Hum, comment raconter ce qui s'est passé ce soir là... Pour commencer, il faut que j'avoue une chose importante, je n'ai jamais cru aux fantômes. A la réflexion, c'était fort stupide de ma part.
Lorsqu'on débarque mystérieusement sur une île tout aussi mystérieuse et qu'on se retrouve, du jour au lendemain, affublé d'un pouvoir magique, ne pas croire au surnaturel est tout de même un peu idiot...
Mais, il faut bien avouer que les histoires de fantômes, loups-garous et autres vampires qui scintillent, c'était tout de même un peu tiré par les cheveux.

Plus tôt dans la soirée, alors que j'en discutais avec quelques habitués de la Brasserie de l’Épouvante, ceux-ci m'avaient mis au défi d'aller voir par moi-même si les fameux fantômes existaient ou non. Plein de témérité, j'avais accepté d'y aller et les avais prévenus qu'ils me devraient une tournée si je conservais mes convictions après ça.

Arrivé sur place, j'avais été accueilli par une porte grinçante dans le plus pur style "film d'horreur des années quatre-vingt" et l'avais poussée pour aboutir sur un plancher dont les grincements surpassaient encore ceux de la porte. Tout cela était tellement cliché que je ne pus m'empêcher de rire. Cette baraque avait tout d'un piège à touristes, seul point étrange, tout de même, il n'y avait aucun touriste à Esplumoir...

Soupirant sur le fait que je risquais certainement plus de me casser une jambe à cause d'un trou dans le plancher que de rencontrer un spectre, je poursuivis ma visite des lieux, allumant ma lampe torche histoire d'éviter les trous tant redoutés.
C'est alors qu'un personnage transparent aux allures d'enfant de huit ans apparut et me fit signe de la main, avant de fuir à l'étage.

- Hé ! Attend !

Certainement un gamin déguisé qui devait prendre plaisir à effrayer les visiteurs, mais je devais m'en assurer histoire de prouver à ces trouillards de la brasserie que j'avais raison et eux tort.
N'écoutant que mon inconscience, je me lançais donc à sa poursuite, gravissant les marches quatre à quatre afin de le rattraper.

Je le trouvais debout, sur le pallier, il semblait m'attendre et me fit un geste vulgaire avant de me foncer dessus. Souriant devant cette tentative, je m'apprêtais à le réceptionner sans mal, mais... il me passa à travers !
Un courant glacial me parcouru l'échine au moment où le contact aurait du avoir lieux et... pouf ! Il était derrière-moi. Surpris, mais toujours aussi dubitatif, je l'interpellais :

- Sympa ton truc, une Plume de passe-muraille, je suppose ?

Il sembla un moment contrarié que sa tentative de m'effrayer n'ait pas fonctionné. Certes, ça pouvait certainement marcher avec quelqu'un qui y croyait, mais j'avais vécu dans un monde trop rationnel pour considérer que des choses aussi improbables que les fantômes puissent exister.
Néanmoins, désireux de ne pas trop gâcher son jeu, je lui demandais :

- Admettons que tu sois un fantôme, pourquoi es-tu là ? Et qu'est-ce que tu attends de moi ? Si c'est une partie de foot, il va falloir que tu deviennes un poil plus tangible, parce que là excuse-moi, mais c'est mal parti.

Il me tira la langue, puis me fit signe de le suivre et repartit vers l'étage supérieur. Décidant de me laisser guider par cet enfant qui aurait déjà du être couché depuis un moment, je parvins à une porte entrouverte que je poussais dans un grincement pour tomber nez-à-nez avec une jeune fille blonde beaucoup plus substantielle que le second habitant des lieux.

- Hum... Bonsoir ?

Évidemment, le garçon avait disparu et je trouvais douteux qu'il se soit transformé en une demoiselle apparemment aussi surprise que moi par cette rencontre impromptue.

Je vous ai déjà dit que j’aimais les choses glauques. J’ai toujours été très extasiée en entendant des histoires qui font peur. D’ailleurs je me souviens, plus j’avais peur, plus j’aimais ça. Une sorte de masochisme ? Hmm … pas vraiment. Mais je m’en suis tellement mangé de l’horreur dans mon enfance que maintenant je suis immunisé. Je me targue d’être courageuse et ce n’est plus ces contes pour enfants qui vont me faire plier les genoux. D’ailleurs, on m’a dit qu’a Bloody Lane ; la maison hantée renfermerais des tas de poupées. Je vais aller jeter un coup d’œil …

La blondinette avait terminé son travail. Elle avait attendu le soir avec impatience ; et quand enfin, ce fut le cas ; elle sortit dehors, s’étirant dans un mouvement. Un seul … gracieux et élégant a la fois. Mais … c’est la même chose n’est-ce pas ? Les couleurs vermeils dans le ciel venait juste d’apparaitre. Des taches et des mélanges colorés domptait les cieux et donnaient aux nuages des reflets arc en ciel … Des moutons couleurs aquarelles se poussaient en troupeaux là-haut. La lune ; alors que le ciel gardait son ton clair, était déjà la reine.

Un coup de main dans les cheveux, un pull et la voilà parti pour cueillir cette fleur d’éphémère qu’est la beauté d’une aventure dans un lieu légendaire a la tombée de la nuit. Temps magnifique. Elle verrouilla la porte de sa boutique et se mit en route, le pas sur et indépendant. La clarté de son visage blême semblait s’allier a la lune maintenant haute dans l’atmosphère. Autour d’elle ; tout semblait figé. Comme si la nuit était lente a venir … trop lente. Un sourire aux lèvres et sa bonne humeur la forçait a oublier les étoiles se dessinant progressivement dans le firmament multicolore.

En haut d’une colline, elle prit le temps de regarder le sourire se coucher. Elle soupira. La nuit tomba enfin. Un petit vent frais se leva et ses dents claquèrent, raisonnant dans la nuit. Une luciole semblait la suivre, lui accordant un peu de lumière. Les environs étaient neutres et fades, dénués de couleurs. A part ce rouge … le pigment dominant dans les environs. Et ce noir … ces ténèbres qui nous entourent constamment a vous engloutir dans le néant. Ou étaient les fleurs ? la vivacité du colorant ? Mais elle dut bien s’avouer que la beauté la laissait .. tout doucement. Tout ce qui finalement ressemblait a la perfection l’étouffait. Elle désirait s’évader, profiter … vivre. Et elle allait le faire ce soir.

Toutes les attitudes a avoir … les querelles. Les bonnes manières, prendre soin de son extérieur. Elle allait pouvoir se concentrer sur autre chose pour une fois. Mais les bruits de la nuit semblaient briser a terme sa témérité. Elle prit sur elle en se mordant la lèvre inférieur, faisant claquer ses petits talons au sol, fredonnant une chanson qui lui venait a l’esprit. Puis la joie revint sur son visage au bout de quelques minutes. La peur fut plongé dans l’oubli … Les poupées a la peau de porcelaine l’attendaient. Elle sautillait a l’avance en s’imaginant les perles rares qui s’y trouvaient.

Elle accéléra le pas. Les ténèbres du firmament engloutissaient déjà tout. Il fallait qu’elle trouve cette maison. Le froid qui l’entourait et qui se frottait a elle lui arrachait quelques larmes. Liquide stagnant au sol. Puis elle atteint la maison. La lune faisait guide de lampadaire et éclairait la colline ou se trouvait la bâtiment maudit. Le parquet craquait a chacun de ses pas. Elle continua a fredonner sa chanson pour se rassurer. En fait, elle semblait avoir plus peur que prévu. Le stoïcisme est éphémère. Il se brise devant la réelle force de l’adversaire.

Un bruit. Un son. Un craquement. Un sursaut. La douce enfant leva les yeux vers les escaliers qui se manifestaient devant elle. Elle décida de les franchir après une grande inspiration. Quand elle eut atteint le premier ; elle crut entendre des voix, des murmures. Mélodie des sirènes entrainant Ulysse dans leur piège … la hardiesse du héros y résistant, s’attachant au mât pour ne plus bouger. Mais Cassidy n’est pas une héroïne, c’est une pauvre fille qui se met dans des situations délicates. Et puis les sirènes chantent si bien … qu’on a envie de les suivre. Ou sont-elles, diablesses ? Damnation ! Juste là .. Les yeux de la douce se fermèrent et elle se laissa bercer. D’un pas hypnotisé, elle se dirigeait vers la pièce au fond du couloir.

En entrant elle vit une rangée de poupées. Mannequins parfaits a la peau lisse. Son émerveillement brisa l’hypnose et les murmures cessèrent quand quelqu’un jaillit de la porte. Un rouquin … encore cette couleur dominante. Quand elle se rendit compte qu’un homme était là. Elle cria. Un cri qui résonnait dans la maison. Sa surprise venait la prendre au cou. Elle s’étranglait elle-même. Bizarre ; non ? Ses dents claquèrent. Puis elle le reconnu. Il avait un visage familier. Quelque chose qui appartenait a son passé. Un passé douloureux ? Non, juste frustrant. Elle plongea ses prunelles dans les siennes. Sans dire un mot. Le silence était roi et voulait tout dire. Mais elle finit par craquer et dans un sourire chaleureux, elle vint briser ce mutisme.

« Qu’est-ce que vous faites là ? »

Question stupide évidemment. Elle ne pouvait pas s’en empêcher. Et ce vouvoiement la désespérait, même en étant libre, elle était prisonnière de ces règles. La douce enfant recula un peu pour laisser de l’espace entre les deux êtres. Le temps d’un soupire, elle ouvrit la bouche pour prendre la parole a nouveau.

« vous m’êtes familier, c’est fou. J’vous ai déjà vu. Mais ou ? Mais quand ? J’m’en rappelle pas. »

Tout lui disait quelque chose. C’était inévitable. Ça allait être une nuit d’enfer. Enfer ; maison hanté. Haha. Il est beau le jeu de mots hein ? Ouai, j’sais il est nul … mais bon. Comme elle dirait : La manière dont on imagine est souvent plus instructive que ce qu'on imagine.

Où en étais-je déjà ? Ah oui, la blondinette ! Sa première réaction fut de me hurler dessus, la surprise, je suppose. De ce que j'en savais, je n'étais pas encore assez horrible d'aspect pour terrifier autrui, donc ce devait être ça. Ce qu'elle confirma en se reprenant doucement et en me demandant finalement ce que je faisais ici.

- Je suis ici à cause d'une sorte de pari, on m'a mis au défi de prouver qu'il n'y a pas de fantômes dans cette maison. A ce sujet, tu n'aurais pas vu un gamin, d'environ huit ans, quelque peu transparent ?

A la réflexion, cette question était vraiment très saugrenue, mais elle n'y répondit pas tout de suite, se contentant de mentionner le fait que j'avais quelque chose de familier. Je penchais la tête sur le côté pour mieux l'examiner. En effet, j'avais une impression de déjà vu. Étrange que je ne m'en rappelle pas, une fille aussi mignonne ça ne s'oublie pas normalement. A moins que...

- Cela doit remonter à quelques années, à Londres, je suppose ?

Mauvaise période. C'était celle où j'avais commencé dans le milieu du crime... Une cliente, peut-être ? J'avais refourgué les saletés qu'on me payait pour vendre à tellement de gens qu'il était un peu difficile de se rappeler chaque visage.
Réfléchis, Isaac, tu es la personne avec la meilleure mémoire dans toutes celles qu'a connu ta courte vie. Une blonde, bourgeoise vu sa façon de me vouvoyer, j'avais effectivement dealé dans des quartiers un peu plus huppés sur la fin, durant une courte période. Des gens qui voulaient de l'herbe...
De l'Amnesia, livrée par Van Vuygen, notre importateur hollandais. Ah voilà !

- Tu es... Cassidy, c'est ça ?

Une de ces petites princesses de la haute qui noyaient le désespoir de leur vie trop facile dans la drogue. C'est drôle comme les gens sont incapables de remarquer toutes les bonnes choses qu'ils possèdent avant qu'on ne les en dépossède.
J'entrais dans la pièce et allais m'installer près de la fenêtre, allumant une cigarette plus par habitude que pour une quelconque autre raison. Je tirais une ou deux bouffées, le temps de rassembler mes pensées.
Le gamin que j'avais croisé était-il réellement un fantôme ou tout cela n'était-il qu'une sorte de mise en scène ? Et pourquoi m'avait-il guidé vers elle ? Quel intérêt pouvait-il avoir à ce que je retrouve cette fille qui m'avait connu en de plus sombres jours ? Et elle, quelle était la raison de sa présence ? De ce que j'en savais, à moins d'être un peu spéciaux, il n'y avait pas de petits bourgeois à Bloody Lane, le quartier semblait trop mal famé pour eux. En période de guerre des quartier, s'aventurer chez l'ennemi n'était pas très malin. Surtout de nuit, à Bloody Lane. Nous étions certainement les plus actifs à cette période.

- Hum, le monde est petit, mais dis-moi, que fais-tu ici à cette heure ?

Je ne comptais pas vraiment la dénoncer à qui que ce soit ou lui faire de mal. Sauf, bien sûr, si ses intentions étaient préjudiciables envers les miens. Dans ce cas là, j'aviserais.

Cassidy n’était pas trop a l’aise. La situation lui échappait ? Ou alors elle fuyait la situation. La demoiselle fixait de ses yeux bleus son interlocuteur, cherchant a déceler toute trace d’un éventuel passé avec ce jeune homme. Mais il semblait a son air qu’il l’avait déjà trouvé … lui. Elle haussa un sourcil en l’entendant. Un pari ? Qu’est-ce que cela signifiait ? Il avait des tendances masochistes ou quoi ? Elle soupira. Ou c’était bien quelqu’un de censé. La jeune fille essayait de décoder ses mots, un par un.

« Hm ? Un pari ? Vous devez être une personne assez fière pour relever ce genre de défi. »

Elle sourit. Il était classe, mais il venait de Bloody Lane. Cela se voyait, se sentait. Il lui demanda si elle n’avait pas aperçu un enfant. Elle ne comprit pas, un peu surprise de la question. Mais poliment, car elle se devait de l’être ; elle répondit d’un ton calme et serein, malgré le fait qu’elle était encore un peu perturbée par les derniers événements et cette rencontre si soudaine et surement pas … hasardeuse.

« Un … enfant ? Un petit enfant ? Non … je ne l’ai pas vu. Désolée … »

La voilà qui s’excusait maintenant. Tss. Non mais de mieux en mieux ! La Lune venait éclaircir la pièce, les ombres des deux voyageurs se croisant, se touchant presque alors qu’ils étaient si éloignés … Cassidy l’écoutait attentivement, le vent qui gambadait dans la maison s’amusant a faire virevolter les cheveux de la Douce. Elle sortit un ruban de sa poche et les attacha pour y voir plus clair, comme si elle avait détruit un obstacle a la compréhension. Elle crut discerner dans les paroles du rouquin « Londres … » Cette ville, cette vie, ce passé. Symbole d’un traumatisme qui eut déteint sur le comportement de la demoiselle.

« Oui ; Londres. »

Elle ne pouvait rien dire d’autre. Elle ne sut quoi dire de plus. Cassis ne se lassait pas de le regarder. Il dégageait quelque chose. Quelque chose de familier. Quelque chose qu’elle voulait atteindre, au plus profond d’elle-même. Quelque chose qu’elle atteindrais ! Coute que coute ! Un soupire. Cassidy se rapprocha un peu de la fenêtre, pour humer la fragrance des plantes environnantes qui dispersait dans la nuit. Puis … « Cassidy ? » Elle eut un choc, comment connaissait-il son nom ? Puis alors qu’elle fouillait dans sa mémoire avec insistance, son visage apparut enfin et elle cria. Pourquoi ? Le style ! Le style mon ami …

« ISAAC !! »

Elle mit une main sur sa bouche, un peu honteuse et gênée d’avoir crier comme une …débile ? Elle baissa les yeux et les releva ensuite vers le jeune homme aux cheveux qui venait d’allumer une cigarette a la fenêtre. Elle fut un peu surprise. Puis d’un pas déterminé, elle le rejoint, laissant convenablement une limite d’espace entre eux deux. Elle eut des souvenirs d’Isaac, elle et Simon. C’était assez troublant. C’était un petit dealer a l’époque. Cassidy esquissa un sourire sur son visage d’ange. Un sourire innocent ? Ou perverti par l’innocence ? Quelle différence … ? les deux sont surement malhonnêtes.

« Oui … je me rappelle de toi. Mon frère venait souvent marchander avec toi ! »

Elle avait dit ça tellement naturellement que cela la surprenait. Et .. elle l’avait tutoyé. Assez fière d’avoir surmonté ce tic de langage –oui il en faut peu pour la rendre heureuse- ; elle croisa les doigts et s’assit sur le rebord de la fenêtre.

« Ce que je fais ? Je suis venu chercher une des ces magnifiques poupées que nous avons là … »

Les poupées ! Elle les avait presque oublié ! C’est alors qu’elle les montra du doigt mais la hic c’était qu’elles n’étaient plus là. Et ces murmures … ces murmures qui revenaient. Elle mit sa main sur son front, un mal de tête commençait. Ces voix l’assommait, et elle ne pouvait rien faire. Puis après les voix … ce fut les bruits de pas. Le sol grinçait dans le couloir. Là, elle se l’avouait. Elle avait peur.

« T’es sur … que ce sont vraiment des histoires ? »

Des murmures. Des bruits de pas. Un cassis tremblant. Un rêve ? Un cauchemar.

Étais-je une personne fière ? Pas vraiment, j'étais plus du genre à suivre mes convictions jusqu'au bout, quelles que soient les conséquences. J'étais venu ici pour défendre mes convictions et je ne repartirais qu'avec une certitude et une preuve de mon raisonnement ou de son contraire.
C'était ce qui m'avait conduit dans cette fameuse maison hantée et c'est également ce qui m'avait poussé à suivre le garçon "fantôme".
Trouver Cassidy ici avait été quelque peu étonnant, mais il n'y avait aucune raison pour que cela soit impossible, c'était juste le hasard... ou autre chose que je préférais pas envisager pour l'instant.

- Tu cherches des poupées inexistantes dans un quartier qui est en guerre avec le tien ? Pour moi, ça frise l'inconscience.

Était-elle inconsciente du danger, comme une bonne partie des habitants de cette île ? Elle qui n'était qu'une frêle jeune fille qui avait toujours baigné dans le confort de sa vie dorée était bien idiote de se balader sans escorte dans un quartier comme Bloody Lane la nuit. Mais pouvait-on attendre autre chose de la part d'une personne de ce milieu, vivant totalement à l'écart des dures réalités de la vie ? Je poussais un profond soupir.

- Dépêchons-nous de trouver ce que tu cherches, je te reconduirai ensuite jusqu'à ton quartier.

Si elle rentrait seule, elle risquait de tomber sur une de ces petites bandes qui prétendaient défendre le quartier. Il valait mieux que je l'accompagne, je saurais gérer les rencontres de ce type, d'une manière ou d'une autre...
Et... Qu'est-ce que c'était que ça ? Des murmures ? Non, certainement le bruit du vent. Ces bruits de pas, par contre. Soit c'était un petit plaisantin, soit une de ces bandes que je tenais justement à éviter.
Je me dirigeais silencieusement vers la porte de la pièce et la refermais sans bruit. Il valait mieux qu'on ignore notre présence ici. Je diminuais également l'intensité de ma lampe, trop de lumière aurait pu nous faire repérer.

- Les fantômes, ça n'existe pas. Les gens qui patrouillent la nuit dans le quartier à la recherche de personnes comme toi pour se défouler, par contre...

Toujours cette bonne vieille conviction que les fantômes n'existent pas. Elle m'avait mené dans la maison hantée et j'étais convaincu de pouvoir en ressortir dans le même état. Cependant, un détail troublant attira mon attention, du sang semblait suinter des murs à gauche et à droite de l'entrée.

- Euh, dis. C'est toi qui a mis le sang sur les murs ?

En y repensant, cette question est absolument tordante. Même si, sur le moment, j'étais loin de trouver ça drôle.

Lumière, ou es tu ? ♥

Tout était inquiétant. Si inquiétant que tout en elle se dressait, figé par la peur. Son corps lui interdisait de bouger. Quelque chose d’anormal était là, autour d’eux et c’était justement le fait de ne pas savoir quoi qui la terrifiait tellement. Une présence était là, les observait, devait se rire d’Isaac et elle, les pauvres âmes errantes ayant décider de s’aventurer courageusement dans cette maison des surprises. Surprises horribles de l’horreur, maison du fantasme de la répulsion et de la frayeur et délivrance des sens humain.

Pauvre âme égarée dans les ténèbres, saura tu t’extirper du nuage noir pour atteindre la lumière, presque inexistante ? Pourras tu seulement les différencier pour mieux t’échapper de la perdition ? Sauras tu avoir confiance en ton plus vil ennemi pour t’échapper ? La confiance est la clé … la confiance est sagesse. La confiance est aussi naïveté. Ce qui équivaut a vertu.
Petite chose vertueuse … Je t’emmène a ouvrir les yeux, pour voir, voir que le naturel t’a abandonné, apercevoir que la vérité ne sera pas toujours … logique dans ce monde de dépravés. « Epave qui se pourri ne pourra revivre que par la main de Dieu. »

La princesse aux cheveux d’or sentait déjà dans sa bouche le gout amer de ses ongles qu’elle mordillait, par angoisse. Angoisse qui la rongeait jusqu’au plus profond d’elle-même. Ce frisson qu’elle ressentait qui ne provenait pas du froid mais bel et bien de cette passion excitante. Avoir peur peut provoquer des sensations étranges n’est-ce pas ? Elle passa sa main dans ses cheveux, les remettant en arrière, tentant de dissimuler ce creux a l’estomac qui persiste.

« Sommes nous vraiment seuls … Isaac ? »

Inconsciemment, elle désirait que oui. Surtout qu’elle voulait retrouver ces poupées qui semblaient s’être enfuis. Comment d’ailleurs ? Avec leur petites jambes de porcelaine ? Elle s’imaginait les jouets animés, tachés de sang. « c’est toi qui a mis le sang sur les murs ? » Ces paroles venaient d’Isaac, a côté d’elle. Elle écarquilla les yeux, et tourna la tête vers lui, demandant vaguement de répéter. D’un autre mouvement de tête, elle dirige maintenant son regard vers l’endroit ou Isaac avait posé le sien .. dès le début. Du sang gisait sur les parois de la pièce, dégageant une odeur atrocement atroce. La fragrance de l’hémoglobine lui montait déjà a la tête, la couleur rouge du liquide formant un mélange homogène avec les cheveux de son ancien ami.

« Non … ce n’est pas moi … Je pense que nous devrions sortir d’ici. »

Une présence. Toujours cette présence qui l’étouffait. Comme une ombre qui essaye de se décoller de vous, épiant chacun de vos mouvements pour ne pas les reproduire mais en rire. Elle criait a l’intérieur d’elle, possédée par cette envie partir en courant. Mais ces yeux persans et félins distinguèrent dans un coin de la pièce une silhouette. Une silhouette très petite, on pouvait discerner une chevelure abondante et un sourire exagéré, la blancheur de ses dents luisant avec la lune. Cassidy entendit un rire. Un rire moqueur et malsain du genre « Shishishi … » Ce son lui glaça le sang et elle laissa échapper un cri.

« Je parlais de poupées … Comme celle-ci ! »

Les ténèbres ont déjà commencés a vous envahir, courrez ! Misérables humains, pantins de la déchéance et de la stupidité. Vous, êtres qui se targuent d’être courageux, braves et forts, prouvez le ! Saisissez la lumière pour échapper à la douleur de la peur ou bien étouffez la noirceur de vos songes. Car trop de noir tue le noir non ? équilibrez. Progressivement. Equilibrez pour ne pas sombrer, a votre tour, du mauvais côté.

Cassidy s’avança vers cette chose qu’elle trouvait si belle, elle se demandait comment une chose si pure avait pu tourner ainsi, être l’auteur de cette frayeur qui rongeait chacun de ceux qui s’aventurait ici. Elle regarda Isaac, le suppliant du regard d’être raisonnable, la poupée voulut se jeter sur lui, son regard fou et meurtrier ainsi que son rire la poussa a sortir de sa paralysie. Elle se jeta sur Isaac, les faisant tomber a terre. Le pantin glissa et atterit a l’autre bout de la pièce. La douce enfant, en tombant se cogna la tête sur le plancher et …
Ce fut les ténèbres a nouveau.

Lumière ou es tu ? ♥

La peur du noir. C'est quelque chose de commun chez l'être humain, surtout lorsqu'il est en bas âge. Nous basons notre vision du monde sur la vue, essentiellement. C'est donc parfaitement normal.
Cependant, s'il est une chose qui ne s'appliquera jamais à moi, c'est bien la notion de normalité. Depuis toujours, je suis différent et ça n'est pas allé en s'améliorant... Ce n'est pas pour rien que ceux qui me connaissent bien me considèrent souvent comme un dément. Surtout lorsque les choses s'enchaînent aussi rapidement que ce soir.

Mais récapitulons, voulez-vous. J'étais tranquillement en train de discuter avec une vieille connaissance, dans une maison hantée que je croyais être un piège à con typique, lorsque les murs s'étaient mis à suinter du sang. Bon, là, j'aurais pu me dire que quelque chose clochait, mais je ne voulais pas avoir tort et avais trouvé tout un tas d'explications plus ou moins plausibles, jusqu'ici.
A mon grand désarroi, ma compagne d'infortune était aussi peu responsable de la chose que moi et semblait nettement plus choquée par les évènements.

Un malheur ne venant jamais seul, une poupée animée venait de me foncer dessus avec des intentions plutôt malsaines et le ridicule de la chose m'aurait certainement conduit à une blessure si cette charmante jeune femme à la chevelure d'or avec laquelle je venais de 'renouer' ne s'était pas sentie prise d'une affection subite et passionnée pour ma personne. Affection qu'elle démontra en me sautant littéralement dessus !

- Je sais que mon charme est irrésistible, mais tu aurais pu attendre qu'on soit sorti pour les câlins, non ?

Pas de réponse, apparemment la demoiselle avait réussi un exploit hors du commun : se mettre K.O. toute seule. Bon, j'avais une ou deux choses à faire avant de la réanimer. Et j'espérais sincèrement qu'elle revienne à elle toute seule, n'ayant pas la moindre notion de secourisme. Curieux et désireux de m'assurer de la réalité des choses, je touchais le sang dégoulinant des murs et goutais le peu qui restait sur mes doigts. Du vrai, sans aucun doute. Et frais.

Tout à mon expérience, je n'avais pas vu la poupée se relever et c'est son rire qui me fit me retourner. Un rire que je trouvais des plus désopilant. Honnêtement, à ce moment là, j'éclatais moi aussi de rire. Nervosité et humour dérangé mêlés dans un éclat tonitruant qui brisa l'atmosphère de quasi-silence de la pièce.
Ce qui sembla figer le pantin maléfique durant un bref instant.

- Quoi ? Ça t'étonne ? Je suis Isaac Atreo, futur chef de Quartier de Bloody Lane et le gars qui mettra fin à la guerre qui agite cette maudite île. Si tu crois que tu peux m’impressionner du haut de tes quatre-vingt centimètres, tu te fais des illusions !

Certains se diront peut-être un sacré courage pour tenir tête au fils spirituel de Chucky. Dans mon cas, il s'agit uniquement d'inconscience pure et simple. Quant à mes objectifs, on pourrait dire qu'ils n'ont aucune chance de réussir. Que ceux qui pensent ça se taisent et regardent, je compte leur en donner pour leur argent.
Revenant à cette petite chose de porcelaine, je lui adressais mon regard le plus pénétrant, allié à mon sourire le plus malsain et ajoutais :

- Non, franchement, choisir une forme matérielle, c'est pas très malin. Si t'étais resté bien sagement dans ton intangibilité, c'était la belle vie pour toi. Mais maintenant, du haut de tes trois pommes, qu'est-ce qui m’empêche de laisser l'empreinte de mes chaussures sur ta face ?

Nouveau flottement et la poupée retomba sur le sol, inerte. Je regardais autour de moi, histoire d'être sûr et poussais un soupir de soulagement. C'était pas passé loin. Si la chose n'avait pas gobé mon coup de bluff, je n'avais aucune idée de ce qui serait arrivé. Ni même de mes chances d'en réchapper. Comme d'habitude quand les évènements partaient en sucette, j'avais fait n'importe quoi et ça avait marché.

Tremblant sous le coup de la tension, j'arrivais en m'y reprenant à plusieurs fois à m'allumer une clope et la fumais presque entièrement avant qu'un détail ne me passe par l'esprit. L'impression d'avoir oublié quelque chose d'important, mais quoi ?

- Merde ! Cassy !

M'approchant de la jeune femme, sans trop savoir quoi faire ou si elle était encore dans les vapes, je l'appelais doucement par son prénom en la secouant légèrement, comme pour tenter de la réveiller.
Tout en notant mentalement de prendre quelques cours de secourisme, la prochaine fois. Heureusement pour moi, la chance semblait ne pas m'avoir totalement lâchée et elle remua, apparemment consciente. Elle aurait même pu être consciente depuis un moment et jouer les princesses endormies que ça ne m'aurait pas étonné, mais ce n'était pas un temps pour le doute.

- Ça va ? Tu ne croiras jamais ce qui vient de se passer...

Honnêtement, même moi, j'avais du mal à y croire.

- La prochaine fois, laisse-moi encaisser les chocs. J'ai plus l'habitude que toi, visiblement.

Ponctuant ce petit reproche d'un sourire chaleureux, je cherchais du regard ma lampe de poche. Je l'avais lâchée au moment du choc, mais elle pouvait avoir roulé presque n'importe où et s'était bien évidemment éteinte. Comme quoi, il valait mieux ne pas trop en demander à mes anges gardiens en une seule soirée...

Les ténèbres engloutissent tout sur leur passage.
On les voit arriver et on court, suppliant un mirage.
Puis quand ils sont là et vous entourent.
On ne s’en rends même plus compte.

La fin d’un joli rêve n’est que le début d’un cauchemar. Mais ne vous méprenez pas … la fin d’un cauchemar n’est que le commencement d’un deuxième.

Il était une fois une jeune fille, blonde, issue de famille riche. Le genre de personne dont les habitants de Bloody Lane auraient envie de mépriser. Isaac était un de ses habitants. Dans ses pires songes cauchemardesques, la demoiselle redoutait cette méprise. Niaiserie ? Hmm … depuis sa tendre enfance, elle adorait enfreindre ces règles d’aristocratie. Surtout avec son frère. Simon … oh Simon. Il avait maintenant complètement été effacé de ses rêvasseries. Il n’était plus qu’un souvenir. Un beau souvenir.

Un coup sur la tête peut être mortel n’est ce pas ? Mais un rêve ne l’est pas. D’ailleurs … il faut que tu te réveilles Cassis. Réveille toi … allez, réveille toi ! Ouvre tes yeux.
Les paupières qui s’écartent lentement, la pupille qui se dilate pour mieux que l’orbite face glisser l’œil. Les cils démesurés et en pagaille. Enfin, le cerveau se rallume ♥ Sa première vision fut Isaac qu’elle fixa dans les yeux. Les deux bleus se mariant avec délice. Cassidy évita de faire la pauvre petite chose fragile, chose qu’elle était malheureusement. Elle se releva en vitesse, nettoyant en silence les plis de sa robe déjà poussiéreux.. Une fois que tout fut remit en ordre, elle détourna le regard.

« Désolée de m’être jetée sur toi. »

C’est tout. Ça sera tout. Oublié, effacé, on tourne la page. Le cauchemar est … terminé ? Ou il vient tout juste de commencer. Ou est la poupée ? Devant ton nez, terrassée.
Mais qui ?! Pendant le temps ou elle a sombré dans le noir, elle avait cru entendre des paroles. Mots qui résonnaient dans sa tête comme des balles. « Futur chef de Bloody Lane » hmm … Isaac ? C’est donc son rêve. Mais … « pied dans ta face » quelle violence. ♥ « Merde ! Cassy ! » Cassy ? Cassy ! Cassy … Cette voix n’est qu’un souvenir, oublions.

La vie est un rêve ; c’est le réveil qui nous tue. Et c’est quand on meurt qu’on découvre à quel point la vie était un cauchemar ♥

« La poupée ? Le sang ? Tout ça ? Il s’est passé quoi exactement ? »

Ouuh la curieuse. Elle cherchait du regard le cadavre de l’horreur. D’un pas vif et déterminé, elle regarda la poupée, gisant au sol. La douce enfant laissa échapper un rire cristallin, victorieux, dominant. Elle lui donna un coup de pied pour l’écraser et soupira de soulagement. Puis des bruits de pas dans le couloir la figea. Ça recommençait. Ça n’était pas fini. Tout s’enchaine comme dans le plus beau des romans. Tout est lié comme dans le policier mais rien n’est explicable comme dans le fantastique. Elle approcha sa tête de la porte pour écouter, l’oreille posé contre le bois grinçant. Un cri se fit entendre alors au deuxième étage, au dessus. Un cri … d’enfant ?

« c’est quoi ça ? »

Cassidy s’en voulait d’être aussi peureuse mais que voulez vous, c’est comme ça. Sa bravoure l’avait complètement abandonné. Beaucoup en abandonnent beaucoup d’autres. Elle leva le regard vers le plafond et ouvrit la porte. Un vent glacial qui provenait du couloir s’engouffra dans la pièce.

« Allons voir … Mais viens. Viens avec moi. »

Un cauchemar ? Un rêve.~ Le réveil va être dur, outch !

La lumière est au bout de l’allée.
Court, court quand tu le peux encore.
Car quand tes forces t’abandonneront …
Les véritables ténèbres t’engloutiront.

Que s'était-il passé ? C'était une histoire amusante... Comment expliquer cela, ce combat épique pas si épique que ça et ce coup de bluff légendaire qui avait été tenté comme par réflexe. Comme si mon esprit avait abandonné les commandes au profit de la part la plus chaotique et instable de moi-même, celle qui peut aussi bien détruire que créer... Le chaos bouillonnant des instincts où dort la folie.

- Pour résumer, j'ai utilisé une vieille techniques qui fonctionnait pas trop mal sur les petites frappes de Camberra, l'intimidation...

Visiblement, cela fonctionnait aussi sur les morts. En même temps, j'avais usé de toute ma volonté, de mon ambition et des mon désir d'avancer pour un avenir meilleur. Enfin, meilleur pour mon quartier. Les autres pouvaient bien disparaître si c'était nécessaire, tant que la paix et la sécurité étaient assurées chez les miens.

- Tu es certaine de vouloir continuer ? Ta dernière rencontre spectrale ne t'a pas vraiment réussi. Et je ne serai peut-être pas capable d'en venir à bout, cette fois.

Je devais me rendre à l'évidence. A moins d'un canular vraiment élaboré, cette baraque était réellement hantée. Que cela me laisse froid était un peu étrange, mais dans l'éventualité ou les choses que j'avais croisées étaient des fantômes, un de plus ou de moins ne changerait rien. Je n'avais pas été terrifié sur le moment, pourquoi le serais-je maintenant ?

Soupirant, je suivis Cassidy. N'émettant comme seul commentaire qu'un léger :

- C'est bon, je te suis, mais soit prudente.

J'avais très envie de sortir d'ici, de la ramener à son quartier et d'aller me coucher. Les évènements récents m'avaient épuisé et j'avais encore beaucoup de choses à faire demain matin.

[C'est un peu court, mais je manque d'inspi pour faire avancer ce sujet. Désolé]