Will you talk to me? [PV Alice et Philipp]

Feathers Road

Aux environs de 16h30, devant la maison de Luca

Assis sur le rebord de sa fenêtre, Luca guettait. Normalement, elle ne devrait pas tarder à arriver. Il avait bien spécifié l’horaire, et si elle était ponctuelle, la demoiselle pointerait le bout de son nez dans moins de deux minutes. Pour lui livrer un délicieux fraisier tout droit sorti de la meilleure pâtisserie de l’île. Rien que d’y penser, son estomac émit un petit gargouillis pas forcément très élégant. Mais bon, on ne contrôle pas les réactions de ses organes digestifs, hein ! Bien sûr, cette livraison n’était qu’un prétexte pour essayer d’engager la conversation, mais il en avait profité pour satisfaire sa gourmandise.
Quoique le fraisier devrait attendre, parce qu’avant ça, il avait bien l’intention de discuter un petit peu avec la petite gamine qui allait le lui apporter.

Alice Lewis. Au départ, c’était juste ce nom qui avait attiré son attention. En grand fan des Aventures d’Alice au Pays des Merveilles, l’association du prénom de l’héroïne et de celui de l’auteur pour former un seul patronyme l’avait forcément interpelé. Sa curiosité était donc partie d’une simple coïncidence.
Il avait été la voir, s’était présenté, avait commencé à lui poser des questions, en gros ce qu’il faisait avec chaque personne qu’il rencontrait pour la première fois. Et du haut de ses 1m50, la petite l’avait regardé comme s’il était la chose la plus ennuyeuse au monde, et l’avait snobé. En beauté. La seule personne qui ait jamais réagi de cette manière jusqu’à maintenant, c’était Philipp. Et encore, il ne l‘ignorait pas totalement. Disons qu’il se contentait de montrer clairement son désintérêt, mais au moins, il lui parlait un petit peu… Bon, ça dépassait rarement les trois mots par heure, mais ça convenait à Luca, parce qu’il était tout à fait capable de parler pour deux.
Mais Alice ne lui avait pas adressé un mot, même après que Luca l’ai suivi pendant une demi-heure en essayant d’engager une conversation. Pour une fois, il avait trouvé plus têtu que lui, et s’était finalement résolu à capituler… pour cette fois.
Ensuite, il avait entreprit de rassembler quelques informations essentielles à son sujet : son âge, sa Plume, les grandes lignes de sa vie avant Esplumoir. Ainsi, il avait découvert que la demoiselle pouvait voir les fantômes. Pas très gai, comme don. Luca s’était demandé si elle daignait leur adresser la parole, à eux…
Cependant, elle l’intéressait toujours, et il n’avait pas dit son dernier mot. Il avait donc commandé une pâtisserie, et demandé qu’elle la lui livre à 16h30 tapantes. Si elle prenait à cœur son métier, elle serait bien obligée de lui adresser la parole, ne serait-ce que pour dire « bonjour » et « merci ». Une coursière est bien obligée d’être au minimum polie si elle veut garder ses clients.

Une petite silhouette apparut au bout de la rue. Luca la regarda s’approcher avec un sourire ravi. Quand elle ne fut plus qu’à quelques mètres du portillon, il descendit de la fenêtre et sortit de la maison, le visage rayonnant. Il parcourut les quelques mètres de son jardin qui le séparaient de la jeune fille et ouvrit le portillon, avant de s’appuyer contre la boîte aux lettres, une lueur malicieuse dans le regard.

- Bonjour ! Alice, c’est ça ? Comment vas-tu depuis notre dernière rencontre ?

… Durant laquelle tu m’as accordé autant d’attention qu’à une mouche qui bourdonnerait autour de toi. Mais bon, Luca n’était pas vraiment vexé, donc il se garda bien de finir sa phrase. Pour se lancer dans un début de monologue.

- Oh, je vois que tu m’as apporté mon gâteau ! Et pile à l’heure en plus ! Quel sérieux dans le travail ! Tu dois avoir une bonne clientèle, si tu es aussi professionnelle, non ? Au fait, tu aimes les fraisiers ? Moi, je n’étais pas trop fan, avant de goûter à celui de la pâtisserie de Lin-Hang. Il est absolument dé-li-cieux ! Franchement, tu devrais essayer ! Enfin, je ne voudrais pas que tu croies que je fais de la pub ou quoi que ce soit. Ce n’est pas du tout dans mes intentions, c’est juste que quand quelque chose m’enthousiasme, je ne peux pas m’empêcher d’en parler…

Et là, il se rappela que le but, c’était que la gamine lui adresse la parole, et que ça n’allait pas pouvoir être possible si il parlait en continu. Sauf qu’il n’allait quand même s’arrêter au milieu de sa tirade comme ça !

- … Et d’ailleurs, je parle beaucoup trop, et je n’ai pas encore eu le plaisir d’entendre le son de ta voix. Tu n’est pas très bavarde, j’ai l’impression, non ?

Et là, suspense, va-t-elle répondre, ou lui foutre un vent comme la première fois ?

Invité

Petite silhouette sur une bicyclette, une enfant si on se fiait à sa taille et a son visage. Elle était pourtant âgée de 14 belles années. Enfin, belles… Cela reste à voir.
Alice baissa les yeux sur son panier à l’avant du guidon, à l’intérieur, un petit paquet avec des feuilles vertes dessinés dessus et un ruban rouge qui l’entoure. Un cadeau ? Que nenni. Une simple livraison. Un joli petit fraisier. De quoi en faire un beau dessert. Il venait en plus d’une pâtisserie assez célèbre dans le quartier de Chocolate Town pour ses magnifiques gourmandises qui pouvait attirer tout bon gourmand qui avait le ventre assez souvent vide. Tenu par un jeune homme nommé Ling Hang. Pas trop sûr de lui, mais dont la réputation avait su lui faire une belle clientèle. La demoiselle avait bien souvent croisé le garçon. Il semblait sans cesse gêné envers elle, il n’avait pas l’air à l’aise avec les filles… Qui aurait cru qu’un garçon à l’allure si maladroite pourrait faire de telles merveilles ? C’était presque magique. Comme quoi, chacun avait ses points forts.

Enfin, le cas de Ling ne l’intriguait pas aujourd’hui. Non, c’était plutôt son client… Intriguer était un bien grand mot car la première fois qu’elle l’avait croisé, elle l’avait magnifique ignoré. Ce genre de personnes qui n’aiment pas la foule… Les gens qui vous collent… Alice en faisait partit. Mais, dans ce groupe de personne, une minorité se permet vraiment d’ignorer ceux qui leur parle. Les autres ont plutôt la gentillesse de le faire remarquer… Parfois pas très poliment mais ils leur accordent ne serais ce qu’un peu d’attention… Certains le font par le geste… Comme une mouche qui nous dérange, qui nous tourne autour… Hop, on secoue sèchement la main dans l’espoir de le faire disparaitre, regard méprisant, sourire hautain. Le message est clair dans ce genre cas. Mais chez Alice, c’est rien, le silence, c’est pire que ça, tu penses que tu n’es rien pour elle, tu n’es même pas à la hauteur du sol sur lequel elle marche. C’est vexant, c’est insultant… Alice n’y fait même pas attention. Tel «　la bave de crapaud n’atteint pas la blanche colombe que je suis.　», de toute manière elle n’a jamais reçu vraiment d’insultes… Et même si c’était le cas, elle s’en fiche, rien ne lui est important. C’était incroyable d’être aussi détaché…
Et son client, il était justement une victime de ça… Le pov’ chou. Diront certains. Enfin chez Alice c’était plus ça comme réaction: «　…　»
Non, elle se doutait bien qu’il ne l’avait pas invité pour rien, peut être pour se venger ? Bof, il en avait pas la carrure, ni l’esprit… Enfin à première vue. La jeune fille doutait cependant qu’il lui ait demandé de s’occuper de cette livraison juste pour satisfaire son estomac. Quelle machination pouvait il préparé ? Alice était curieuse… Et puis elle ne pouvait refuser cette livraison pour ça. Intérieurement, elle se disait que cela allait être sûrement une tentative pour discuter avec elle… Bah, ce sera pas le premier. Etrangement, les gens curieux sont toujours intéressés par ceux qui au contraire font tout pour passer incognito… Triste, n’est-ce pas ? Vouloir être tranquille mais on arrive quand même à se faire embêter… Enfin, elle pensait ça mais à vrai dire elle s’en fichait…

Tout comme elle resta impassible quand elle descendit de sa bicyclette et la gara, prenant le petit paquet doucement dans ses mains, s’avançant peu a peu vers la maison… C’était bien l’adresse indiquée sur son carnet, pas d’erreur possible.
L’idée qu’elle puisse se tromper disparut totalement quand finalement Luca s’approcha d’elle dans un grand sourire, ouvrant le portillon de sa maison avant de s’adosser à la boite aux lettre, un lueur de malice dans le regard alors qu’Alice restait sans expression.
Comment elle allait hein ? Ben comme d’habitude mon poto comme tu peux voir. Elle te tendit même ton gâteau sans même te répondre… Et voila qu’il commence un monologue tout seul. S’il savait qu’Alice en avait vraiment rien à faire de ce qu’il disait… Bien qu’intérieurement elle aurait pourtant pu lui répondre par un mot. Par un simple merci pour les compliments qu’il lui offrait, pour lui répondre que même si elle aimait les fraisiers elle préférait cependant les tartes avec des cerises dessus et surtout de lui faire remarquer qu’il parlait vraiment trop pour pas grand-chose.
… Enfin bon, elle ne le fera pas comme je vous l’ai dis.
Mais soudain, tilt. Il se mit à se rendre compte qu’il parlait trop ! N’importe qui aurait eut un grand sourire narquois et aurait dit «　Oui, c’est bien. Tu as compris tout seul. Continue comme ça mon garçon.　». Mais là de nouveau le silence…
En plus il comprit que ce n’était pas vraiment le cas d’Alice ! Que dire ? Une révélation soudaine dans son esprit ?
…Quel serait l’intérêt de lui répondre ? Il le sait déjà par lui-même.
Elle eut un soupir et lui tendit le papier de livraison. Le fixant de son regard si neutre…

-Une signature, s’il vous plait.

Bah oui, sérieuse jusqu’au bout. Puis elle a déjà dit une phrase c’est déjà pas mal hein… Elle aurait pu le lui jetait à la figure mais elle avait le risque de perdre un client et ça… C’était moins plaisant et elle n’était pas aussi impolis. Non mais.

Invité

« Les tensions avaient commencées. La guerre des quartiers avait démarré. Une période pendant laquelle tout le monde devait se montrer vigilant. Un moment de haute tension pendant lequel il n’était pas surprenant de voir les gens regarder derrière eux à chaque coins de rue, une période pendant laquelle les gens se tapaient dessus sans aucune raison. Beaucoup n’osaient plus s’aventurer à l’extérieur de leur quartier. Philipp lui s’était déjà fait taper dessus de nombreuses fois et cette monté de violence ne l’avait pas vraiment surpris. Depuis longtemps on sentait que certaines personnes voulaient faire éclater des conflits entre les quartiers. Le jeune homme n’avait pas réellement peur de ce qui pouvait lui arriver mais faisait tout de même attention. Il s’était même forgé une image qui lui permettait d’éviter les gros problèmes ; il savait se battre et se défendre ce qui était parfois un problème pour certaines personnes. Il ne servait plus à rien de déclarer être un Gardian car ce titre ne changeait plus rien au fait de tabasser les gens ou pas. Les habitants s’en foutaient et frapper ceux qu’ils pensaient être ‘mauvais’.
Philipp avait d’ailleurs pris une mauvaise habitude à cause de cette ambiance : il s’était mis à fumer. Une sale habitude me direz-vous mais vous devez comprendre que le stress atteint tout le monde, même les gens comme Philipp.

Mais revenons-en à notre histoire. Philipp se trouvait assis sur un banc une cigarette dans la bouche. Son visage portait quelques petites cicatrices du à une petite dispute et gardait toujours un regard impassable. Cela faisait quelques instants qu’il était assis comme ça, à attendre de voir un truc se passer. Mais le dit truc ne se passa pas et le jeune homme comprit que c’était à lui de le créer. Du coup, il se releva, pris la cigarette dans ses doigts, lâcha une bouffée de fumée et remit la clope dans sa bouche avant de marcher dans une direction avec les mains dans ses poches. Il savait que s’il restait dans Feathers Road rien ne lui arriverait. Il songea donc à faire une simple ronde pour voir si tout se passait bien dans le quartier. Il prit d’abord le chemin qu’il connaissait le mieux. Il avait pourtant oublié qu’il se retrouverait devant chez ce stupide et énervant Lucas. Lorsqu’il s’en rendit compte, il songea à faire demi-tour mais lorsque qu’il lâcha une bouffée de fumée, il aperçut cette fille, Alice. D’un seul coup, son envie de partir s’arrêta un peu et il observa la scène qui se déroulait devant lui. Un sourire lui monta au visage et il décida et rester là où il se trouvait pour pouvoir mieux voir la réaction qu’aurait la jeune demoiselle. Lorsque celle-ci arriva, Philipp ne fut pas réellement surpris par celle-ci et se décida à s’approcher. Il fuma une dernière fois sa cigarette et la mit dans une poubelle dans laquelle il l’écrasa. Puis il se rapprocha un peu de la maison de Lucas de manière à ne pas se faire repérer par celui-ci. C’est vrai quoi, si l’énervant vous voit alors vous êtes cuis ! S’il croise votre regard, il se met à parler et si vous osez lui répondre (ou pas) quelque chose, il commence son monologue. En gros il ne fallait pas se faire voir si on ne voulait pas subir les conséquences qui en suivaient. Le Gardian s’approcha doucement et lâcha un petit sourire en se demandant ce qui allait suivre à cette conversation. Et étrangement, son bras ne prit pas de cigarette. »

Feathers Road

Pas la moindre expression ne traversa le regard de la petite Alice. Après un court silence, elle se décida finalement à ouvrir la bouche, au grand ravissement de Luca, dont les lèvres commencèrent à s’étirer.

-Une signature, s’il vous plait.

… Et c’était tout ? Le sourire du garçon se figea quelque peu. Une minuscule petite phrase. Bien sûr, il ne s’était jamais attendu à ce qu’elle prononce un discours, mais quand même elle aurait pu faire mieux que six petits mots ! Le cas Alice n’allait pas être facile à traiter.
Réprimant un soupir, il écarta les mains, un petit sourire désolé aux lèvres.

- Je n’ai pas de stylo, là. A vrai dire, je me balade rarement avec de quoi écrire, c’est une mauvaise habitude, je sais. En général, je fais confiance à ma mémoire s’il s’agit de retenir quelque chose d’important, mais je dois avouer que ce n’est pas toujours très efficace. Mais tu dois sûrement en avoir un, tu m’as l’air assez prévoyante et organisée. Remarque, cela vaut mieux pour une coursière.

Il s’arrêta un court instant, ayant aperçu du coin de l’œil une silhouette à quelques mètres de la maison. Tournant la tête, il découvrit avec plaisir Philipp qui semblait ne pas vouloir se faire remarquer. Loupé !

- Oh, c’est Philipp ! Fit-il à l’intention de la petite fille en pointant l’intéressé du doigt, avant d’agiter le bras en guise de salutation. Ohéééé ! Salut Philipp !

Autrement dit, « Ne crois pas que je ne t’ai pas vu, je termine ma conver… mon monologue avec Alice et je viens t’enquiquiner ! ».
Luca savait très bien que Philipp le trouvait lourd, voire même très lourd. Et en plus, depuis que ce dernier était devenu Guardian, il était bien obligé de supporter Luca encore plus souvent qu’avant, d’un point de vue professionnel.

- Tu le connais, Alice ? C’est Philipp, un des Gardians. Il est sympa, mais pas très causant. Un peu comme toi, remarque. Vous vous entendriez bien, je pense. D’un autre côté, vu que vous ne parlez ni l’un ni l’autre… Hum, la conversation risquerait de ne pas être très animée ! Oh, mais je m’égare ! Dis moi, qu’est ce qui serait suffisamment intéressant à tes yeux pour que tu daignes ouvrir la bouche ?

La question n’ayant pas été posée sur un ton ironique, elle n’avait rien d’agressif ou de désagréable. C’était une véritable question, et Luca resta muet pendant quelques instants – savourez les, ça ne va pas durer – le temps de réfléchir. Voyons… Comment faire parler une gamine ? Pas en discutant de la situation pour le moins inquiétante qui régnait sur l’île, ça allait plus la faire fuir qu’autre chose. Surtout qu’elle était de Bloody Lane, et qu’elle se promenait en plein Feathers Road. Non, inutile de l’effrayer. Il lui fallait trouver quelque chose de plus joyeux, de plus agréable. Ding ! Illumination ! Un jeu, évidemment ! Les enfants adorent les jeux. Bon, Alice n’était plus tout à fait une enfant, mais cela pouvait néanmoins marcher. La preuve : Luca avait 17 ans, et aimait toujours autant jouer à la marelle… Comment ça, ce n’est pas un bon exemple ?!
Bref, ayant trouvé la solution, l’éternel sourire du garçon refit son apparition.

- Hé, Alice, que dirais-tu de jouer à un jeu ? N’importe lequel, c’est toi qui choisis. Ça pourrait être sympa, non ?

S’il avait su que la petite Alice avait de drôles de références en matière de jeux, Luca se serait abstenu, ou en aurait proposé un lui-même...

Invité

Allons bon, encore heureux qu’Alice était prévoyante… Pourtant Luca ne pouvait il pas tout simplement rentré chez lui, prendre un stylo et revenir tout aussi rapidement qu’il était venu l’accueillir ? Enfin, il devait craindre que la demoiselle en profite pour partir en courant ? C’était pas son genre, si elle devait fuir ce serait bien à pas tranquille jusqu’à sa bicyclette (elle avait déjà plus une chance de le semer même s’il se mettait à lui courir après, c’est ça l’avantage d’avoir un vélo.)
Alors qu’elle fouillait dans sa poche et qu’elle allait lui tendre le dit stylo (de couleur noir je précise.) vers Luca, elle resta figée quand cette fois ci ce fut elle qui reçut un vent de sa part. Ce dernier ayant décidé de porter une certaine attention à un jeune homme, Philipp si elle se fiait à l’interpellation.
Finalement, il se tourna vers lui, Alice le fixant comme en espérant un instant qu’il allait enfin prendre le stylo, signer et qu’ainsi qu’elle puisse partir… Mais non, ca y’est, il se mettait à parler de ce jeune homme dont elle n’avait vraiment rien à…
Ses pensées se turent, elle fixa de nouveau le jeune homme… Elle l’avait déjà croisé, elle ignorait son nom, elle connaissait juste ses yeux couleurs sombres, solitaire, silencieux… Sourires esquissés… Aucune parole, rien. Deux inconnus. Et le voila à quelques mètres d’elle (et de l’autre enquiquineur.), elle ne lui adressa aucune parole, juste un regard… Impassible… Légèrement surpris mais sans plus. Elle reporta vite son attention sur Luca qui l’avait interrogé sur ce qui pourrait l’intéressé pour qu’elle puisse daigner ouvrir la bouche. Ah quelle grande question… N’importe qui ayant croisé Alice et qui ait dû subir un silence de sa part devait se l’être déjà posé… A vrai dire, la fille ne savait même pas quoi répondre à cela.
Peut être en parlant de chose qui lui plaisait… Mais parfois elle se décidait de se taire… Elle n’aimait pas se forcer à ouvrir la bouche… Elle était comme un coquillage… Si on la forçait à parler, elle se brisait, si on la laissait s’ouvrir d’elle-même, elle parlait…
La demoiselle ferma les yeux sans répondre, gardant le stylo tendu dans l’espoir qu’il le prenne… Mais rien, pas d’emprise dessus, pas de poids de quelques doigts qu’elle pouvait sentir… Rien.

Un jeu avait il dit… Proposer un jeu à Alice… Cela lui fit ouvrir ses yeux avec surprise, le fixant d’un air un peu déstabilisé… Voyant qu’avoir fait sortir un stylo avait servit à rien, elle le rangea dans sa poche et ferma les yeux, croisant les bras en réfléchissant…
Jeux… Elle en avait joué à tant avec ses anciennes amies, des inventés, des normaux, des banals, de tout et n’importe quoi… Des qui faisaient peur aussi parfois.
Un sourire se dessine sur ses lèvres rose enfantine… Elle entrouvre ses yeux marrons et elle fixa Luca, son sourire s’étend un peu plus tout comme le garçon qui remarqua pour la première fois la demoiselle semblant être contente. Il devait se dire que cela lui allait lui plaire, oh ça oui. On ne pouvait pas lui donner tord, elle allait se donner à cœur joie. Bien qu’elle avait quatorze ans, elle était resté une enfant, une petite enfant innocente…
Elle laisse échapper un mot… Non… Plusieurs mots… Murmurés… D’une douce voix rassurante… Comme un secret qu’on murmure à quelqu’un de proche… A son oreille… Doucement…

-J’ai… J’ai une idée !

Son sourire s’agrandit, elle se recule d’un pas… Un sourire malicieux aux lèvres… Portant ses mains à son dos, elle échappa un petit rire en voyant que Luca devait être plus que curieux à ce qu’elle allait dire… Ô si tu savais jeune homme… Si tu savais qu’ici, c’était toi le plus idiot… Celui qui parle trop à toujours tord dit on souvent… Tu apprendras ce que cela coûte de vouloir trop ouvrir sa bouche.
Lentement, elle laissa ses mains sortirent de son dos, l’une d’elle tenant quelque chose dans sa poigne certaine… La lumière illumine la lame brillante dont on pouvait presque voir son reflet déformé… Le reflet déformé de son sourire d’enfant innocent… Ayant plus l’apparence d’un sourire de fou sur cette lame glacée, n’ayant sûrement pas goûté à la chaleur rassurante du sang.
Elle a un nouveau rire en voyant le regard remplit d’incompréhensif du garçon… Elle lève le couteau vers lui sans pour autant viser forcément sa gorge… Juste pour mettre son jouet en évidence, c’est tout.

-Jouons au jeu des choix ! Préfères tu la mort ou la torture, dis moi ?

Bah oui, c’est un jeu.
Enfin, il semblerait que Luca ne partagea pas l’idée d’Alice car il partit en courant pour enlacer Philipp qui avait regardé la scène au loin… La fillette cilla légèrement, déstabilisée par sa fuite… Elle en fut même déçue voir attristée, pour une fois qu’on lui proposait de jouer…
Elle les rejoignit en courant, tenant toujours son couteau et ayant le même sourire… Luca resta derrière Philipp, comme cherchant à se cacher -ce qui était assez drôle car on voyait nettement sa silhouette derrière le jeune homme.-.
En rencontrant le regard sombre de Philipp, Alice lui rendit un instant son regard… Elle eut un sourire timide puis cacha son couteau derrière son dos -ce qui était aussi drôle que voir Luca derrière Philipp, comme ci on n’avait pas vu son arme depuis le début quoi.-.

-Coucou…

Champagne. Elle lui a adressé pour la première fois la parole et pour une fois elle a fait le premier pas à le saluer… Comme quoi, lui proposer un jeu a du bon.