge, très rouge d'un côté, moins de l'autre, plutôt vert. Une belle pomme en tout cas, grande, pas très lisse et ronde, mais à l'air tout de même appétissante. Cette pomme donc, est dans une main. Une petite main, plus petite que la pomme, une main d'enfant et pourtant une main toute habimé, trop habimé pour l'âge qu'elle porte. Et cette main, qui la porte? Un petit garçon, un petit blond tout mignon. Et ce garçon, il porte autre chose, un nom : Kanou.

Donc on a une pomme dans la main d'un petit garçon, et forcément on arrive à la conclusion, avec ce que j'ai dit plus haut, que Kanou, le blondinet en question va la manger! Et bien...C'est ça.

Bon j'arrête de parler pour ne rien dire. Kanou était venu ici pour... aller dans les hauteurs, ses arbres ne lui suffisaient peut être plus, ou juste une envie de changer d'air? En tous cas, il était là, avec l'intention d'aller en haut, voir les étoiles, respirer l'air frais, sentir le vent soufflait sur ses joues et dans ses cheveux... Et il avait commencé à monter il y a peu et avait fait un pause dans ce lieu intermitant. Et là il avait pris sa pomme et avait croqué dedans faisant resortir l'odeur exquise de sa chair et de son jus.

C'est alors qu'on entendit des pas venant des escalier, et là, une petite fille, d'à peu près le même âge. Mais une petite fille qui fit flipper Kanou. Elle bavait et son ventre faisait des bruit bizarre. Elle avait plus l'air d'un monstre miniature, que d'une petite fille. Il eut d'ailleurs un mouvement de recul en voyant cette bête enragée... Puis un bruit qui resemblait à une voix humaine sortit de sa bouche :

-Pomme...

Kanou ne comprit pas le marmonement de la fille. Il était toujours immobile à se demander ce que c'était que cette chose, et surtout ce qu'il devait faire. Quand il vu un pied de l'adversaire bougé dans sa direction, il prit sa décision, et s'enfuya! Il se mit à courrir en direction de l'escalier et commença à escalader les premières marches.

A peine eu-tu prononcé le nom de ton fruit ô combien convoité que l'individu tentait une fuite. Tu es certaine que l'écho n'a pas eu le temps de lui parvenir vu la taille de la pièce alors tu conclus que c'est ton apparence qui lui fait peur. Tu te demandes ce qu'il se passe sans constater le filet de bave qui pendouille lamentablement sur le bord de tes lèvres. Pour connaître le fin mot de l'histoire et surtout avoir une petite chance de planter tes crocs dans la chair juteuse de cette merveilleuse pomme avant qu'elle ne soit complètement dévorée, tu te lances à la poursuite de l'individu.

Il est rapide, le bougre. Tu n'as pas traversé la salle de repos que déjà il a disparut dans les profondeurs obscures d'un escalier. Ni une, ni deux, tu t'engages corps et âme dans cette course effrénée. Tu es une paresseuse, tu t'en souviens très bien, en tant normal jamais tu n'accepterais de courir de la sorte, mais il s'agit là d'un cas de force majeure. Au bout de l'effort il y a ce que tu aime le plus au monde après ton beau barde : un fruit. Qui plus est une pomme. Cela fait longtemps que tu n'en a pas mangé, au moins trois jours. En ce moment seules des cerises arrivent au creux de tes mains sans que tu ne comprenne vraiment pourquoi. En vérité tu comprends très bien que tu les as encore volées, mais tu ne veux pas l'admettre sinon tu risquerais d'en parler aux autres et ils te puniraient. Les punitions c'est souvent physique et fatiguant, ou pire on te priverait de ces aliments que tu aime tant. Tu serais au bord du gouffre, condamnée à suivre un régime alimentaire normal, tu ne survivrais pas plus de quelques jours. Quelqu'un que tu connais retrouverais ta dépouille dans un coin de ta chambrée au pensionnat de Bloody Lane.

Enfin bref, tu cours sans avoir peur du noir parce que tu n'as peur de rien sauf des adultes. Alors c'est pas un mioche qui a l'air encore plus petit que toi qui vas t'effrayer par son comportement étrange. Et puis fuir comme ça c'est stupide. Premièrement parce que ça fatigue. Deuxièmement parce que s'il veut sa pomme pour lui tout seul il suffit de le dire. Et dernièrement parce qu'une fois arrivé au sommet de la tour il n'aura de toute façon plus aucune échappatoire et il aura l'air bête.

'Fin bon, courir dans le noir comme ça en ayant pour seule compagnie des bruits de pas c'est pénible alors ta couverture décide de venir mettre un peu de piment dans l'affaire. Elle n'a peut-être pas décidé, mais toujours est-il qu'elle te fait une petit blague, sûrement pour qu'il se passe quelque chose parce qu'elle s'ennuie. Toujours est-il que soudain tu te prends les pieds dedans, tombes, et te mets à dégringoler les escaliers dans le mauvais sens en te faisant mal un peu partout. Rien comparé à la brûlure que papa a pu t'infliger, mais tout de même, "ça fait bobo". Au passage tu fais un boucan à réveiller les morts pour peu qu'il y en ait quelques uns enterrés entre les murs. On ne sait jamais, les gens auraient pu ne plus avoir de place et un jour, dans un de tes rêves, tu as vu quelqu'un se faire enterrer entre des plaques de placo alors pourquoi pas ?

Arrivée une bonne dizaine de marche plus bas, tu arrives à te stabiliser et stopper ta chute. Ton dos te fais mal, tu dois avoir quelques bleus. C'est pas grand chose, mais tu te mets à pleurer. Pleins de larmes coulent le long de tes joues et l'on peut entendre des cris sans réelle forme venir de tes cordes vocales. Tu es tellement peu habituée à les faire jouer que lorsque tu hurles cela ne ressemble à rien. Certains peuvent peut-être rapprocher ce bruit de celui d'un créature mythologique se faisant percer la panse, mais personne ne l'a jamais entendu réellement pour certifier qu'il s'agisse bien du même son. Tu ne pleure cependant pas parce que la douleur est trop forte, que tu as une vertèbre de démise ou je ne sais quoi, non, tu chouine comme un nouveau né parce que dans ton état et avec le retard que tu as pris tu ne reverra jamais cette pomme bien juteuse tant convoitée. D'ici à ce que tu rattrape l'inconnu maintenant, il aura eu tout le temps de la manger jusqu'au trognon !

Alors tu te caches la tête dans la vilaine couverture que tu chéries tant et tu pleure comme une madeleine, assise sur les marches froides de cet escalier. Tu compte bien attendre l'inconnu ici jusqu'à ce qu'il se décide à quitter cette tour et donc repasser par ici pour qu'il culpabilise de te voir dans cet état.

[pas terrible, terrible, désolée]

Il n'entendait plus que leur souffle haletants et leurs pas précipités dans la pénombre des escaliers. La créature s'était lancé à sa poursuite comme l'aurait fait une bête affamée, et lui courrait le plus vite qu'il le pouvait avec ses petites jambes vers un endroit qui ne lui offrait aucune autre issue que le ciel.

D'un coup la course stopa dans un bruit inquiétant : le bruit d'une chute. Kanou s'arrêta net en l'entendant, le souffle court, se demandant ce qui c'était passé. Dans un silence étouffant, l'idée qu'elle s'était fait mal résonner dans sa tête, c'était pour ça qu'elle avait arrêté de le poursuivre, c'était la seule explication, si ce n'était plus grave... il chassa cette dernière pensée qui lui était trop douleureuse, une mort accidentelle lui rappelat trop son père.

C'est alors, que surgit des profondeurs de l'obscurité, un cri s'éleva. Tout ce qu'il y a de plus singulier, on sentait qu'il était melait d'eau, de douleur, et surtout de dépit. Prudemment, le garçon s'avança lentement vers lui, glissant sa main sur le mur rond, et arriva enfin dans son dos.

Elle pleurait, assise pathétiquement sur les marches grises et recouverte de sa couette comme une enfant qu'elle était. Lui restait presque caché, regardant cette forme qui lui fit de plus en plus pensé à un animal donc le pelage serrait cette couverture. Alors, même s'il savait pertinament que c'était bien une petite fille, il l'a prit comme animal, et se mit à réfléchir dans ses termes. N'ayant aucune répulsion pour tous autre animal que l'homme, il se décida à prendre soin de cette être comme il le faisait pour ceux de la forêt ou de l'animalerie, et se demanda ce qu'il pouvait faire pour cette pauvre bête.

Il se souvint alors son air affamé qu'elle avait au début, la bave qui lui coulait littéralement de la bouche en le voyant, le grognement incompréhensible qu'elle avait prononcé, et puis... de sa pomme. Il se sentit idiot, très idiot même, en regardant cette pauvre pomme dans laquelle il avait enfoncé ses ongles lors de la course-poursuite. Elle avait faim, avait sentit l'arôme du fruit et avait voulu en manger, voilà ce qui s'était passé, voilà ce qu'il n'avait pas compris telement il avait été surpris et désorienté par son arrivé soudaine.

Il s'avança alors un peu plus, et lui tendit le fruit cause de tout les malheurs, comme ceux d'Adam et Eve.

[Désolé!! Je l'avais fait y a un moment mais apparement j'ai oublié de poster, en plus comme j'étais pas trop connecté ses derniers temps j'ai pas vu que je l'avais pas fait! Désolé!]

Les larmes coulent le long de tes joues, tu es comme une citerne à eau salée qui se déverserait dans les escaliers de la tour. Il y en a jusque dans ton cou à l'intérieur duquel tes cordes vocales s'efforcent de pleurer. Elles n'y sont plus habituées, dans ta couverture tu ressembles à une bête ; une créature violette surmontée de poils bruns. Une sorte de monstre. Tu te demandes si le fuyard t'a entendue, s'il va bientôt redescendre, s'il te laisseras longtemps ainsi. Tu as tout ton temps de toute manière, cela fait tellement longtemps que tu n'as pas crié que tu as de l'énergie pour durer des heures entières. De longues heures où l'observatoire de Feather Road sera hantée d'une chose toute droit sortie des entrailles du manoir de Bloody Lane.

Doucement, tu entends des pas qui se rapprochent timidement. Le garçon revient vers toi, c'est lui, tu le sais car tu renifle la douce odeur de pomme. Tu la sens se rapprocher petit à petit jusqu'à arriver prêt de ta tête. Là seulement tu songes à te tourner pour être face à l'inconnu. Ta vue est embrouillée par l'eau qui se promène dans tes yeux, mais tu distingues très bien le fruit convoité juste sous ton nez. Esquissant un petit sourire de satisfaction, tu frotte le mouillé avec ta protection mauve. C'est bon, tu y vois clair et, sans te soucier du bonhomme qui la tient, tu t'empares du trésors sans demander si tu as vraiment le droit et le serre contre ton cœur.

L'humain vers qui tu lance désormais un regard reconnaissant à l'apparence d'un petit garçon qui doit à peu prêt avoir ton âge. Il a de beaux cheveux blonds comme de l'or et des yeux tout bleus comme les tiens. Même s'il est sur des escaliers, tu peux à peu prêt juger qu'il est plus petit que toi. La seule chose que tu trouves étrange chez lui, c'est qu'il ne semble pas te regarder comme on regarderais un être humain. C'est autre chose, mais tu ne peux définir quoi, et tu n'es pas assez concentrée pour réfléchir sur le sujet. Tu as une chose délicieuse entre les mains et tu t'apprêtes à la dévorer. Tu en oublierais presque la formule de politesse, mais ton désir de sociabilité te remets à l'ordre au dernier moment. D'une petit voix encore tremblante d'avoir autant pleuré, tu dis :

- Merci...

Après avoir adressé un sourire reconnaissant à ton bienfaiteur, tu croque goulument dans la pomme déjà entamée sans te demander si l'autre avait vraiment fin avant de te l'offrir. De toute façon maintenant que tu l'as avalée, il ne peut plus rien faire. Elle est dans ton petit bidon et tu ne compte pas la faire ressortir de sitôt.

Tapotant sur ton petit ventre désormais un peu rond, tu t'assieds correctement sur les marches, face à l'ex-fuyard. Tu es contentes qu'il ne s'enfuie plus, mais n'a pas une once de remords pour avoir dévoré ce qui était peut-être son casse-croute sous son nez. Tu lui tends la main tout en l'invitant à s'asseoir pour te présenter.

- Chrysanthème Dicentra... Contente connaître... Toi ?

Cette phrase n'est pas du tout structurée, mais tu considère que la plupart des gens peuvent comprendre ce que tu tente de dire par là. Ce n'est pas très compliqué puisque tu as réussit à placer les mots clefs de la phrase normale. Tu es assez fière de toi puisqu'avant tu ne parvenais pas à aligner deux mots et que, désormais, tu arrive à mieux t'exprimer. Tu songes qu'avec un peu d'efforts tu devrais arriver à parler presque normalement avec tout le monde et cette perspective te rends très heureuse. Ton barde sera certainement très fière de toi et ne manquera pas de te donner quelques cerises pour te montrer son contentement. La seule chose qui te fais peur c'est qu'ensuite il s'éloigne... Si c'est le cas, tu ne manqueras pas te retomber dans ton mutisme exprès.

Un animal ou un être humain? Je sais un être humain est un animal, mais il y a une différence majeur entre un homme et un animal, c'est le cerveau. Mais pour Kanou c'est un peu différent, un animal c'est une petite -ou grosse- chose dont il faut s'occuper, un être humain, c'est un être traumatisant, effrayant, qui blesse, qui est fragile et cruel, un être donc à éviter à tout prix. Mais ici, c'était un peu plus compliqué pour lui. Il avait à la fois l'impression d'avoir un animal, et un être humain devant lui. Il avait un peu de mal à se suivre lui même...

Comme un animal, elle se frotta les yeux de son pelage, puis sans demander son reste, attrapa le fruit avec rapidité, et le garda contre sa poitrine pour s'assurer qu'on ne la lui reprendra pas. Tout cela sans s'encombrer de la politesse humaine si délicate et compliqué qui aurait demandé bien plus de lenteur.

Puis elle tourna son regard vers Kanou, reconnaissante, et malgrès une manifeste envie de s'attaquer tout de suite à son repas, l'humain surgit de cet animal sous la forme d'une chose appelée voix, et politesse et reconnaissance, bref : un merci. Un merci tremblant et peu sonore, mais un merci quand même accompagné d'un sourire dans le même ton. Il fut un peu choqué de ce côté humain accompagné.

Mais ce passage fugitif est bien vite oublié quand elle avale avec délice sa pomme, le blondinet revoyait alors une grosse bestiole mauve auquel il avait presque envie de s'attacher.

Et alors que cette vision s'imposait de nouveau à lui, elle se remit en mode humain, s'asseyant avec plus de convenance et sortant des profondeur de sa couette une petite main, plus grande que celle du garçon et moins habimée aussi, pour la lui tendre, dans un mouvement qui l'invitait à la rejoindre sur sa marche. Les yeux de celui-ci s'ouvrir grand, et il eut un mouvement de recul devant cette chaire, cette peau, et cette parole humaine.

-Chrysanthème Dicentra...Contente connaître...Toi?

Enfin parole humaine... ressemblant à une parole humaine vu la syntaxe laborieuse.
Compréhensible certe, mais incorrecte.

La confusion régnant dans l'esprit du blondinet, il décida d'arrêter de se casser la tête et de rester dans une position “cette chose est un animal parlant”. Après tout, il est vrai que certains animaux savent parler -même s'ils ne savent que répéter la plupart du temps- et d'autre comme certains singent, s'exprimer avec un “language”, celui des signes. Pourquoi sur cette île où il y a des animaux si étrange que des lunatics n'y aurait il pas de créature tel que celle que se trouvait en face de lui.

Et puis, une réalité insconsciente, malgrès sa peur des humains et relations humaines; étant lui même humain, et donc comme tous ceux de cette espèce; il avait un besoin de sociabilité, le besoin de se rapprocher de quelqu'un, ou d'au moins d'un animal, le besoin de vivre, quelque chose qu'il avait preque arrêter de faire en se cloitrant la journée dans sa forêt loin de tous contact.

Il refusait de s'approcher plus, et était même tenter de reculer, mais d'un autre côté, il hésita à répondre. Puis, détournant les yeux, ses lèvres s'ouvrirent pour laisser passer deux faibles syllabes :
-Kanou...

Le garçon à qui tu venais de te présenter de la manière la plus correcte que tu puisse le faire te paraissait très étrange. Il te fixait avec ses deux grands yeux bleus hésitants. Il n'avait peut-être pas envie de te répondre ; cela n'était pas très gentil après tous les efforts que tu avais fait pour lui parler. Il ne pouvait pas savoir le mal que tu avais pour t'exprimer, mais comme tu es une enfant tu ne peux que lui en vouloir pour ce manque de politesse envers toi. Tu fronces un peu les sourcils pour lui exprimer ton mécontentement, tu ne vas pas gaspiller le peu de salive dont tu disposes pour une personne de cette espèce et t'apprêtes à te lever pour partir quand tu entends une toute petite voix murmurer :

- Kanou...

Ta tête tournes dans tous les sens autour de toi : d'où peut bien venir ce son ? Evidemment tu ne te dis pas une seule seconde que la personne qui vient de parler n'est autre que celle qui t'as donné la pomme. Tu te lèves, tournes un peu dans les escaliers, lances des regards interrogateur au garçon qui se trouve là, poses ton oreille contre le mur pour écouter au cas où que se soit lui qui parle... Rien.

Enfin ton esprit de déduction qui, pour le coup, était légèrement amoindri et mit dans le fameux petit coin poussiéreux de ta tête que tu nomme "grenier des choses oubliées" t'annonce que la voix ne peut venir que du petit garçon qui se trouve être la seule présence humaine du coin. Mécontente d'avoir été tournée en ridicule ainsi devant lui, tu donne quelques coups de poings sur le haut de ton crâne, histoire de tout secouer là dedans. Sûrement l'ours enragé que tu as combattu l'autre jour et que tu voudrais oublier dans le grenier sera ressorti de son carton après tous ces chocs, mais ce n'est pas grave tu pourras le vaincre facilement. Tu as la technique maintenant.

- Kanou... Comme nougat.

Voilà, c'était la seule chose que tu trouvais à dire. C'est vrai que si on inverse les syllabes du nom ça peut y ressembler, mais quand même... Enfin c'est toujours mieux ça que de ne rien dire. D'ailleurs il faudrait penser à enchainer si tu veux qu'il se passe quelques chose car parler de nougat n'allait pas être très passionnant.

- Préfère cerises... Mais peut pas s'appeler...

Tu mis un temps à réfléchir à ce que tu allais dire parce que comme tu as déjà du mal avec les mots qui existent et que tu avais déjà prononcé dans ta vie, tu en baves avec ceux que tu dois inventer même s'ils sont bien juste là, dans ta tête.

- Sérice !

La conversation n'a pas plus d'intérêt maintenant, mais comme tu as douze ans et que tu es visiblement en retard sur les gens de ton âge à cause de ton histoire, tu te contenteras de cela pour le moment malgré le fait que tu ais beaucoup de choses à dire. Il faut aussi laisser l'autre parler un petit peu.

Curieuse, tu regardes le garçon étrange sortir un petit cailloux blanc et dessiner avec sur la pierre. Tu te souviens, tu faisais ça aussi avec tes amis lorsque tu allais encore à l'école. C'était drôle, mais il y avait toujours quelqu'un pour marcher dessus, frotter ou gribouiller vos œuvres. En plus, quand vous vous plaigniez à la maîtresse elle vous grondait car il ne faut pas dessiner sur les marches ou les murs de l'école. Ensuite c'était la fin de la récrée et vous deviez rentrer en classe. Entre temps il pleuvait et les traces de craie étaient totalement effacées à tout jamais. Kanou dessine actuellement quelque chose de circulaire, un fruit. Oh oui un fruit ! Un grand sourire illumine ton visage lorsque tu compris de quoi il s'agit : une jolie petite cerise. Il sait bien les dessiner.

- Là c'est rouge.

Effectivement sur une vraie la peau serait toute rouge, mais là c'est tout gris puisque c'est sur une marche. Tu gardes cette réflexion pour toi même étant donné que tu possède assez d'imagination pour voir la denrée en trois dimension, comme si tu pouvais la toucher, l'attraper et la manger. Tu tends la main vers le dessin et pose délicatement tes doigts dessus. Elle est toute plate, ce n'est qu'un dessin. Tu es un peu déçue, mais tu t'y attendait alors tu soulève ton bras et te rend compte que tu as abîmé la création. Un petit cri d'horreur s'échappe de ta bouche, la dessinateur va être fâché. Tu t'empresses de lui montrer un visage désolé, ne sais plus où te mettre. Tu descends quelques marches puis en remontes. Ta danse dure un petit moment avant que tu ne songes à te tourner vers la victime de tes actes pour lui dire :

- Désolée !

Le tout avec une petite courbette. Tu sais que c'est grave ce que tu as fait. Combien d'enfants as-tu disputé, voir frappé parce qu'ils avaient détruit une de tes œuvres sur pierre ? Combien de fois es-tu rentrée chez toi la rage au ventre ? Ces réactions sont puériles, mais tu es une enfant alors elles sont normales. Personne ne peux t'en vouloir pour ça. Le seul problème c'est que quand tu te rends compte de l'impact que ces choses insignifiantes ont sur toi, tes réactions sont excessives ; comme maintenant.

Après t'être excusée de cette manière, tu suppose qu'on ne peut pas t'en vouloir encore alors tu passes cet épisode pour faire autre chose. Tu désignes à Kanou le haut des escalier d'un mouvement de menton, pour lui demander s'il sait ce qu'il y a au dessus, si ça vaut le coup et s'il veut bien venir avec toi. Pour qu'il comprenne et que la conversation ne devienne pas plus un dialogue de sourd qu'elle n'est déjà, tu ajoutes :

- On monte..?

Sur ces mots tu lui tends la main. Tu espères qu'il la prenne en signe d'approbation, que vous marchiez jusqu'au dessus ; peut-être en riant. En chemin vous joueriez à sauter les marches deux par deux, tu te casserais la figure à cause de ta couverture, mais tu rigolerais quand même. Se cogner en présence d'une personne que l'on apprécie fait plus souvent rire que pleurer. Tu t'avances beaucoup car tu ne connais pas ce jeune garçon, si ça se trouve il te déteste, il ne voudra même pas te toucher. Qui sait ?

[Désolée du retard >_<]

Elle le regarda comme si une lampe se trouvait dans sa bouche, illuminée gourmandement, pas de doute, il avait réussi son œuvre...si on peut appeler ça une œuvre. Elle tendit la main comme pour attraper le fruit, mais c'était peine perdu, c'est comme le coup de la pipe, ce n'est pas une cerise, c'est la représentation d'une cerise. Et quand elle le vérifia par le touché, effleurant de ses petits doigts tout mignons la pierre, la déception se lit sur le visage.

Kanou observait, il suivait ses petites choses allongées typiquement humaine, et sursauta en entendant le cri de la créature. Il tourna sa vision des doigts au visage d'où le son s'était échappé, un son résonnant comme le cri de quelqu'un qui venait de faire une bêtise, accompagné du visage désolé qui allait avec la culpabilité de son acte. Un acte si insignifiant pour Kanou, prenait un tout autre tour pour Chrysanthème, ce qui mettait encore entre eux une incompréhension, minime cette fois. Il réfléchissait à l'impact que pouvait avoir le fait d'effacer un dessin sur le sol. Il devait retourner dans le passé, et penser à se qu'il se passait avant dans cette endroit qui n'avait plus vraiment eut d'importance pour lui depuis la mort de son père. Du plus loin qu'il se souvienne, justement quand il était vivant, il avait déjà vécu ce genre de situation, comme tout enfant, et effectivement, on avait tendance à s'énerver quand cela arrivait... D'où sa réaction d'enfant “normal”, enfin ce mot est relatif, surtout vu le personnage et la suite de sa réaction.

Elle se mit à exécuter une petite danse qui surpris on-ne-peut-plus le garçon, descendant et remontant les marches avec panique, jusqu'à ce que celle ci se calme. Alors les mots que l'on attend dans ces cas là sortent, suivit d'une courbette, chose peut habituelle pour un français comme Kanou, qui en gros comprenait quand même l'essentiel.

Puis, changement de direction, elle se mit à désigner le haut de cette tour plus haute que tous les lieux de cette île, ce sommet qui donne l'impression d'être les maîtres du monde, et surtout d'être libre. Et te tendant une main amicale, elle demanda :

- On monte..?

Elle s'avança dans sa démarche, faisant reculer le blondinet qui jusqu'à présent ne faisait que regardait. Il vit bien que cela la peinait, mais c'était plus fort que lui, il ne pouvait pas, être touché c'était beaucoup trop pour lui. Il se leva, et prononça faiblement des mots quelque peu inhabituels pour lui, même si celle qui se trouvait en face ne pouvait s'en rendre compte :

-D'accord...

Commençant à se tourner pour avancer, il dit un peu plus fort pour que l'animal puisse l'entendre, mais sans la regarder :

-Je peux pas toucher...la peau.

Oui bon d'accord dit comme ça, ça fait un peu bizarre, mais ne faisons pas attention à la tournure, car la réalité était bien dans cette phrase, et aussi précise possible. Il ne pouvait pas touché la peau, et c'est pour ça qu'il pouvait caressait un animal, ou une plante, mais pas prendre la main d'un humain. Mais... c'était la première fois qu'il le disait... Les rares qui s'en était aperçus ne l'avait pas apprit par sa bouche, mais par ces réactions plus que disproportionnées quand on s'approchait de lui, et pire quand on réussissait à le toucher. Cet... aveu était il le signe d'un changement profond chez le garçon?

Au fur et à mesure que tu t'approches pour qu'il prenne ta main et que vous montiez tous les deux, côte à côtes, comme des camarades ; lui s'éloigne. Tu décèles de la terreur dans ses yeux, comme si tu étais soudainement devenue un abominable monstre prête à le dévorer. Tu avances d'une marche, il recule d'une. Bien qu'il t'ai dit qu'il était d'accord pour grimper avec toi, tu doutes de ses paroles à cause de cette répulsion apparente. Tes sourcils se froncent, tu attends et exiges des explications immédiates.

-Je peux pas toucher...la peau.

Tu comprends tout de suite mieux, il doit certainement être allergique à la peau des autres. Tu n'as jamais entendu parler d'un truc pareil, mais comme toi tu ne supporte pas le plâtre et que ça te fait des boutons partout, tu suppose que l'on peut bien avoir la même chose avec tout ce qui existe. Une de tes anciennes copines ne pouvait pas manger de fraises ou elle tombait très, très malade. Tu t'es toujours demandé comment une maladie aussi ignoble pouvait exister, mais tu viens de trouver pire alors... Voilà, l'allergie à la peau est classée première des choses que tu ne veux surtout pas qu'il t'arrive.

Après avoir monté quelques marches, tu fais suivre à Kanou de te suivre. Avec cette distance entre eux deux il ne risque pas de se retrouver couverts de boutons. Toute contente de ne plus monter toute seule, tu sautilles dans les escaliers comme une biche dans la montagne. Un grand sourire est présent sur tes lèvres et parfois un ou deux petits rires s'échappent de ta bouche. Enfin tu retrouves la sensation d'une cour d'école, celle où tu n'allais plus et que tu avais tant regretté.

- Contente...

Tu arrives dans une salle semblable à celle où ton camarade croquait dans sa pommes précédemment. Déjà fatiguée, tu lui fais signe que tu as besoin d'une pose et t'assied sur un petit banc mit là exprès pour. Bien installée, tu désignes à Kanou la place à côté de toi. Tu espères qu'elle ne sera pas trop proche de toi et qu'il pourra s'y installer sans que cela réveille ses allergies. Se serait affreux qu'il se retrouve couvert de boutons ici. D'abord parce que faire venir un docteur ici serait pénible et ensuite parce que cela te forcerait à descendre et monter les marches deux fois plus qu'il ne le faut.

Tu voudrais prononcer une phrase toute bien construire, mais tes cordes vocales encore faibles t'en empêchent. Ce n'est pas que tu n'as aucune bonne volonté, juste que c'est vraiment trop difficile... Mais un jour tu y arriveras. Avec l'aide de tous les gens que tu connais et aime sur Esplumoir, tu seras capable de faire de bons discours. Pour le moment tu n'as d'autre choix que d'utiliser cette plume ô combien utile que tu as obtenue à ton arrivée sur l'île. Tu fais donc des signes de doigts dans l'air et écrit ainsi sur le sol :

- N’ai pas peur, c'est juste ma plume. Je voulais te dire que j'étais heureuse de pouvoir m'amuser avec toi dans cette tour. C'est comme si je retournais dans la cour d'une école pour jouer avec mes camarades. Ça fait longtemps. Ça fait du bien.

Une très légère fatigue se faisait ressentir dans ce petit bout de membre que tu agitais dans l'air, comme des petites fourmis. Tu aurais pu en écrire plus long, mais c'est tout ce que tu avais à dire pour le moment. En plus comme tu étais déjà fatiguée à cause de l'ascension de cette tour, si tu commençais à abuser de ta plume tu n'avais pas finit de souffrir. Certes ton pouvoir ne te pompait qu'une partie minime de ton énergie, mais tout de même ; tu es une bonne graine de feignasse !

Après avoir lu ton petit message, ton nouvel ami eu l'air un peu triste. Tu ne compris pas pourquoi et relu ton message plusieurs fois pour essayer de comprendre. Tu n'avais pourtant pas dit de bêtise, c'était bizarre de le voir réagir ainsi. Peut-être avait-il lui aussi quelques mauvais souvenirs de l'école et que ces derniers dominaient sur le reste. Si c'était vraiment le cas, il allait falloir que tu t'excuses car tu venais de blesser ton premier camarade depuis longtemps.

-Je ne vois pas comment je peux être amusant comme une cour d'école...

Il est certain que la comparaison entre une chose généralement faîte de bitume et un être humain pouvaient ne pas être flatteuse ou facile, mais tu ne comprenais pas le ton un peu renfrogné qu'avait pris Kanou pour te le dire. Peut-être qu'en fait il n'appréciait pas ta présence, que tu le gênais et que, si toi tu le considérais comme un nouvel ami, il ne te voyais que comme une enquiquineuse de fond.

-D'ailleurs est ce qu'une cour d'école est vraiment si amusante ?

Ton idée qu'il n'avait pas de bons souvenirs de l'école se confirmait dans cette phrase. Tu ne répondis rien dans l'immédiat, te contentant de faire balancer tes pieds dans l'air, un peu gênée. Tes lèvres se pincent, tu ne sais pas quoi répondre et tu n'as plus vraiment envie d'écrire. Se serait comme si ce n'était pas vraiment toi qui le disait. Alors tu te lèves, passe ton doigt sur le sol pour que quelque chose s'écrive, mais pas des mots, seulement des tirets. Toute une série de tirets qui suivent la ligne de ton doigt. Voici une marelle qui apparait. Les marelle c'est rigolo, il y en a dans les cours d'école. Tu la dessine pour répondre à la question. C'est amusant parce qu'il y a des jeux, mais dans les parcs aussi il y en a. Il faudrait que tu puisse représenter les camarades, ces gens si lointains qui ont fini par t'abandonner dans un coin de cet endroit si amusant.

- Il y a des jeux... Et des gens... Amis.

Tu t'assied sur l'endroit que l'on nomme "ciel", les jambes tendues vers l'avant, la tête emplie des bons souvenirs que tu avais avec tes amies. Plus tu te souviens, plus le temps avance et un jour... Un jour tu es toute seule. Les camarades ne veulent plus de toi, la cour devient un enfer, tu ne veux plus y aller, tu ne l'aimes plus. Tes yeux se figèrent sur un point invisible du sol, ta lèvre trembla. Ces souvenirs te ramènaient toujours vers quelque chose de désagréable, tu ne voulais pas mettre le doigt dessus, il ne fallait pas. C'est en rapport avec papa, mais qu'est-ce qui lui est arrivé à papa ? Tu ne savais pas, tu ne savais plus, tu ne voulais pas savoir.

- Des amis... Tous partis...

Une petite larme vint se loger au coin de ton œil droit, tu l'essui bien vite d'un revers de doigt. Tu ferma les yeux, efface complètement la marelle. Ce n'est pas drôle, pars lorsque l'on est toute seule. Tu te relève et retourne t'asseoir à côté de Kanou, la tête basse.

- Tu as raison, pardon.

Tu t'installais plus confortablement, les mains logées contre ton ventre. Ta respiration était encore haletante, tu espérais que le garçon n'ait pas remarqué le moment de détresse dans lequel tu t'es trouvé quelques instants plus tôt.

[Wah je suis désolée d'avoir mis autant de temps et en plus c'est pas terrible et je suis sûre que j'ai fait n'importe quoi avec les temps... *va mourir plus loin xD*]

Il était encore perdu dans ses pensées, il n'entendit pas le silence gêné qui planait, ou plutôt n'y faisait pas attention.... Sa propre question le perturbait, une mémoire lointaine essayait de resurgir...

Il fut attirer par le changement de comportement de la fillette. Elle se leva, et créa sur le sol une forme familière aux cours d'école : une marelle. Ce passé sans intérêt d'après Kanou, se fit de plus en plus proche dans son esprit... Des souvenirs tellement doux s'était enfuit, les beaux temps d'un petit garçon heureux et innocent, si insouciante... Qui était ce petit garçon ? Était ce vraiment lui ? Tout cela semblait si différent, si irréelle.... Comment tout pouvait autant changer en si peu de temps ?

- Il y a des jeux... Et des gens... Amis.

Oui ! C'est vrai, il y avait tout ça ! Des rires, de la joie... Alors il avait su s'amuser ? Aujourd'hui, il ne sait plus ce que c'est que tout ça, il ne se souvenait plus, à quoi bon ? Ressasser les bons souvenirs n'était que plus douloureux. On se souvient de la suite de l'histoire, et le contraste n'en est que plus frappant. Joie, tristesse ; bonheur, malheur ; rires, pleurs ; confiance, désespoir...

Sa lèvre tremblait, il la voyait. Il l'avait regarder faire : se lever, dessiner, s'asseoir, parler et se perdre à son tour dans ses pensées, ses pensées qui semblaient se rapprocher de celles de celui qui se trouvait devant elle... S'il ne faisait pas attention à ses propres sentiments tout irait bien, il ne montrerait pas ses faiblesses, il ne serait pas vulnérable...

-Des amis... Tous partis...

Une larme, accroché désespérément. « Na tombe pas » telles devait être ses pensées.
Elle aussi, elle avait souffert.
La solitude.
Elle aussi elle y avait été poussé, on l'avait rejeté, et elle avait vécu seule, avec son malheur. Lui s'y était enfermé, volontairement, mais ce n'est pas pour autant qu'il n'en souffrait pas. Pour la première fois depuis cette accident, il se sentait proche de quelqu'un d'autre que sa mère. Il essaya de chasser cette affectivité naissante, se cacha le visage dans ses genoux tandis que la marelle disparaissait, comme leurs enfances arrachées. Elle se leva et se remit à côté de lui.
A côté de lui.

- Tu as raison, pardon.

Comment une fille qui avait l'air si insouciante, si différente de lui il y a quelques secondes, pouvait elle être si proche tout d'un coup ? Son sourire n'était il qu'une apparence ? Un masque ? Ou alors était elle sortit de cette solitude ? Avait elle réussit, là il n'y arrivait pas ? Et s'il décidait...de la suivre ? N'avait il pas déjà commencer dans ces escalier ?

Alors que dans cette position elle avait l'air si faible, mais alors qu'il avait vu ses yeux mouillées, elle lui semblait si forte...

Il se leva d'un coup et monta les marches en courant. Il ne pouvait pas ! Il n'était pas fort lui ! Tout seul il ne pouvait pas ! Il avait peur ! Tellement peur ! Peur de s'approcher des autres, peur que son passé recommence, peur de perdre encore ce qui lui était cher, d'être de nouveau impuissant, de se faire blessé encore une fois par ces personnes qu'il ne connaissait pas ! Plus jamais tout ça ! Il préférait fuir éternellement plutôt que d'avoir à subir tout ça de nouveau !

Mais alors pourquoi ?! Pourquoi avait il ce désir ?! Ce besoin refoulé de se rapprocher de quelqu'un ? Ce besoin de plus en plus pressant ! Ne s'était il pas promis de ne vivre que pour sa mère, la seule personne qui lui restait?Il n'avait besoin de rien ! Tout ce qui comptait c'était elle ! Son bonheur ! Quitte à servir de défouloir ! Quitte a ne plus jamais être aimé ! Quitte à rester seul pour toujours !

Était ce vraiment ça ?

Il aurait du comprendre ce jour là, quand il s'est fait agressé par lui... S'il se moquait vraiment de lui, pourquoi aurait il eut peur ? Pourquoi se serait il défendu de toutes ses forces ? Appelant secrètement sa mère au secours, dans son cœur...Il voulait être puni non ? N'étais ce pas ça ?

Puni pour avoir survécu au lieu de son père ! Puni pour avoir fait souffrir sa mère ! C'est pour ça qu'elle le battait, et c'est pour ça qu'il a rencontré ce pédophile ! C'est pour ça qu'il devait être seul et souffrir ! Sinon, pourquoi ?

Il devait être seul !
*C'est ma punition *

Les étoiles apparurent, illuminant l'obscurité, sublimant l'immensité et...la solitude. Si lointaines, si nombreuses, si différentes, si lumineuses...

Ne se voilait il pas la face ? N'y avait il vraiment que peur et culpabilité ? En réalité ne voulait il pas que quelqu'un lui tende la main ? C'était déjà arrivé pourtant, mais il les avait repoussé. Pavel, Arès, Faith... Il s avaient essayé, mais il n'avait pas été capable de les accepter, de donner sa petite main tremblante, de faire confiance. Il ne pouvait pas faire confiance, pas après ce qu'il avait vécu.

Pourtant, une petite voix en lui, cherchait toujours à le faire, mais il ne pouvait pas, il s'enfuyait encore et encore... Aujourd'hui encore, il désirait au fond de lui que Chrysanthème l'ai poursuivi, qu'elle le rattrape. Et du haut de cette tour, il serait coincé pour de bon, il ne pourrait plus fuir.

*Ne vient pas ! Ne me suit pas ! Laisse moi seul !*

Une larme coula, descendant doucement le visage d'une petite créature faible, effrayé, blessé, en proie avec des sentiments contradictoires. Et la petite voix pleurait faiblement, comme une prière aux étoiles.
*Ne me laissez pas seul...*

Il les entendit, ses pas.
Il se retourna, pleins de frayeur, et quand à son tour elle surgit de l'obscurité, quand elle s'avança éclairée par le ciel, il recula. Toutes ses pattes se dressèrent comme rempart, il devint une boule de poils hérissés, le visage inondé :

-N'approche pas ! Ne me touche pas ! Ne me fait pas de mal !!
*Ne me laisse pas seul*

Assise sur ce banc, tu te sens soudainement seule. Ton esprit se noie dans une masse sombre familière. Tu l'as déjà explorée de fond en comble, il n'y a pas si longtemps que cela. Tes jambes s'enfoncent à l'intérieur. Le noir opaque t'empêche de voir où elles atterrissent. Tu commence à ressentir de la peur, cet inconnu-ci te fais autant peur qu'un adulte. Peut-être est-ce leur monde de l'autre côté. Toi, tu es traînée vers eux. Tu sais pourquoi, mais ne veux pas le savoir. L'enveloppe t'arrive désormais à la taille. Des mains se posent sur tes jambes et te tirent plus bas. Se sont ces gens qui t'ont fait tant de mal. Après t'avoir rejetée comme une pestiférée, il veulent te tirer vers le bas, te rappeler ton crime. T'accrocher pour ne pas tomber dans cette souffrance. Autour de toi il y a de quoi faire. Tu commence par tendre les doigts vers Kanou, lui qui est à côté de toi. Si tu parviens à la toucher, tu pourras te dire qu'il existe, que tu n'es plus toute seule. Comme si tu avais oublié toutes les autres personnes avec qui tu as créé des liens sur cette île. L'allergie à la peau te passe par dessus la tête, tu es sur le point de l'atteindre.

Il se lève et part en courant. Tu ne comprends pas cette réaction, a une forte envie de pleurer qui te vient. Il est peut-être un fantôme ; fantôme qui te rappelle ta condition. Le garçon disparaît dans les escaliers montant vers le sommet de la tour. Tu restes quelques secondes assise, sans bouger. Te demandant à quoi servirait de le poursuivre. S'il s'en est allé ainsi c'est qu'il doit te détester. Après tout il ne t'avais rien demandé, et toi tu es venue faire la folle autour de lui. Une gêneuse. Un élément perturbateur, une chose que l'on ne veut pas, qui ne sème que des mauvais sentiments.

Assassin.

Tes jambes t'ordonnent de courir et sortir d'ici. Tu commences par te diriger vers la sortie, voulant descendre les escaliers quatre à quatre, respirer l'extérieur, te rappeler que tu n'es plus seule. Rien n'arrivera sur cette île. Le monde d'où tu viens n'existe plus. Tout ce qu'il s'y est passé n'a plus d'importance. Aujourd'hui ton acte de naissance stipule que tu viens de cette plage où tu as reçu ta plume. Tu as toujours vécu à Bloody Lane, tu n'as pas de parents. Il faut te mettre cela en tête. Ta parole n'a plus aucune raison d'être bloquée. Te raccrocher à ton "passé" ne sert à rien, il ne vaut plus rien.

Alors pourquoi ce fantôme ?

Tu dois absolument savoir, sinon tu ne sera jamais libérée, tes cordes vocales resteront nouées à jamais. Tu fais un demi tour et avance lentement dans les escaliers empruntés par Kanou quelques instants plus tôt. Finalement, tu te demandes s'il n'est pas juste un enfant qui souffre de son "passé", un peu comme toi. Doucement, au fur et à mesure que tu monte les marches, tu vois réapparaître tes pieds. T'élever vers les étoiles t'aide sortir de cette masse noire. Ou peut-être est-ce te de rapprocher de l'autre enfant.

Une nouvelle salle. La dernière. Les premières choses que tu remarques sont les étoiles. Resplendissantes, elles brillent au travers du dôme en verre et t'aveuglent. Leur lumière te parait salvatrice, comme si ce qui allait se passer ici annonce une sorte de dénouement, ou du moins une partie. Le garçon est là, il semble avoir dressé une barrière devant lui. Un mur infranchissable qui te fait frémir. T'ôte cette assurance dont tu t'étais parée lors de ton ascension.

- N'approche pas ! Ne me touche pas ! Ne me fait pas de mal !!

Faire du mal. Cette idée qui ne t'avait même pas effleuré l'esprit hérisse tout ton être. Jamais tu ne voudras reproduite ce qu'on pu te faire les autres. Si tu en crois ton expérience personnelle, la réplique de Kanou est contradictoire. C'est la solitude qui fait du mal. Alors peut-être que cela sera douloureux au début pour lui, mais tu décides de ne pas t'en aller comme il te le demande. Un pas après l'autre, tu te diriges doucement vers lui jusqu'à te trouver toute proche. Une dizaine de centimètres de plus et tes pieds entreraient en contact avec les siens. Là, tu t'assieds sans le toucher. Tu restes en face de lui un moment, comme ça, sans rien dire. Réfléchissant à la meilleure attitude à avoir sans pour autant mentir et jouer un rôle. Les mensonges c'est bon pour les adultes. Tu n'en es pas une, tu n'en seras jamais une.

Une idée te viens, tu laisse glisser ta couverture violette le long de ton corps pour qu'elle atterrisse sur tes jambes. La moitié du tissus est utilisé pour te couvrir à partir des genoux, le reste se frotte contre le sol au rythme de la danse de tes petites chaussures sur un petit air populaire que tu fredonnes. Le genre de son dont on ne se souvient jamais le nom, mais dont la musique est gravée dans notre tête. Tu fixes Kanou avec un petit sourire sur les lèvres. Implicitement tu l'invites à partager ta couverture, chose qui ne te serais jamais venu à l'esprit avant. Il ne fait pas chaud ici et il fait nuit, il doit avoir un peu froid aux jambes. Ainsi tu ne le touches pas, mais partage tout de même. Tu ne le laisse pas seul. Si tu lui accordes ton trésors, tu lui donne également ta personne pour être à ses côtés. Tu es très forte.

L'envie de chanter te prends, peut-être pour apaiser l'esprit du garçon. Tu prends la première qui te viens, même si elle n'est peut-être pas adaptée. Certes elle évoque la mémoire et certains doux souvenirs qu'il ne faudrait pas oublier ou créer ; mais c'est surtout que tu l'as apprise il y a peu et souhaite entraîner ta voix un petit peu. Bizarrement tu n'es pas gênée en présence du garçon. Certainement parce qu'il te ressemble.

- Pray to heaven with a song, as the winds caress me...

Tu continues de pousser ta voix sans ressentir aucune contrainte. La chanson ne fonctionne pas de la même manière que le reste pour toi. Cela ne sont pas des vraies paroles que l'on adresse à quelqu'un, cela peut couler. Et puis cela prouve que tu n'es pas une adulte car "les adultes ne peuvent pas chanter".

- here are sweet memories, they live all around us...

A cette partie de la chanson tu t'arrête, pour ajouter quelque chose directement adressé au garçon :

- Ou peut-être pas encore... Mais on pourrait le faire ?

Tu sous-entends par là que vous pourriez devenir amis et vous créer de beaux souvenirs, un jour. Ainsi, s'il n'a encore que des mémoires tristes, Kanou pourrait se remémorer des jours heureux. Cette perspective te fait sourire, mais retrouver le silence.

Spoiler:

Un pincement continue de te prendre au cœur : Kanou pleure toujours. Tu ne sais pas si c'est de ta faute, mais comme tu ne vois pas trop d'autres raisons, sur le moment, tu te dis que tu es au moins un peu fautive. Peut-être que tu es allée trop loin, que tu t'es montrée trop prétentieuse et engageante. Tu ne sais rien de son passé et tu oses lui dire que tout peut changer. Sa peine doit être bien plus dure que la tienne. Tu supposes, tu ne sais pas vraiment. Quelques indices t'ont été donnés depuis votre rencontre, mais tu n'es pas détective, tu peux les interpréter de travers. Il pleure toujours, tu ne peux rien faire. Voir ces larmes couler te fais de la peine alors que toi, idiote, tu souris niaisement.

- Faire... Des souvenirs ?

Tu es intimement persuadée que c'est possible. D'ailleurs à chaque instant il s'en fait, des souvenirs. Après on peut un peu diriger pour qu'ils soient bons ou mauvais. Partir en promenade avec quelqu'un que l'on connait, que l'on aime, a plus de chance de donner naissance à de bons souvenirs que d'y aller avec un parfait inconnu ou quelqu'un avec qui on a eu de gros différents. Certes c'est l'occasion de se réconcilier avec la dernière personne, mais comme rien n'assure le succès de l'opération, si le but et de pouvoir se remémorer la journée avec le sourire, il vaut mieux opter pour la première solution. Du moins c'est ton avis.

- Je ne peux pas faire quelque chose comme ça... Je ne peux rien faire...

Cette phrase te replonge dans des souvenirs un peu noirs. Toute seule dans ta chambre. Tu te demande maintenant ce que tu voulais y faire. Te cloîtrer n'était pas la solution pour aller mieux, tu l'as toujours su. Alors peut-être étais-ce tout ce que tu avais trouvé pour ne pas aller plus mal. La solution de la fuite qui au long terme fait souffrir, exclu encore plus. C'est vrai que tout seul on ne peut rien faire, tu en a fait l'expérience. Lorsque tu es arrivée sur l'île ton passé s'est effacé grâce aux gens, amis ou non, que tu as rencontré. Des nouveau souvenirs ont venus se superposer et tu as finit par te dire que, finalement, ce passé n'était pas plus mal que cela. Sans lui tu ne serais peut-être pas là aujourd'hui et ces gens qui t'aiment ne t'auraient pas apprécié comme maintenant parce que ton caractère aurait sûrement été différent.

Tes pieds continuent de danser mollement sous la couverture, créant des remous sur l'étoffe. Tu ne sais pas trop comment formuler ton idée de solitude qui empêche de faire. Ne pouvant donner une affirmation, tu préfères essayer la question.

- Peut-être... Non.

Tu n'oses pas et te sens un peu ridicule après la belle assurance que tu viens de montrer. Ta bouche se referme, les mots ne veulent plus s'assembler et sortir. Comme si tu as peur des oreilles de Kanou, qu'elles pourraient capter quelque chose que tu ne veux pas dire.

- On est pas tout seuls.

Un seul souffle pour prononcer cette courte phrase qui est pourtant beaucoup pour toi. Si tu as réussit à surmonter tout cela c'est grâce à tes vrais amis, ceux hors du monde imaginaire car si tu aimes beaucoup le barde et qu'il parvient presque toujours à te rassurer, rien ne vaut les bras chaleureux d'une vraie personne appréciée.

Silencieusement, tu attends une réponse, rêvant de voir ces petites larmes cesser de couler sur les joues du garçon ; espérant qu'il puisse partager ton point de vue, même si cela te semble être une douce chimère.

-Si, je suis seul.

Les autres moment peut-être, tu n'es pas là pour le voir, mais maintenant non. Tu existes, tu es bien là devant lui et tu l'apprécie. Il n'est pas tout seul. Sûrement t'as-t-il fermé la porte de son coeur, considérant que tu n'as pas à entrer dans son espace, qu'il ne te considère pas comme quelqu'un avec qui il est. Cela te rend un peu triste car tu aimerais vraiment pouvoir devenir l'amie de Kanou. Il ressemble à ce que tu étais il y a encore quelques temps et tu voudrais l'aider à s'en sortir, redevenir joyeux comme tu peux l'être aujourd'hui. Ou du moins quelque chose qui y ressemble. Il pourrait trouver sa propre joie si tu l'aides un peu, peut-être. Oui, il y a des chances. Alors tu vais aider ce garçon de toutes tes forces, pour remercier ceux qui t'ont tendu la main à ton arrivée sur l'île.

Faiblement, hésitante, tu réponds finalement :

- Je suis là...

Tu espère qu'il ne va pas le prendre au négatif, s'outrer que tu oses te croire si proche que cela. Assez pour considérer que, lorsque tu es là, il est sorti de sa solitude. Alors que tu ne sais rien, tu ne connais rien de lui. Seul ton instinct te dit que vous avez vécu des souffrances similaires et ne les avez certainement pas appréhendées de la même manière. Pourtant tu prends le risque afin de pouvoir l'aider.

Ta main ne se tend pas vers lui pour illustrer l'aide que tu lui propose. Cette technique basique a déjà du être utilisée et refoulée par la passé. De plus elle est trop souvent usitée, elle en devient banale, sans importance. Son symbole de réconfort et encouragement sincère est perdu. Tu te contente de lui adresser un sourire chaleureux, tu tentes de le faire ressembler à celui de ta mère, lorsque tu rentrais à la maison après l'école. Lui seul te faisais tout oublier et tu n'avais qu'une envie : te blottir auprès de cette douce lumière pour t'y sentir bien.

- Demain... Il y a un endroit où... Tu aimes ?

La fatigue te prends. Toutes ces marches montées sans y penser ont épuisées toutes les forces que tu avais acquise dans ton dernier sommeil. Jusqu'ici tu as bien tenu, mais tes paupières deviennent soudainement lourdes. Tu te frottes les yeux, tu ne veux pas vraiment te laisser emporter maintenant. Kanou risque de ne pas te prendre au sérieux et tu n'entendras pas sa réponse à ta question. Surtout que tu espère pouvoir lui demander s'il voudra se balader là-bas avec toi demain.

Tu te sens partir, alors tu prends les devant et énonce la fin de ta proposition avant l'heure prévue :

- Une ballade...

Tu t'allonges ensuite sur le sol, les yeux encore ouverts. Les dalles sont froides, mais tu es habillée chaudement alors ça va, c'est mieux que ton parquet en débardeur lorsque tu étais dans ta chambre. Tu garde ta couverture sur toi, sans t'enrouler complètement dedans. Tu ne veux pas avoir l'air recroquevillée sur toi-même et ainsi donner l'impression que tu te ferme complètement au jeune garçon. Tes yeux luttent pour ne pas se fermer. Il arrive que la fatigue te prenne ainsi, d'un coup, toujours au mauvais moment. Certes il est tard, mais tu pourrais tout de même t'entraîner pour tenir un peu plu longtemps !

Ta vision devient floue, l'image du garçon s'efface peu à peu. Tu ne peux plus qu'entendre, en attendant une réponse.

HRP:

-Je suis là...

Une petite voix, presque un murmure... Kanou écarquilla les yeux, regarda celle qui avait prononcé cette phrase. Un phrase si simple, qui pouvait paraître si évidente. Oui, elle était là en ce moment, physiquement à côté de lui, c'était presque un pléonasme.

Mais dans les oreilles qui l'avait entendu, elle sonnait très différemment. Dans son cœur, elle rebondissait comme un écho, le touchait plus profondément qu'il ne l'aurait cru. Dans ses yeux elle fit naître une étincelle bien différente de celle de haine ou de peur qu'il avait put avoir ces dernières années... Un espoir renouvelé.

Il n'osait relevé son visage, voir que c'était bien une réalité, qu'elle l'avait bien dit... Mais il le fit, tout doucement, en retenant sa respiration, comme pour ne pas briser quelque chose d’extrêmement fragile, qui pourrait se briser, s'effondrer au moindre souffle. Elle était bien là, et son sourire pleins de tendresse répondait à toutes ses inquiétudes. Elle était bien là, et elle l'avait bien dit.

Il pleurait encore, il ne pouvait plus s'arrêter, mais cette fois ci, c'était des larmes de soulagement. Il n'avait pas rêvé. Un douce chaleur se répandait en lui, une chaleur qu'il croyait ne plus pouvoir connaître, comme un hiver qui aurait trop duré, et qui commençait à fondre sous les premiers rayons printaniers. Le froid reviendrait sûrement, et la glace ne fonderait pas aussi facilement et aussi rapidement que cela. Mais au fond de lui, une petite graine poussait sous cette lumière chaleureuse, et il sentait que quelque chose allait changer, doucement mais sûrement.

Il n'était plus seul dans l'obscurité et le froid.

- Demain... Il y a un endroit où... Tu aimes ?

Alors qu'elle cherche à te poser sa question, elle semble prendre conscience d'elle-même, de sa propre fatigue. Comme si le fait de l'avoir accepté, avait fait tomber toutes tensions. Lui aussi le ressentait comme ça, et la fatigue le prit en même temps. Il lui semblait ne jamais avoir été aussi fatigué... C'était bien évidement faux, mais jusqu'à présent, même dans les états de somnolence les plus extrême, même pendant son sommeil, il n'avait jamais baissé ses défenses. Toujours sur le qui-vive, angoissé, stressé, prêt à se remettre sur ses pattes à la moindre alerte... Ici et maintenant, tout ça n'existait plus. Il avait tout laissé tombé par terre,et avait ouvert son cœur meurtri pour la première fois, sous un ciel de poésie et de rêves. Cet état de détente inédit, lui faisait prendre conscience de sa fatigue, et une envie de laisser aller l'accompagné.

- Une ballade...

Ce mot sonnait si bien dans cette immensité lumineuse. Une ballade parmi les étoiles, une ballade magique.
Alors qu'elle s'allongeait doucement pour rejoindre le pays des rêves, ses paupières lui semblèrent lourdes, très lourdes. Il avait envie de faire comme elle, de s'allonger, et de tout abandonné, pour rejoindre les bras de Morphée, pour une nuit de merveilles, pour une nuit d'innocence et d'oublie.

-Hum, demain...

Il répondait à la question, sans vraiment de précisions. Mais c'était suffisant pour dire que demain serait une belle journée, une journée où pour la première fois il irait faire une ballade amical, avec quelqu'un, un premier pas vers une vie nouvelle qui le libérerait, ou le mènerait vers la fin de toutes lumières.

~~OxoxOxoxO~~

Doucement il ouvrit les yeux. Les premiers rayons du soleil l'avait réveillé et leur chaleur l'avait réveillé. Il ne se souvenait encore de rien, mais il lui semblait avoir bien dormit, mal grès les dalles dures sur lesquels il s'était assoupit. Il avait du mal à sortir des vapes, et se releva lentement, regardant le levé du soleil. C'était un spectacle magnifique. Il avait déjà vu des aurores du haut de cette tour, mais c'était la première fois qu'il lui semblait le voir. Il n'avait jamais put l'apprécié jusqu'à présent, mais dans cet état de vide intérieur il réussissait enfin à le percevoir, à s'en remplir, à l'admirer tout simplement.

Quand les couleurs orangés du ciel disparurent pour ne laisser que du bleu et une éblouissante lumières montantes, il tourna enfin la tête. Près de lui était endormie une petite fille. Tout lui revint alors, et il se releva d'un coup, surpris. Surpris de ce qui s'était passé la veille, surpris de voir que ce n'était pas un rêve, et enfin surpris de voir qu'il avait pour la première fois depuis ce qui lui semblait une éternité, dormit sans inquiétude.

Mais maintenant que le coup de l'émotion était passé, maintenant qu'une nuit le séparait de ce qui s'était passé, il trouva cela encore plus incroyable. Pourtant, il devait bien se rendre à l'évidence, c'était bien la réalité.

Il était confus. Confus par lui même, ses réactions inconnues, ses sentiments peu clairs... Était il soulagé ? Ce sentiment pouvait il encore exister chez lui ? Et puis ces peurs, ces préavis revinrent au galop, ne faisant que l'embrouiller d'avantage. Il avait peur ? Était content ? Il ne savait plus, il ne comprenait plus. Ce n'est pas comme si tout était clair auparavant pour lui, loin de là. Mais il réalisait sans l'admettre encore tout à fait, que pour une fois dans son nœud intérieur des sentiments positifs était mêlés. On ne guérit pas en un soir une vie de souffrances, mais quelque part, un peu de bien avait apaisé sa douleur.

Essayant de démêler ce nœud trop emmêlé pour lui, il ne se rendit pas compte que le temps passait, et que l'autre enfant se réveillait. Quand il aperçut enfin les deux saphirs posés sur lui, il sursauta légèrement. Puis il détourna les yeux un peu gêné, ne sachant ni que dire, ni qui faire... Il avait peur, de nouveau, il s'en rendait bien compte, mais décida de ne pas lui cédait cette fois ci. Finalement il dit faiblement :

-La forêt...

Il espérait qu'elle comprendrait ce qu'il voulait dire, qu'il voulait parler de la ballade qu'elle avait proposé quelque heures auparavant. Ces mots lui avait déjà demandé beaucoup, il ne savait pas s'il pourrait être plus clair, ou ne serait ce que répéter ces deux mots si difficilement prononcés. Il avait l'impression d'être compressé, il était effrayé par cette présence qu'il avait pourtant accepté. Mais il ne pouvait pas s'en empêcher, c'était plus fort que lui. Et puis une nouvelle peur était apparut, celle de faire fuir celle qui l'avait la veille accueillit dans sa vie. Il avait l'impression que c'est ce qui se passerait s'il s'enfuyait maintenant, alors il luttait de toutes ses forces pour ne pas laisser ses jambes courir vers la sortie, et ne pas montrait son affolement. Mais ses saphirs à lui était trop expressifs pour ne rien laisser passer.

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